APOLLON & EPPERLY → alcohol makes you forget everything. ♥

« Alcohol makes you forget everything. » ft. Apollon Callaghan &` Epperly Donahue. ♥

Confortablement allongée, Epperly émergeait du pays des rêves. Réveil en douceur, comme si toute brutalité était bannie de ce monde. Du moins, en apparence. Elle n’avait pas encore les idées assez claires pour s’apercevoir que quelque chose clochait. Pourtant cela aurait du lui sauter aux yeux. Depuis quand prenait-elle l’habitude de dormir comme un loir des heures durant ? La luminosité de la pièce, venait assaillir ses billes, l’empêchant de distinguer correctement les contours de l’endroit, et lui donnant une idée approximative de l’heure. Tard. Pas normal. Pas normal du tout. Adieu délicatesse, bonjour la panique. Parvenant à ouvrir difficilement les yeux en grand, son regard se posa sur le plafond. Jusque là, rien de bien flagrant. Sa tête s’était mise à tourner, sensation désagréable qui la perturbait suffisamment pour l’empêcher de faire attention aux détails.

La première idée devait sans doute être la bonne. L’alcool. Se forçant à l’immobilité, elle tentait vainement de se souvenir de ce qu’elle avait fait la veille, histoire de réduire le choc qu’elle ne manquerait pas de subir en découvrant le paysage autour d’elle. Seul point positif, ses sens développés lui indiquaient que la chambre était dépourvue de toute autre âme vivante que la sienne. Pour l’instant. Elle entendait du bruit non loin. Un bruit faible, presque inaudible pour les mortels, mais qui lui faisait présentement l’effet d’un brouhaha insupportable. Tout compte fait, elle préférait peut-être oublier le nombre de verres qui avait défilé devant elle la veille. Sachant pertinemment qu’elle n’obtiendrait rien de plus de sa défaillante mémoire, elle laissa le soin à ses yeux clairs de prendre la relève. La pièce dans laquelle elle se trouvait était totalement inconnue au bataillon. Un deuxième oreiller aplati et des marques d’une présence récente sur le matelas lui confirmèrent ce qu’elle pressentait déjà ; elle n’avait pas passé la nuit seule. Et merde. Ses billes poursuivaient leur investigation. Rien de bien intéressant, si ce n’est un amoncellement de vêtements éparpillés sur le sol. Dans le tas, elle parvenait à reconnaître quelques tissus qui lui appartenaient et qu’elle avait du porter la veille. Les ingrats décoraient à présent le plancher, lui offrant un tapis de mauvais goût, dans le sens où leur place ne convenait nullement. Cette dernière découverte, associée à son mal de crâne grandissant, acheva de la dissuader de se lever.

Refermant les yeux, laissant reposer sa tête sur le lit moelleux, elle n’eut pas l’occasion de s’interroger plus amplement sur l’étrange situation lui faisant face. Des pas approchaient dans un vacarme digne d’un concert de hard rock. Merlin, soit son état surpassait ses estimations, soit elle avait passé la nuit avec un combattant sumo. Et elle n’avait pas encore déterminé quelle hypothèse était la pire. Peu désireuse d’intensifier sa migraine en réflexions inutiles, son regard partit à la recherche de celui de l’intrus. Enfin, l’intrus, façon de parler. En réalité, c’était plutôt elle l’erreur dans le paysage. Un peu comme dans ces jeux idiots pour enfant moldus. Vous savez, lorsque le but est de retrouver le pingouin glissé dans la plage tropicale et continuation. Non ? Peu importe. Le fait est, qu’actuellement, elle jouait un peu le rôle du pingouin. Flatteur.

Se redressant afin de reprendre une certaine contenance, tout en prenant garde à conserver la couette sur elle, elle se retrouva face à… Apollon ? Pas son chat, non. Elle aurait apprécié, mais non. D’ailleurs penser à sa petite boule de poils préférée la paniqua davantage. Le pauvre était totalement seul, sans personne pour s’occuper de lui. Oui, Epperly Donahue, froide, associable à souhait, était dépendante de son chat abyssin. Cependant, cet Apollon là était moins félin, moins poilu, légèrement plus grand aussi… mais portait tout aussi bien son nom. En petite tenue, deux tasses de café à la main, il ne semblait pas gêné, ou alors, il était très bon acteur. Par Salazar Serpentard, qu’est-ce qu’elle foutait là ? La journée précédente restait floue dans son esprit. Elle avait été appelée par l’Ordre, une mission à remplir. On lui avait associé un binôme, dont pour une fois, elle n’avait pas eu envie de se plaindre… Apollon. Apollon… comment déjà ? Un nom compliqué, à consonance grecque. Bizarre. Non, ne pas penser à la Grèce, mauvaise idée, très mauvaise idée. Penser à Apollon. Se concentrer sur la journée d’hier… Il avait été son partenaire pour une partie de traque aux Mangemorts. Jusque là, c’était acceptable. Elle aurait pu tomber sur bien pire. Sur Dahrah, par exemple. La vampire n’aurait sans doute pas supporté de frotter encore une fois ses idéaux contre ceux de l’Irlandaise. Surtout pas maintenant que celle-ci en savait long sur sa vie passée. C’était l’avantage avec Apollon. S’il se battait pour d’honorables vertus, il ne le laissait pas paraître. Il dégageait une aura particulière, fascinante, qui l’avait attirée.

« Dis moi que tu te souviens de quelque chose. Je suis dans l’obscurité la plus totale. »

Manière très peu cavalière d’entamer une conversation. Pas de bonjour, comment vas tu ? Rien. D’un côté cela aurait peut-être été quelque peu déplacé en vue de la situation. Ce n’est pas comme s’ils avaient prémédité leur coup ? Aucun d’eux n’avait prévu qu’ils auraient… qu’ils auraient quoi déjà ? Le poids de l’incompréhension commençait à être lourd à porter. Ou bien était-ce simplement elle qui tentait de fuir la réalité, par peur de ses actes ou de ses paroles. Qui savait ce qu’elle avait bien pu lui révéler sur elle sous l’emprise de l’alcool.

« Et puis d’abord… comment t’arrives à tenir debout ? » Question stupide, totalement inutile qui plus est. « J’ai l’impression que ma tête va exploser. » Se crut-elle obligée de préciser afin que sa phrase précédente ne paraisse pas totalement dépourvue de sens. Le moindre mouvement lui arrachait une grimace répandant en elle une désagréable sensation. Elle se sentait vieille subitement. Du haut de ses trente-deux ans elle n’était certes plus une adolescente, mais son corps n’était pas sensé suivre le mouvement. Où allait le monde si le seul avantage de ses longues canines n’assurait même plus son rôle.

« Bonjour au passage… C’est très joli par ici. » Avait-elle ajouté dans un sourire. Etait-elle vraiment en train de lui parler tapisserie ? Il faut croire oui. N’importe quoi. Elle avait vraiment besoin de se réveiller. La gentillesse n’avait jamais fait partie de ses maigres qualités, rien d’étonnant au final qu’elle ne se montre pas très douée lorsque cela devenait nécessaire. Passant les mains sur son visage elle rejeta ses cheveux en arrière. C’était déjà mieux. Quelques éclats lui revenaient en mémoire, par fragments. La mission avait été un franc succès. Ils étaient allés fêté ça dans un bar. Ils avaient bu, beaucoup. Mais bordel, qu’avaient-ils bien pu se dire ?!