"Loin du Froid de Décembre...." [Fe Vlad']

Non jamais Je ne serais faite pour le mariage Ni une fille bien sage Je le sais, cette vie n'est pas pour moi Feat Vladimir Manakova

« Les rayons du soleil vinrent caresser doucement sa peau nue. La matinée semblait déjà être bien avancée mais elle n’avait pas envie de se lever. Lorsque ce serait fait, elle ne pourrait plus reculer, rester encore un peu dans le pays des rêves était son tout dernier échappatoire. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et aujourd’hui, elle avait l’impression que c’était sa vie entière qui allait se finir. Elle entendit la porte d’en bas s’ouvrir et une multitude de piaillement. Ses habilleuses, coiffeurs et maquilleurs étaient déjà arrivés. Comme quoi le répit est toujours de courte durée. Mae-Ri immergea finalement de sous sa couette des larmes pleins les yeux. Elle s’accorda une bonne minute pour les refouler et entra dans sa salle de bain se glisser sous la douche. Même la chaleur réconfortante des jets d’eaux chaudes sur ses muscles tendus n’arrivèrent pas à la détendre. Lorsqu’elle en ressortit, elle ne s’accorda pas un coup d’œil dans le miroir, craignant le reflet qu’elle y trouverait. Après s’être glissée rapidement dans son peignoir, elle descendit les longues marches et se retrouva face à tout cet affolement dans le grand salon. Trois robes l’attendait, sa mère n’avait pas encore choisi laquelle elle mettrait, des coiffeurs-sorciers armés de baguettes faisaient des simulations de coiffure et les maquilleurs déballaient tous leurs ustensiles. La fin du monde pour elle en gros. Très vite, elle se sentit déshumanise, comme une vieille poupée à la merci d’une horde d’enfant. On lui lissa les cheveux mais ça ne tenu pas, la minute d’après les boucles se reformaient, on lui fit alors un espèce de chignon très compliqués qui ne plus pas du tout à personne. Après cinq autres tentatives, on lui laissa finalement ses cheveux au naturel, ce qui était mille fois mieux. Les maquilleurs, à sa demande, restèrent plutôt léger sur le maquillage, bien qu’ils lui proposèrent à plusieurs reprises un rouge à lève rouge pour faire ressortir son teint. Mais le plus dur fut les robes. Au nombre de trois, elle les essaya chacune au moins cinq-six fois. On opta finalement pour une robe bustier tout simple, rehaussée d’une ceinture à la taille rose pastel. Ah oui, et pour le côté chic et riche, sa mère posa sur sa tête une minuscule petite couronne tout en diamant et en or blanc. Elle était finalement prête à se marier alors… Sa mère lui tendit la main, qu’elle prit, et la transplana dans l’immense tente plantée pour l’occasion dans le jardin. La loge de la mariée… c’est ici qu’elle attendrait avant de partir pour retrouver son mari.

Sa mère la laissa seule. Et elle revint sur cette pensée. Dans quelques instants, elle allait rencontrer son mari, l’homme avec qui elle allait passer le reste de sa vie, celui qu’elle devrait apprendre à aimer malgré tout, même si ils se retrouvent tout deux sans aucune compatibilité. Cet homme qu’elle ne connaissait pas. Lui non plus n’avait pas été impliqué dans les préparatifs du mariage. De toute façon, qu’aurait-elle ajouter de plus, hein? Quitte à se marier, autant laisser les autres s’occuper de tout qu’ils se fassent un plaisir d’en mettre plein la vue aux autres. Elle se risqua à glisser une œillade entre les rideaux. À vue de nez, il devait y avoir plus de deux cent personnes. Tous des sorciers prestigieux évidemment. Elle n’en connaissait sûrement pas le dixième. Faute de tapis rouge, l’allée était faîte de pétales de roses rouges et blanches et un autel de glace avait été taillé et placé au bout. Les chaises pour les inviter semblaient être en verre et des flocons de neige tombaient sur l’assistance mais fondaient avant même d’avoir touché terre. Alors finalement, ils avaient opté pour le thème de l’hiver. C’était magnifique. Et froidement horrible. Malgré qu’ils aient magiquement créé une bonne température ambiante. Pourtant, Mae-Ri avait froid. Chaque respiration lui coûtait cher, c’était comme si elle avalée des goulées d’eau glacée. Il fallait qu’elle le fasse. Elle mettrait à tout jamais la honte sur sa famille et leur nom si elle ne le faisait pas. Et puis, comment pourrait-elle affronter leur regard après les avoir tellement déçus? Son père, sa mère… et son frère. Jin-Kyung s’était rangé du côté de ses parents: elle devrait se marier.

« - Tenez vous prête, vous allez bientôt faire votre entrée! »

L’organisatrice du mariage était à peine rentrée pour lui souffler ces mots. Elle hocha la tête avant de s’approcher de son bouquet qu’elle avait posé sur la table. Mais lorsqu’elle s’en empara, elle fit tomber quelque chose au sol: son téléphone portable. Car oui, elle en avait un, le fait qu’elle n’en ai pas choqué gravement ses amis… et de peur qu’ils ne comprennent tout, elle s’en était procuré un. L’engin s’ouvrir au contact du sol, et elle du se pencher difficilement pour le ramasser avant de s’arrêter. Son fond d’écran les montré, elle et des amis au jour de l’an. Il y avait beaucoup de monde sur la photo, si bien qu’on ne voyait pas beaucoup le visage de chacun, mais aucun doute que tout le monde était heureux. Ça lui semblait si loin déjà…

« -Vite! C’est à vous! »

Mae-Ri s’empara de l’objet qu’elle glissa dans son bustier avant de sortir, enfin prête. Les violons se mirent à jouer tout seul alors que l’assemblée toute entière tourna son regard vers elle. Enfin, pas tout le monde apparemment. Son fiancé restait de dos, le regard baissé au sol. De là où elle était, elle ne pouvait pas voir son visage. Il restait un inconnu encore à ce moment-ci de sa vie. Un inconnu qui allait à tout jamais briser son bonheur. Pensez-t-il que le mariage n’était rien d’autre qu’un échange de bon procédé? Que ça se réduisait à une transaction? Comment avait-il pu accepter ça, lui? … Et elle, comment avait-elle pu?

La jeune femme fit un pas dans l’allée. »


« -Heeeeeey hoooo mademoiselle faut se lever c’est fini! Juste le soir du réveillon, c’est bien ma veine ça! »

Mae-Ri leva la tête vers l’homme qui lui parlait. Il était très blanc, une barbe de quelques jours parcourait ses joues et ses petits yeux marrons étaient fatigués. Il devait lui parler depuis un petit moment déjà, mais perdue dans ses pensées elle ne l’avait pas entendu. Doucement, elle se leva de son siège et s’abaissa devant lui a deux reprises avant de lui répondre dans un anglais parfait: « Je suis désolée de vous avoir déranger monsieur. »; et de sauter hors du bus. Les rues étaient toutes enneigés. Autour d’elle, les gens étaient en groupes, riaient, chantaient, dansaient même, célébrant la nouvelle année entre amis. Comme elle aurait du le faire. D’ailleurs, à ce même moment, elle entendit son téléphone sonner. Un sms de Moon-Yi lui demandant si elle les rejoignait plus tard. Elle aurait voulu mais maintenant, ça n’était plus possible. Les revoir, le pourrait-elle encore? Avait-elle fait le bon choix? Elle n’en savait rien. À toujours vouloir ne pas décevoir les autres, on fini malheureux…


« La jeune femme fit un pas dans l’allée. Tout était magnifique, le mariage dont elle avait toujours rêvé. Le seul hic, c’est que là elle ne le désirait pas et ne ressentais aucun amour, aucune joie. Deuxième pas. Elle regardait son mari. Il avait peut-être senti ses yeux sur son dos car il commença doucement à tourner le visage, une de ses boucles suivant le mouvement. À ce moment-là, elle comprit qu’elle ne le pouvait tout simplement pas. Elle chercha son frère dans le premier rang, il la regardait le plus sérieusement possible et essaya de lui sourire. Mais comme cette-fois là à ce même endroit quatre ans plu tôt, le sourire se cantonna seulement à ses lèvres. Lâchant alors son bouquer, elle attrapa les pans de sa robe et se mit à courir le plus vite qu’elle pouvait sous les exclamations des invités. Elle entendit aussi plusieurs fois son nom, la voix de son père dissociable parmi toutes. Elle avait choisi. Elle avait choisi sa vie à sa famille. Désormais, elle serait seule… Mae-Ri entra en trombe dans le Manoir et monta quatre à quatre les marches, ne se souciant pas de la douleur de ses pieds sous l’effet des talons. Elle n’avait besoin de rien, juste de quelques affaires, rien de plus et après elle s’en irait, elle ne savait pas où, mais elle partirai loin d’ici.

Alors qu’elle prenait quelques vêtements, elle sentit une main attraper son poignet. »

Elle aurait préféré que ça ne se passe pas comme ça. Finalement, peut-être que tout était une question d’égoïsme. Si elle avait un peu pensé aux autres plutôt qu’à elle et seulement elle, Mae-Ri ne se retrouverait pas toute seule pour le réveillon, dans une robe de mariée magnifique mais pas vraiment adaptée pour la situation et le climat. Les gens sur son passage la regardait drôlement. Mais elle ne les voyait pas. Elle ne s’aperçut même pas qu’il recommença à neiger. Ça n’est que lorsque la morsure du froid l’engloba qu’elle s’en rendit compte. Mais elle continua de marcher, inlassablement, repensant encore et encore à ce qu’on lui avait dit.


« Alors qu’elle prenait quelques vêtements, elle sentit une main attraper son poignet. Ses yeux croisèrent une tête plus haut ceux de son frère, aussi noirs que les siens. Pendant un long moment, il ne dit rien, se contentant de la regarder intensément sans la lâcher. Pourquoi était-il là? La retenir? Lui faire entendre raison? Lui qui avait toujours été son allié dans cette maison, pourquoi la laissait-il affronter sa toute seule…

« -Oppa… Je ne veux pas le faire, je ne peux pas le faire… »

Elle sentit les larmes poindre et se concentrait pour les ravaler. Jun’ ne disait toujours rien et bizarrement, il la lâcha et regarda par la fenêtre. Au dehors, ça devait être l’incompréhension et la honte pour ses parents. Mais l’atmosphère de la chambre les coupait du monde. Il ne lui disait pas tout. Comme pour la révélation sur sa famille, elle devinait qu’il avait une autre révélation à faire et que ça n’allait pas être facile. Jun-Kyung tourna finalement la tête vers elle, l’air suppliant. Mae-Ri ne l’avait jamais vu comme ça, elle en fut presque effrayée. Pour le coup, elle en oubliait presque la cérémonie.

« -Mae-Ri, il faut que tu l’épouses. Il te protégera je le sais et je veux te savoir en sécurité quand je partirai, je ne reviendrai peut-être pas.

-Ne dis pas des choses comme ça! Tu n’es pas obligé d’y aller, pars avec moi Jun’, on peut très bien changer de pays, de vie!

-Tu sais très bien que je ne peux pas, et que même si je le pouvais, je ne le ferais jamais. La famille compte sur moi. Père compte sur moi. Je ne veux pas le décevoir… »

Elle savait qu’il failli rajouter « comme toi tu le déçois » mais elle ne dit rien. Dans un geste nerveux, la jeune femme se mordilla la lèvre inférieure. Il semblait partir à la guerre, comme dans ce drama où le jeune homme laisse sa fiancé pour se battre.

« -Et comment peux-tu être sûr de ce type, hein? Tu ne le connais même pas, JE ne le connais même pas!

-Si, je le connais… avoua-t-il après un long silence. Encore une fois, il ne la regardait plus et tapait son doigt contre le flanc de sa jambe, stressé.

-Tu… Tu le connais?

-C’est moi qui l’ai choisi. Pour toi. J’ai même forcé la main de père pour accélérer le mariage. Mae-Ri, non attends, il faut que tu comprennes que… »

Mais déjà, elle avait repoussé la main qui essayait de l’attraper. Comment avait-il pu lui faire ça? Il avait vu combien elle souffrait ces derniers temps à cause de cette histoire, et lui était le responsable de tout ça! Ça ne l’étonnait plus du tout maintenant qu’il n’ai même pas cherché à lui parler, à la réconforter! Elle s’empara de son sac et transplana, le regard de son frère suppliant le pardon pour dernière vue. »


Elle avait froid maintenant. Dès qu’elle vit un bar, elle entra dedans. C’était un endroit sombre où à part un couple à une table plus loin et un homme au bar, était désert. À son entrée, c’était comme si ce petit monde s’était arrêté pour la regarder. Ça devait faire un peu entrée démoniaque comme ça: arrivée de dehors, de la pénombre, habillée d’une robe de mariée, les cheveux humides à cause de la neige… Elle essaya de ne pas y faire attention et s’avança vers le comptoir, s’assit sur un des tabouret et souffla un bon coup. Cette journée avait été forte en émotions, beaucoup trop…

« - 주십시요워트카.»

Les gros yeux du barman la fit soupirer. Non, elle n’était définitivement plus en Corée. Elle ne savait pas vraiment non plus comment elle avait fini en Russie. Elle avait juste pensé très fort à la première image qui lui passait en tête et voilà, elle avait atterri là. Bon, heureusement qu’elle avait un bon niveau d’anglais… le seul soucis, c’était qu’elle n’était pas sûre que le parle!

« -Je voudrais… une vodka s’il vous plaît? Un verre pour boire? Gloup? »

Et tout en mimes, évidemment, pour bien se ridiculiser. L’homme en face de lui fit non de la tête, signe qu’il n’avait pas compris. Mae-Ri le regarda, presque suppliante, et fini par poser la tête sur le bar entre ses bras. Cette journée ne finirait donc jamais?