Les Péripéthies d'Ilya' | « Désolée, je ne bois pas... »

Bienvenue Mousaillon !

Elle se sentait tiraillée entre deux mondes. Comme lorsque deux enfants se disputent un même jouet... Sauf que le rôle du jouet, c'était le sien. Et elle n'aimait pas trop ce sentiment. Elle avait cette impression désagréable d'être tirée du cocon de son sommeil par des insectes qui parcourraient son corps. Avec un léger grognement, elle ouvrit péniblement un oeil, qu'elle referma de suite. Le soleil venait de lui brûler l'iris. Elle pivota, s'installant sur le dos, avant de faire une nouvelle tentative. Les paupières plissées, elle put voir que, non, elle n'était pas dans son lit, tranquillement installée à Poudlard. Que non, ce n'était pas qu'elle avait oublié de fermer ses rideaux, mais qu'il n'y avait pas de rideaux.

« J'ai gagné un voyage aux Bahamas ? »

En effet, Ilyasvel venait de se rendre compte qu'elle était sur une plage. Et, hormis oubli de sa part, la Forêt Interdite, qui contenait beaucoup de choses, ne contenait pas de plage. Elle n'était donc pas à Poudlard. Et les insectes qu'elle avait cru lui gratter le visage n'étaient en fait que des grains de sable. Superbe. Elle s'épousseta légerement tout en se levant. Il fallait qu'elle comprenne ce qui avait bien pu se dérouler. Alors qu'elle fronçait les sourcils face au silence religieux qui se trouvait sur la plage, elle se prit les pieds dans quelque chose et retourna au sol. Superbe. Tout bonnement superbe.

« Et en plus y'a des racines... Génial. »

Elle se retourna, et son froncement de sourcils s'accentua... Une bouteille ? C'était signe de vie ça, non ? Dans ce cas, pourquoi était-elle seule ici ? Et pourquoi les vagues et le vent ne faisaient aucun bruit ? Un sortilège ? A moins qu'elle ne soit étourdit ? En tout cas, ce n'était pas un rêve... Une hallucination ?

« C'est quoi ce bordel... »

Partie Deux, Mousaillon !

Ilyasvel venait de se saisir de la bouteille, tentant de voir si, sous le sable, il n'y avait d'inscriptions ou autres. C'était peut-être stupide, mais elle se sentait à l'affut du moindre indice qui pourrait l'orienter sur la piste d'une hallucination ou d'un sortilège. Elle était cartésienne. Il y avait forcément une explication. Cette histoire allait la rendre folle. Pourquoi était-elle ici ? Comment y était-elle arrivée ? Comment pouvait-elle en partir ? Quand, allait-elle en partir ? Et bordel, de bordel, de bordel de... bordel. Où était-elle ?

« C'est quoi ce bordel ! C'est quoi ce bordel ! »

L'enseignante sursauta. Elle n'était pas seule ici ? Quelqu'un avait attéri ici en même temps qu'elle ? Ou peut-être même que cette personne était là depuis plus longtemps. Peut-être même depuis des années ! Oh. Des années ? Donc... Elle risquait d'être prisonnière de cette... île. Ou plage. Et ce pendant des années ? Alors qu'elle se relevait, gardant la bouteille à la main, son regard tomba sur... un perroquet ? Un stupide perroquer ? Elle s'était emballée pour rien. Tout ça allait la rendre chèvre...

« Comment je suis arrivée ici ? Comment est-ce que je peux faire pour partir ? »

La magie peut-être. Elle pourrait tenter de transplaner. Mais étant donné qu'elle ne connaissait pas la distance qui la séparait de Pré-Au-Lard, ce ne serait pas raisonnable de tenter le coup. Trop risqué. Elle tenait trop à chacune des parties de son corps pour essayer quelque chose d'aussi complexe. Peut-être était-elle en Nouvelle-Calédonie. Plein de petites îles paradisiaques - mais peuplées - se trouvaient par là-bas...

« Et par la barbe de Merlin, où est-ce que je suis ?! »

Partie Trois, Mousaillon !

Partie Quatre, Mousaillon !

Ilyasvel décida d'entamer un petit tour du propriétaire. A première vue, l'endroit ne semblait pas si grand, bien qu'elle ne pouvait que le supputer. En même temps, rien n'était dit sur les habitants de cette zone. Etaient-ils des pacifistes ? Des guerriers ? ... Des cannibales ? Oui, rien ne disait qu'elle n'était sur une île qui n'avait de paradisiaque que le nom. Le nom, et la plage de sable blanc. Et la mer. Et les bananiers qui faisaient un peu d'ombre pour éviter l'insolation. Une minute... Des bananiers ? Ah, ben en voilà une idée qu'elle est bonne. Plutôt que de faire rôtir un perroquet - qu'il fallait d'abord déplumer, et Dieu que c'était horrible à faire comme à voir - une petite cure de bananes ne pouvait que s'avérer positive.

« Bon, vu que Truc dort encore, j'peux me permettre de le laisser par terre... »

Elle déposa l'oiseau et la bouteille - pourquoi elle avait pris ça déjà ? - et chercha sa baguette. Elle chercha. Chercha encore. Avant de froncer les sourcils. Elle n'était pas assez stupide pour l'avoir laissé tomber durant les quelques mètres qu'elle avait parcourru quand même... Ah, non, la voici. Avec un petit soupir de soulagement, elle l'agita tout en ne formulant pas son sortilège. Elle était une sorcière émèrite tout de même... Mais rien ne se passa. Elle essaya encore une fois, les sourcils à nouveau froncés - elle allait prendre des rides avant l'âge... Toujours rien.

« C'est quoi ce bordel... Elle a prit un coup ou quoi ? J'vais contacter le service après-vente d'Ollivanders... Il va m'entendre... »

Ilyasvel n'avait plus échoué sur des sortilèges non formulés depuis au moins, quatre ou cinq ans. C'était incroyable qu'elle ne puisse plus les pratiquer. La faim commençait à se faire sentir, et si elle n'était pas capable de réaliser un simple sort d'atraction, elle doutait fort de parvenir à déplumer le volatile et le faire cuir. Peut-être l'île était-elle imprégnée d'une magie l'empêchant d'utiliser la sienne. Mais dans ce cas, comment était-elle arrivée ici ? Elle n'avait pas fait Poudlard-Hawaii en taxi tout de même ! Et le Magicobus ne déservait pas ces îles.

« Peut importe. L'important, c'est de manger... Si je pouvais dresser cet animal, il pourrait aller me les chercher, ces bananes... Mais un perroquet n'est rien d'autre qu'un animal au QI d'une crêpe bretonne... Impossible d'en faire quoique ce soit... Pourquoi je n'ai pas été envoyé ici avec mon balai... »

Partie Cinq, Mousaillon !

« Pourquoi je n'ai pas été envoyée ici avec mon balai... »

Alors qu'elle détaillait attentivement l'horizon qui s'offrait à elle - et dont elle aurait pu profiter si elle ne sentait pas la faim la saisir par les tripes - Ilyasvel entendit soudain un petit « Pof » dans son dos. De vieux réflexes de combat déclenchèrent l'adrénaline nécessaire pour se diffuser dans ses veines, et elle pivota, baguette en l'air, prête à attaquer. Oh, certes, sa baguette ne fonctionnait plus - ou sa magie refusait de fonctioner, allez savoir - mais c'était une sensation de sécurité que de se savoir ainsi armée. Elle remarqua alors un... balai ? Posé au pied de l'arbre. Comme par... magie.

« C'est une blague ou quoi... »

Dubitative, elle s'approcha de l'objet, cherchant à savoir s'il était ou non imprégné de magie noire - et par les temps qui courraient, mieux valait vérifier. Aucun picotement. Aucune sensation désagréable. Soit. Elle se saisit du balai afin d'en apprécier le poids, avant de l'enfourcher. Elle tenta alors de maitriser son vol, mais, un peu à la manière de ces manèges agaçants, c'était impossible. Elle arriva à hauteur de bananes, et redescendit... sans aucun fruit. A nouveau elle se retrouva en altitude, et prit cette fois-ci soin de récupérer de quoi casser la croûte. Cette île ne semblait pas encore vouloir la laisser tranquille.

« Apparemment, contrairement à mes sorts qui sont en latin, ma parole non magique devient ici performative. Donc, si je dis... Je veux un barbecue avec de la viande de boeuf et de l'agneau... Un barbecue devrait apparaitre... Je veux rentrer à Poudlard ! Et je rentrerai peut-être... »

Partie Six, Mousaillon !

« Ne rêve pas ma jolie ! C'est simplement que je ne voulais pas te laisser mourir de faim. »

Qu'est-ce que c'était que ce délire encore... Ilyasvel, une banane à la main, jetait des coups d'oeil un peu nerveux tout autour d'elle. Personne. Ou du moins, personne de visible. Il y avait forcément quelqu'un étant donné qu'on venait de lui parler. Et quelqu'un de concret vu que le balai était toujours à sa place. Il aurait très bien pu être à distance, mais c'était impossible vu que la magie ne fonctionnait pas sur cette foutue île. La jeune femme se laissa tomber par terre, cherchant à comprendre le truc. Parce qu'il y avait forcément un truc.

« Je suppose aussi que personne ne répondra à mes questions... Qu'est-ce que je fous ici ? Pourquoi moi ? J'veux dire, j'ai rien de spécial d'accord ? Je suis même pas engagée dans la lutte de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et Harry Potter. J'suis neutre. Je suis la Suisse. Je vois vraiment pas ce que je fous ici. En plus, j'avais cours ce matin normalement. Est-ce qu'on est le matin là ? Parce qu'on a plutôt l'air d'être... Midi. Non, c'est pas possible... Midi j'avais rendez-vous chez l'Apothicaire pour refaire le plein de ma réserve... Vous ne vous rendez pas compte du mal que vous faites hein ! ... Mais à qui je parle moi... »

En effet... A qui parlait-elle... C'était peut-être un simple vilain tour d'un élève qui avait empoisonné sa tisane du soir. Il existait bien des potions qui rendaient un rêve quasiment réel pour celui qui le vivait. Dans ce cas, vu qu'elle était dans le monde des rêves, elle pourraient se permettre pleins de trucs. Mais pourquoi rêverait-elle d'une île, d'un perroquet, d'une bouteille de verre, et de bananes. Et c'était sans compter cette voix bizarre. Une hallucination alors. Une hallucination tellement sévère qu'elle verrait et entendrait des choses. Oui, un peu comme Jeannes d'Arc.

« Dieu, je vais devenir chèvre... »

« Dieu, je vais devenir chèvre... »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Ilyasvel eut le plaisir de voir apparaitre en un « pof » une chèvre juste à ses côtés. Superbe. Elle se retrouvait perdue sur une île paumée, avec comme compagnie un perroquet un peu amoché, une bouteille vide - si encore elle avait été pleine - et une chèvre. Absolument génial. Ah, oui, et mieux encore, l'île, ou plutôt, son habitant, parlait. Et pour lui avoir fait apparaitre une chèvre, il ne pouvait qu'avoir un sacré sens de l'humour. Même si dans l'état actuel des choses, Ilyasvel avait envie de tout, sauf de rire. Cette situation commençait à sérieusement l'inquiéter...

« Si tu veux prendre contact avec moi, il faudra employer le rang qui m'est du. Ensuite, je répondrai à tes questions. En attendant, va au diable ! »

Qu'est-ce que c'était que ça encore... Un rang ? Comment pouvait-elle le deviner, son rang. Apparemment elle l'avait plutôt énervé. Elle enchaînait les gaffes là, non ? Dans un réflèxe de lassitude, elle porta sa main au visage en soupirant. Quelque chose lui disait qu'elle n'en avait pas fini avec cette île mystérieuse. Et elle n'avait pas l'intention d'être une nouvelle Robinson Crusoé. Se rendant compte du soleil qui tapait plus que nécessaire, elle se leva, emportant avec elle la chèvre, le perroquet, et la bouteille, histoire de s'aventurer un peu plus à l'ombre.

« Votre rang, c'est un rang aristocratique ? Genre, Duc, Baron, Prince Dauphin, ou je sais pas... Chevalier peut-être ? Ou alors c'est quelque chose de totalement autre et vous n'avez pas de rang défini ? Vous vous êtes autoproclamé quelque chose ? »

Spoiler:

Le silence et seul le silence lui répondait et lui faisait écho. Elle détestait ça. Qu'on ne lui réponde pas. Autant, durant les cours, c'était assez simple, si les élèves ne répondaient pas, c'était qu'ils ne savaient pas, et elle pouvait facilement trouver un moyen pour leur délier les langues. Ici... C'était un petit peu plus délicat. Comment pouvait-elle connaitre le titre de cette voix ? Elle n'avait aucune idée de sa probable identité, alors trouver son statut social... Quoique, avec ce ton condescendant, il devait sûrement être un Seigneur ou quelque chose d'équivalent. Avec un petit soupir, Ilyasvel s'avança vers la forêt, estimant qu'elle serait, sinon plus en sécurité, mais moins agressée par le soleil. Elle espérait seulement ne pas tomber sur n'importe quel animal, étant donné que sa baguette et sa magie faisaient des leur.

« S'il m'a donné le moyen d'avoir les bananes, et qu'il veut me garder en vie, je suppose qu'il n'y aura pas de bêtes sauvages et affamées... N'est-ce pas Monseigneur ? »

Bon, elle ne s'attendait pas vraiment à une réponse, après tout, avec sa malchance cogenitale... Vérifiant que la chèvre la suivait bel et bien - elle avait voulu surnommer Vlad', mais qui, étant une femelle s'appelait donc MinHa - le perroquet - qu'elle avait nommé MinHo puisque c'était un mâle (elle avait vérifié) - et la bouteille vide à la main, Ilyasvel s'avança dos à la mer. Oui, c'était complètement contraire aux règles de survie de base (ne jamais s'éloigner de la rive) mais le soleil allait rendre sa peau écrevisse, et en plus la carcasse de bateau ne rendait pas le lieu super agréable. Peut-être que plus dans le centre de l'île de nombreuses choses intéressantes s'y trouveraient. Un trésor par exemple.

« Et si Sa Seigneurie voulait bien me renseigner se serait pas de refus... »