Le Jour le Plus Givré du Reste de ta Vie ! [FE]

Mister Freeze... ça rafraîcheeeez ♥

Brrr... Qu'est-ce qu'il fait froid ! C'est pas une blague ce qu'on dit sur le Grand Nord, en tous cas !

Ondine rajusta sa parka en imitation fourrure d'hermine, ainsi que ses lunettes de ski, et fit un petit signe de la main en direction des Aurors postés devant les hautes portes de la Cité Rouge.

"Je peux entrer ?" demanda-t-elle comme si elle parlait d'une discothèque.

C'est con, je ne connais pas le videur. Si ça tombe, ils vont me laisser poireauter là. Ils n'ont pas l'air sympa, en plus. EH ! Qu'est-ce qu'ils font, là ? Ils ne vont quand même pas m'agresser ?!

Leçon numéro une à connaître sur le Grand Nord : les vigiles ne sont vraiment pas cool. La dizaine d'Aurors en ligne devant les portes dégainèrent leurs baguettes d'un même mouvement, comme des robots, et la fixèrent avec un air tellement inexpressif et uniforme que cela en était effrayant. Ondine, recula d'un pas, horrifiée, mais en jetant un coup d'oeil vers l'immensité désertique et glaciale, elle s'aperçut que des statues de pierres à l'allure inquiétante venaient d'apparaître derrière elle.

"Votre laisser-passer, Madame." ordonna l'un des Aurors.

Au ton de sa voix, Ondine songea qu'il aurait été mal avisé de ne pas lui donner. Elle se demandait d'ailleurs ce qu'il advenait de ceux qui n'avaient pas de papiers en leur possession. Est-ce qu'on les donnait en pâture aux Aurors ? Ils n'avaient pas l'air d'être humains, en tous cas... Peut-être des zombies ? Ondine se pencha sur cette idée tandis qu'elle fouillait dans son sac bandoulière avec l'énergie du désespoir. L'auror qui lui avait adressé la parole s'était légèrement avancé, brisant la ligne parfaite, et tout en gardant sa baguette pointée vers elle, avait tendu l'autre main avec fermeté. Trouvant enfin ce qu'elle cherchait, la jeune femme sortit le papier plastifié et le tendit à l'Auror qui le prit avec brusquerie.

"Voilà." dit-elle. "Et c'est Mademoiselle. Pas Madame."

L'Auror ne lui accorda pas un regard, fixant le laisser-passer comme s'il était en train de l'analyser.

"C'est Mademoiselle, parce que... je ne suis pas mariée. Pas encore. Je pense pas que ça me tenterait. ça n'arrivera jamais, je pense. Mais il paraît qu'une femme est automatiquement appelée Madame à partir d'un certain âge... Trente-cinq ans, je crois. ça va, j'ai encore de la marge !"

Elle tentait de détendre l'atmosphère et de se détendre elle-même tandis que l'Auror n'avait aucune réaction, focalisé sur le rectangle de papier. Etait-il congelé ? Elle avait lu quelque part que si on restait trop longtemps immobile dans le froid ambiant, on risquait une hypothermie. Pourtant, ces grands gaillards devaient être habitués aux températures basses...

L'Auror brisa cette théorie et cette attente interminable en rendant subitement le laisser-passer à Ondine. Celle-ci crut pendant un bref instant qu'elle ne pourrait pas entrer, mais l'homme fit signe à ses soldats qui rangèrent leurs baguettes et dégagèrent le passage. Ondine, soulagée, observa les hautes portes s'ouvrir avec lenteur, sans aucun bruit, puis, regardant par-dessus son épaule, elle remarqua que les statues de pierre avaient disparu. Il devait s'agir des Sentinelles... En tous cas, on pouvait dire que les défenses du Grand Nord étaient efficaces !

Elle retint sa respiration tout en entrant dans la Cité Rouge, et une fois à l'intérieur, se retrouva dans une vaste cour encombrée d'étals de marchands et de petites demeures. Une foule bruyante, pleine de vie, se massait un peu partout, semblant prendre toute la place. Levant les yeux, elle resta bouche bée devant les six tours imposantes dont les toits s'érigeaient vers les nuages, splendides, paraissant piquer le ciel. Mais plus encore que la beauté de la Cité, elle fut surprise par la chaleur ambiante.

Il faisait curieusement doux comparé au froid mordant du dehors, et Ondine fut bientôt obligée de se débarrasser des vêtements superflus. Elle enleva son écharpe qu'elle enroula autour de son sac, puis sa parka qu'elle garda dans ses bras, se retrouvant en pull. Elle portait un caleçon marron en maille polaire qu'elle avait furieusement envie d'enlever, ainsi que de hautes bottes d'alpiniste doublée en laine d'alpaga. Comble de l'horreur, elle se souvint qu'elle n'avait pris que des vêtements chauds avec elle ! Il faudrait qu'elle aille faire les boutiques, en espérant que les magasins de fringues de la Cité Rouge soient à la mode de chez elle...

Elle se mit à parcourir la cour, cherchant Maxwell des yeux, ne sachant pas où le trouver. C'était plus grand que prévu. D'un côté, la capitale du Grand Nord, elle aurait dû penser que c'était assez conséquent niveau taille... Exaspérée par sa propre stupidité, elle était en train de déclarer forfait lorsqu'elle sentit quelqu'un lui tapoter sur l'épaule.

"Ah enfin ! J'en pouvais plus ! Vous auriez pu prévenir que le Grand Nord n'était habité que par des paranoïaques ! Bientôt ils m'auraient fait une fouille au corps et un scanner intégral pour vérifier que je n'étais pas une terroriste !"

C'était une habitude de ne jamais dire bonjour à Maxwell quand elle le voyait. Il faut dire qu'ils s'étaient vus il y avait à peine quelques heures, à l'hôpital. Il était drôlement tête brûlée pour s'imposer un tel voyage après un accident d'une telle ampleur. Ondine esquissa un sourire enjôleur. C'était sa folie qu'elle aimait le plus. Sa folie, pas lui.

Mister Freeze... ça rafraîcheeeez ♥

Ondine faillit avoir un arrêt cardiaque lorsqu'elle se retourna. Non pas que Pepper soit horrible ou ressemble à un monstre momifié, mais elle s'attendait à voir quelqu'un d'autre ! Machinalement, elle jeta un coup d'oeil tout autour d'elle, à la recherche de Maxwell. Forcée de constater qu'il n'était pas là, elle reporta son attention sur sa secrétaire et prit le dossier qu'elle lui tendait sans même l'ouvrir. Elle le fourra dans son sac avant de lui lancer un regard un peu trop méchant. Elle n'y pouvait rien si elle ne parvenait pas à cacher sa déception ! Et puis, elle était agacée par la présence de Pepper. C'est vrai, pourquoi avait-elle ressenti le besoin de s'incruster ? N'avait-elle pas compris qu'il s'agissait d'un voyage pour deux personnes, d'un prétexte pour que Maxwell et Ondine se retrouvent seul à seule ?

Elle sentit une bourrasque passer au travers des mailles de son pull lorsqu'elle entendit la vérité.

- Il est déjà dans sa chambre. J'ai pris soin de vous en réserver une, car il m'en avait fait réserver que deux. Voici la clef.

Que venait-elle de dire ? Que Maxwell n'avait réservé que deux chambres ? Mais alors, celle qui tenait la chandelle dans l'histoire, ce n'était pas Pepper, mais elle ?! Ondine sentit une rage sourde l'envahir, et elle serra des poings. Il ne payait rien pour attendre... Elle n'acceptait pas qu'on la traite ainsi. Il faudrait un jour qu'il choisisse entre Pepper et elle. Malgré tout, elle ressentit un élan de reconnaissance envers la secrétaire lorsqu'elle lui tendit la clé de sa chambre, et la prit avec autant de délicatesse que le lui permettaient ses doigts tremblants de colère. Au moins quelqu'un qui pensait à elle...

Elle arriva rapidement jusqu'à l'hôtel, puis jusqu'au couloir de sa chambre. Pour tromper l'ennui, elle avait mis des écouteurs dans ses oreilles, reliés à un appareil qu'on appelait MP3. C'était un objet fort utile que les Moldus avaient inventé là. On pouvait transporter ses musiques préférées n'importe où ! Une fois devant la porte, elle introduisit la clé dans la serrure et abaissa la poignée. La chambre était brillamment éclairée en raison des larges fenêtres qui donnaient vue sur un paysage hivernal. Ondine pénétra à l'intérieur tout en sifflotant l'air de "Like a Virgin" de Madonna. Le volume poussé à fond dans ses oreilles, elle resta sourde à tout ce qui pouvait se passer dans la pièce. De toutes façons, elle était censée être seule, non ?

Elle balança son sac bandoulière dans un coin de la chambre, puis abandonna la majeure partie de ses vêtements, trop heureuse de se libérer de la chaleur étouffante. Elle était donc en débardeur bleu et en culotte, décontractée, et commença une espèce de chorégraphie sur la musique de Madonna. La chanson prit fin, remplacée par "Only Girl in the world" by Rihanna. Ondine était déchaînée, faisant quelques pas comme dans un ballet pour ensuite danser comme sur un morceau de tektonik. C'était assez spécial...

Lorsqu'elle se tourna vers le lit, elle lâcha un cri, et l'un de ses écouteurs tomba de son oreille, libérant le bruit de la musique.

Want you to make me feel like I'm the only girl in the world
Like I'm the only one that you'll ever love
Like I'm the only one who knows your heart
Only girl in the world...

"Mais... qu'est-ce que vous faites là ?" demanda Ondine, bouche bée.

Trouver son patron sur son lit, c'était pas la pire chose du monde. Par contre, savoir que son patron venait d'assister à un spectacle improvisé particulièrement ridicule, ça c'était la fin du monde.

A tâtons, elle chercha le bouton stop du lecteur MP3, et lorsqu'elle le trouva, elle appuya dessus frénétiquement, sans cesser de fixer Maxwell. Elle avait dû le traumatiser... Peut-être que ça allait même laisser des séquelles ! Elle hésitait à appeler l'hôpital le plus proche, puis baissa les yeux sur sa tenue légère, et haussa les épaules.

C'était vraiment pas le pire comparé à la danse.

Mister Freeze... ça rafraîcheeeez

Avait-elle bien entendu ? Il l'avait insultée ? Il lui avait dit qu'elle avait pris du poids ?! Mais quel goujat ! Il voulait perdre l'usage de ses bijoux de famille ? Ondine plissa tellement des yeux qu'ils devinrent bientôt deux fentes, tels ceux d'un chat prêt à sauter sur sa proie. Sans prévenir, elle dégaina sa baguette et jeta plusieurs sorts qui crépitèrent simultanément sur le corps de Maxwell, lui envoyant de petites décharges comme de l'électricité. C'était comme se prendre un coup de jus, et ça pouvait faire très mal à certains endroits.

// KRRRICH ! //

"Ca c'est pour avoir dit que j'étais devenue grosse !" s'écria-t-elle, le sort heurtant son torse. "Ca c'est pour avoir réservé une table pour TROIS !"

// KRRRICH ! // (le sort percuta sa tête.)

"Ca c'est pour avoir écorché le prénom de mon père !"

// KRRRICH ! // (le maléfice fut jeté sur son bras droit.)

"Et ça... C'EST POUR VOTRE EGO INSUPPORTABLE !"

// KRRRICH ! //

Cette fois-ci, le sortilège heurta de plein fouet l'entrejambe de l'homme. Aïe, un coup de jus à cet endroit, ça ne devait pas faire du bien. Mais il le méritait. Ondine avait été bien trop rapide pour qu'il ait pu réagir d'une quelconque façon, et puis, il se sentait tellement supérieur qu'il n'avait probablement jamais sa baguette à portée de main.

Satisfaite de cette petite leçon, la jeune femme souffla sur l'extrémité de sa baguette, telle une justicière du far west, avant de la ranger dans son sac. Puis, elle se dirigea vers la table de nuit pour se servir un verre d'eau grâce à la carafe qui y était posée. Le portant à ses lèvres, elle déclara d'un ton parfaitement calme, qui contrastait fortement avec la scène qui venait de se jouer :

"Bien, maintenant qu'on a mis les choses au clair, passons aux choses sérieuses. Et arrêtez de gesticuler comme ça, on dirait que vous souffrez le martyre !" ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel.

Il avait vraiment un sens aigu du mélodrame. Elle but plusieurs gorgées d'eau puis reposa le verre sur la table de nuit. Après quoi, elle jeta un regard mutin à Maxwell, et sautant sur le lit tout en se recevant par une roulade de côté, elle lui prit le bras et murmura alors :

"Merci pour l'interview avec le ministre. Ça, c'est chouette ! Vous auriez dû dire seulement ça et oublier le reste... Franchement, vous n'êtes pas tout maigre non plus !"

Apparemment, elle digérait mal le fait qu'il lui ait dit qu'elle avait pris du poids.

"Bon sang, vous avez été marié combien... trois, quatre fois ? Et vous ne savez toujours pas qu'il ne faut pas parler de poids avec une femme ? D'ailleurs, ce sont des idées reçues, car les hommes n'aiment pas ça non plus. Il suffit que je vous dise que vous avez un léger embonpoint et vous allez pleurer... ou râler. Les filles râlent et les garçons pleurent... Ah non, c'est le contraire. Les gays sont moins compliqués : ils font les deux. Bref... tout ça pour dire que vous êtes loin de ressembler à une athlète... Vous forcez pas un peu trop sur les gâteaux, ces temps-ci ?"

Elle esquissa un petit sourire espiègle, avant de se lover contre lui. O_o Ondine était vraiment bizarre : elle le frappait par sortilèges interposés, elle faisait des insinuations offensantes et ensuite elle devenait douce et gentille... Mais d'un côté, c'était lui qui avait commencé ! Réaction très mature.

"Au fait, qui vous dit que j'ai envie que vous partagiez ma chambre ?" demanda-t-elle, se rappelant soudain du reste de ses paroles. "Mmmh... attention Monsieur Weaving, j'ai l'impression que vous devenez accroc..."

Son sourire se fit plus large, alors qu'elle avait la tête posée sur son torse. De cette façon, il ne pouvait pas voir l'expression réjouie de son visage. Elle était ravie qu'il soit en son "pouvoir". C'était tout. Que pouvait-il y avoir d'autre ?

Take a breath... Take it deep... ♥

Tiens, c'était curieux. Vraiment curieux.

"Votre coeur ne bat pas..." dit Ondine, perdant son sourire sous l'effet de l'étonnement.

Etait-il bionique ? Un zombi, comme les Aurors du Grand Nord ? Un espèce de surhomme qui ne possédait pas un coeur normal mais un substitut en acier capable de le rendre immortel ? Oulah... elle lisait un peu trop de bandes dessinées. Non, elle avait dû rêver, ou alors, elle n'était pas au bon endroit pour sentir le palpitant... palpiter. Ondine redressa quelque peu la tête, observant le torse immobile de Maxwell, puis colla de nouveau son oreille sur son torse.

Rien. Aucun soubresaut. Pas de respiration.

"Aha, c'est super marrant." fit-elle en se redressant pour regarder le visage impassible de son patron.

Il avait les yeux grands ouverts, fixant le plafond d'un regard vide. Ondine eut un petit rire crispé et lui envoya une pichenette sur le nez.

"C'est bon, c'était super marrant. Je me suis bidonnée à mort."

Le dernier mot sonna étrangement à ses oreilles, et ne constatant pas de changement notable chez Maxwell, elle sentit un frissonnement la parcourir.

Oh non... pas ça... Elle n'avait quand même pas tué son patron ??!

S'agenouillant sur le lit à ses côtés, elle se mit à brasser de l'air avec ses bras, gigotant en tous sens sans savoir que faire. Fallait-il qu'elle s'enfuie au Mexique ? Fallait-il qu'elle se débarrasse du corps ? Devait-elle le balancer par la fenêtre pour faire croire à une défenestration, voire un suicide ? Oui, un suicide, ça serait mieux. Elle serait totalement innocentée. Oh, ça c'était bon !

STOP ! Non mais je fais quoi, là ? Je suis en train de devenir dingue ! Je vais pas me débarrasser du corps de Maxwell ! Je suis même pas sûre qu'il soit bien mort ! Bon, il ne bouge pas beaucoup, même pas du tout, mais... rooooh bon sang, fais quelque chose !

Une brusque montée d'adrénaline lui donna suffisamment de courage pour se mettre à califourchon sur son patron, et commencer un massage cardiaque approximatif. Tout en lui envoyant de l'air, elle ne put s'empêcher que ce serait vraiment du gâchis si elle ne pouvait plus jamais goûter la douceur de ses lèvres... De toutes façons, il était hors de question qu'il meurt ! Elle avait déjà failli le perdre à peine quelques jours plus tôt, alors ça allait bien ! Il n'était pas en sucre, non plus !

"ALLEZ, RÉAGISSEZ !" s'écria-t-elle en l'attrapant par la chemise et en le secouant comme un prunier.

Malgré plusieurs minutes d'acharnement, il fallut se rendre à l'évidence : il n'y avait plus rien à faire. Ondine relâcha la pression de ses mains sur son torse et se laissa tomber sur le corps inerte de Maxwell, lâchant un soupir qui se transforma bien vite en sanglot. Oh non, voilà qu'elle pleurait à nouveau... Satanées glandes lacrymales ! Pourquoi se mettaient-elles en fonction sans arrêt, en ce moment ? Elle devenait bien trop émotive... Oh, Maxwell...

Elle jouait avec une mèche de ses cheveux noirs, sa tête reposant dans le creux de son cou, humant son odeur, sûrement pour la dernière fois...

Soudain, elle eut une idée de génie. Sa dernière chance. Se penchant en bas du lit, elle attrapa son sac par la lanière et l'attira vers elle. Là, elle sortit sa baguette magique et la pointant sur le torse de Maxwell, envoya une décharge d'électricité droit sur le coeur. Une chance sur deux pour que ça marche...

Ondine fixa l'homme, les yeux rouges, toujours à califourchon sur lui, la baguette pointée sur le coeur, prête à renvoyer une seconde décharge...

Il est vivaaant ♥

Il était vivant ! IL ÉTAIT VIVANT ! Ondine aurait voulu lui sauter au cou, mais craignant que son coeur ne lâche de nouveau, elle resta à califourchon sur lui, la baguette toujours pointée sur son torse au cas où il ferait une rechute. Trop bouleversée, elle ne prit pas le temps de s'attarder sur l'absurdité de la situation, mais elle eut tout le temps de le faire tandis qu'il tenait des propos sans aucun sens. Il avait l'air sacrément à l'ouest... Est-ce qu'un arrêt cardiaque pouvait causer des séquelles irréversibles au cerveau ? Elle songea qu'il aurait été mieux accompagné avec une Médicomage qu'avec une journaliste comme elle. C'est vrai, à son âge, il aurait dû choisir une fille capable de le soigner en toutes circonstances... Cette réflexion la fit prendre conscience qu'elle était devenue un cliché. Elle sortait avec un homme nettement plus âgé dont le coeur avait des ratés. La prochaine étape, ça serait le Viagra, la prostate, le... Qu'est-ce qui viendrait ensuite ? La mort ?

*Gloups !*

Ondine dévisagea Maxwell avec une expression nouvelle, à mi-chemin entre l'inquiétude et la stupeur. Non, elle ne voulait pas finir comme un espèce de substitut d'infirmière ! Elle voulait un homme, un vrai ! Pas un papy qui aurait besoin de ses médicaments pour être performant ! D'ailleurs, à ce propos... La jeune femme devint blanche comme un linge lorsqu'elle se demanda si son patron avait déjà pris quelque substance pharmaceutique pour garder la pêche... à ce niveau-là. Elle baissa les yeux vers sa ceinture à cette pensée, folle d'angoisse, puis releva la tête vers lui quand il débita des paroles singulièrement alarmantes. Quoi, il la virait comme une malpropre ? Après lui avoir sauvé la vie ?! Non mais il rêvait, là ! Bon, c'est vrai qu'avant de le sauver, elle avait provoqué son malaise cardiaque, mais tout de même ! D'un autre côté, elle avait peut-être l'opportunité de le quitter sans trop d'esclandre... mais elle ne voulait pas que ce soit lui qui rompe ! Il fallait qu'elle garde le contrôle coûte que coûte ! Elle DEVAIT être la première à dire que tout était fini !

Sentant que la situation commençait à lui échapper, elle leva instinctivement sa baguette droit sur lui, mais n'eut pas le temps de prononcer un sortilège qu'il la prit par les poignets et la renversa sur le dos, se retrouvant au-dessus d'elle. Ondine aurait été charmé par une telle situation si les récents évènements ne l'avaient pas totalement refroidie. Elle vit Maxwell se pencher vers elle et déposer de multiples baisers dans son cou. Mmmh... c'était plutôt agréable... Même s'il soufflait comme un boeuf. O_o Apparemment, il avait du mal à reprendre sa respiration. En plus de ça, il était surexcité ! Décidément, une crise cardiaque, ce n'était vraiment pas cool...

"Ah je suis content de ne pas m'être endormi ! Tu m'as sauvée ! On va fêter ça. Retire le haut ! Retire le bas ! Retire tout ! Oh non attend, j'ai une bien meilleure idée !"

Non mais il se sentait bien, là ? Il était sûr d'y arriver ?? Ondine n'aurait pas parié en sa faveur... Il semblait vraiment mal en point... Mais elle n'eut pas le temps de le formuler qu'elle sentit sa baguette glisser de ses doigts et l'instant d'après, POUF! elle était nue. Elle allait crier au scandale, car ce délire était loin de l'amuser, mais lorsqu'elle vit Maxwell tomber en arrière et disparaître de son champ de vision, elle éclata d'un rire un peu nerveux. Attrapant un drap en vitesse -étant donné que ses vêtements avaient disparu on ne sait où- elle se redressa et se pencha vers la moquette, tenant le drap fermement serré contre sa poitrine.

Là, elle fit un petit signe de la main à Maxwell, qui était affalé par terre, les mains en l'air, avec un air un peu sonné.

"ça y est, vous vous êtes calmé ?" demanda-t-elle avec une légère pointe d'agacement dans la voix. "Faut y aller doucement, vous revenez de loin... enfin je crois. Vous avez vu un tunnel ? Une lumière blanche ? Un vieillard avec une barbe blanche ? Non, je parle pas du Père Noël..."

Elle leva les yeux au ciel avant de lui tendre la main pour l'aider à se relever.

"Attention, je vous aide seulement si vous promettez de rester sage. Faut y aller mollo. En plus franchement, c'était tellement bourrin que ça n'avait rien d'excitant..."

Elle esquissa un demi-sourire un peu attristé avant d'éloigner sa main : elle avait changé d'avis, il allait se débrouiller seul.

"Non, là, ça ne va pas du tout !" s'écria-t-elle en s'asseyant sur le lit, les genoux ramenés contre elle. "J'ai l'impression de ne plus être..."

Votre petite amie.

Non, ce n'était pas le terme qui convenait. Mais dans ce cas, qu'était-elle pour lui ? Il n'y avait pas de mot pour désigner quelqu'un juste là pour coucher... Ah, comme la vie pouvait être compliquée !

"Je ne suis pas votre infirmière, okay ?" reprit-elle d'un ton énervé. "Je ne sais pas m'occuper des gens. J'ai eu un hamster quand j'avais douze ans, et je l'ai mis dans le four sans faire exprès, j'ai aussi failli le noyer dans la baignoire... Même les plantes, je les laisse mourir ! Alors je... je ne suis pas la mieux placée pour occuper la place que... j'occupe actuellement. Il vaudrait mieux que vous vous trouviez quelqu'un qui puisse vous fournir les premiers soins au cas où... vous auriez encore des ratés. Je sais pas, moi ! Sortez avec une Médicomage ! J'en connais une super, un brin coincée, je vous la conseille ! Quant à moi, je... je me contenterai d'écrire des articles..."

... sans passer dans votre lit au préalable.

Voilà, elle avait trouvé le bon moyen de rompre sans trop le blesser, même si son amour-propre avait dû en prendre un sacré coup. Elle avait sous-entendu qu'il était trop vieux pour elle. Elle avait vraiment dit ça ??! Oh non, elle allait se faire virer...

Elle resta recroquevillée sur le lit, attendant le verdict, rajustant le drap autour d'elle pour qu'il ne distingue pas quelques centimètres de peau nue... Qui sait ce que ça pouvait provoquer chez lui ? O_o

Moi je préfère rester toute seuleuh ! ♥

QUOI ? UNE ARAIGNÉE ?!

C'est comme ça qu'elle aurait réagi si elle avait été effrayé par ces bestioles, mais apparemment, Maxwell en avait plus peur qu'elle. Elle le sentit moyen quand elle le vit diriger sa baguette vers elle, et elle avait raison d'appréhender, car il réduisit la taille de l'arachnide ! Elle n'en avait pas peur, mais elle n'aimait pas quand ça gigotait sur sa peau... surtout étant donné l'endroit où la bêbête était tombée ! Elle souleva le drap, mettant la tête à l'intérieur et réussit à attraper la bestiole qui était devenue de la taille d'une puce pour la jeter très loin. Hélas, Maxwell en profita pour jeter un autre sort, et elle plaqua aussitôt le drap contre elle, écarquillant les yeux lorsqu'elle sentit celui-ci se soulever beaucoup trop sur la gauche. Non mais quel empoté, celui-là !

"On vous a jamais appris à lancer un sort à Poudlard ?" grommela-t-elle.

"Tu veux que je fasse pareil sur l'autre, ou on remet tout comme avant ?"

Non mais elle rêvait ou il était en train de la mater, là ? Qu'il aille faire soigner ses fantasmes ailleurs ! Elle avait rompu, bon sang ! Elle attrapa un oreiller et lui envoya en pleine tête, ses yeux lançant des éclairs. Malheureusement, l'homme évita l'objet et se releva, pointant sa baguette dans sa direction.

"NON ! ARRÊTEZ LE MASSACRE !"

Elle n'avait pas envie de se retrouver avec une poitrine digne de Lara Croft ! Qui sait ce qu'il pouvait être capable de faire... En tous cas, il devait être très mauvais en sortilèges pour ne pas trouver la bonne formule, à chaque fois ! Ondine attrapa son drap et se cacha derrière, piètre tentative pour éviter un maléfice de la percuter, mais bon, on faisait avec ce qu'on avait...

Le sort qu'il prononça la laissa sans voix, et elle baissa le drap pour le dévisager avec inquiétude. Ok, il ne savait vraiment pas ce qu'il lançait, en fait.

"Vous me prenez pour un Epouvantard ? Sympa !"

Ne se souciant plus de la pudeur, elle écarta le drap d'un grand geste et se rua sur lui, le plaquant au sol pour récupérer sa baguette.

"Je confisque ! Vous faites n'importe quoi ! Espèce de danger public !"

Elle se redressa, grimaçant quelque peu car elle s'était cognée le genou droit en tombant, et se remettant sur ses jambes, elle prit conscience de sa tenue. Ou plutôt de son absence de tenue. Elle évita le regard de Maxwell -qu'elle devina enjôleur- et se racla la gorge tout en se retournant pour aller chez des vêtements dans son sac.

"Tournez-vous." ordonna-t-elle. "On n'est plus ensemble ! D'ailleurs, on ne l'a jamais été ! C'était... C'est bien que ce soit terminé !"

Essayait-elle de s'en persuader elle-même pour éviter de penser à tout ce qu'elle allait perdre ? Elle secoua la tête et après avoir dézippé son sac, en sortit un jean, un tee-shirt bleu ciel et une chemise à carreaux qu'elle enfila. Elle s'habilla en ignorant ouvertement Maxwell, puis se confectionna un chignon aux mèches folles qu'elle attacha avec crayon.

On a rompu. C'est bien. De toutes façons, ça ne pouvait pas durer toute la vie ! Plutôt mourir ! Bon, maintenant il faut que je devienne indispensable en tant que journaliste pour ne pas qu'il me vire... Allez, chaud devant !

Ondine attrapa un calepin, sa Plume à Papotte, et après avoir jeté un coup d'oeil à son reflet dans le miroir, elle ouvrit la porte de la chambre. Là, elle marqua une pause, et tourna finalement la tête vers Maxwell, avec un sourire professionnel :

"Inutile de réserver pour moi au restaurant. On se reverra à Londres."

Sur cette dernière phrase dépourvue de chaleur, elle lui tourna le dos et ferma la porte sur elle.