Faut pas ce fier aux apparences [Sera L.Taylor]

Nous étions en période d'étude lors d'un après-midi pluvieux. Assis à l'une des tables prévue à cet effet en compagnie de quelques copains, je venais de terminer tous le boulot que j'avais à accomplir. Je rangeai donc tous mes bouquins dans mon sac , rendant d'abord au professeur mes trois parchemins remplis, puis revint m'asseoir auprès de mes potes qui bûchaient toujours avec leur premier parchemin. Je décidai donc de laisser libre cours à mon esprit de vagabonder, observant d'autres élèves qui travaillaient à la table la plus près d'ou je m'étais installé. C'est alors que je la vis, concentré sur la rédaction qu'elle venait d'entreprendre. Elle était assis face à moi; je n'avais qu'a relever la tête pour l'observer à ma guise. Ce n'étais pas la première fois que je la voyais. La première fois, je me rappelles qu'elle m'avait distrait lorsque je descendais l'escalier. J'avais alors eu une collision avec un autre élève et renverser le contenu de mes poches qui renfermaient le matériel nécessaire pour mener à bon terme un coup que j'avais préparé.

Un peu plus tard, j'avais surpris une conversation qu'elle avait eu avec un professeur et c'est de la que vraiment tout à changer. J'avais appris d'où je me terrais alors que sa famille l'avait tout aussi rejeté, la laissant au bons soins de sa grand-mère. J'aurais pu rester totalement indifférent à tous cela mais, je ne sais pas pourquoi, au lieu de sa, j'avais eu de la sympathie pour elle. Je m'étais même surpris quelque fois à penser à elle. Mais qu'est ce qui me prenait? J'avais tenté de réfréner tous ce qui s'animait en moi lorsque mes yeux c'était porté sur le blason de sa robe de sorcier... Serpentard!!. S'il fallait qu'on apprenne que que moi, Cilyan, le fervent militant anti-serpentard se retrouvait amouraché de l'une d'entre eux... ça l'aurait été la cata!

Mais à ce moment précis, j'étais incapable de détourner les yeux. Ce fut mon pote Andrew qui s'en aperçu le premier. D'abord, il me regarda et suivi mon regard pour terminer sur cette fille. Ensuite, il me frappa pour me faire sortir de ma contemplation

Andrew:-Mais qu'est ce que tu regardes? Cette vipère? Mais qu'est ce que je vois sur ton visage?

Immédiatement je me retournai pour lui sourire. J'avais l'idée qui m'aiderait à m'en sortir.

C:- Regarde ça!

D'un coup de baguette je fis lévitai le parchemin de Sera sous les regards étonnés de tous puis, je le fis partir en fumée. Mes potes me tapèrent dans le dos, signe d'approbation de mon geste mais mon sourire disparu lorsqu'elle croisa mon regard, qui à ce moment la vint me transpercer jusque dans le coeur. Elle se leva, attrapa son cartable avant de prendre la direction d'une autre table à l'écart du groupe.. Peu de temps après, lorsque mes copains étaient retournés à leurs travaux, je vis Sera se levé et emprunter un rayon . Je me levai aussitôt pour la rejoindre, empruntant un rayon parallèle afin de n'éveiller aucun soupçon. Je m'attendais à tous lorsqu'elle me verrai arriver, mais je devais lui expliquer, etre franc avec elle. J'avais la certitude que je lui devais bien cela.

Si il y a bien un truc que je déteste le plus au monde, c'est d'être enfermé. Et encore plus quand c'est dans une bibliothèque, entourée de pavés indéchiffrables sur la philosophie et l'Histoire... Si c'était dans un magasin de bonbecs, l'état d'esprit serait, j'en suis sûre, très différent...
Alors vous devez vous demander : mais que fait donc Sera dans un lieu pareil ? Il n'y a pas trente six solutions à cela : soit je devenais complètement folle au point de confondre des rayons de chocolats avec des rayons de livres, soit j'avais été collée par nos justes et respectés professeurs de Poudlard ( je suis à peine lèche-cul sur ce coup-là ). Comme vous devez certainement l'avoir compris, la deuxième solution était la bonne. Non, désolée pour vous, vous n'allez pas pouvoir vous débarrasser de moi dans un asile de fous, mais plus tard, qui sait ?

Le sujet de ma colle était, évidemment, d'une simplicité déconcertante : "conséquences de la révolte des gobelins en l'an 1500 pour notre société. Merci de faire part de votre propre analyse". gzdjxishbh ?
Comment une révolte qui s'était passée il y a 500 ans pouvaient-elles avoir des conséquences sur notre société actuelle ? Les gobelins devaient être super-forts, des sortes de génies ! Et puis, personnellement, je ne pensais pas que la révolte des gobelins en l'an 1500 allait nous aider à vaincre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom...
Résultat des courses : feuille ce qu'il y a de plus blanc... Je voyais déjà les commentaires narcissiques : "Sera, comme d'habitude, impossibles d'être plus claire !". Ha, ha, que c'est drôle....
J'avais une furieuse envie de balancer : "désolée, je n'étais pas née...". Au moins, ils ne pourraient par me contredire... Sauf que je ne pense pas qu'ils possédaient le même humour que moi... Ils étaient plutôt du genre : "Excellente cette blague, trois heures de colles en plus pour t'aider à en trouver une nouvelle !"
Franchement, c'est pas une vie...

Je baladais mon regard dans toute la pièce à la recherche d'un serdaigle assez aimable pour m'aider. Mais rien que l'idée de demander de l'aide me répugnait. Eh oui, en plus de ça, je fais des chichis !
Je remarquai soudain un jeune homme dont la tête me disait quelque chose, assis en face de moi. En voyant ses couleurs de gryffondor, je me dis que j'avais dû le confondre avec quelqu'un... Moi, côtoyer des rouges et ors ? Jamais ! Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs, la seule chose qui était certaine, c'est que si tu te trouvais en compagnie de l'un d'eux, mieux valait se cacher, sinon on te reniait définitivement chez serpy ! Et réciproquement...
Pourtant, il me disait vraiment quelque chose... Ah, ça y est ! C'est moi qui avais provoqué sa coalition avec un pouffy rien qu'en lui disant bonjour avec la main ! Main du démon ! A ce moment là, je m'étais dit que je devenais folle, et avait essayé de retenir le mouvement, sans y être parvenu cependant... Et, toute honteuse et en colère contre moi-même, je m'étais barrée aussi vite que possible !

Je feignais d'être ultra concentrée sur mon travail en penchant ma tête quasiment sur ma feuille, afin qu'il ne me reconnaisse pas. Cependant, il n'y a pas trente six milliards de roux ici, et il dût facilement me reconnaître. Promis, dès que je rentre, je me fais une teinte !
En réalité, je ne savais même pas pourquoi j'agissais ainsi. Enfin, si, je le savais, simplement que je ne voulais pas l'admettre : il avait en lui quelque chose qui m'attirait, un peu comme un aimant. Sauf que je ne pouvais me résoudre à l'idée d'être attirée par un bouffondor !

Tout d'un coup, ma feuille où j'avais écrit seulement une phrase ( et quelle phrase : "la révolte des gobelins a eu beaucoup de conséquences sur notre société actuelle" ) s'envola et je la vis disparaître en mille morceaux. Ce ne fut pas un instant tragique de ma vie, ce fut simplement une question de principe : moi et seulement moi pouvait déchirer ma feuille et personne d'autres !
Je levais des yeux furibonds sur celui qui avait fait ça. Lui, bien sûr. Je me levais tout en continuant à le fixer du regard et m'en allait sans ajouter un mot. L'affront était suffisamment honteux pour moi, pas la peine de m'enfoncer. Je rejoignis l'un des rayons de la bibliothèque, espérant trouver un petit livre facile à lire, et portant le titre : "conséquences de la révolte des gobelins". Je n'aurais plus qu'à le copier et à moi le prix nobel de la colle la plus réussie au monde !

Je sentis une présence à mes côtés qui semblaient farfouiller un peu partout : bref, un qui prépare son terrain avant de mettre les pieds dans le plat. Lui, toujours.
Je me retournais et, affichant une expression de plus profonde réfléction, je m'exclamai à son égard :

"Laisse-moi le temps de réfléchir au supplice que je vais devoir t'infliger pour m'avoir collée la honte devant tout le monde... Parce que bon, la feuille n'était pas née de la cuisse de jupiter, entre nous, donc je m'en fous de ça. Voyons, voyons... Te faire tomber tous ces pavés sur ta tête ? Mouais bof, t'aurais pas d'autres idées à me proposer ?"

Je n'étais pas sadique, juste pour bien lui poser mes sentiments à son égard. Enfin, je parle de ces sentiments-là, pas les autres, oubliés momentanément on va dire....

Sera-"Laisse-moi le temps de réfléchir au supplice que je vais devoir t'infliger pour m'avoir collée la honte devant tout le monde... Parce que bon, la feuille n'était pas née de la cuisse de jupiter, entre nous, donc je m'en fous de ça. Voyons, voyons... Te faire tomber tous ces pavés sur ta tête ? Mouais bof, t'aurais pas d'autres idées à me proposer ?"

D'abord, je fus étonné par sa réaction. J'étais certain qu'elle serait furieuse contre moi... Un coup de chance? Ensuite, je ne peux m'empêcher de sourire à ses propos. Avant cette rencontre, j'étais certain qu'elle me plairait de toute manière. J'aimais beaucoup son humour. Je fis semblant de réfléchir , saisissant mon menton entre les doigts, conservant cette position un peu trop longtemps, parce qu'en fait, je n'avais pas envie de mettre fin à ce moment passé auprès d'elle. Puis soudainement, je m'approchai d'elle, fixant son regard, me penchant vers elle, la contournant et passant à côté de son épaule pour aller saisir un livre volumineux qui reposait sur une étagère de la bibliothèque. Nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre, je m'attardai un moment incapable de bouger puis, rassemblant tous mes efforts afin de bouger, je lui offris le bouquin.

-Tiens, je crois que cette brique serait idéal pour assouvir une vengeance.

J'avais conservé cette proximité entre nos deux corps, effleurant sa main en lui remettant le livre, lorsque soudainement un élève passa au bout de cette rangée. Je détournai le regard, nous séparant légèrement. C'était Andrew. Il me jeta un regard noir avant de disparaître du bout de la rangée. Je relevai la tête vers elle et faisant quelque pas à reculons. Je devais aller le rejoindre pour tirer au clair ce qu'il avait vu. Mes yeux l'observaient toujours lorsque je lui demandai;

-S'il te plait, dit-moi ton prénom.

Je stoppai net. Sortant de la poche de ma chemise un bout de parchemin, (et oui, je traînais des bouts de parchemin dans ma chemise, question d'être prêt s'il fallait faire ce qui suivra ) et de quelques coups de baguette, le parchemin se plia pour former un cygne et s'envoler jusqu'à elle. Lorsque le cygne toucha la paume de ses mains, il se déplia pour laisser apparaître un message:

Ravie de faire ta connaissance,
Cilyan

Je l'observai en faire la lecture, étirant mes lèvres pour former un sourire. Au bas de la page j'y avais inscrit un P.S:

T'aurais envie de me revoir?

J'étais maintenant rendu au bout de l'allée, attendant seulement une réponse de sa part pour aller retrouver mon ami qui avait repris place à notre table.

Je préparais mon terrain pour avoir un peu d'avance sur lui au cas où les choses se dégraderaient. Car, pour moi, les choses ne pouvaient que se dégrader. En effet, un rouge et or, une verte et argent, un parchemin cramé, des rayons de livres bien gros, je sais pas vous, mais moi ça m'apparaît très clair : on va pas se jeter dans les bras l'un de l'autre !
Aussi, un main sur un pavé et l'autre sur la hanche, j'étais prête. Si il attaquait à gauche, je lui balançais le livre sur la tête, et si il attaquait à droite, il se prenait un coup de poing en pleine figure. Et si il attaquait tout droit ( c'est très français ça ) il se prenait les deux !
Affichant un sourire narquois, je me préparai à l'action. Finalement, la bibliothèque c'était pas si terrible que ça... Certes, je voyais déjà les heures de colle en perspective pour "atteinte à la tranquillité du lieu" mais bon, tant pis, au moins on serait deux dans l'affaire !

Il me contourna et j'en restais, pour ainsi dire, sur le cul. J'avais jamais vu ça de ma vie. On ne peut pas refuser un petit combat comme ça, c'est juste... immoral ! Et puis, j'avais pas l'air si féroce que ça à ma connaissance... Ou alors, il me trouvait trop faible pour se donner la peine d'entamer une bataille. La rage me monta au visage, et je devins aussi cramoisi que mes cheveux. Je me retournai, ayant pris un livre au hasard, et commençai à lever les bras pour lui en assener une bonne quand soudain, il s'exclama :

-Tiens, je crois que cette brique serait idéal pour assouvir une vengeance.
Sur le coup, je gardai ma position, fixant tour à tour le livre qu'il me proposait et lui. Ce type est maso ! Pareil, je n'avais jamais vu ça ! Décidément, il fallait que je lui décerne le prix de l'originalité, je pense qu'il le méritait amplement !
Je lui pris le livre des mains d'un geste brusque, continuant à le fixer d'un regard farouche. Tant pis pour lui, il s'était lui-même jeté dans la gueule du loup ! Cependant, je n'arrivais pas à faire un mouvement, bien que mon for intérieur me le réclamait en hurlant. Inconsciemment nos deux visages s'étaient rapprochés et, complètement mesmérisée par son regard, je ne bougeais pas, ne cherchant même pas à me dégager.

Je pense que ce fut des pas derrière moi qui me ramenèrent à la raison. Empoignant le livre, je le mis entre nos deux visages et l'appuya doucement sur sa tête, afin que je puisse entreprendre une retraite rapide. Je lui lançai, retrouvant un masque impassible :

"Très très bon choix, les dimensions sont parfaites pour ta jolie tête ! Vraiment, t'as l'oeil !"

Il regardait par dessus mon épaule. Je pivotais la tête pour voir ce qu'il regardait avec autant d'anxiété : un gryffondor. Comme quoi, on avait les même problèmes ! Je lui fis un sourire en coin, rangeant le fameux livre. Je n'en avais plus besoin, son copain se chargerait de lui remonter les bretelles à ma place, à mon avis. J'allais m'en aller quand il s'exclama à mon égard :

-S'il te plait, dit-moi ton prénom.

Je lui lançai d'un air mauvais :

"Et en quel honneur, je te prie ?"

Mon prénom, c'était la moitié de moi-même. Si je lui avouai, cela nous donnerait encore lieu à nous revoir, et même pire : qui sait si dans les couloirs, il ne pourrait pas m'interpeller ou un truc du genre ? Mais c'était signé mon arrêt de mort que faire cela !
Enfin, peu importe, il était déjà parti ! J'espérais vraiment ne plus le revoir, même si je savais que c'était impossible...

Je continuais mon investigation des rayons ( je suis très optimiste ! ). Soudain, je vis apparaître entre mes mains un cygne de papiers. Curieuse, je le dépliai et lus :

Ravie de faire ta connaissance,
Cilyan
PS : T'aurais envie de me revoir?

Malgré moi, je me mis à sourire. Prenant une feuille et une plume, je me mis à écrire :

"Moi de même, mon cher Cylian, moi de même...
Si j'ai envie de te revoir ? A mon goût, tu t'es enfui un peu vite, nous n'avons pas eu tout à fait le temps de régler nos comptes, n'est ce pas ? 5 heures pré au lard ça te va ?

Je réfléchis un court instant avant d'apposer ma signature :

"Sera"

Puis je lui envoyai le message sous forme d'un avion, et calculai sa trajectoire afin qu'il s'écrase entre les deux yeux de Cylian...