Discussion peu commune à deux heures du matin ! ( PV Etan )

Toujours ce même et stupide rêve, qui s'amuse à toujours me remontrer l'évènement qui a transformé ma vie : l'apparition de mes mangemorts de parents et la mort de celle qui m'a recueillie. Si j'avais eu le choix, j'aurais préféré rêvé à une créature hideuse recouverte de sang ! Mais au fur et à mesure de l'année, je fais des progrès ( si on peut appeler ça comme ça ) : je ne hurle plus en me réveillant et donc ne déclenche plus la série de plaintes et de "quand est-ce qu'on va pouvoir enfin dormir tranquilles ?". A force, je me suis habituée à ce cauchemar et je prends désormais garde à crier à l'intérieur de celui-ci et non pas quand il est fini !
Je me redresse sur mon lit. Impossible de me rendormir maintenant, je le sais. Il doit être beaucoup plus tôt que d'habitude car dehors il règne un silence opaque et la lune est toujours bien haut dans le ciel. Je tente de regarder l'heure mais impossible avec l'obscurité environnante. J'aimerais bien lancer un petit "lumos" avec ma baguette mais, pour une fois que je passe inaperçue, je me retiens. Me levant, je me dirige à pas de loup vers la fenêtre et me penche par-dessus celle-ci. Heureusement que tout le monde dort car sinon j'aurais hérité du surnom de grosse folle pendant au moins un mois ! Mes pieds ne touchent plus le sol, je suis à la limite de tomber, bref, je croise les doigts pour que personne ne me voit. Néanmoins, ces acrobaties ont leur effet : il est deux heures du matin. Jamais je ne m'étais réveillée aussi tôt ! Normalement, c'était plutôt cinq voir six heures mais jamais moins...
Ouvrant sans bruit les tiroirs de ma commode, je m'habillais rapidement et descendit vers la salle commune en veillant à ne pas faire grincer la porte. Ce fut un échec total étant donné que la porte qui ne grincerai pas à Poudlard n'existait pas encore ! Mais je ne réveillai personne et bientôt j'atterris dans la pièce. Elle possédait une ambiance chaleureuse malgré le feu qui n'était pas encore allumé et je ne souhaitais pas y rester. Je n'arrivais pas à rester plus d'une heure dans une ambiance amicale et enjouée : cela me donnait des nausées, j'avais l'impression de trahir ma mère adoptive qui ,elle, avait dû user de toute sa patience pour m'élever et était morte en tentant de me protéger. A chaque fois que je pensais à elle, je me mettais à pleurer. Là aussi, ce fut radical. Pas étonnant que personne ne veuille me côtoyer maintenant, je frise la dépression nerveuse et suis triste à mourir ! Avant, j'étais gaie, je possédais beaucoup d'amis, bref, tout allait pour le mieux jusqu'à... Et c'est reparti, de grosses gouttes d'eau dévalent à nouveau sur mes joues !
J'arrivais bientôt aux cachots, la vue brouillée. Cet endroit était un véritable labyrinthe, il fallait vraiment bien connaître les lieux pour s'y retrouver. Heureusement j'avais six ans d'expérience derrière moi ! Je passais devant la salle de cours des potions, passaient trois galeries, m'éloignait de la salle commune des serpentards ( à cette heure-ci, ils devaient faire la java ! ) et arrivait dans un endroit reculé où presque personne n'allait et où je pouvais extérioriser tout mon chagrin sans que personne ne m'entende. Je faisais ça presque tous les jours et cela me permettait de tenir la journée sans inconvénient ! La tête sur mes genoux, je pleurais de tout mon soûl quand soudain j'entendis des pas. Je me relevai précipitament en ravalant mes larmes. Je détestais qu'on me surprenne en train de pleurer. Une ombre surgit devant moi et, m'attendant à me trouver face à un serpentard, je me préparais à l'affrontement verbal ( matière en quoi j'étais absolument nulle ! ). Mais, mes yeux s'étant habitués à l'obscurité, je fus surprise de découvrir Etan, un serdaigle de septième année. Je le connaissais très mal car je ne le croisais jamais en cours étant donné qu'il avait un an de plus que moi, c'était juste sa réputation qui m'avait permis de connaître son nom.

"Ah, Etan, tu fais ta balade nocturne ? Après tout, pourquoi pas, j'ai lu quelque part que l'air de la nuit était très vivifiant."

J'essayais d'adopter le ton de la plaisanterie mais ma voix sonnait faux, cela se voyait que je venais de pleurer depuis peu...

Je sens la lumière d'un rayon de lune qui m'éclaire le visage. Par réflexe, je baisse la tête, n'ayant pas envie qu'il remarque mes yeux encore rouges. Je ne sais pas d'où me vient cette gêne quand quelqu'un me surprend en train de pleurer, c'est sans doute ma fierté qui, malgré tout, n'a pas tout à fait disparu... Mais c'est trop tard, il m'a aperçue et ce n'est pas la peine de nier la vérité. De toute façon, je n'aime pas mentir...

"On peut dire ça... Mais j'ai comme l'impression que les propriétés médicinales de l'air nocturne n'ont pas beaucoup d'effets sur toi... désolé de t'avoir dérangé, ce n'était pas mon intention. Mais maintenant, au point où j'en suis, je veux bien te proposer mes nobles services si tu as besoin de quelqu'un a qui te confier. Je ne te demander même pas ton nom, je te propose juste une épaule sur laquelle épancher ta tristesse. De toute manière je ne pourrais pas retourner dormir en sachant qu'une jeune fille pleure à chaude larme seule dans les cachots."

Sa très noble attitude me fit sourire malgré moi. Je me sentais affreusement gênée. Je ne lui avais jamais parlé, jamais même croisé par hasard dans les couloirs de Poudlard. Nous étions deux parfaits inconnus l'un pour l'autre mais ,néanmoins, il me proposait de me confier à lui. Jamais personne n'avait vraiment voulu savoir pourquoi j'étais devenu comme ça, totalement triste et solitaire. Je ne pouvais certainement pas les blâmer étant donné que je ressemblais parfois à un animal sauvage prêt à griffer à la moindre parole ! Mais cependant, la solitude ne me pesait pas tant que ça, je ne cherchais pas absolument à voir des gens. Cela me permettait de me morfondre tranquillement, sans aucun bruit de fond autour de moi. Jamais je n'avais envisagé de passer à autre chose. Si je l'avais voulu, je serais allée parler à quelqu'un sans doute, lui confier ce que j'avais sur le coeur et ainsi me libérer de la lourde pierre qui me pesait dans le ventre. Or ce quelqu'un se présentait devant moi, fort galamment je dois dire : Etan. Je ne pouvais pas lui dire que tout allait bien, il m'aurait ri au nez ! Et puis parler à quelqu'un me ferait sans doute du bien, mais je n'avais surtout pas envie de le déprimer avec mes histoires !
Je ne distinguais que son ombre, c'est fou comme il fait noir dans les cachots ! Prenant ma baguette, je lançais un "lumos solem". Aussitôt, la pièce où nous étions s'éclaira. Ce n'était peut-être pas très discret mais au moins ce serait plus pratique. Malgré mes nombreuses absences en cours, j'étais contente de constater que je n'avais rien perdu de mon bon coup de baguette !

"Ne t'inquiètes pas, tu ne me déranges pas du tout. J'étais juste... enfin bref. C'est gentil de vouloir m'aider mais je n'ai pas envie de t'ennuyer avec mes histoires... Elles ne sont pas vraiment drôles à écouter, tu sais. Au fait, je m'appelle Jessica."

Je regardai mes pieds, les mains croisées dans mon dos. En réalité, je mourrais d'envie de tout déballer d'un trait... Après tout, si Etan me l'avait proposé, c'est qu'il n'y avait pas d'inconvénient, non ? Je pris mon courage à deux mains et lui dit :

"En réalité, je viens pleurer ici souvent. Cela m'aide à tenir la journée. Cela fait depuis le début de l'année que c'est comme ça, depuis que ma mère adoptive est morte tuée par mes vrais parents..."

La lumière qui nous environnait à présent me permettait de le distinguer nettement. Il était plutôt bien habillé et assez beau garçon je dois dire. En ce qui me concerne, je n'avais jamais prêté beaucoup d'attention à mon style vestimentaire encore moins aujourd'hui. Je prenais la première chose qui me tombait sous la main et puis voilà, le tour était joué. Dans l'obscurité du dortoir tout à l'heure, je n'avais même pas pu distinguer ce que je mettais. J'avais eu un coup de bol en tombant sur mon jean et ma petite veste noire. Mais j'aurais préféré tomber sur mon gros pull en laine vu la température et l'humidité des cachots.
Etan s'assit à côté de moi. Cela pour une fois ne me gêna pas du tout. Je sentais que je pouvais lui faire confiance, qu'il était là simplement pour m'écouter et non pas pour me juger. Il prit ma main dans la sienne et c'est en sentant la chaleur que dégageait sa paume par rapport à la mienne que je sentis que j'avais vraiment froid. Au pire, ce n'était pas très grave, je serais malade et cela m'éviterait d'aller en cours ! Néanmoins, il enleva son gilet et me le mit sur mes épaules. Je le gratifiai d'un sourire pour le remercier, il n'était pas obligé et pourtant il le faisait, je trouvais son attitude franchement très noble.

"Il me semble que tu sais qui je suis mais la politesse m'oblige à me présenter : Etan Ludwig Vallespir, Serdaigle de 7ème année. J'ai vécu des moments difficiles dans mon enfance aussi et je pense que je serai capable de comprendre ton histoire. Mais pour cela il faudrait que tu commences par le commencement et que tu me racontes absolument tout..."

Si lui aussi avait vécu des instants difficiles lors de son enfance, je le croyais quand il disait qu'il pourrait me comprendre. Il avait sans doute connu des moments difficiles mais il gardait son sang-froid, ne se laissant pas détruire par le chagrin, à l'inverse de moi, et pour ça je l'admirais. Du bout de son index, il me releva le menton et je dus me plonger dans son regard. Il attendait que je lui raconte mon histoire, j'allais le faire, du début à la fin :

"Mes parents m'ont abandonnée sur le parvis d'une église moldue mais ils ne m'en ont pas donnée les raisons exactes. J'ai été recueillie par une jeune auror qui m'a élevée assez difficilement était donné que j'étais une enfant de caractère bien trempée..."

Je souris en me souvenant des ces instants : j'adorais la contredire, était têtue comme une mule, voulait tout tout de suite, bref, un véritable démon ! Tout le contraire de moi aujourd'hui...

"J'ai grandi ainsi mais bon, mon tempérament a légèrement évolué au cours des années. Tout allait bien, on vivait heureuses. Jusqu'à ce terrible après-midi : j'étais en train de lire le journal dans notre petit jardin et soudain sont surgis de nulle part un homme et une femme. Ils m'ont attrapé par le bras en me disant de venir. J'ai appelé à l'aide ma "mère", mais elle a été tué par eux... Et j'en suis là maintenant..."

Les larmes roulaient à nouveau sur mes joues mais je ne cherchais plus à les retenir...

Et je suppose que cet homme et cette femme sont tes véritables parents, qui sont venus reprendre leurs droits sur toi...

Parents de surcroit mangemorts ! Mais je me gardais bien de lui dire étant donné qu'ils m'avaient bien mis en garde sur ce point. Si je disais quoi que ce soit, c'en serait fini de moi et ils n'auraient aucun scrupule à le faire ! Ils avaient déjà tué tant de gens alors un de plus ou de moins, même si il s'agit de leur propre fille, qu'est-ce que ça peut bien leur faire ? Ce qui me faisait le plus peur, c'est qu'ils voulaient à tous prix que je devienne comme eux et ça, pour moi, il en était hors de question ! Mais face à ce type de monstres ( il n'y a pas d'autres termes ) je ne voyais pas trop ce que je pouvais faire...

Tout bien réfléchi, nous avons tous les deux connus une mort traumatisante et l'idéal d'une famille parfaite réduit à néant en quelques secondes. La différence majeure entre toi et moi, si je puis me permettre, c'est que j'ai réussi à relever la tête et que toi tu te morfonds dans ton existence. Désolé si je suis trop franc mais c'est comme ça que je vois les choses. Ho bien sur, je ne prétends pas que tout ça est simple! J'ai mis énormément de temps à sortir de ce malheur auquel je m'étais totalement vendu. Il faut que tu réussisses à trouver une motivation, quelque chose qui te tiens la tête hors de l'eau.

Je restais légèrement scotchée. Il avait certainement raison mais je n'avais jamais envisagé ce côté là de la chose. Pour moi se morfondre était le meilleur moyen de ne pas oublier étant donné que passer à autre chose signifiait qu'on tirait un trait ( léger ce trait, ne pas trop appuyer avec le stylo, mais trait quand même ! ) sur le passé. Je hochai légèrement la tête en essayant de trouver une motivation qui pourrait me permettre de ressurgir à la surface... Pour l'instant je n'avais pas d'idées donc je le laissais continuer sur sa tirade :

"Moi j'ai trouvé trois choses : l'idée que je vis pour rendre hommage à la personne que j'ai perdu, la musique et, aussi stupide que cela puisse paraitre, mon chat. Tiens, il faudra que je te le présente d'ailleurs ! Il s'appelle Marvin et c'est le plus gentil chat du monde!"

Je me retenais de lui demander de chanter une chanson pour voir l'effet que ça faisait. Ma deuxième réaction fut de me dire que lui aussi avait un chat. J'en possédais un également, que j'avais obtenu suite à un caprice de petite fille. Mais au moins celui-là je ne le regrettais pas étant donné que ce petit trésor m'avait aidé à surmonter la douleur et que c'était grâce à lui que j'étais sortie de ma chambre pour rejoindre Poudlard. En échange, je le laissais avec mes horribles parents qui n'avaient pas que ça à faire de s'occuper de cette "affreuse bestiole" ( je cite ). Mais bon, ils le nourrissaient et c'est tout ce que je demandais. L'an prochain, j'essayerais de l'amener à Poudlard...

"Heuu je comprendrais parfaitement que tu t'en fiche, désolé. Pour en revenir à toi, je pense avoir cerné le fond de ton problème en ne t'ayant côtoyée qu'un quart d'heure : tu as perdu le sourire. Tu ne sais plus ce qu'est l'amusement, la joie. Mais Stendhal, un grand auteur moldu, a dit "Les larmes sont l'extrême sourire". Si tu arrives encore à pleurer, c'est qu’il y a de l'espoir, qu'au fond de toi il reste encore des sentiments, et donc du bonheur. Et je pense que ce bonheur, tu pourras seulement le trouver en t'ouvrant aux autres."

Il passa une main autour de mon épaule et m'attira contre lui. J'avais envie de pleurer et de sourire à la fois. Me tournant vers lui, je lui dis :

"Et là, je dois sourire ou pleurer ? Parce que je suis un peu perdue... Non plus sérieusement, je pense sincèrement que tu as raison. J'étais dans ma bulle et je pensais que cela me rapprocherait et me permettrait de ne pas oublier ma mère adoptive. Mais bon, comme tu as pu le constater en un temps record, cela ne m'amène à rien, je m'enfonce juste un peu plus chaque jour... Et en ce qui concerne le chat, je serais ravie de le rencontrer. J'en ai moi-même un, que j'aime beaucoup d'ailleurs. La voilà ma bouée de sauvetage, comme tu dis !"

Je me mis à rire. C'était franchement la dernière chose à laquelle je m'attendais aujourd'hui ! J'éclatais d'un rire franc, honnête comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps. Puis, recouvrant mon sérieux, je me tournais à nouveau vers Etan, légèrement gênée :

"Je t'ai raconté mon histoire. Et toi, quelle est la tienne ? Ne prends pas ça comme de la curiosité, je ne suis pas comme ça. Disons que c'est un échange de bons procédés. Enfin non ce n'est pas le terme exacte..."

Sentant que je commençais à sérieusement m'emmêler les pinceaux, je me tus et posais une main sur sa cuisse, comme pour l'encourager.

"Mon histoire n'est pas très joyeuse non plus, mais au point où nous en sommes... J'ai été élevé dans un manoir de la banlieue londonienne par une mère moldue et un père sorcier, issus d'une grande lignée de vampires, les Vallespir."

Je me crispais légèrement et me tournait lentement vers Etan. Son visage respirait la bienveillance, il n'avait pas trop l'air d'un vampire assoiffé de sang. Je tentais de me rassurer et continuais à écouter la suite, comme il l'avait si bien fait avec moi...

j'ai eu une enfance vraiment heureuse, dont le seul bémol était de voir mon père souffrir de son ascendance et chercher à la refouler par tous les moyens. Une autre chose me tourmentait continuellement : je sentais un vide en moi, une partie manquante à mon âme. Mais je ne voulais pas connaitre la cause de ce malaise et je n'en parlais jamais. Mais un soir, une femme a toqué à la porte de notre demeure et a annoncé à mon père la mort d'un certain Tom. Toute la vérité a alors refait surface :

Je me demandais si Etan ne regrettait pas de ne pas être l'élu... Après tout, quelle honte y avait-il à vouloir devenir ce que tes ancêtres avaient été, le berceau de ta famille en quelque sorte ? Mais tuer des pauvres innocents tout simplement pour se nourrir, quelle fierté pouvait-on bien en tirer ? Je ne savais pas si Etan partageait le même avis que moi, et j'avoue que connaître la réponse me faisait un peu peur... Néanmoins je le laissais continuer :

"L'inconnue était ma mère biologique et elle venait nous annoncer la mort de mon frère jumeaux, Tom. En quelques secondes, en quelques mots, ma vie perdit tout son sens. Le mensonge de mon père de révoltait, la fraude de celle qui s'etait faite passée pour ma mère pendant tant d'année me dégoutait, et je savais que la partie qui avait toujours manquée à mon âme était morte, perdue à jamais. Jour après jours, je m'enfonçais dans la déprime, le malheur, le négativisme. Et puis un jour, je trouvais sur le perron les cadeaux salvateurs : un chaton roux que j'appellerais plus tard Marvin & une guitare électrique rouge et blanche, qui je nommerais Star Girl. Le tout accompagné du mot «Parce que tu aurais pu être lui». Je me doutais que cela venait de ma mère biologique. Je ne l'ai jamais revue depuis cette terrible soirée mais c'est quand même elle et ses présents qui m'ont aidé à remonter la pente, et je l'en remercie."

Je hochai la tête. A ce moment de l'histoire, nous étions à peu près dans le même bateau, bien que dans des circonstances différentes... Livrés à nous mêmes, avec un énorme poids sur les épaules. Son chat et sa guitare l'avait sans doute grandement aidé à relever la tête tandis que le mien, offert bien avant tous les évènements qui avaient fait basculer ma vie, m'avait aidée à ne pas oublier, une sorte de lien avec le passé...
Une larme roula sur la joue d'Etan. Je ne l'aurais jamais imaginé pleurer et lui n'avait sans doute pas envie que je ne le remarque, comme moi un peu plus tôt... C'est donc pour cela que je faisais semblant de n'avoir rien vu.

Avant mon entrée à Poudlard, je suis allé me recueillir sur la tombe de mon frère, chose qui m'avait été impossible sentimentalement parlant jusqu’à ce jour et, il y a quelques temps, je me suis fais tatouer une étoile sur le torse et le pied, en hommage à celle qui orne le sanctuaire de son dernier repos. Comme ça, il continu à respirer et à courir à travers moi.

Il me montra son tatouage et se tourna vers moi. Son visage s'était légèrement assombri, je passais une main dans son dos pour le réconforter. Son histoire à lui aussi n'avait rien de joyeux, et je me sentais tout de même un peu gênée de lui avoir fait déballer toute son intimité. Après tout, moi aussi je l'avais fait et c'était même la première personne à qui j'avais dévoilé toute cette histoire. J'ignorais si il en était de même pour lui... Je lui dis, d'une voix à peine audible :

"Je pense que Tom a eu de la chance d'avoir un frère comme toi, Etan. Je ne pense pas que ce soit donné à tout le monde... Et même si il est mort à présent, je pense qu'il t'es reconnaissant pour ce que tu as fait..."

Du doigt, je lui désignais le tatouage. Puis je relevai la tête afin de le regarder dans les yeux et lui dit :

"Etan, j'ai une question : est-ce qu'il t'arrive parfois de ressentir en toi ce que tes ancêtres ont toujours été ? Enfin, tu vois ce que je veux dire..."

Vu l'expression de son visage, cela se voyait qu'il ne partageait pas du tout mon avis. Il aurait pu éviter la mort de son frère en essayant de le retrouver et moi, j'aurais pu éviter la mort de ma mère adoptive si je n'avais pas été assez débile pour l'appeler au secours au lieu de me faire gentiment embarquer par ces hommes enrubannés qui devaient se révéler plus tard mes parents...
Malheureusement, le passé est le passé, on ne peut rien y faire, c'est comme ça, c'est la vie, une vie bien triste et dure parfois... Je venais juste de m'en rendre compte maintenant, que cela n'allait pas ramener la femme qui m'avait vue grandir de se morfondre comme j'en avais l'habitude. Et cela en parti grâce à Etan...
Je me tournai vers lui car la réponse à ma dernière question n'arrivait pas. Ce léger moment de silence me fit légèrement pâlir et déjà j'envisageais les pires scénarios : Etan réfléchissant si oui ou non il fallait qu'il m'avoue la vérité, car c'est bien connu, une fille morte d'un arrêt cardiaque n'a pas un sang aussi... buvable qu'une fille qui se laisse presque mordre le cou !
En vérité, je ne savais rien des vampires. Bien sur, j'avais entendu plusieurs histoires à propos de buveurs de sang sans pitié, qui courait super vite de façon à ce que l'on ne puisse pas leur échapper, nous, pauvres sorciers misérables... Et bien d'autres ragots encore, qui sortaient des imaginations les plus enflammés bien que plusieurs cadavres aient été retrouvé près de la ville où j'habitais, vidés de leur sang...
Tout cela allait très vite dans ma petite tête et je sursautais violemment quand il me serra contre lui, mit sauvagement sa tête dans mon cou et commença à me le mordiller en poussant un genre de grognement... J'étais tétanisée, un vrai bloc de pierre. Déjà, je disais adieu à mon entourage ( même si je n'en avais plus beaucoup ) et je me maudissais de ne pas être resté couché ce soir là.
Puis tout d'un coup, Etan explosa de rire et se laissa tomber à terre, m'entrainant dans sa chute. Je ne savais plus du tout quoi penser. Il prenait un malin plaisir à faire reculer l'heure du jugement dernier ou bien il se fichait complètement de moi ? Quoiqu'il en soit, je n'osais plus bouger.

Tu as eu peur hein ? Je suis un méchant vampire qui suce le sang des jeunes filles dans les cachots de Poudlard !!

Je le regardais comme une pauvre abruti avec des yeux ouverts comme des soucoupes. Ce qu'il venait de me dire me paraissait complètement absurde, on ne peut pas faire une chose pareille, ce n'est pas... humain ! Et en même temps je ne pouvais m'empêcher d'avoir des doutes. Résultat des courses : je n'ose rien dire et rester figée comme une statue...

Huum, excuses-moi... Je suis un peu taré dès qu'on me parle de ça..; Enfin je pense que c'est justement parce que c'est la première fois que quelqu'un me pose cette question ouvertement... Cette interrogation m'a hanté et me hante depuis ma tendre enfance, c'est même devenu une peur phobique de m'imaginer me transformant en vampire... C'est comme si je te demandais si, au fond de toi, tu te sentais Mangemorte, tu comprends ?

-Je comprends parfaitement Etan. D'autant plus que, en vérité, mes parents sont des... mangemorts. Enfin, ne me refait plus jamais ce coup là, tu m'as fait une des ces peurs, vraiment !"

Il essaya de me décrocher un sourire charmeur mais une larme coula le long de sa joue. C'est fou comment l'on peut passer du rire aux larmes parfois ! Néanmoins, je me sentais quand même un peu coupable car j'avais fait ressortir en lui une des ses plus grandes frayeurs... Je lui dis d'un voix à peine audible :

"Je suis désolée, Etan, je ne voulais pas... heu... excuse moi, je suis maladroite.'

Comme je ne savais pas quoi dire, je me serrais un peu contre lui et me taisais, car cela valait mieux si je ne voulais pas commettre un nouveau faux pas...

Ho non, ne t’inquiète pas, je... j'ai peut être l'air de me laisser déborder par mes émotions mais ça va, j'ai pris l'habitude de gérer ce genre de situation... C'est plutôt toi qui m’inquiète... Évidemment que j'ai deviné que tes parents sont des Mangemorts! Mais ne craint rien, je ne te poserais aucune question, moi...

Cette dernière phrase me fit l'effet d'une secousse électrique. J'avais en effet posé certaines questions indiscrètes mais je n'avais jamais voulu le blesser. J'étais désolée d'avoir eu cette attitude un peu trop curieuse et je voulais à tout prix m'excuser au près de Etan. S'excuser toujours s'excuser... Ce que je peux être maladroite des fois ! Je m'apprêtais à ouvrir la bouche mais il continua :

Enfin, je veux dire, heuu... Je veux être sur que tu appliques mes conseils, et même si ça ne marche malheureusement pas à fond sur tout le monde, je pense ça ne pourra t'être que bénéfique... Trouve toi une raison de vivre, quelque chose qui te rattache à la réalité, qui te rappelle que tu es vivante... Ensuite, mets toi bien dans la tête que rester prostrée dans ton coin ne ramènera personne du pays des morts. La seule façon de la rejoindre serait de mourir, et encore ce n'est pas sur car personne n'a avéré qu'il y avait une vie après le décès, mais ça je te l'interdis tu comprends ?

J'avoue que cette idée m'avait déjà traversée l'esprit... C'était il y a quelques mois, au moment où j'allais encore plus mal que maintenant. Ce qui m'avait empêchée d'effectuer le saut de l'ange avait été le doute. Oui, tout simplement le doute. Et si ma ( fausse ) mère m'en voudrait ? Et si je ne faisais que me précipiter plus rapidement dans la tombe, sans issue de secours ? Et puis pile à ce moment mais vrais parents s'était ramenés, ils m'avaient fait avalés de force une sorte de somnifère et je m'étais réveillée avec des barreaux solidement attachés à ma fenêtre et une lettre au directeur de l'école faisant quoi qu'il fallait me surveiller de près ( évidemment ils n'en avaient pas prononcés les différentes raisons...).
Je reportai mon attention sur Etan. Nos regards se croisèrent et soudain je me retrouvais plaquée contre lui à vitesse grand V. Ma première réaction fut de me demander ce qui se passait. La seconde de vouloir me libérer de cette étreinte qui commençait à sérieusement m'étouffer. Enfin Etan me relâcha et je pouvais à nouveau respirer convenablement. Il prit mon visage entre ses mais et m'embrassa. J'étais tellement surprise que je n'osais pas bouger. Aucun sentiment réel n'émanait de ce baiser. J'y trouvais juste un petit réconfort et me laissais aller. Enfin, Etan rompit le baiser et reprit la parole :

Ne mets rien derrière ce geste, disons que c'est pour celer notre promesse, avant de nous séparer . Car il se fait tard et demain les cours nous attendent...

J'opinais de la tête, encore un peu tremblante. Je me levais et, les jambes flageolantes, me dirigeaient vers la sortie. Je me retournais vers Etan et lui déclarait avec mon plus beua sourire :

"Merci Etan. Merci pour tout. Sans toi... Enfin voilà quoi. J'espère te revoir bientôt. Tu m'as beaucoup aidée."