Aurianne & Calvin ▬ Quand le chat n'est pas là..

Ces derniers mois, la vie autrefois paisible presque inintéressante de Calvin n'avait pas été de tout repos. Apprendre que notre vie toute entière avait été construite sur des mensonges et sur des tromperies, non vraiment ça n'arrive pas tous les jours. Oui, Calvin avait appris bien des choses en quelques mois, comme l'existence de son demi-frère : monsieur Théodore Nott. Toutes ces nouvelles "informations" (si on peut appeler ça comme ça) l'avait conduit à revoir l'ordre de ses priorités. Numéro 1: faire payer à son père toute cette histoire jusqu'à la fin de ses jours et plus encore. Numéro 2 : Faire payer à Théodore le déshonneur de toute une vie et enfin numéro 3: faire payer le monde entier car l'état dans lequel Cal' était en ce moment ne lui permettait pas de faire la part des choses. Pour lui le monde était en proie au pire des cataclysmes à ce moment même et rien ne lui permettrait de retrouver la vie qu'il avait auparavant. Il était désormais obligé de vivre avec l'idée qu'il avait un frère -d'un parent différent certes-. Mais le jeune bouclé n'aimait pas rester impuissant face à ce genre de situation et comme il était dit un peu plus haut, Calvin avait prévu de se venger. Et il avait déjà une idée pour son objectif numéro deux. Résumons cette idée en un mot : Aurianne.

Aurianne était en fait la toute jeune épouse de son demi-frère. Une jolie blonde qui aurait su plaire à Cal' s'il ignorait qu'elle était la bien aimée de celui qu'il détestait plus que tout. Évidemment, il était maintenant hors de question de tenter quoique ce soit sachant éperdument le mal que cela ferai à Théodore.. Vous voyez où je veux en venir ? Bref, Calvin tenait à présent son plan de vengeance super machiavélique et rigolait comme un dindon rien qu'en pensant à ce qu'il allait faire à ce moment même. Il était là, un bouquet de fleurs à la main devant le manoir des Nott. Suicidaire ? Peut-être bien. Cela faisait un petit moment qu'il tournait autour de la jeune mariée et même s'il finissait constamment par repartir perdant de ses nombreuses tentatives, Cal' ne perdait pas espoir. Il avait dans l'idée qu'un jour, il arriverait à la charmer afin qu'elle tombe dans le panneau et que Théodore et la famille Nott toute entière pourquoi pas en ressortirai déchirée. Peut-être que ce jour allait enfin arriver ?

En attendant, le jeune homme sonna à la porte de l'immense manoir qui lui faisait face. L'espace de quelques secondes, il s'en voulait d'avoir les idées aussi folles, puis il repensait au jour où il avait appris toute l'histoire et ses remords disparaissaient aussitôt. Il était maintenant trop tard pour reculer, quelqu'un venait d'ouvrir la porte. Même s'il était bien loin d'être fou amoureux de sa demi-belle-soeur (?), le coeur de Calvin battait à une vitesse folle, il le sentait, il allait sûrement cafouiller et se vautrer en beauté et là, il passerai pour le roi des idiots. La porte était désormais ouverte, c'était le moment de parler.

« Bien le bonjour.. » dit-il alors de l'air le plus noble qu'il soit en voyant que ce n'était pas Aurianne elle même qui lui avait ouvert la porte. « Je suis Calvin Walker, j'ai.. » petit moment de panique suivit d'une totale improvisation du Serpentard. « Théodore est-il là, j'ai à lui parler...»

Calvin n'était plus à un mensonge près, il savait bien évidemment que Théodore était absent, mais comment interpréter le fait qu'un jeune homme se pointe et offre des fleurs à une femme mariée, qui plus est quand le mari est de le demi-frère de ce jeune homme ?

« Je m'excuse mais Monsieur Nott n'est pas ici.. »
« Puis-je parler à Aurianne dans ce cas ? »

Sans aucune gêne alors, le bouclé entra dans le manoir, un manoir qui faisait ressembler celui des Walker à une cabane de jardin. Il n'espérait qu'une chose : pouvoir offrir les fleurs qu'il avait dans la main et ainsi mettre son plan à exécution.

« Quand le chat n' est pas là... » ft. Clavin & Aurianna ♥

La vie de mère n’ était pas de tout repos ; c’ était là la réflexion que je me serais sans doute faite, si j’ avais eu un tant soit peu de temps à perdre en pensées inutiles, ce qui n’ était pas le cas. Mais c’ était également la plus belle chose qui m’ était arrivée, plus belle même que Théodore bien que les deux choses se rejoignant, ce n’ était pas vraiment comparable. Rien au monde n’ était apte à rivaliser avec ce sentiment d’ amour profond qui vous envahissait le cœur et l’ esprit à vous en donner le tournis lorsque vous posez vos yeux sur votre enfant, ou simplement que vous songez à lui. C’ était un sentiment qui défiait les plus grandes lois de l’ univers et pour lequel j’ aurais été prête à subir les pires souffrances s’ il advenait un jour que cela soit le prix à payer pour ne pas qu’ il s’ arrête. Et d’ un autre côté, cela me laissait perplexe ; je ne pouvais m’ empêcher de m’ interroger sur ce que, hormis naître, j’ avais bien pu faire à ma propre mère pour que ce sentiment ne l’ ait jamais elle aussi habitée, pour qu’ elle n’ ait même jamais été capable d’ éprouver ne serait ce qu’ une faible dose d’ affection à mon égard. Père et elle, n’ avaient certes pas eu la chance que Théodore et moi avions eu de trouver l’ amour dans un mariage arrangé, et de son point de vue, elle devait sûrement se répéter que je m’ étais employée à gâcher sa vie ; et je n’ arrivais plus à le concevoir depuis la naissance de Jaye et de Liberty. Le passé en restait toutefois immuable et le ressasser ne servait à rien, ou du moins, rien de bon, plus encore lorsque le présent demandait quantité d’ énergie. Je n’ avais jamais sous-estimé ce que s’ occuper d’ un nouveau né représentait, imaginez donc lorsqu’ ils étaient deux, jusqu’ à quel point les quelques instants de calme que je pouvais passer en compagnie de mon mari en avaient été réduits, mais même si ces instants me manquaient, je ne les regrettais pas. J’ étais entièrement dévouée à nous enfants de par l’ amour que je leur portais, si bien que j’ en avais presque oublié le bouleversement dans la famille Nott survenu quelques mois plutôt. Si avant, cela m’ avait occupé l’ esprit, ce parasite incongru était maintenant relégué dans un coin de mon cerveau laissé en mode veille.

Ce parasite, Calvin de son prénom, était pourtant persistant, et aussi étrange que cela puisse paraître, bien plus envers moi, qu’ envers Théodore. Je m’ employais à lui faire comprendre par tous les moyens possibles et imaginables que je ne souhaitais n’ avoir rien à faire avec lui, il agissait comme s’ il ne comprenait pas la langue dans laquelle je lui parlais – ce qui aurait pu être le cas si je m’ exprimais avec lui en Français ou en Russe, mais non - , et revenait toujours avec une nouvelle tentative. Ce comportement dont il faisait montre avait le don de me mettre mal à l’ aise. J’ ignore d’ où je tiens cette sensibilité bien trop aiguisée à mon goût, puisque cela ne peut provenir de mes parents, et qui m’ empêche de dire ces quatre vérités en face à Calvin au risque de le blesser un peu plus, lui qui devait être le plus touché par l’ histoire. Peut-être que si j’ avais eu connaissance de ses plans, aurais-je eu quelques scrupules en moins, mais ce n’ était pas le cas, et ce n’ était pas avec des « si » que l’ on reconstruisait concrètement le monde.

La raison pour laquelle je pensais maintenant à Calvin était bien simple : Clémence, l’ Elfe de maison restée à notre service depuis qu’ elle nous avait sauvés la vie à Théodore et moi dans la forêt Interdite, venait de faire irruption dans la pièce où je venais de me poser – un petit salon non loin de la chambre des enfants afin que je puisse les entendre s’ ils venaient à se réveiller - , la mine désolée. J’ allais l’ interroger quant à cette expression sur son visage, lorsqu’ une deuxième personne entra à sa suite, Calvin. Je comprenais immédiatement mieux, j’ avais bien précisé à l’ elfe que je souhaitais éviter autant que possible toute visite, et Calvin ne faisait pas exactement partie des bienvenus au Manoir, encore moins en l’ absence de son propriétaire. Je détaillai le nouveau venu de haut en bas, et fronçai les sourcils en remarquant qu’ il portait un bouquet de fleur à la main.

« Calvin… » avais-je commencé d’ un ton neutre en relevant un visage impassible vers lui. « Tu ne dois pas être sans savoir que Théodore est absent… »

En effet, il était impossible que Clémence ne le lui ai pas dit, et c’ est cela qui rendait étrange sa présence ici. Qu’ il veuille s’ entretenir avec son demi-frère passe encore, mais je n’ imaginais pas en quoi s’ entretenir avec moi pourrait lui servir.

« Explique moi donc en quoi je puis t’ être utile. »

Tout en parlant, je lui avais fait signe de prendre place, malgré le bouquet qu’ il tenait toujours en main ; bouquet que j’ avais décidé d’ ignorer pour l’ instant, et qui, avec un peu de chance ne m’ était pas destiné.

Oui, Calvin devait sûrement avoir des tendances suicidaires. Autrement pourquoi se risquait-il à vouloir séduire la femme de son demi-frère qui ne lui plaisait pas autant qu'il le faisait croire. Mais le Serpentard avait cette irrépressible envie de faire souffrir son demi-frère, lui qui semblait si heureux en tout point. Il n'avait pas le droit d'arriver dans la vie de Calvin, la bouleverser et en ressortir indemne, non. La seule idée qui lui avait traversé l'esprit était de faire tomber Aurianne sous son charme, et ainsi briser toute sa petite famille. C'était cruel, très cruel même mais bien souvent le Serpentard ne réfléchissait pas, surtout sous l'effet de la colère. D'autant que son plan était des plus foireux car si il y en avait bien une qui semblait insensible au supposé charme de Calvin, c'était bien Aurianne.. Mais les défis avaient toujours réussis à motiver Calvin, et une fois encore le jeune homme ressortait plus déterminé que jamais ..

Le bouclé venait donc d'entrer dans le manoir des Nott, sûrement l'un des derniers endroits où il aimerai se trouver à ce moment même. Il ressemblait étrangement à ces gars qu'on voyait dans les séries, qui venait -et souvent repartait- un bouquet de fleurs à la main, oui on aurait vraiment dit qu'il avait l'air désespéré.. désespérément amoureux de sa belle (bien que ce ne soit pas vraiment le cas). Je vous laisse imaginer la réaction de Théodore s'il avait été là, et surtout s'il assistait à ce qui allait suivre. Aurianne venait d'apparaître et ne semblait pas s'attendre à voir Calvin en ces lieux. Rien que cette pensée lui arracha un petit rictus. C'était le moment d'offrir les fleurs que Calvin tenait, la surprise n'en serai alors que plus grande.

« Théodore n'est pas là ? Je l'ignorais.. » Les lèvres de Calvin semblait dire le contraire de ce qu'il pensait réellement. En même temps il aurait eu l'air fin s'il avait eu à offrir les fleurs à son demi-frère. « A qui vais-je bien pouvoir offrir ces magnifiques fleurs ?» Oui bon, tout était relatif hein.

S'il s'attendait déjà à se faire remballer par la jeune femme, Calvin espérait en tout cas ne pas avoir l'air ridicule. Il manquerai plus que les chocolats et la longue sérénade.. Qui n'allait pas tarder à venir je sens.. En attendant, une fois les fleurs offertes à Aurianne, le Serpentard n'attendit pas plus longtemps avant de s'installer non loin de sa belle. Même s'il avait reçu une éducation des plus strictes durant son enfance, aujourd'hui il n'y semblait pas. Après être entré sans attendre l'autorisation de l'elfe de maison -qui lui importait peu- et avoir pris ses aises sans attendre quoique ce soit, il devait sûrement passé pour le dernier des mal élevés. Mais il comptait bien se rattraper..

«Aurianne... » Calvin marqua une courte pause où son regard chercha celui de la jeune demoiselle, puis une fois qu'il arriva à obtenir son attention, il ajouta : « Tu es très en beauté aujourd'hui.. enfin bref. J'ai entendu dire que tu étais toute seule, dans cette immense manoir. Ça ne doit pas être des plus joyeux alors je me suis dis qu'un peu de compagnie ne te ferai pas de mal. Surtout la mienne.. » De loin, le vert et argent vit arriver l'elfe de maison et encore une fois sans se gêner, lui demanda de servir deux thés. L'elfe repartit aussitôt, et Calvin reporta alors son attention sur Aurianne. « Tu n'as jamais eu envie... de partir loin, tout abandonner ? Changer de vie, après ton mariage et la naissance de tes jumeaux ? Imagine.. je serai Clavin et toi tu serais Aurianna. On vivrai heureux ensemble, loin de tout. »

Le regard de Cal' se perdit dans celui d'Aurianne tout le long de son monologue. Il disait n'importe quoi il le savait, comme si un jour cela allait réellement se passer. Mais ne dit-on pas que l'espoir fait vivre ?

« Quand le chat n' est pas là... » ft. Clavin & Aurianna ♥

Il fallait bien avouer une chose ; Calvin faisait incroyablement tâche ici, au manoir, son bouquet de fleur à la main. C’ était un peu comme s’ il était l’ erreur d’ un de ces jeux stupides dont le but était de retrouver l’ intrus glissé dans un paysage tout à fait banal. Oui c’ était exactement cela, il était l’ erreur, ici, au manoir, et plus généralement dans notre famille même. J’ en aurais presque ri si la situation n’ était pas grave en soi, mais j’ avais comme l’ impression que ce n’ était pas le moment idéal pour cela. D’ autant que Calvin ne semblait pas percevoir la scène avec les mêmes yeux que moi. Arborant un grand sourire, il s’ était avancé dans la pièce sans rien attendre, et, venant se planter devant moi, il commença son petit discours selon lequel il ignorait l’ absence de son demi-frère alors que l’ expression de son visage semblait affirmer le contraire.

Le problème le plus gênant avec Calvin – outre le fait que nous ne puissions pas le supprimer de notre arbre généalogique, bien sûr - se trouvait bien là ; je ne parvenais pas à le cerner et à découvrir ses intentions. Il ne pouvait pas simplement être ce dont il donnait l’ image – ou s’ il l’ était, les trois neurones se battant en duel à l’ intérieur de son cerveau expliquaient sans doute ses attitudes parfois étranges, mais c’ était impossible - . J’ étais persuadée qu’ il était quelqu’ un de bien plus profond, et dans d’ autres circonstances cela aurait été un paquet de mensonges de ma part si j’ avais été affirmé que lui et moi n’ aurions pas su nous entendre. Mais dans la situation présente, cela ne signifiait rien de bon, et puisqu’ il me tendait à présent son bouquet et que je ne pouvais plus vraiment trouver un prétexte pour le refuser, je pouvais au moins retourner ses paroles contre lui.

« Merci beaucoup. J’ informerai Théodore de la délicate attention que tu as eue à son égard, dommage qu’ il n’ ait pas été là en personne, cela t’ aurait, apparemment, évité de devoir te rabattre sur moi. » avais-je commencé d’ un ton quelque peu ironique avant de tendre le bouquet vers Clémence. « Peux-tu, s’ il te plait, leur trouver une place bien en valeur ? » . La poubelle, par exemple, conviendrait parfaitement, mais je n’ étais pas sûre que c’ était ce genre d’ endroit qui viendrait à l’ idée de l’ Elfe.

Enfin j’ avais beau me rire de la situation, ce n’ était pas du tout ce que je ressentais à ce moment là ; et lorsque Calvin prit place non loin de moi, je pressentais le pire ; quoique non, le pire était venu lorsqu’ il avait commencé à parler. Je n’ aimais pas particulièrement les « Aurianne » précédés de fleurs et suivis d’ une pause pendant laquelle on cherchait à poser son regard sur le mien. Non ce n’ est pas vrai, j’ avais aimé cela un jour, lorsque Théodore et moi n’ étions pas vraiment ensemble – pas vraiment, car en prenant en compte le fait que nous avions été fiancés presque depuis notre naissance, même si nous ne nous parlions pas il est difficile d’ affirmer que rien ne nous liait – et aujourd’ hui encore, pour peu qu’ ils proviennent de mon mari, mais pas de Calvin, non, vraiment pas. J’ aurais aimé profiter du retour de Clémence dans la pièce pour l’ interrompre dans sa lancée, mais à peine l’ elfe de maison mit-elle un pied dans la pièce que mon « beau frère » la renvoyait dehors en lui commandant deux thés. Un commentaire me brûlait la gorge, mais à cet instant je m’ étais dit qu’ il ne valait mieux pas jeter de l’ huile sur le feu ; cependant en y repensant, je ne pouvais m’ empêcher de regretter quelque peu puisque une dispute m’ aurait sans doute été plus supportable que l’ épisode qui allait suivre. J’ avais tellement du mal à croire les paroles de Calvin que je me demandais un instant si je n’ étais pas tellement épuisée que je m’ étais endormie en m’ asseyant sur le canapé et que je n’ étais pas en train de rêver, d’ un rêve bizarre, certes, mais au moins cela ne restait qu’ un rêve. Comment pouvait-il m’ imaginer une seule seconde abandonner mon mari, et surtout mes enfants, pour partir avec… lui ?

« Et que feraient-ils, Clavin et Aurianna ? Ils iraient main dans la main, oublier la vie qu’ ils ont laissée derrière eux en allant regarder des poneys roses ailés manger des arcs en ciel ? »

C’ était une version des plus utopiques, et peut-être cela aurait-il été parfois – et le sera sûrement encore - bien plus simple ; en admettant bien sûr que je sois un tant soit peu sensible au charme de Calvin – et également que de tels poneys existent ce qui résumait assez bien la probabilité que tout se réalise - . Mais j’ avais déjà une vie, que je n’ aurais échangée contre rien au monde ; je l’ aimais comme elle était malgré ces petites imperfections.