[Terminé] Détour Mortel [Fe]

And you can see my heart beating You can see it through my chest And I'm terrified but I'm not leaving I know that I must pass this test So just pull the trigger Feat Severus Rogue

Elle n’avait pas à être ici. D’ailleurs, elle n’en avait vraiment pas envie. Hermione détestait ces ruelles sombres et malodorantes où l’on ne pouvait jamais faire de bonnes et heureuses rencontres. Mais encore une fois, comme souvent ces derniers temps, elle n’avait pas eu le choix, pas vraiment du moins. Elle avait beau être une née-moldue, elle se doutait bien que ce qui l’attendait prochainement ne risquait pas d’être très plaisant. Et en conséquence, elle avait décidé de s’armer du mieux qu’elle pouvait contre ce genre d’inconvénient. Elle avait décidé de ne pas en parler à Ron, et encore moins à Harry. Le premier, même si il ne l’aurait jamais laissé aller là-bas toute seule, aurait pu plier si elle argumentait bien. Mais le second… déjà qu’il acceptait difficilement la venue de ses meilleurs amis ave lui, si en plus ils devaient se mettre à explorer les bas fonds de la magie noire! La jeune femme avait donc du mentir à tout le monde, devant l’Ordre dans son intégralité. Officiellement, elle était dans une bibliothèque magique où l’on trouvait de nombreux beaucoup sur les techniques de guérison. Techniques qu’elle connaissait déjà par cœur. Seul Remus avait eu l’air suspicieux, mais il n’avait rien dit.

Malgré la chaleur d’été que le vent chassait avec mal, elle avait enfilé une longue cape sombre, munie d’un capuchon large pour cacher son visage. Plus que jamais, être l’amie d’Harry Potter n’était pas une bonne chose. Elle ne regrettait néanmoins pas ce choix, au contraire, elle l’assumait totalement, et c’est pourquoi elle ressortit de la librairie de l’Allée des Embrumes, les mains pleines de bouquins tous plus terribles que les autres. Elle s’apprêtait à partir lorsque le vendeur lui attrapa le poignet et chercha à regarder sous son capuchon. Sur son avant bras, on pouvait sans aucun mal voir la marque des Ténèbres: plus besoin de la cacher maintenant que le maître était revenu en puissance. Hermione n’osa pas lever les yeux vers l’homme, mais elle devina son sourire carnassier lorsqu’il lui dit:

« -Un poignet encore bien blanc mademoiselle pour tous ces livres que vous m’avez pris… Des idées de ralliance peut-être? Vous avez raison, il faut savoir choisir son camp lorsque le moment est venu! Et puis vous savez, si vous ne savez pas trop comment vous y prendre pour faire parti des nôtres, on peut toujours monter en haut pour que je vous montre deux, trois trucs… indispensables.

Répugnant. Elle ne prit même pas la peine de lui répondre, l’obligeant à lâcher son bras d’un coup sec avant de se diriger vers la sortie. Mais à peine avait-elle franchi la porte que son cœur s’arrêta. Un homme marchait rapidement. Il avait le teint cireux et paraissait très fatigué, comme si les dernières semaines avaient été des plus pénibles pour lui. Ses traits étaient tirés et bien sûr, il ne souriait pas, caché derrière un voile de cheveux aussi noir que la nuit qui commençait doucement à tomber. Le jour ne disparaissait pas si vite avant… Et les meurtriers ne pouvaient pas se promener aussi librement. Avec toute la raison du monde qu’elle possédait, la Gryffondore vit rouge. Une haine comme elle n’en avait jamais ressenti auparavant envahie son corps et son esprit, si bien qu’elle se mit à le suivre après s’être débarrassée de ses paquets et baguette en main. Elle revoyait le corps de Dumbledore étendu à terre, pauvre marionnette désarticulée. Comment avait-il pu lui faire ça… Et comment pouvait-il encore vivre aujourd’hui?

"Vous vous sentez toujours obligée de mettre votre nez de fouine là où il ne faut pas... Miss Granger."

Bizarrement, elle n’avait même pas été surprise de cette réplique. Bien qu’elle ai maintenant conscience de l’idiotie de son geste, elle restait calme, étrangement sereine. Du coin de l’œil, elle aperçut un autre homme derrière elle, sûrement un des petits compagnons du maître de potion. À croire qu’ils étaient incapables de se déplacer tout seul! Tellement lâche… S’en était déconcertant. Les yeux chocolats de la jeune femme se posèrent sans aucun problème dans les iris de glace de son ancien professeur. Avant, elle le craignait, doutait de sa loyauté. Et alors qu’il avait confirmé ses pires craintes, elle n’avait plus peur de lui. Elle savait juste qu’il arriverait un moment où il paiera son geste, qu’elle doive elle-même en payer le prix.

« - Il aurait été dommage de ne pas déambuler à travers de si charmante rue par une nuit d’été si chaude, n’est-ce pas professeur? »

Elle pointa du nez l’endroit où il avait caché un objet. Sa curiosité fut piquée à vif. Quoi que ça puisse être, ça n’était rien de bon, ça ne pouvait de toute façon pas l’être avec un type comme ça. Les bras le long du corps, elle tenait toujours sa baguette de la main droite, prête à réagir à un quelconque mouvement, que ce soit venu de face ou de derrière.

« - Ce que je constate moi c’est que vous n’avez pas changez! Incapable de s’en sortir tout à fait seul… Après tout, vous étiez aussi en bonne compagnie lorsque vous avez tué le professeur Dumbledore lâchement? »

Parlé de l’ancien directeur de Poudlard lui déchira le cœur, et l’envie de tuer Rogue apparut. Elle n’y avait jamais songé mais aujourd’hui, à cet instant précis, ça semblait une évidence. Et pourtant, elle savait qu’elle en serait tout à fait incapable. Aussi immonde la vue d’un tel être pouvait être, elle ne pourrait jamais s’abaisser à son niveau. Mais combien le regrettait-elle aujourd’hui!

« - Il avait confiance en vous... et vous, vous n'avez même pas eu l'ombre d'un doute. »

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Faible. Comment pouvait il considérer Albus Dumbledore comme une personne faible? Il était le seul sorcier que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom craignait, et c’est pourquoi il avait cherché par tous les moyens à le tuer, enfin à le faire tuer, car lui-même n’y était pas parvenu l’année précédente au ministère, lorsque Sirius tomba à travers le voile. Si il n’avait pas été dans cette fameuse grotte avec Harry ce soir là, jamais le maître des potions aurait réussi ce qui devait être planifié depuis des mois.

« -Voldemort lui-même n’a pas réussi à vaincre le directeur. Ne pensez pas que c’était parce que vous le surpassiez, vous vous tromperez d’une façon bien plus qu’affligeante. »

Était-il au courant pour les Horcruxes? Elle espérait bien que non, que la confiance du vieil homme n’était pas allé jusqu’à là… Sa réplique de tout à l’heure avait du le piquer dans son orgueil, car l’instant d’après il demandait à son acolyte de les quitter. Alors que ce dénommé Haxley pointait sa baguette sur elle, elle ne s’était pas retourné une seule fois pour le regarder, bien consciente que si danger il y avait, il viendrait d’en face. D’ailleurs, lorsque Rogue avança à grand pas vers elle pour engueuler l’autre mangemort, elle ne cilla pas, ne bougea pas d’un seul pouce. Evidemment, elle n’était pas idiote, elle savait pertinemment que face au Maître des Potions, elle n’avait que de très maigres chances, mais si il y avait bien contre quelqu’un qu’elle ne voulait pas perdre son courage, c’était bien devant se lâche de Rogue.

"Morte vous nous seriez d'aucune utilité... pour le moment. Rentrez chez vous Miss Granger, et ne me suivez plus jamais."

« -Vous pensez que vous allez vous en tirer comme ça? Contrairement à Dumbledore, on sait parfaitement qui vous êtes. Tout aussi intelligent et sage qu’il était, il a eu tort de placer sa confiance et ses espoirs dans une personne telle que vous. »

Et puis, pourquoi le laisserait-elle partir? Pour qu’il puisse rejoindre son maître tranquillement, comme le gentil toutou qu’il était? Elle savait très bien que lorsqu’ils iraient tous chercher Harry, il essaierait comme tous bon partisans de Voldemort, d’atteindre à la vie de son meilleur ami. Et c’était un risque trop grand… Heureusement qu’elle n’avait encore participé à aucune des réunions de l’Ordre du Phénix: il pourrait la torturer tant qu’il le voudrait, elle ne connaissait rien des plans des membres.

Ils étaient seuls maintenant dans cette ruelle, et la nuit était tombée pour de bon. Si il n’avait pas été aussi près d’elle, jamais elle ne l’aurait vu. Un homme noir, toujours caché dans l’ombre… Pourquoi avait-il choisi ce chemin là? Comment quelqu’un pouvait décemment choisir de faire le mal autour de lui? Harry lui avait avoué une fois au bout des lèvres que son père, et l’ensemble des maraudeurs excepté Lupin le tyrannisait plus jeune. Mais de là à devenir un partisan du mage noir… Pour la première fois de sa vie, une pointe d’empathie se fit sentir à l’encontre de cette homme qu’elle détestait plus que quiconque au monde pourtant. Son côté sentimentale et trop susceptible peut-être… Hermione dans toute sa splendeur en somme.

« -Comment pouvez-vous faire des choses comme ça… Comment avez-vous pu choisir de devenir ce genre de personne? »

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"Vous comptez passer votre journée à déverser votre colère sur votre nouveau Directeur ? Oui, miss Granger. Je suis le nouveau directeur de l'école de sorcellerie Poudlard. Et vous allez être la première à apprendre que désormais... Les choses vont changer."

Son cœur s’arrêta. Qu’est-ce qu’il venait de dire ? C’était impensable, il n’avait pas le droit de faire ça ! Elle l’imaginait lui, Rogue, dans le siège du directeur, dans son bureau. Mais dans cette image, la pièce n’avait plus l’aspect chaleur aux lumières accueillantes qu’elle lui connaissait. Non, c’était plutôt un endroit lugubre, sombre, où l’on n’avait pas du temps envie d’y mettre un pied. L’ambiance qu’elle avait connue durant six ans dans les cours du mangemort allait s’étendre à tout le château. Les choses avaient déjà changé de toute façon. La vie n’était plus la même depuis que Dumbledore n’était plus, depuis que la menace Voldemort planait au-dessus de leur tête, toujours plus forte, toujours plus menaçante. C’était comme si la magie avait cessé d’exister, du moins, la magie comme elle l’avait connu lorsqu’elle avait appris qu’elle était une sorcière. Elle l’avait déjà remarqué lorsqu’elle était allée se promener un peu plus tôt sur le chemin de traverse. A cette époque de l’année, la rue devrait être bondée, emplie de bruit et d’excitation liée à la saison d’été et à la rentrée prochaine. Mais là, les quelques courageux qui s’y aventuraient avaient le visage caché derrière le col de leur cape et marchaient rapidement sans même un regard pour les boutiques aux alentours. Boutiques pratiquement toutes fermées.

"Je me ferai une joie de vous renvoyer de l'école à la première occasion venue, mettant ainsi un terme à vos études, et à votre carrière inexistante."

« -Il y a des choses milles fois plus grave que de ce faire renvoyer. »

C’était elle qui avait dit ça ? De toute façon, elle ne comptait pas retourner à Poudlard en septembre, même si elle ne pouvait pas lui dire. L’école lui paraissait si loin… L’odeur de la bibliothèque, les banquets dans la Grande Salle, la familiarité de la Salle Commune… Elle quittait tout ça pour accomplir une chose dont elle cernait toute l’importance. Mais dont elle n’était pas sûre de revenir, du moins pas entière. C’était peut-être pour cela qu’elle n’avait jamais réussi à trouver un choix de carrière après ses ASPIC. Ce qu’ils allaient entreprendre tout les trois laissaient difficilement un espoir pour la suite. Et comme pour confirmer ses craintes, Rogue se permit de lui souffler ces derniers mots, comme une sentence implacable.

Alors qu’elle était perdue, observant les dalles grisâtres de la rue, ses yeux se relevèrent et se plongèrent dans le regard sombre en face d’elle. Elle le savait déjà. Le plan était en place depuis des jours, des semaines surement. Et elle avait tenu à en prendre part, même si Ron avait bien tenté de l’en dissuader pendant des heures. Elle avait fait un choix des années auparavant, lorsqu’elle avait aidé ce jeune rouquin et ce petit homme à lunettes à contrer les obstacles jusqu’à la pierre philosophale. Bien sûr à cette période, elle n’aurait jamais imaginé jusqu’à où ça la mènerait. Mais jamais à un seul instant, elle n’avait regretté de suivre Ron et Harry. Et elle espérait pouvoir continuer sa route avec eux encore longtemps.

« -Je sais très bien ce qu’il pourrait arriver en me battant pour ce que je crois. Je sais qu’il sera présent, et c’est pourquoi moi aussi je serais présente. Je ne suis pas aussi bête que ce que vous le pensez Rogue, mais je préfère mourir pour les gens que j’aime plutôt que les regarder mourir, cachée et en sécurité. »

Elle crut voir l’espace d’un instant le regard du Serpentard changé, mais ça ne dura qu’une fraction de seconde. Il n’avait pas l’intention de l’attaquer ce soir, et elle non plus. Elle aurait tant voulu à cet instant avoir la fougue d’Harry pour pouvoir défouler sa haine et sa colère sur lui… Mais c’était impossible, elle n’était pas comme ça. Et ça ne ramènerait certainement pas Dumbledore à la vie. Elle s’apprêtait à repartir lorsqu’elle entendit des bruits de pas s’approcher vers eux. Des silhouettes encapuchonnées, sinistres, encore trop loin pour distinguer des deux côtés qui ils étaient. Il fallait qu’elle disparaisse maintenant, après ça pourrait être plus que périlleux de rester ici à converser avec le sorcier.