L'Amour me rejette à l'Amer [FE Vlad]

L'amour me rejette à l'amer
Je brûle mon âme en sacrifice, sème le vent, récolte la poussière...

Les gouttes de pluie tombaient lentement sur la vitre. Aliénor, la main posée sur la tempe, écoutait leur bruit ininterrompu, ce petit rythme qui l'agaçait prodigieusement.

Flip. Flap. Flip. Flap.

C'était à vous rendre fou. Pourquoi avait-on créé la pluie ? En cet instant, tout énervait la vampire, car une question beaucoup plus fondamentale la maintenait éveillée. Elle était profondément insatisfaite. Le contrat n'avait pas été honoré. Il allait falloir remédier à ce fâcheux détail et elle était encore plus agacée par le fait qu'elle devait quémander. Ce n'était pas à elle de le faire. Tout aurait dû se faire naturellement. Pourquoi n'était-elle pas récompensée par ses efforts ?

Excédée par ces questions sans réponse, elle se leva de la chaise sur laquelle elle était assise, appela une domestique pour lacer son corset, passa une robe d'un marron brillant dont le décolleté doré était brodé de perles, et sortit de ses appartements pour se diriger à grands pas vers le bureau de Vladimir. Elle n'accorda pas un regard aux Aurors postés dans les couloirs, et dont le nombre grossissait à mesure qu'elle approchait du bureau, et s'arrêta devant les portes, elles-mêmes gardées par deux hommes massifs.

"S'il vous plaît, Messieurs." dit-elle sèchement en constatant qu'ils tardaient à se pousser.

Les deux gardes, après un regard, lui laissèrent le passage, et elle leur fit remarquer avec un dédain tout royal :

"Vous êtes nouveaux, ici."

D'habitude, les Aurors se poussaient prestement quand elle se dirigeait vers le bureau de Vladimir. Ils savaient ce qu'ils leur coûteraient si jamais ils avaient la prétention de demander le motif de sa venue. Elle n'était pas une invitée comme les autres à la Cité Rouge. Elle était différente. Mais pas suffisamment, apparemment.

Juste avant d'ouvrir l'une des portes, Aliénor remarqua qu'une nouvelle plaque dorée avait été apposée, remplaçant la précédente qui indiquait : "Vladimir Manokova - Ministre du Grand Nord". A présent, on pouvait y lire, en lettres élégantes : "Vladimir Manokova - Empereur de la Magie". La vampire eut un rictus, songeant qu'ils avaient été rapides à changer la plaque. Vladimir n'était Empereur que depuis la veille. Une grande cérémonie s'était déroulée à la Cathédrale des Marais, là où tous les anciens Empereurs y avaient été sacré. Aliénor était présente, bien entendu, assise à la droite de Vladimir, toute de rouge vêtue. Une grande fête avait suivi ce sacrement, à laquelle elle n'avait pas participé. Elle s'était évaporé dans la nuit tel un fantôme, et nul n'avait entendu parler d'elle jusqu'à maintenant.

En entrant dans le bureau de Vladimir, elle remarqua en un seul regard que rien n'avait changé dans la pièce. Elle trouva l'homme assis à son bureau. Serrant les poings devant son calme apparent, elle traversa les dix mètres qui les séparait, sa robe faisant de vifs remous dans son sillage, et lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle laissa éclater sa fureur.

"Comment osez-vous me traiter ainsi ?" s'écria-t-elle, posant brusquement ses mains sur la table. "Comment osez-vous ? N'ai-je pas tenu parole ? N'ai-je pas honoré toutes mes promesses ? Pourquoi m'avoir humiliée de la sorte devant votre peuple ? Devant le peuple qui devrait être le mien ! Sans moi, jamais vous n'auriez monté les marches de la Cathédrale, jamais vous n'auriez coiffé la couronne des Empereurs ! Et c'est ainsi que vous me remerciez ?"

Le souffle court, elle se tut, se contentant de le regarder avec une animosité qui déformait ses traits angéliques. Son buste se soulevait par intermittence, dévoilant sa gorge offerte, car même si elle ne respirait pas, elle se sentait oppressée dans sa robe trop corsetée. Elle lui avait tout donné, elle avait cru en lui, et il ne lui avait rien offert en retour. Elle pensait qu'il lui aurait accordé une place à ses côtés, sur le même pied d'égalité, avec la même couronne... mais il l'avait fait brusquement redescendre de son piédestal, la considérant comme une simple vampire parmi la multitude.

Elle ne pouvait le supporter, pas venant de lui. Si elle avait tant de valeur à ses yeux, il devait le lui montrer. Et pas seulement avec de vaines paroles.

"Vous êtes ravissante ce soir, Aliénor."

Comme tous les autres soirs. Elle avait un petit côté rebelle dans le regard, comme une enfant sauvage qui savait qu'elle venait de faire une bêtise. Peut être que de vouloir trop s'élever au dessus de ses parents, on finissait par se brûler les ailes. Mais je représentait quoi pour elle ? Son père ? Son frère ? J'étais bien au delà de toutes ces personnes, j'étais tout, et une partie d'elle en même temps. Je pouvais la calmer, l'apaiser, et l'énerver, comme personne savait mieux le faire que moi. J'avais ce don, cette malédiction, car j'étais attiré par l'une des plus cruelles et malines créatures que la Terre portait en son sein. Heureusement pour moi, l'une d'entres elles, celle qui m'intéressait, était à ma merci, comme un enfant apeuré, en proie au grand méchant loup. Toc toc toc.

"Vous l'êtes toujours..."

J'avais posé ma main sur le livre que je lisais quand elle était entrée, et les pages devenaient vierges les unes après les autres. J'avais fermé le livre, et je l'avais pris en main tout en me levant. Et tout en faisant ces mouvements, j'avais légèrement regardé le décolleté de la belle, car je savais que ça allait l'énerver que je prenais à la rigolade la scène qu'elle était en train de me faire. Mais que voulez vous. Je n'avais pas envie de me disputer avec elle, le seul soir où je pouvais la voir. Car elle se faisait de plus en plus rare ces temps ci. Si je ne la faisais pas suivre, je pourrais supposer qu'elle ait un amant. Mais il en était rien. Elle voulait juste me montrer son mécontentement.

"Je crois que j'ai été très généreux avec vous, Aliénor. Vous avez pu conserver vos maisons, vous avez une escorte qui vous suit de partout. Et qui ne vous espionne pas contrairement ce que vous pouvez croire. Etant aux côtés de l'Empereur, il faut vous protéger, et je vous offre cette protection. Je pense que je suis sans doute l'homme d'état le plus généreux à l'encontre d'une Vampire."

Je m'étais levé, et j'avais rangé le livre dans la bibliothèque qui se trouvait dans mon bureau. La tranche c'était effacée petit à petit, laissant la place aux armoiries de la Cité Rouge. Je le sentais fulminer derrière moi. Mais que pouvais je bien faire d'autre ? Je n'allais pas la laisser me dire mes quatre vérité ? Je savais bien ce qui l'amenait ici, et je crois qu'elle ne pouvait pas me reprocher d'avoir rempli ma part du contrat, car oui, je lui avais promis une récompense, et elle allait l'avoir, mais non, je ne lui avais pas promis la couronne, comme elle semblait si bien le penser.

"Vous savez, j'attendais votre venue depuis déjà plusieurs jours. Vous êtiez où les nuits précédentes ? Je pensais qu'on aurait eu deux choses à fêter. Voir même trois, si on prend en considération le fait que je vous ai sauvé la vie il n'y a pas si longtemps que cela. La seconde étant nos retrouvailles, et la dernière, ma nomination. Evidemment, on peut également fêter l'arrivée du nouveau Directeur de Durmstrang ou du nouvel Intendant de la Cité Rouge, mais ce sont des balivernes à côté de ce que nous vivons tous les deux. N'est ce pas ?"

Je lui avais fait un léger sourire en coin tout en m'adossant contre le bureau qui se trouvait devant moi. Je n'avais rien changé à la décoration entre le moment où j'avais occupé la place de Ministre de la Magie, et celui où j'avais pris mes fonctions d'Empereur de la Magie. La seule chose qui avait changé, c'était ce meuble. Et je lui avais adressé ce magnifique sourire en lui indiquant des yeux le meuble en question afin qu'elle comprenne à quoi je faisais allusion.

"Les Grands Maîtres n'en auront plus besoin, vue qu'ils ont tous dû abandonner leurs fonctions. Même ceux qui n'ont pas finis à Nurmengard. Du coup, j'ai pensé que sa place serait plus ici... Il a une place importante dans ma vie... Je crois que c'est le cas pour vous aussi, non ?"

Oui, c'était rustre, c'était peu digne de quelqu'un comme moi. C'était même un peu culoté et très très déplacé, mais bon. C'était bien sur ce meuble qu'on avait mieux fait connaissance la première fois, non ? C'était où encore ? Ah oui... Au château des carpates. Ca remonte à loin maintenant. Enfin, pas si loin que cela pour quelqu'un âgé de plus de cinq cent ans. Elle a pas une ride, c'est surprenant. Et elle n'a pas l'air de sourire non plus... Encore plus surprenant. Je pensais que ça lui ferait plaisir.

"Vous savez, dans d'autres circonstances, vous auriez sans doute adorer ce geste de ma part. Ah et pendant que j'y suis, j'ai également demandé à un décorateur d'intérieur de prendre contact avec vous au niveau du château des Carpates. Ca va de soit que ce soit le nouveau Grand Maître de l'Empire qui décide d'à quoi ressemblera son Ministère... Enfin château. Vous voyez, j'ai pensé à votre récompense..."

Je lui avais adressé un magnifique autre sourire. Oui, c'était pas ce qu'elle voulait, mais c'était mieux que rien, non ? Et puis, elle n'allait pas refusé de fêter cela ? Enfin je voulais dire qu'elle n'allait pas refuser une telle place ? C'était très prisé en ce moment... Tout comme ce bureau... Ca devenait peut être lourd là, non ? Je m'étais approché d'elle, et j'étais désormais à sa hauteur. Petit sourire en coin, lèvres légèrement de travers, les cheveux au vent, même s'il y en avait pas.

"Vous pensez quoi de ma proposition ?"

Oui, vous en pensez quoi ?

Il jouait avec elle, il prenait son mécontentement au second degré, il croyait que tout allait s'arranger avec un sourire et une étreinte, et cela ne faisait que davantage prendre conscience à Aliénor qu'il n'était qu'un vulgaire humain. Un homme peut se contenter de peu, de vagues promesses faites sur l'oreiller ou ailleurs, mais pas une vampire. Elle voulait du concret, et il n'était pas disposé à lui en donner. Tressaillant légèrement sous l'effet de la rage lorsqu'elle se rendit compte qu'il était accaparé par son décolleté, elle se recula brusquement et enfouit ses poings blanchâtres dans les plis de sa robe.

"Je crois que j'ai été très généreux avec vous, Aliénor. Vous avez pu conserver vos maisons, vous avez une escorte qui vous suit de partout. Et qui ne vous espionne pas contrairement ce que vous pouvez croire. Etant aux côtés de l'Empereur, il faut vous protéger, et je vous offre cette protection. Je pense que je suis sans doute l'homme d'état le plus généreux à l'encontre d'une Vampire."

Il la rabaissait à l'état de créature, il ne l'avait jamais considérée comme égale à lui. Pendant tout ce temps, alors qu'elle croyait tenir les rênes, c'était lui qui s'amusait à ses dépens. Il l'avait blessée dans son statut de femme, la soumettant alors qu'elle pensait l'avoir assujetti. La triste réalité la rattrapait. Malgré toutes ces années, tous ces siècles pour s'émanciper, un homme avait une nouvelle fois réussi à la maintenir en son pouvoir...

Quelques bribes de phrase résonnaient dans sa tête, tel un mantra effroyable :

"... j'ai été très généreux avec vous, Aliénor... vous avez pu conserver vos maisons... vous avez une escorte... l'homme le plus généreux à l'encontre d'une vampire..."

Non, elle ne se laisserait pas dominer une nouvelle fois. Elle n'était plus cette pâle jeune fille qui avait échappé de justesse à un triste mariage. Elle était Aliénor de Maurpassant, elle savait quelle était sa valeur, et elle ne laisserait personne lui dicter sa conduite, ou décider pour elle des biens qu'elle méritait d'avoir, ou de l'escorte qui devait l'accompagner. N'était-elle pas capable de se défendre seule ? Comme Vladimir l'avait si bien dit, elle était une vampire, elle était donc parfaitement apte à tuer, et à déchiqueter la chair quand le besoin s'en faisait sentir. Voulait-il qu'elle lui fasse une démonstration ? Non bien sûr, elle ne pouvait le tuer, il était devenu trop influent. Et assassiner un Empereur lui ferait une très mauvaise presse. Il fallait lui faire sentir ce qu'elle ressentait, lui faire comprendre par la force à quel point cette sensation d'impuissance était révoltante...

Ses lèvres se retroussèrent sur un sourire machiavélique mais elle le fit disparaître lorsque Vladimir se tourna vers elle. Il voulait savoir où elle était les jours précédents, mais elle ne se sentait pas obligée de lui répondre. N'était-ce pas l'évidence même ? Apparemment non, ou alors il aimait particulièrement jouer à l'autruche.

Puis, le regard de l'Empereur se posa sur l'élégante table de bureau qu'il semblait si fier d'avoir amené du château des Carpates. Aliénor oublia un moment sa colère pour l'observer elle aussi, fronçant les sourcils avant de lever brièvement les yeux au ciel. Elle avait compris à quoi il faisait référence, mais prenant sur elle, elle donna l'impression que l'idée l'enchantait. Elle battit des cils, se composa un visage mutin et demeura silencieuse tandis que Vladimir continuait de parler.

Il lui proposait de devenir Grand Maître. Cette idée lui était insupportable, car elle mettait une nouvelle fois en lumière le fait qu'il la considérait comme une simple vampire. N'était-elle vraiment que cela pour lui ? S'était-elle fourvoyé à ce point ? Etait-ce possible ?

Elle cacha sa rancune derrière un masque impassible, et ne cilla pas quand Vladimir se plaça à sa hauteur, attendant impatiemment sa réponse. Levant la tête, elle planta son regard dans le sien, et ne perdant pas une seconde de plus, elle se jeta sur lui et l'embrassa sauvagement. Etait-ce une réponse suffisante ? Mais il allait sûrement comprendre de travers, comme à son habitude... Qu'importe, elle allait savourer ce moment. Ce serait le dernier. Autant qu'il soit... mémorable.

Tout en continuant de l'embrasser, elle le poussa violemment sur le bureau, avant de prendre appui sur le meuble pour se hisser dessus. Là, elle se plaça à califourchon au-dessus de Vladimir, ses mains trouvant aisément le chemin de la ceinture de son pantalon. Elle l'arracha sans perdre le temps de simplement l'ouvrir, puis...

Il y eut quelques minutes de plénitude, de calme comme avant une tempête. Aliénor ferma les yeux, se délectant de ce moment d'extase qu'elle était la seule à vivre... puis repoussa Vladimir violemment, avant de se reculer et de se relever sans prévenir. Tout en jetant un regard satisfait à l'homme abandonné sur le bureau avec un air perplexe sur le visage, elle réajusta son corset qui s'était quelque peu déplacé pendant la... chevauchée, puis lissa quelque peu les plis de sa jupe avant de tourner les talons.

"Au plaisir, Votre Majesté !" dit-elle d'un ton goguenard, adressant un geste de la main à Vladimir par-dessus son épaule.

Elle franchit la porte du bureau et traversa le couloir à grandes enjambées, accostant un Auror posté là.

"Dites à mes domestiques de préparer mes valises. Je pars."

Elle eut un sourire en songeant à l'homme qu'elle avait laissé dans sa frustration, mais tourna la tête d'un air étonné en entendant des pas se précipiter vers elle.

C'était arrivé très vite. Je n'avais pas très bien compris comment elle avait fait pour se retrouver de cette manière là sur moi, ni même comment je m'étais retrouvé à moitié nue, sur mon bureau, mais après tout, l'idée ne me déplaisait pas. C'était bien ce que j'étais venu chercher, ou plutôt que j'espérais qu'elle était venu trouver dans ce nouveau bureau flamboyant d'une chaleur corporelle divine. Elle était là, majestueuse, comme dans mes souvenirs, et j'étais là, sans doute aussi beau que dans ses souvenirs à elle. Je ne pensais pas que ça serait si simple de la reconquérir, mais après tout, on était toujours ensemble. Je l'avais sauvée, elle m'avait conduit jusqu'à cette place, bien plus haut que j'aurai pu l'espérer, au sein de mon Empire. Elle avait été récompensée à sa juste valeur, en accédant à une place égale à la mienne, mais dans son monde. Que pouvait elle rêver de plus ? Que pouvait il nous arriver de mieux ? Que...

AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

C'était intérieur ce cris ! C'était intérieur ! C'était une douleur indescriptible. Je n'avais jamais éprouvé cela auparavant, et j'aurais volontiers pu m'en passer. Tout était si parfait, si plaisant, j'étais aux frontières de ce qu'on aurait pu qualifier comme étant le paradis. Et elle s'était retirée. Quelqu'un était entré ? Quelque chose était sur le point de se produire ? Que pouvait justifier une telle chose à un tel moment ? C'était si parfait, si géant, si... Comme à son habitude quand deux êtres qui s'aiment prennent le temps de s'entrelacer et de partager mutuellement ce même amour. Pourquoi avait elle fait cela ? Pourquoi s'adressait elle à moi de cette manière ? Pourquoi était elle partie... ? Une récompense... Tout ça pour une récompense ??? Je m'étais levé rapidement, du mieux que je pouvais, car dans ce genre de situation, d'un on ne tenait pas très bien debout, et de deux, il y avait quelque chose d'inachevé qui nous empêchait de faire trop de gestes brusques et non contrôlés. J'avais attrapé mon boxer à proximité, que j'avais enfilé rapidement tout en quittant la pièce et en me dirigeant droit sur le centre de mes intérêts.

"Aliénor !"

C'était plus un ordre qu'autre chose. Sans doute la première, et peut être dernière fois que je lui donnais l'ordre de s'arrêter et de faire face à son Empereur. Car oui, en cet instant, je n'étais plus que son Empereur, du moins à ses yeux. Moi, je me voyais simplement comme cet homme frustré qui ne comprenait pas tout ce qui lui arrivait, et qui se baladait à moitié nue dans sa maison, en poursuivant l'inconnue qui l'avait planté là. Car ça ne pouvait pas être la véritable Aliénor. Elle n'aurait jamais fait cela.

"Qu'est... ce ? Pourquoi ? ..."

Elle était sur le pas de la porte, prête à sortir, et surement décidée à quitter cette demeure. Tout ça pour une récompense ??? C'était pour la récompense qu'elle attendait ?

"Vous n'êtes pas sérieuse ??"

Elle ne pouvait pas l'être. Et pourtant, elle venait de demander à l'un des Aurors présent de préparer ses bagages. Il n'en était pas question ! Pas tant que je serais là ! Je m'étais précipité vers elle, j'avais refermé d'un geste brutal la porte et je l'avais plaqué contre. J'avais mis mes mains de chaque côté de sa tête, contre la porte, pour l'empêcher de partir.

"Vous vous prenez pour qui ??? Je ne vous permet pas de vous comporter de la sorte avec moi ! Après tout ce qu'on a vécu, tout ce que j'ai fait pour vous, je ne mérite pas cela ! Et je sais que vous avez tout autant que moi, ce qui signifie qu'on est quitte, et pas que vous devez en demander encore plus !"

Je m'étais arrêté quelques secondes, reprenant mon souffle, car rappelons nous qu'il y a quelques instants, j'en avais plus beaucoup... C'était également à ce moment là que je m'étais rendu compte que je retenais une femme, contre sa volonté, et que je faisais cela à moitié nue, dans une grande salle, où se trouvaient quelques Aurors qui devaient admirer toute la scène.

"Dehors... SORTEZ TOUS !"

Cette fois ci on était bien tout seul. Je n'avais pas regarder les Aurors partir mais je me doutaient qu'ils devaient être désormais dans mon bureau, vue que je bloquais la seule issue possible. Après tout, s'ils m'avaient demandés de me pousser, je les aurais sans doute étriper. C'était pas le moment de me chercher. J'avais retiré mes mains de la porte, et je fixais Aliénor avec les points serrer. Je ne comptais la frapper, mais il fallait que je me défoule sur quelqu'un ou quelque chose.

"Je vous interdis de quitter cette salle ! Je vous interdis de partir de la Cité ! Si j'ai fait tout ce que je pouvais faire pour vous retrouver, c'était pas dans le but que vous partirez ensuite !"

Non, elle ne voulait pas partir. Elle voulait juste être récompensée à sa juste valeur, comme elle le disait si bien. Mais il n'était pas question que je cède au chantage, sans compter que je ne pouvais pas la récompenser comme elle le voulait. On accepterait jamais qu'une Vampire dirige un Empire. Et puis c'était mon Empire. J'étais leur Empereur, le seul et l'unique Empereur, il n'était pas question que quelqu'un partagerait ce pouvoir avec moi ! Il n'en était pas question ! .... J'avais donné un grand coup de poing dans la porte, faisant une légère fissure. Mon poing devait sans doute être en sang, mais je m'en moquais. La douleur n'était que passagère, tandis que cette histoire devait durer. Je ne la laisserai pas partir. Et... Aie !

"Vous bluffez et je ne veux pas jouer à cela."

Tout en parlant, je m'étais rapproché d'elle, et j'avais pris ses mains. Je les avais serrer bien fort, comme pour me faire obéir et imposer mes ordres. Il fallait qu'elle m'obéisse.

"Vous allez regagner vos appartements et on continuera cette discussion ce soir. Je vous attendrai dans mes appartements. Soyez là."

J'avais relâché l'étreinte, et je sentais enfin la douleur qu'avait causé cette porte sur mon poing. Il ne saignait pas, mais il était devenu tout rouge. Le fait de l'avoir serrée aussi fort avait fait grandir le mal qui s'était emparer de lui. Je sentais également des gouttes perler sur mon front. Je devais transpirer. Mais c'était dû à ce qui s'était passé juste avant. Elle avait fait de gros dégâts en jouant aux petites filles capricieuses. Il n'était pas question qu'elle continue ainsi. Si elle veux rester dans cette Cité, et elle doit le vouloir, elle devra se comporter comme une femme de son rang, et obéir. Elle devra obéir ! Oui.

Il était fou... Il était devenu totalement fou, à moins qu'il l'ait toujours été sans qu'elle s'en rende compte ? Aliénor, tout d'abord amusée par sa réaction, était devenue blême lorsqu'il lui avait donné des ordres de cette voix rauque qui ne lui était pas familière... Il semblait être quelqu'un d'autre, comme s'il était possédé par quelque entité démoniaque. Aliénor connaissait le diable pour s'être maintes fois promenée jusqu'aux portes de l'enfer, mais elle n'aurait jamais cru qu'il aurait pu prendre les traits de Vladimir. Oh, comme elle avait été sotte de croire qu'il était différent... Il fallait qu'elle se libère au plus vite du joux des hommes.

Elle eut un instant d'hésitation en sentant les mains de l'Empereur se refermer sur ses poignets et les serrer tellement fort que, si elle avait été humaine, elle en aurait crié. La douleur s'empara d'elle, montant sourdement le long de ses bras, la paralysant. Elle déglutit avec peine et fixa ses yeux fous avec un mélange de stupeur et de peur. Oui, elle était effrayée par cet homme qu'elle avait cru connaître. Elle savait qu'il ne pourrait lui causer le moindre mal même s'il y mettait toute sa force, mais il l'avait blessée bien plus profondément, et ce qu'elle venait de lui faire en comparaison n'était qu'une pâle imitation de sa propre souffrance... Pourtant, il semblait sur le point d'exploser, comme si l'affront qu'elle venait de lui faire était impardonnable.

Ils ne changeront jamais... Les siècles ont beau passer, ils restent les mêmes... imbéciles.

Enfin, il la lâcha, et Aliénor sentit ses jambes flageoler. Mais elle resta droite et digne, elle ne voulait pas lui donner le plaisir de la voir défaillir. Elle soutint son regard, distingua du coin de l'oeil quelques gouttes de sueur perler sur son front, et n'ouvrit pas la bouche jusqu'à ce qu'il s'en aille. Elle n'aurait pas la bassesse de répondre à ses ordres. Il pouvait aller au diable, et même rester avec lui à jamais !

Il ne restait plus rien du Vladimir qu'elle avait connu, de ce mirage qu'elle avait cru aimer... Un mince sourire passa sur ses lèvres alors qu'elle reprenait son chemin, droit vers ses appartements.

Elle tenta de contrôler le tremblement de ses mains alors qu'elle faisait elle-même ses malles pour quitter la Cité Rouge au plus vite. Elle laissait sans regret l'Empire entre les mains d'un fou.