There is a skirmish of wit between them... [TERMINE]

Kaylee Carter et Konrad I. Detweiler

Konrad n’avait pas l’habitude de la bibliothèque. Il préférait traîner avec ses amis de l’équipe de Quidditch des Serdaigle pour battre du Cognards, ou encore se prélasser dans le parc, près du lac ; mais non, ce jour là, il n’avait pas pu. Il était obligé de se rendre à la bibliothèque, à cause d’un devoir de divination. Et tous le monde qui connait bien Konrad le sait, il déteste la divination. Kid avait été en cours le matin, après avoir enfilé sa robe de sorcier et bien sûr, un petit déjeuné expresse dans la Grande Salle. Le moral de l’ensemble de sa classe était plutôt neutre, durant l’ensemble de la journée. Pas de disputes, pas d’évènements épiques ; les cours défilaient les uns après les autres dans la plus simple des ambiances. Arrivé à la fin des cours, au milieu de l’après midi, Konrad remonta à la salle des Serdaigle après avoir répondu à une petite question. Quelle est la monnaie Moldue de la Norvège. Konrad dû rester un petit moment à l’entrée avant de trouver la réponse. Il avait chantonné « la couronne ! », et était enfin entré dans la Salle Commune, prêt à se changer. Il ne supportait pas rester toute la journée en robe de sorcier, par… Commodité. Il l’enleva simplement et la lança dans un des fauteuils, dévoilant une tenue alors beaucoup moins scolaire. Il portait ses habituelles chemises, le pantalon, les converses marrons qui allaient avec, et le chapeau. En regardant l’heure, il soupira en refusant une partie de Bavboules d’un garçon de cinquième année en s’excusant de devoir aller souffrir à la bibliothèque, devant un devoir passablement ennuyeux.

En descendant les escaliers quatre à quatre, Kid maudissait cette matière qu’il détestait tant. Il avait continué à la pratiqué pour avoir des points supplémentaires aux ASPIC, et pour faire plaisir à son père qui serait d’autant plus fière de lui avec plus d’ASPIC que de BUSE. Par le caleçon de Merlin, il aurait donné son âme pour pouvoir envoyer valser les boules de cristaux et autres tasses de thé de la salle de divination, avec son échelle en argent inutile et sa température apte à accueillir une tonne de lézards. En parlant de lézard, quelque chose commença à gigoter dans la poche de la veste de Konrad. Un iguane assez imposant mais attachant, du nom d’Arthéon, se prélassait auprès de son maître jour et nuit, sortant de temps à autres pour observer le monde extérieur et chasser les mouches. Konrad le sortit de sa veste pour le poser sur son épaule en lui caressant sa crête rugueuse.

« Prêt pour quelques heures de sieste intensive Arthé’ ? C’est partit ! »

Le dernier étage fût dévalé en glissant sur la rampe, avant d’atterrir devant la porte immense de la bibliothèque. Soupirant légèrement, il poussa la porte de la pièce avant d’en sentir l’ambiance désagréable dès la première respiration. Faisant les gros yeux, il avança jusqu’à une table, au centre de la bibliothèque, s’y assit et sortit un parchemin, une plume, préposé, prêt à écrire malgré lui, quelques absurdités de plus. Il ne se sentit pas apte à la plaisanterie, pas en ce lieu et pas dans ses conditions. Il n’aimait pas être seul, préférant la compagnie de ses amis à celle de la vieille Mrs Pince et ses lèvres… Et bien pincées justement, et son regard de taupe, observant scrupuleusement les élèves à travers ses petites lunettes de secrétaire.

Quelques minutes plus tard, les tables étaient alors bondées de cinquième année préparant leur BUSE en groupe. Aucune table de libre hormis la sienne, étant le seul septième année présent dans cette pièce. Il se concentra alors, oubliant ainsi les brouhahas des arrivants, sur son devoir, passablement migraineux. L’ambiance se calma alors, après que la vieille bique ait enfin cédé, et ouvert les fenêtres. Une douce brise de pré-été se dégagea dans la bibliothèque, mettant à l’aise le jeune Serdaigle et Arthéon, son compagnon à écaille, faisant la sieste sur le chapeau de son maître, posé sur la table. Après quelques temps de travail, la porte s’ouvrit enfin. Par réflexe, comme la majorité des humains normalement constitués, excepté ceux qui étaient trop concentrés, Kid leva la tête vers l’individu pénétrant dans la salle. C’était Kaylee Carter, une jeune Gryffondor plutôt jolie que Konrad aimerait bien connaître, malgré cette sorte de phobie qu’il développait à l’égard des filles. Il savait néanmoins se contenir rester agréable et poli. C’était peut être à cause de ça que parfois, des filles pouvaient craquer pour lui. Mais il refusait poliment, par peur plus qu’autre chose. Kaylee était une fille qui intriguait Kid, surtout parce qu’elle était particulièrement froide et étrange. Peut être cherchait-elle une place ? Il lui adressa un petit sourire avant de se repencher sur son devoir, après avoir préalablement poussé ses affaires, montrant bien ainsi qu’il laissait le champ libre.

Kaylee Carter et Konrad I. Detweiler

Cette fille n’avait pas l’air très heureuse d’être là. Pas étonnant quand on est obligé de faire un devoir ! Devoir forcer, comme Konrad peut être. En tout cas, ce devoir sur les prévisions lunaires reposait le jeune Serdaigle. La facilité de l’astronomie mêlée à l’ennui, la torture de la divination. Kid n’avait vraiment pas envie de gratter pendant trois heures, des paragraphes entiers de prévisions hasardeuses qui allaient s’avéré être fausses de toutes manières. Concentré, du moins partiellement, Konrad oubliait un peu ce qui l’entourait pour écrire vite et bien. D’ailleurs, il avait toujours bien écrit. C’est étrange quand même, parce qu’à ce qu’on dit, ce sont les filles qui sont réputées pour faire attention à leur calligraphie. Konrad était comme quelques garçons qui sortaient du lot « pattes de mouches et compagnie ». Il prenait soin de rédiger, avec une belle écriture. À défaut d’avoir faux lors de la correction de son devoir, il aurait tous les points pour la présentation.

Concernant cette matière horrible, il est clair que pour le coup, Konrad le faisait uniquement pour la fierté de son père. En effet, Kid était un élève moyen, qui avait été par chance chez les Serdaigle, de part sa motivation. Son père était très fier de ça et justement, il l’encourageait à suivre le maximum de cours possible. Ainsi, Konrad s’était prit de passion pour l’étude des Moldus, mais également les soins aux créatures magiques et métamorphose avancé. Cependant, il avait poursuivit la divination pour les points et la notoriété, aucunement par envie. L’arithmancie était l’une des matières sur lesquelles il avait fait l’impasse, étant donné que la vue des devoirs lui donnait la nausée.

Il continuait donc de gratter du parchemin jusqu’à atteindre le bon quarante centimètre. Il fit tomber du laisse au sol, avant de lever la tête lorsque Kaylee l’interpella, la voix froide et distante. Il souleva le chapeau pour apercevoir son lézard avec la plume entre les pattes de devant, louchant presque sur l’extrémité de la plume. Kid la lui pris des mains, tant pis pour le regard noir de son compagnon, qui lui fit dos pour faire face à la jeune fille.

« Excuse-moi. Arthéon est du genre chipeur. Mais il est adorable je t’assure. »

Konrad lui adressa un sourire rassurant avant de gratter le dos de son lézard, qui se tourna pour lui grimper sur les épaules. Pas son genre de bouder. Pas plus de deux minutes. La queue du reptile lui chatouillait la nuque, ce qui n’était pas désagréable. Il sourit à l’adresse de son petit compagnon à quatre pattes avant de secouer la tête comme on secoue la tête à la vue d’un chiot qui joue avec le papier cadeau à Noël, pour enfin se remettre à écrire. Quelques minutes plus tard, il se leva à la recherche d’un ouvrage de troisième année, histoire de revoir un fait qui lui avait totalement échappé. Il s’accroupit pour chercher la bonne édition avant de lancer un regard à la jeune fille, concentrée sur son devoir. Il n’avait jamais comprit pourquoi elle était comme ça, d’autant plus qu’elle était du genre à avoir l’air agréable. Il aurait bien voulut la connaître un peu plus, se connaissant depuis la première année mais rien à faire, elle restait close comme une huitre. Son sourire en la regardant se pencha en un grimage déçu. Il attrapa donc son ouvrage puis se rassit, après un « chuuut » automatique provenant de la vieille mégère, qui avait sermonné Kaylee à son arrivée.

« Cataclysme, Apocalypse… Armageddon… Sinistros… Non c’est pas ça… »

Parlant pour lui-même, Konrad tournait frénétiquement les pages de son livre pour trouver la bonne « prophétie ». Il murmurait le nombre de page à la recherche de la bonne, avant de poser son index sur une phrase, qu’il recopia en la suivant du doigt.

Kaylee Carter et Konrad I. Detweiler

Konrad avait beau chercher dans son foutu livre, pas moyen de se concentrer, ni de trouver la réponse sur sa prédiction affreuse quoi que complètement hasardeuse. Il se gratta la tête, sa tignasse s’ébouriffant d’avantage, et leva la tête quand la rouge et or s’adressa à lui. C’est sûr qu’elle n’était pas agréable avec lui. C’était dommage et le pire, c’est que Kid ne comprenait vraiment pas pourquoi. Il la connaissait depuis la première année, ne faisait que partager quelques cours communs avec sa maison mais autrement, il n’y avait aucunes raisons apparente de ne pas aimer Konrad, surtout sans le connaître. Hormis ses amis proches, les gens l’aimaient bien à cause justement de sa franchise attendrissante, de sa motivation et de sa générosité. Il était une sorte d’OGM, le mariage sympathique de la passion du savoir des Serdaigles sans être très doué, de la sympathie et la modestie des Poufsouffles et de la bravoure des Gryffondors, en gardant également cette petite touche de « mystériosité » à la Serpentard. Il se redressa sur sa chaise après que Mrs Pince est sifflé un nouveau « chut » bruyant à l’adresse de Kaylee, puis garda un certain calme, voulant d’avantage chercher à comprendre son comportement plutôt que de s’énerver bêtement, quelque chose qui n’était pas son genre.

« Excuses moi. Je ne suis pas du genre « grosse tête » comme tu pourrais le penser. »

Il tenta un sourire puis retourna à son ouvrage. Dans sa concentration, le visage de Konrad était plutôt sérieux que d’habitude. On pouvait observer quelques détails en prenant le temps de l’observer. Sur chacune de ses joues, on pouvait voir une petite fossette qui s’était logée au creux de chacune d’entre elles, un signe distinctif d’une joie de vivre évidente malgré les caprices et mésaventures qu’avait pu affliger la vie au jeune bleu et bronze. Ses sourcils étaient très expressifs, se fronçant et s’élevant à mesure qu’il lisait le texte qu’il avait sous les yeux. Ses petits yeux bruns se plissaient souvent par habitude de sourire, pour ainsi laisser la trace de pattes d’oies, témoins d’un sourire bienveillant sur son visage. On en voyait la trace même quand il ne souriait pas. Il se mordait la lèvre en tournant la page et en attaquant la suite de son texte. Il repoussa le livre de sa vue, en le faisant voler jusqu’à sa place pour que Mrs Pince ne s’énerve pas et s’étira. Il s’adressa en murmurant à Kaylee d’une voix agréable, la plus calme possible, en espérant ne pas l’énerver.

« La divination c’est une torture à côté de la potion. Ça parle de quoi ton devoir ? » Il lu à l’envers le titre du chapitre « Ah ça ! C’est facile. T’es sûr que tu veux pas un coup de main ? »

Il la regarda dans les yeux en essayant de l’analyser. Elle avait de jolis yeux chauds, presque cachés par une petite mèche de ses cheveux roux/rouge qui lui donnait un petit côté fou. Ses lèvres étaient assez joliment dessinées, tout comme l’ensemble de son visage. Elle aurait été plus belle si son visage n’était pas aussi assombri pour la mauvaise humeur. C’était vraiment dommage.

Kaylee Carter et Konrad I. Detweiler

Elle y avait été un peu dure, en s’adressant d’un ton sec à Konrad. Lui qui était si appréciable et léger, il ne comprenait pas bien pourquoi elle s’adressait à lui de la sorte. Il aurait pu s’énerver et lui rabattre le caquet comme il savait le faire quand on lui cherchait des poux, mais là, il n’en avait aucune envie. La jolie Kaylee lui en voulait pour une raison inconnue, et ce problème lui titillait les pensées. La divination était une « science » hasardeuse, dénuée de sens et de toute logique. L’art des potions était une autre histoire, beaucoup plus subtile et délicate. Impossible de se tromper si vous suivez les instructions à la lettre. C’est ce que ce disait Kid, lui qui s’en sortait plutôt pas mal. Mais en aucuns cas ses paroles auraient pu être blessantes à l’adresse de la jeune Gryffondor. Non, il témoignait de sa propre expérience, et concevait totalement qu’un tel ou un tel soit plus ou moins fort dans tel ou tel matières. Il lui arrivait d’ailleurs d’échanger des coups de mains auprès de camarades, de Serdaigle, Gryffondor, Poufsouffle ou Serpentard, contre des aides dans les matières qui à lui, lui posait problème. C’était un bon moyen de s’épanouir socialement et ça rendait service à tout le monde.

C’était Poudlard qui lui avait ouvert les portes du bonheur, de la vie en communauté et de la sociabilisassions. Avant cela, il n’allait dans aucunes écoles de Moldus, Kid restait enfermé à la maison, entre quatre yeux avec sa mère, ce qui était d’avantage une torture qu’autre chose. Jusqu’à ses huit ans bien sûr, ou la pauvre femme rongée par l’alcool, périt dans un accident ménagé, après avoir essayé de frapper son fils, ce dernier l’avait poussé par auto-défense, sans faire attention aux escaliers. On peut, peut être compter les trois années qui avaient précédés son entrée à Poudlard, durant lesquels son père lui avait fait l’école à la maison. Il jouait l’après-midi à la balle aux prisonniers, au criquet, au foot, à chat, avec les autres petits Moldus de son quartier. Konrad s’était alors révélé très ouvert envers les autres, comme libéré d’un poids depuis la mort de sa mère. Il ne se réveillait la nuit que trop souvent en repensant aux coups et au malheur qu’elle lui avait fait subir. Dans son dos, les traces des coups, des brûlures magiques infligées par cette femme ne s’en iraient jamais. C’est pour ça qu’il était aussi gentil, pour éviter qu’on lui fasse du mal à nouveau. Auprès de gens qui n’avaient pas d’attaches familières avec lui, ce qui était d’autant plus sécurisant.

Kid, vous l’aurez comprit, est un garçon qu’on pourrait qualifier de charmant, réserver tout en restant ouvert aux autres, plutôt agréable et amicale. C’était pour cette raison qu’il ne comprenait pas pourquoi la jolie rouge et or était si froide avec lui. Il se pencha vers elle et murmura :

« Excuses moi, je ne voulais pas te blesser. Ne te braque pas comme ça. »

Il tenta un nouveau sourire à son adresse puis ne voulant pas la brusquer, il lui replongea dans son devoir. Sur son morceau de table, il déroula une carte des étoiles avec les différentes constellations. Il faisait la navette entre son propre devoir, à écrire ses réponses à l’aide de sa plume auto-encreuse, et la carte, afin de ne pas perdre le fil. L’astronomie était l’une des matières qu’il préférait, bien que la pratique d’un cours comme la métamorphose ou les potions soit beaucoup stimulante qu’un monologue du professeur ne regardant les étoiles. L’étude des Moldus était également une matière qu’il adorait, légèrement en perdition à cause de ce problème de guerre entre le Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom et l’Ordre du Phénix, les Aurors et tout le barda. Il atteignit un bon cinquante centimètre de parchemin avant de le rouler sur lui-même et d’en sortir un nouveau. Il n’était vraiment pas prêt de finir. Il commença à écrire proprement le titre, à souligner ce dernier et à se gratter le bout du menton avec la plume. Il soupirait face à la difficulté et leva les yeux vers la jeune fille. Quand elle écrivait, elle prenait un air concentré qui la rendait dure mais dans le bon sens du terme. Elle était belle et très simple. Il est clair qu’on aurait pu croiser plus joli à Poudlard dans le sens superficielle du terme, mais Kid n »était pas comme ça, quelque chose se dégageait d’elle. Cette histoire de « distance » qu’elle imposait entre elle et Konrad devenait presque une obsession.

Kaylee Carter et Konrad I. Detweiler

Konrad secouait la tête à l’affirmation froide de la jeune femme. Jamais il n’aurait imaginée avoir autant de mal avec un individu autre que sa terrible et défunte mère. C’est qu’elle était coriace la Gryffondor. Pourtant, ils étaient réputés pour être assez vif, sympathique et ingénieux. Le genre de personnes plein de surprise ! Kid avait quelques amis de Gryffondor qui n’était vraiment pas désagréable. Du genre serviable, ouvert, avec quelques exceptions près. Dans la tête du jeune Serdaigle, une petite voix suraigüe s’écriait « T’as les boules hein ? Elle ne t’aime pas MOUAHAHA ! ». Un peu plus et il battait des bras dans les airs comme pour chasser une mouche à bouse de dragon. Mais non, il se contentait d’hausser les épaules en levant les yeux vers elle, en espérant percevoir une lueur de gentillesse à son égard. Un certain agacement commençait à la titiller, mais il restait zen. Un nouveau chut strident de Mrs Pince s’étalait comme un ras de marée de pétrole dans la bibliothèque, certaines cinquièmes années soupirant d’agacement, eux aussi. La vieille bique au nez crochu s’attarda sur la table du Serdaigle et de la Gryffondor et siffla. « Si vous continuez vous sortez ! Vous n’êtes pas à Pré-au-lard ici ! ».

Konrad leva une main en acquiesçant, signe d’un respect et surtout, d’un ras le bol complet. Elle se rassit en soupirant, disparaissant derrière une pile de parchemins. Konrad souleva les yeux au ciel en se penchant sur son propre devoir, en continuant d’écrire son devoir. Il suffisait d’un déblocage pour qu’il se mette au travail. Il était comme ça Kid. Et cela depuis toujours. C’était un bon garçon, qui avait besoin d’un peu de motivation pour se bouger l’arrière train. Il suffisait de le secouer un peu. Kid finissait une énième phrase de son écriture soignée et sorti un crayon à papier de son sac, une règle, avant de commencer à tracer proprement un schéma de la constellation de la grande Ourse. Il mit le crayon derrière son oreille avant de se remettre à écrire sur son parchemin, disposé par-dessus le tout. Il oublia son interlocutrice indirecte pendant quelques minutes, avant de jeter un œil à la Gryffondor en plein travail. Elle était jolie, mais ce caractère la rendait exécrable. C’était bien dommage. Konrad sourit malgré tout, déçue par son comportement, puis se repencha sur son travail.

Il cherchait comme un amnésique son crayon de papier avant de percuter qu’il se trouvait calé entre sa tempe et son oreille. Il ria pour lui-même, et accusait le coup de Mrs Pince qui tiquait, les lèvres pincées. Konrad soupira et continua proprement son travail. Un peu plus et on pourrait croire que la vieille bique avait la table du milieu de sa ligne de mire. Elle regardait Kaylee la mine déconfite, comme agacé qu’elle ne soit pas en train de travailler dans la sériosité et la bonne humeur ; de même en ce qui concernait nôtre gentil Kid. Le dit Kid se pencha vers Kaylee et murmura, le plus bas possible :

« Non mais y suffit de s’y mettre et la vieille bique arrêtera de nous regarder comme si elle cherchait à nous Avada Kedavrariser sur place. »

Il sourit avant d’entendre un toussotement derrière lui. Konrad fit les gros yeux et tourna sur sa chaise avant de rencontrer le troupeau de ride de nôtre chère amie Mrs Pince. Elle l’analysait à travers ses lunettes, puis les remontât sur son long nez crochu avant de regarder Kaylee du même œil. Elle croisa les bras sur sa poitrine tristement plate, souvenir d’une beauté dissipée depuis bien longtemps et éleva la voix légèrement. Cette bibliothécaire était tant habituée à « chuter » tous les élèves qu’elle parlait presque avec un cheveu sur sa langue de vipère. Vous l’aurez comprit, Konrad ne porte pas dans son cœur la chère madame de la bibliothèque de Poudlard.

« Je vous rappelle, que vous êtes dans une bibliothèque, qu’ici des élèves y viennent pour travailler, pour réussir leurs études. Je vais vous demander de QUITTER CES LIEUX IMMEDIATEMENT ! CINQ POINTS DE MOINS POUR GRYFFONDOR ET SERDAIGLE ! »

Une vipère est venimeuse n’est ce pas ? C’est comme dans un monde virtuel, on pouvait voir son venin pénétrer en Konrad et Kaylee, un moins cinq se dessinant au dessus de leur tête de cartoon de dessin animé aux grands yeux. Konrad soupira, baissa la tête, saisit son chapeau et ses affaires et sorti à la suite de Kaylee. Il n’aimait pas paraître « mal élevé », parce que ça n’était pas le cas. Seulement il avait voulut se montrer trop courtois avec une fille qui ne pouvait pas le supporter pour une raison inconnue, et ça lui avait coûté le mauvais œil de la bibliothécaire durant quelques semaines et cinq points en moins sur le compteur de sa maison. Il rattrapa dans le couloir Kaylee en s’exclamant :

« Excuses moi ! Je voulais juste discuter, pas que cette vieille cinglée nous mette à la porte. »

Kaylee Carter et Konrad I. Detweiler

Disons que Konrad n’avait pas le luxe de s’énerver souvent. Il détestait la violence qui avait été le souci principal de son enfance, ses nerfs n’avaient jamais prit le contrôle de sa pensée, bref, ce garçon était une crème. La voix de la Gryffondor bourdonnait dans les oreilles du jeune Serdaigle. Ça lui rappelait de mauvais souvenirs. Les jours où sa mère lui infligeait des punitions physiques, dont il garde encore les traces, les jours où elle l’enfermait dans sa chambre sans boire ni manger, ceux où elle se soulait jusqu’à le menacer violemment et verbalement. Il n’avait pas connu de moment calme, du moins avant sa mort. Son père avait été trop faible pour réagir avant c’est vrai. Mais Konrad ne lui en avait jamais voulu. Parce que c’était un bon père, parce qu’il était désolé pour son fils, et parce qu’il se rattrapait chaque jours. Ça avait été vraiment de très mauvais souvenirs.

Il n’en croyait pas ses yeux que cette fille là le déteste. Il n’avait pourtant jamais rien fait. Dans l’ensemble, on pourrait dire qu’il n’avait jamais eu d’ennemis, jamais de conflits, jamais de mots plus haut que l’autres. Mais là, une jeune fille que beaucoup considéraient comme gentille, se mettait à parler mal au jeune homme, comme s’il était responsable de tous les malheurs du monde. Il n’avait jamais vu ça et resta bouche bée quant aux paroles de Kaylee. Konrad parut indigné quant aux propos de la jeune fille. Peut être la première fois de sa vie où il ressentait de la colère. Il s’avança vers elle avait les sourcils froncés, en s’exclamant :

« Non mais je rêve ou quoi !? C’est toi le problème ! Tout ce que tu sais faire, c’est me regarder avec les lèvres pincées ! Je ne t’ai JAMAIS rien fait ! » Il s’approcha un peu plus, en pointant un doigt vers elle. « J’en sais rien moi, peut être que t’es frustrée de la vie ! TU M’AS MIS DANS TON COLIMATEUR DES LE DEBUT ! » Konrad lâcha même au sol son sac qui tomba dans un bruit sourd. « MAIS QU’EST-CE QUE J’AI FAIS POUR QUE TU ME DETESTES TANT ! »

Il continuait à parler de plus en plus fort, si bien qu’on se serait cru au plein cœur d’une dispute conjugale. C’est drôle comme le comportement d’une personne peut changer du tout au tout, en un simple propos mal perçu. Elle voulait s’énerver depuis le début, depuis le début de cette fin d’après midi pourrit, elle avait voulut énerver le jeune homme qui était toujours gentil, toujours amicale, toujours tout. Mais cette fois s’en était trop et il ne pouvait pas s’empêcher de lui dire tout ce qu’il pensait, en une dispute qui virait aux règlements de comptes. Pourquoi fallait-il qu’elle le hait, alors qu’il la trouvait si adorable ? Il ne voulait pas s’énerver, mais c’était trop tard. Konrad continua dans sa lancée, en s’approchant un peu plus d’elle.

« Et puis c’est quoi ton problème ? Je n’ai jamais cherché à t’attirer des ennuis ! T’as cru quoi !? Parce que tu es jolie, tu as le droit de tout te permettre !? C’EST TOI QUI POSE PROBLEME DANS TOUT ÇA !! C’EST TOI QUI FAIS TOUT POUR QU’ON SE DISPUTE ALORS QUE ÇA FAIT SIX ANS QUE J’ESSAYE D’ÊTRE GENTIL ! QU’EST-CE QUE JE T’AI FAIS HEIN ?! DIS LE MOI !! »

Il s’approcha vraiment près, si bien qu’il la prit par les épaules. Il la regardait dans les yeux mais ne semblait plus maître de quoi que ce soit. Comme s’il était déconnecté de son propre corps. La situation pouvait paraître très impressionnante, d’autant plus qu’il dominait la jeune fille d’une tête et demie. La situation pouvait paraître violente. Il n’avait jamais réagit physiquement avec quelqu’un encore moins avec une fille. Il détestait la violence morale et physique, et c’était une dispute qui virait en une violente tornade. Il n’y avait qu’eux dans ce couloir. Personne à l’horizon. Peut être que s’il y avait eu quelqu’un ça ne se serait pas passé comme ça. Konrad aurait passé son chemin et aurait capitulé. Cette fille était vraiment trop étrange depuis le début avec lui. C’était vexant et il en avait marre.

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Il y avait été un peu trop fort. Jamais de sa vie, il n’avait imaginé être aussi violent avec une fille. Elle, elle était jolie, elle était gentille mais le détestait. Pourquoi ? Aucune idée. C’était ça le plus horrible. Il l’avait secouée très fort juste après qu’elle lui ait crié dessus. Et ça, il s’en voulait. Il n’était pas comme ça. Jamais de sa vie il n’avait été violent avec qui que ce soit. C’est comme si après ce geste, les blessures infligé par sa mère se rouvrait en plaies vives, douloureuses en surface et à l’extérieur. Toutes ses lacérations dans le dos, sur les épaules, le torse. Il était meurtrit physiquement et l’espace d’un instant, s’était cru dans la peau de sa mère, en train d’infliger les mêmes punitions à cette belle rousse. Konrad avait tellement souffert durant son enfance. Tout cela à cause d’alcool et d’une dépression. Paraît-il qu’adolescente, Milena Detweiler avait été agressée puis avait donné naissance au fruit de ce drame. L’enfant, né prématurément, était décédé peu après l’accouchement. Lorsque Konrad était né, elle ne l’avait pas embrassé. Peut être voyait-elle dans ses yeux bruns la violence des coups de reins de ses agresseurs. L’humiliation de la situation, abandonnant son corps souillé, en pleine rue, la nuit tombée. Elle avait rencontrée le père de Kid bien après ce drame. Moldu ou sorciers, personne ne sut jamais qui ils avaient été.

Konrad n’avait entendu cette histoire que de son père. Une rumeur paraît-il. Il n’avait pas de contacte avec les grands parents, de vieilles personnes qui vivaient près de la frontière entre le Pays de Galle et de l’Angleterre. Même après l’incident de ses huit ans, pendant lequel sa mère avait perdu la vie, le grand soulagement tant attendu par son père, ils continuèrent à vivre à Glasgow, dans cette petite maison du Pays de Galle, dans un endroit tranquille au cœur de la ville en zone pavillonnaire. Konrad ne se souvenait que trop bien les fois ou, recroquevillé dans sa chambre, dans un coin, son père le retrouvait après avoir été coucher sa mère, saoule. Il lui faisait couler un bain, l’aidait à ce sécher les cheveux et lui passait de la pommade magique sur ses blessures. C’était un moment de complicité entre père et fils que tout deux auraient volontiers évité. Alors qu’il avait six ans, sa mère l’avait secoué tellement fort qu’il s’était cogné contre la table de la salle à mangé. Il en garde encore une petite trace à l’arrière du crâne, camouflée par sa masse de cheveux fous.

C’est ce souvenir même qui lui revenait en tête à l’instant ou il avait cessé de secouer Kaylee. Son regard se ralluma, reprenant conscience de ses gestes, il resta là, à la regarder. Les larmes lui montaient aux yeux, ne sachant plus que faire, il se raidit et se mit à pleurer, ses deux mains toujours sur les épaules de la Gryffondor.

« Oh mon Dieu… Non… »

Il la serra contre elle en pleurant toujours. Konrad murmurait des paroles, comme un enfant qui se chercherait des excuses, des excuses tellement sincères.

« Je ne veux pas être comme elle… Ce n’est pas moi qui suis mauvais… Jamais je n’aurais poussé quelqu’un contre la table de la salle à manger non… Je ne suis pas maman… Je suis désolé… »

Il s’effondra aux pieds de la jeune fille et se mit la tête dans les mains. Un léger mouvement autiste ? La situation était trop dramatique pour que ce geste paraisse ridicule. Son chapeau avait basculé derrière sa tête pour tomber près de ses affaires éparpillées sur le sol. Kid ne voyait plus rien, ses larmes lui troublaient la vue et les reniflements discontinus ne le calmaient pas.

« Je n’ai jamais voulut te faire de mal… Jamais voulut non… Je ne suis pas ma mère, je n’ai jamais blessé personne de ma vie… Pardonnes moi Kaylee je t’en supplie… »

Les mots étaient tellement sincères, tellement poignant. Sa voix était tremblante, ses mains aussi. Ses yeux étaient rougis par la tristesse, les larmes et le regret. Lui de nature si joyeux, si vif et gai. Il avait été trop loin dans ses gestes, et elle dans ses paroles. L’iguane dans le sac, tombé précédemment d’une manière violente, ne faisait pas attention à la situation et sortait de son sommeil pré-bibliothèque. Il garda les yeux fermés la tête en dehors du sac, peut être interpellé par les hurlements qui avaient éclaté juste avant.

Kaylee Carter et Konrad I. Detweiler

Lorsque Théodore Detweiler était rentré du Ministère de la magie, il avait profité du beau temps pour aller rendre visite à de vieux amis. Il serait en retard, mais ce n’était pas important, si l’on ne comptait pas qu’à la maison, une femme alcoolique l’attendait, et son jeune fils de huit ans aussi. Ses amis, une Moldue et un sorcier, mariés depuis quelques années, lui avaient conseillés de quitter sa femme, de partir loin avec son fils, de recommencer sa vie. Lorsqu’il était rentré ce jour là, il était presque convaincu que c’était la meilleure solution. Mais c’était trop tard. Il avait franchi la porte d’entrée et s’était retrouvé nez à nez avec un corps. Il plaça deux doigts sur la carotide de sa femme : Morte. Il était beaucoup plus inquiet pour son fils que pour elle. La femme qu’il avait aimé était morte depuis longtemps. Elle avait quitté ce monde dans une position plutôt idiote, pathétique, son cou rompu après une chute dans les escaliers.

Quatre à quatre, Théodore avait monté les marches et avait poussé la porte de la chambre de son petit garçon. La porte de l’armoire était entre ouverte. À l’intérieur, Konrad, son unique fils, âgé de huit ans, pleurait en se balançant. Il croisa le regard de son père puis se jeta à son cou. Ils restèrent ainsi durant quelques minutes avant que le patriarche se décide à appeler St Mangouste.

Les mots de Kaylee avaient été les mêmes que ceux de son père. Des mots qui transportaient de la compassion. Après ce qu’il avait fait, Kid avait l’impression d’être un monstre. Pourtant, elle n’avait pas l’air de lui en vouloir mais c’était quelque chose qu’il ne pourrait peut être pas se pardonner. Le jeune Serdaigle releva le regard vers elle, les yeux encore une fois baignés de larmes. Des yeux d’ordinaires vifs et chauds, désormais rouge et humide. Son regard brun pénétrait celui de Kaylee avec une intensité telle qu’il s’approcha un peu plus d’elle. Leurs visages étaient près, leurs lèvres aussi. Konrad ferma les yeux en s’approchant un peu plus. On pouvait sentir l’électricité entre eux. Mais cette prise de conscience fit relever Konrad d’un coup. Il porta ses mains à ses cheveux déjà en épis, se frotta les yeux et secoua la tête. C’était beaucoup trop facile pour lui, d’agir ainsi. Il avait honte de lui-même. Le jeune Serdaigle se détestait de profiter de cette petite baisse de garde de la part de Kaylee pour l’embrasser. Et puis pourquoi l’embrasser ? D’accord, tout le monde en avait conclu qu’il en pinçait pour elle depuis un moment, mais ce n’était pas une raison.

« Je suis dégueulasse » murmurait-il à sa propre adresse, « J’aurais pas dû faire ça. Je suis désolé. Excuse-moi. »

Sans oser la regarder, il attrapa ses affaires qu’il fourra dans son sac en cuir, son chapeau remit sur la tête, le lézard partiellement secoué, puis détala à grande accélération dans le couloir, avant de disparaître par l’un des raccourcis du quatrième étage. Il s’arrêta en plein milieu du passage secret et s’assit sur une des marches en direction du sixième étage. Kid n’en revenait pas d’avoir agit ainsi. Aveuglé par le propre dégout de son geste, il repensa aux mots que Kaylee lui avait dits avant qu’il ne la secoue. Il fourra sa tête dans ses mains avant de rentrer sans dîner à la salle commune des Serdaigles, dans laquelle il partit se coucher tôt sans parler à personne, lui qui d’habitude s’autorisait une partie de Bavboules avec les premiers années, ou d’écouter de la musique avec sa bande de pote.