Sur la plage abandonnée... ◊ FE VLAD

Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés !

ALIENOR SOUPIRA D'AISE ET S'ENFONÇA DAVANTAGE DANS SA CHAISE LONGUE. Il faisait bon, il faisait chaud... Un peu trop chaud, d'ailleurs. D'un geste négligent, elle claqua des doigts et un Auror apporta un parasol qu'il ouvrit, l'orientant afin de lui offrir le plus d'ombre possible. Aliénor soupira de nouveau. Elle était vêtue d'un maillot de bain noir deux pièces, qui mettait ses formes en valeur, et avait posé un chapeau en paille à large bord sur sa tête. Elle avait également mis des lunettes de soleil. Il était très rare de la voir si peu vêtue en public, mais les circonstances l'exigeaient.

Elle tapota des doigts sur les rebords de la chaise longue, écouta un instant le bruit du vent et des vagues, puis tourna la tête vers Vladimir, lui aussi installé sur une chaise longue. Une ride d'expression barra alors son front, et elle fit une petite moue agacée.

"Vous n'allez quand même pas garder votre costume sur le dos ?! Il fait quarante degrés !"

En effet, l'Empereur n'avait pas jugé utile d'enfiler un maillot de bain, et portait son habituel costume qu'il donnait l'impression d'avoir peur de froisser. N'obtenant aucune réponse, Aliénor roula des yeux et tendit le bras pour attraper un verre de sang qui attendait sur une petite table basse. Pour l'occasion, elle avait demandé à ce qu'on lui serve le liquide glacé, et le buvait à l'aide d'une paille rose. Elle but quelques instants, reposa le verre dans un petit crissement, et se pencha juste assez pour prendre un peu de sable et le jeter sur le costume adoré de Vlad. Voilà, comme ça, il n'avait pas d'autre choix que de se changer.

"Vous rendez-vous compte de l'effort que je fais ?" dit-elle, prenant un air peiné. "Je supporte ce soleil pour vous. Je vous emmène dans une destination de rêve et vous n'en profitez même pas ! Si au moins vous répondiez intelligemment à mes questions..."

Elle se rembrunit, faisant trembler sa bouche dans une mimique attendrissante... même si le mot ne lui correspondait pas vraiment. Elle lui lança un regard par-dessus ses lunettes noires, et baissant la tête vers ses jambes, elle fut une nouvelle fois frappée de constater que sa peau était d'une blancheur immaculée. Il était plus facile d'en prendre pleinement conscience lorsqu'elle était à la plage.

A quelques mètres d'eux, les vagues d'eau bleu-vert frémissaient, se brisaient sur le sable blanc. Aliénor les observa avec envie, et jeta cette fois-ci un regard plein de reproche à Vlad.

"C'en est trop ! Venez vous baigner ! Costume ou pas ! Je vous y jette s'il le faut !"

Il ne semblait pas ravi du tout. Pourtant, Aliénor avait pensé que l'emmener sur une île déserte, avec le mobilier Auror pour s'occuper du ménage et de la nourriture, lui ferait le plus grand bien ! Décidément, elle ne savait plus comment réagir avec lui. Pour une fois qu'elle essayait d'être gentille...

"Vous êtes allergique à l'eau ?" demanda-t-elle soudain, ses yeux s'illuminant sous le coup de la surprise. "C'est cela, n'est-ce pas ? L'eau est votre point faible ? C'est pour cela que je ne vous ai jamais vu vous baigner ! Vous sentez bon naturellement ? Etes-vous autonettoyant ? C'est votre... pouvoir surnaturel ?"

Aliénor n'avait cessé de lui poser toutes sortes de questions, depuis qu'elle savait que Vladimir était immortel, mais elle n'avait pas songé une seule seconde qu'il en avait peut-être assez...

"Stooop ! Par pitié, stoooop !"

Je l'avais limite hurlé, ce qui ne me ressemblait pas. Un des Aurors présent avait tourné la tête dans ma direction, puis il avait levé les yeux et c'était remis à regarder au large. Lui aussi devait en avoir marre de toutes ces questions. Une femme, ça posait des questions tout le temps, c'était pas nouveau. Mais une femme morte, c'était ce qu'il y avait de pire. A croire que même une fois qu'elles allaient dans l'eau delà, elles n'arrêtaient pas de poser des questions, encore et encore, et encore... S'en était trop. Pourquoi voulait elle tout savoir, tout de suite ? Elle n'avait pas assez appris de choses dans le livre que je lui avais donné ? Et c'était quoi ces questions stupides sur l'eau ? Comment quelqu'un pourrait être allergique à de l'eau, alors qu'on était composé quasiment que d'eau ? Elle ne prenait jamais le temps de s'arrêter quelques minutes, de laisser refroidir son esprit, et de souffler un peu ? Bon d'accord, elle était froide par nature, et elle ne respirait plus, du coup ça lui était non seulement impossible, mais également inutile, de souffler. Mais quand même... Parfois ça pouvait faire un grand bien aux gens qui l'entouraient.

"Je n'ai pas de super pouvoir. Je ne suis ni Bioman, ni une Tortue Ninja."

Je crois avoir déjà vue une émission de ce genre dans une télévision moldu. C'était d'un ringard, mais ils aimaient voir des petites images s'animer, et des bonhomme être vêtu de lourdes combinaisons qui tentaient de faire de la magie avec des armes bizarres... Bref... C'était les moldus, donc il ne fallait pas trop se poser de questions sur leur mentalité...

"Je suis humain, Aliénor. Je ne suis pas un détergent."

Auto nettoyant... Et puis quoi encore ?

"Ce que vous avez lu sur moi et que je vous ai déjà dit, c'est tout ce qu'il y a à savoir. Je suis né il y a quelques années de cela, je ne suis pas mort depuis, et voilà, c'est tout. Je ne suis pas un Vampire, ni un loup garou, ni un sorcier super puissant. D'ailleurs, je ne peux même plus être un sorcier."

Elle le savait ? C'était pas anodin le fait que je n'avais jamais ma baguette sur moi. Et pourquoi je disais tout ça devant eux ???

"Laissez nous. Revenez nous chercher ce soir. Ou demain. Bref, partez !"

Les Aurors avaient transplanés, et on était enfin seul. Elle pouvait poser toutes les questions qu'elle voulait. NOOOOOOOOOOOOON NON NON NON ! Qu'est ce que j'avais fait pour mériter ça ???

Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés !

MAIS POURQUOI S'ENERVAIT-IL ? Apparemment, Aliénor l'avait mis en colère, et elle ne comprenait pas comment. Etait-ce ses questions qui l'importunaient, ou ses hypothèses ? Ne voyait-il pas que par ce biais, elle s'intéressait à lui ? Préférait-il qu'elle l'ignore ? Fort bien. Ainsi, elle n'aurait plus à se forcer à trouver des choses à lui demander. Après tout, elle savait déjà tout ce qu'il fallait savoir de lui : il était plus vieux qu'elle mais sans être vampire pour autant, et tout comme elle, il conservait le même aspect pour l'éternité. Néanmoins, elle ne cacha pas son mécontentement vis-à-vis de sa remarque, mais changea du tout au tour lorsque Vlad congédia les Aurors.

Se tournant vers lui, elle se redressa sur sa chaise longue, se leva, et se pencha au-dessus de lui, si près que sa chevelure blonde vint lui caresser la nuque.

"Enfin seuls..." dit-elle avec un sourire malicieux. "J'ai cru que vous alliez les autoriser à regarder."

Baissant les yeux sur le costume décidément trop épais de Vladimir, elle eut un petit rire et commença à déboutonner méthodiquement les boutons de la chemise. S'il ne voulait pas parler, alors ils pouvaient se contenter de passer à l'action, non ? Elle ouvrit les pans de la chemise et commença à caresser le torse de l'Empereur, puis approcha ses lèvres pour y déposer de doux baisers. Elle aurait pu aller plus loin si un bourdonnement ne l'avait pas déconcentré.

"Qu'est-ce que...?"

Relevant la tête, elle aperçut un énorme moustique qui lui tournait autour.

"Va voir ailleurs, sale petit insecte ! Je ne suis pas comestible !" maugréa la vampire en le chassant d'un revers de main.

Peut-être était-ce un moustique susceptible que les injures énervaient fortement, ou bien était-il affamé, quoi qu'il en soit, il n'accéda pas à sa requête puisque Aliénor ressentit une violente douleur dans le cou quelques secondes plus tard. Elle poussa un petit cri étonné et porta une main à sa nuque, puis elle lança un regard perplexe à Vlad.

"Il m'a piqué ! Comment est-ce possible ?"

Les moustiques ne piquaient pas les vampires, ils ne s'attaquaient pas à une créature morte. C'était pour cela que Aliénor avait vécu dans la paix la plus totale, et avait pu dormir les fenêtres grandes ouvertes sans aucun risque de se retrouver couverte de boutons le lendemain. Alors, quelle mouche avait piqué cet insecte ?

"Partons ! Je ne veux pas rester une seconde de plus dans cet horrible endroit !" balbutia-t-elle alors que la piqûre brûlait son cou.

Elle lança un regard inquiet tout autour d'elle, les yeux frénétiques, cherchant le moustique pour éviter qu'il ne revienne à l'attaque.

"Vlad ?"

Dans son empressement, elle l'avait surnommé plutôt que d'employer son prénom en entier. Elle voulait le faire réagir ! L'île déserte avait été une très mauvaise idée dont elle en payait le prix, il ne fallait pas rester une seconde de plus ! ça faisait tellement mal...