Ce tourment qui nous unit... [FE]

Personne ne sait combien de temps peut durer une seconde de souffrance.
(Graham Greene)

La douleur... On ne peut mettre des mots dessus tant elle peut être forte et profonde. Rusée comme un serpent, elle se faufile dans les moindres recoins du corps et fait tour à tour hurler et gémir avec ses morsures sourdes ou aigues. On ne sait expliquer la douleur, on ne peut que la ressentir. Malgré tout, quand on pense avoir souffert plus que tout, une autre forme de tourment s'installe en vous. Une sensation de vide. La perte de quelque chose dont on n'avait même pas conscience mais qui déchire l'âme en deux...

Tonks venait de se réveiller. Elle sentait une étoffe froide et mouillée passer sur son front, tout doucement. Quelques gouttes d'eau glacée roulèrent le long de sa tempe et terminèrent leur chute dans son cou, la faisant frissonner. Elle remua quelque peu sous les couvertures en poussant un léger gémissement et le linge humide qu'on passait sur son crâne s'éloigna comme par magie.

"Vous êtes réveillée ? C'est très bien. Non, ne vous agitez pas, vous êtes encore très faible."

La voix douce et chantante provenait de sa gauche, mais Tonks eut besoin de plusieurs secondes pour soulever les paupières. Elle essaya de bouger les jambes, mais elle ne les sentait pratiquement plus. Il lui semblait que son corps tout entier était enfermé dans un bloc de béton. Elle laissa échapper un soupir et tourna lentement la tête vers l'infirmière qui lui avait prodigué les soins. Elle avait l'air gentil. Tonks n'espérait plus jamais revoir un visage aussi sympathique. Elle revenait de si loin...

"Vous allez vite vous rétablir." lui promit l'infirmière (et Tonks sentit qu'elle était sincère). "Par contre..."

La Médicomage fit une pause, joignant les mains d'un air embarassé. Elle lança un regard circulaire, comme si elle cherchait quelqu'un, mais visiblement, elles étaient seules dans la chambre d'hôpital.

"Je... je suis à Sainte Mangouste ?" demanda Tonks.

Sa voix lui paraissait désincarnée. Elle était rauque, à peine audible. Elle eut un sursaut de panique en se demandant ce qui lui était arrivé. Puis, alors qu'elle sortait totalement de sa torpeur, des bribes du combat contre les Mangemorts revinrent dans sa mémoire. Elle avait reçu un maléfice... Un terrible maléfice... Elle revoyait son propre sang s'échapper d'elle à une vitesse folle, elle sentait de nouveau les plaies s'ouvrir sur tout son corps... Un éclair de douleur lui arracha un cri. Peut-être n'avait-elle pas vraiment eu mal, peut-être n'était-ce que le souvenir de cette terrible épreuve ? Quoiqu'il en soit, la Médicomage revint vers elle rapidement, inquiète. Elle posa sa main sur son front, puis prit sa tension, mais tout devait être normal puisqu'elle arrêta quelques minutes après.

"Oui, vous êtes à Sainte Mangouste, et vous allez bien. Nous vous avons sauvé de justesse, mais nous n'avons rien pu faire pour lui. Je suis désolée."

Le coeur de Tonks manqua un battement. Sous le coup de l'émotion, elle trouva la force d'agripper le bras de l'infirmière et de planter son regard dans le sien. Chaque parcelle de son corps la mettait au supplice, mais elle le laissait hurler sans les écouter. Il fallait qu'elle sache ce qui était arrivé à Remus. Comment ça, ils n'avaient rien pu faire ? Qu'était-il arrivé ? Elle essayait de se persuader qu'il n'était pas mort. Il ne pouvait PAS mourir. C'était impensable. Il ne pouvait décemment pas perdre la vie alors qu'elle était encore là. A quoi cela servirait-il de vivre dans un monde où il n'existait plus ? Dans ce cas, elle aurait préféré partir, elle aussi. Elle guettait la réponse de la Médicomage, mais rien, absolument rien, ne la préparait à assumer ce qui allait suivre :

"Nous n'avons rien pu faire pour votre bébé, je suis désolée."

La jeune femme eut l'impression que le monde entier se mettait en mode pause. Son cerveau ne fonctionnait plus. Elle recevait les informations par intermittence et n'en saisissait pas le sens.

Rien pu faire... bébé... je suis désolée...

Qu'est-ce que cela voulait dire ? Le bébé de qui ? Elle ne comprenait plus rien... Elle avait l'impression de se débattre dans un sable mouvant. La Médicomage sentit qu'elle s'agitait un peu trop car elle jugea préférable de l'endormir à l'aide d'un sortilège. Tonks se laissa glisser dans cet état de sommeil proche de l'inconscience. C'était beaucoup trop dur de s'accrocher à la vie, beaucoup trop...

Lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, elle comprit que plusieurs jours étaient passés. Le bouquet de fleurs sur sa table de chevet n'était plus le même, ce qui laissait présager que plusieurs personnes étaient venues lui rendre visite. Physiquement, elle se sentait mieux, mais mentalement, beaucoup trop de blessures peinaient à cicatriser. Trop de questions sans réponse restaient bloquées dans son esprit : pourquoi ce Mangemort lui avait-il sauvé la vie (elle avait d'ailleurs l'étrange impression que sa voix était celle de Rogue) ? Pourquoi Remus ne lui avait-il pas porté secours, en la voyant à terre ? Bien sûr, il devait protéger Harry à tous prix, mais n'avait-il vraiment pas eu le choix ? Elle ne savait plus, elle était totalement déroutée. Sans parler de ce que la Médicomage lui avait révélé...

Elle prit appui sur ses mains pour se redresser sur son lit et en tournant la tête, remarqua que Remus était assis à côté d'elle. Elle sursauta si violemment qu'elle faillit tomber par terre. Comme quoi il restait encore un peu de maladresse en elle...

Elle ne savait quoi lui dire. Après tout, il n'était au courant de rien. Devait-elle lui dire ? Etait-ce obligatoire ? Si elle ne pipait mot, cela aurait pu tout aussi bien ne jamais exister...

Elle préféra rester muette, pour le moment. Après tout, elle était malade, c'était à lui d'engager la conversation !

Invité

Il tournait en rond, comme une sorte de lion en cage. Dès qu'ils avaient pu, dès qu'il avait pu, il s'était précipité vers elle alors qu'elle était encore allongée au sol. Il n'avait jamais réussi à la rejoindre, toujours éloigné d'elle à cause de ses stupides mangemorts, bien qu'il n'y ait pas que cela. Il aurait tant aimé la rejoindre pour l'aider, la soigner, faire quelque chose, mais non, il avait été trop lent à réagir, il s'en voulait. Certes, ce n'était pas lui qui avait lancé le sortilège, mais s'il était arrivé plus tôt, est-ce que cela n'aurait pas été mieux ? Enfin ils auraient pu l'amener plus rapidement ici non ? Il n'en savait rien. Tout ce qu'il savait, c'est que pour le moment, dans les couloirs de Sainte Mangouste, il tournait en rond, attendant des nouvelles avec impatience. Lui qui d'habitude était si patient avec les autres, aujourd'hui c'était loin d'être le cas. Il avait failli quelque part.

Cela lui trottait dans la tête depuis que Nymphadora avait été amené ici, et ni les paroles rassurantes d'Arthur, ni les messages d'encouragement des autres membres de l'Ordre avaient pu l'aider, bien au contraire. Il voulait savoir comment il allait. Il n'avait pu se résoudre à partir avec les autres, pas quand elle était encore là, entre la vie et la mort. C'était insoutenable, tout son coeur, son âme criait à la lune quelque part, comme s'il avait peur de perdre une partie de lui en fin de compte, ce qui était peut-être le cas vous me direz. L'attente était intenable, debout à parcourir les couloirs ou assis à se morfondre et en essayant d'imaginer tous les scénarios possibles sur ce qu'il aurait pu faire, ce qu'il aurait du faire. Oui il s'en voulait. Ce n'était pas logique vu ce qu'il s'était passé, mais il s'en voulait quand même. L'instinct protecteur, cet instinct du loup qui cherchait à protéger sa meute, peut-être à cause de cela qu'il se sentait en faute. Il se redressa rapidement en voyant l'un des médecins arriver, mais ce n'était pas pour lui. Soupirant, tête basse, il se réinstalla dans son fauteuil, il n'y avait pas de larmes visibles bien sur, il en avait déjà bien trop versé par le passé, mais son cœur pleurait, ça et tous les évènements de la journée.

Il fallut plusieurs heures, heures pendant lesquelles il s'était endormi d'un sommeil agité, se réveillant en sursaut, revoyant toujours la même chose, Nymphadora tombée suite à un sortilège, et mourir loin de lui, la fin était toujours la même. Sursautant à chaque fois, à chaque réveil, ce fut au cours d'un de ses réveils en sursaut qu'il se demandait bien combien de temps cela faisait. Essayant de voir quelqu'un pour demander des nouvelles, on lui rétorqua à chaque fois qu'ils étaient très occupés, d'ailleurs, il fallut en choper un par le col - désolé il était sur les nerfs - pour réussir à comprendre qu'elle était sauve, de justesse mais sauve et qu'elle avait besoin de repos. Il n'avait même pas le droit d'aller la voir, enfin d'entrer dans sa chambre. Malgré tout, il ne pouvait rester là à attendre pour rien, à attendre encore et toujours dans ce maudit couloir, pour cela qu'une fois qu'il eut le numéro de la chambre, il lâcha le pauvre bougre - il avait dû avoir la peur de sa vie - pour filer en direction de cette chambre.

Il savait fort bien qu'il n'avait pas le droit d'entrer mais rien que le fait de pouvoir se trouver là, quasiment près d'elle, c'était déjà mieux, comme si quelque part, on se sentait un peu apaisé, il ne le serait certainement que bien plus tard, quand il la verrait enfin de ses propres yeux. Il s'adossant contre le mur, avant de finalement tomber au sol, se prenant la tête dans les mains. Qu'est-ce qui avait dérapé ? Même lui ne saurait dire, mais c'était arrivé, et elle avait payé le prix fort, il ne savait même ce qu'il aurait fait si elle ne s'en était pas sortie, certainement qu'une partie de lui serait perdue à jamais également.

Ce ne fut qu'après encore une nouvelle attente, et le retour du médecin qui s'occupait d'elle qu'il put enfin entrer pour la voir. Elle était vivante, il lui avait dis qu'elle s'en sortirait, mais il voyait bien qu'il cachait quelque chose, mais apparemment, il n'en dirait pas plus. Il ne s'en préoccupa pas vraiment d'avantage, pénétrant dans la chambre silencieusement, avant de prendre place dans l'un des fauteuils près d'elle. Elle était en vie, certes, peut-être pas en très grande forme, mais elle était là, devant lui. Un poids parti de ses épaules, il se sentait quelque peu plus léger désormais. Elle dormait, et elle dormirait encore quelques temps selon le médecin, ils avaient du la "calmer", pas étonnant la connaissant, mais on doutait que ce soit ça. Une intuition de loup dirons nous.

Il approcha le fauteuil du lit, mais pour autant il ne savait pas vraiment ou mettre les mains, finalement, il prit son courage à deux mains, et prit celle de Tonks dans la sienne. Les quelques jours suivants s'enchainèrent ainsi, il ne sortait que pour manger ou se laver, pousser par Arthur et Molly qui disaient qu'elle n'aimerait pas le voir ainsi, mais sinon il restait chaque jour près d'elle, ayant eu trop peur de la perdre. On dit souvent que lorsque l'on perd quelqu'un qu'on se rencontre de son importance, quelque part, là cela avait été pareil. Et désormais, il ne souhaitait plus la lâcher d'une semelle - façon de parler -.

Il s'endormit à nouveau, et bien que ce ne soit pas confortable, c'était suffisant. Il ne fut réveiller que lorsqu'il sentit une pression sur sa main, ouvrant les yeux, grimaçant légèrement du au "confortable" fauteuil, il remarqua qu'elle était enfin réveillée. Ce fut d'une voix, qu'on ne lui connaissait que très peu, douce, chaleureuse, basse également qu'il prit la parole.

"Tu es réveillée."

C'était un fait, mais le dire à voix haute, cela permettrait de mettre le pied dans la réalité. Tendrement il passa une main dans ses cheveux, avant de se redresser pour lui embrasser le front.

"J'ai eu si peur......si peur de te perdre."

Il était là. Il était à ses côtés. En d'autres circonstances, elle en aurait été ravie. Sauf que là, elle ne savait comment se comporter. Certes, elle était heureuse qu'il se soit déplacé pour elle, qu'il soit la première personne qu'elle voit en se réveillant, mais elle aurait souhaité plus de temps pour se remettre avant d'être de nouveau face à lui. Pour la première fois de sa vie, elle aurait voulu s'éloigner de lui quelque peu, histoire de maîtriser la portée des conséquences de ses actes.

Elle se sentait fautive. C'était son appartenance à l'Ordre qui lui avait valu ce séjour à l'hôpital. D'un autre côté, elle était Auror, elle était donc habituée à risquer sa vie pour les autres. Mais elle aurait dû mieux s'écouter, elle n'avait absolument rien vu venir, si bien qu'à présent, malgré ce que la Médicomage lui avait révélé, elle avait l'impression que cette mésaventure était arrivée à quelqu'un d'autre. Elle n'avait pas été enceinte, c'était tout bonnement impossible ! Elle ne s'était rendue compte de rien, absolument rien ! Comment pouvait-on occulter une chose pareille à ce point ? Elle se sentait à la fois coupable et stupide, et pour une obscure raison, elle en voulait également à Remus. C'est la raison pour laquelle elle ne fit pas un geste lorsqu'il passa une main dans ses cheveux et quand il l'embrassa sur le front. Certes, c'était agréable, mais elle ne voulait pas de ça pour l'instant. La tendresse et l'amour, ça n'amenait rien de bon, finalement.

"J'ai eu si peur......si peur de te perdre."

Cette phrase résonna en écho dans son esprit. Elle mit plusieurs secondes à en assimiler le sens, essayant de se persuader que la lenteur de son cerveau était dûe au choc et au sortilège qu'elle avait subi. Puis, lentement, elle leva les yeux vers Remus, entrouvrit la bouche, et dit d'une voix étrangement terne :

"C'est bien... mais je crois que je me suis perdue quand même."

Inutile de lui préciser pour l'instant qu'ils avaient perdu autre chose ensemble. Devait-on vraiment le compter dans l'histoire ? Tonks avait très envie de garder le secret, ça ferait moins de mal à tout le monde de toutes façons. Elle ne supporterait pas la réaction de Remus, quelle qu'elle soit. Elle hésitait entre le soulagement et l'abattement, et aucune de ses hypothèses ne lui convenait. Les deux lui donnaient envie de vomir. Le simple fait d'être assise dans son lit lui donnait le tournis. Elle se sentait faible, si faible... Pourquoi la mort n'avait pas voulu d'elle ?

Elle resta quelques instants silencieuse, le temps de fermer les yeux pour arrêter de voir les murs se gondoler, puis les rouvrit pour lancer un regard faussement joyeux à Remus.

"Je vais mieux à ce qu'il paraît, mais je pense que c'est une plaisanterie. A mon avis, les Médicomages sont en train de parier pour savoir quel jour je vais mourir. Il paraît que ça compte triple le dimanche !"

Elle essayait de faire un peu d'humour, mais pas sûr que ça fonctionne. Remus paraissait bien cassé. Pendant un bref instant, elle se demanda quelle avait pu être sa vie pendant les jours de sa convalescence, mais s'en désinteressa bien vite, le sujet épineux refaisant surface avec la vivacité d'un boulet de canon. Elle avait l'impression, ou plutôt le devoir de lui dire. Mais comment ?

"Ah au fait ! J'attendais un bébé mais le sortilège du Mangemort l'a un peu tué... Mais c'est pas grave. Dis, tu veux aller voir un film quand je sortirai de l'hôpital ?"

Non, ce n'était vraiment pas la meilleure manière de lui annoncer. De toutes façons, elle se sentait incapable de d'avouer une telle chose. Perdre un bébé... Une autre pensée s'immisça dans son esprit tandis qu'elle observait Remus. Les yeux plissés, cette remarque lui fit manquer un battement de coeur, car elle n'avait jamais songé à cela jusqu'ici : et si c'était un signe du destin ? S'ils étaient voués à ne jamais rien construire ensemble ?

Cette réflexion la fit tressaillir d'effroi.

Invité

Fronçant les sourcils, perplexe, il ne comprenait pas. Que voulait-elle dire par s'être perdue ? Vraiment pour l'une des premières fois, il était totalement en dehors de tout actuellement. Déjà premièrement que pouvait-il bien faire pour elle ? Car visiblement, elle n'avait pas vraiment l'air d'apprécié qu'il soit là. D'accord, elle avait subi une attaque, elle était secouée, ce qu'il comprenait parfaitement, n'était-il pas quelque part lui aussi assez secoué par tout ceci ? Non c'était comme si, à vrai dire, il n'existait pas, ou alors qu'ils n'étaient pas ce qu'ils avaient commencé à être. Trop difficile d'y penser pour le moment, ne revenons pas sur ce sujet épineux maintenant alors qu'elle sortait toujours de l'article de la mort quand même ! Mais il était toujours du genre à se poser des questions, toujours, tout le temps, même si ce n'était pas le moment.

Et actuellement l'état de Nymphadora, comment elle se trouvait, comment elle se sentait, voilà ce qui lui faisait se poser toutes ces questions. En tout cas, il n'était pas dupe quand même, il savait à peu près ce qu'elle avait traversé, il ne pourrait jamais dire qu'il comprenait ce qu'elle avait ressenti, ce qu'elle ressentait, qu'il savait ce qu'elle avait vécu, car ce serait faux tout simplement. Il n'était jamais passé aussi près de la mort lui, elle par contre, que pouvait-il bien faire quand la femme que vous aimez n'a pas l'air de vouloir d'un peu de réconfort ? Qu'avait-il fait pour que cela arrive ? Quand on disait finalement qu'il était peut-être maudit, peut-être qu'il n'avait pas tord, il ne devait pas être fait pour aimer et être aimer ou alors cela n'amenait que des malheurs. Il faudrait surtout qu'il récupère les heures de sommeil perdues pour le moment.

Il restait assez observateur, pour cela qu'on remarqua aisément que quelque chose n'allait pas, mais il n'était pas de ceux voulant à tout prix tout savoir, on savait garder ses questions pour soi, être discret même si actuellement, le savoir, pourrait peut-être l'aider à mieux l'aider à traverser tout cela. Tout était bien trop compliqué à vrai dire. Il se réinstalla dans le fauteuil, ne sachant s'il devait oui ou non lui prendre la main en fin de compte, surtout vu le peu de réaction qu'elle avait eu quand il s'était approché la première fois.

Et voilà qu'elle parlait de mourir, certes avec humour quelque part, mais on n'était pas d'humeur à rire, d'autant plus que ce n'était pas vraiment très drôle. Après tout ce qui venait de se passer, on ne pouvait pas parler de ça, aussi légèrement.

"Bon sang Nymphadora, arrêtes de plaisanter là-dessus ! Tu as failli mourir, ce n'est franchement pas drôle !"

Pas qu'il s'était vraiment énervé, mais avec toutes ces heures d'attente, on craquait légèrement, surtout au vu de ses dires, personne n'allait bien, ni elle, ni lui, lui qui d'ailleurs culpabilisait on ne peut mieux, enfin comme à son habitude, mais dans un certain sens, il se devait de culpabiliser, c'était quelque peu sa faute, il aurait dû arriver plus vite. Mais ce ne fut pas le cas. Il n'avait pas su la protéger, et il s'en voudrait bien longtemps, alors entendre sa chère et tendre parler de la mort avec autant de fausse légèreté, cela n'aidait pas à ce qu'il soit le plus calme possible.

"J'aurais dû, je suis désolé, c'est de ma faute si.....je suis désolé Nymphadora, j'ai essayé de te rejoindre mais....je n'ai aucune excuse."

A croire que quelque chose venait de se casser entre eux, peut-être que c'était le cas, à vrai dire, on dirait bien que les deux avaient l'air désormais de deux parfaits étrangers, tant la distance était possible à mettre entre l'un dans le fauteuil et l'autre dans le lit. Non vraiment, quelque chose avait été briser, mais quoi ? Et qui dirait ce que c'était ? Pour Rémus, c'était certainement le fait qu'il n'avait pas pu être tout simplement là pour elle, certainement cela qui le rongeait le plus, et le fait qu'il avait failli la perdre sans lui avoir dit. Oh il ne dirait rien, de toute manière, on ne pouvait pas dire qu'ils étaient au mieux de leur forme, certainement pas elle à en juger à son visage. Est-ce qu'elle voulait vraiment qu'il soit là ? On n'en était pas vraiment sur, peut-être qu'elle voudrait voir quelqu'un d'autre en fin de compte, peut-être que le voir faisait raviver la plaie, peut-être oui.

Quelque part, lui aussi était brisé, tout comme elle, sur des plans différents, mais il fallait désormais se reconstruire. Ensemble ou séparément ? Il n'en savait rien du tout, il savait juste que pour le moment, il se demandait si être là était une si bonne idée que cela. Mais il avait juste voulu la voir, la voir vivante, être sur que son coeur bat, que ce ne soit pas un mirage, et désormais, on savait que rien ne serait comme avant, pour bien des raisons dont certaines resteraient sans aucun doute obscures à tout jamais.

"Je devrais peut-être te laisser te reposer, Arthur et Molly souhaitent te voir également. Tu préfèrerais peut-être les voir."

Il comprendrait si quelque part elle le jetait dehors, il le méritait après le peu qu'il avait pu faire pour elle finalement. On avait le coeur lourd, lourd de remords, de honte sur soi, et on souhaitait simplement qu'elle arrive à se remettre, même si c'était sans lui, peut-être même que ce serait mieux sans lui en fin de compte.

Il n'aimait pas son sens de l'humour, ou tout du moins, il lui avait fait comprendre que c'était mal venu. Il avait raison, on ne plaisantait pas avec la mort. Mais que restait-il, dans ce cas ? Si elle n'avait d'autre choix que de se morfondre, elle allait devenir folle ! Ce n'était pas dans ses habitudes de s'apitoyer sur son sort. Elle n'était pas comme lui, elle était plus forte. Jusqu'ici, elle y avait cru, en tous cas. Mais finalement, elle prenait peu à peu conscience qu'elle était sûrement la plus faible des deux, la moins armée à affronter la peine. Même si sa vie n'était pas un flot constant de bonne humeur, elle n'avait jamais connu de réelle douleur, hormis la mort de Sirius. Le reste ne l'avait pas touché. Elle n'avait fait qu'effleurer la vie, c'était pour cela que tout lui semblait toujours si facile, qu'elle ne connaissait aucun obstacle. C'était pour cette raison qu'elle s'était accrochée à Remus à l'époque, malgré ses refus. Elle revenait sans cesse à la charge car elle savait ce qu'elle voulait. Elle fonçait tête baissée pour les causes qu'elle croyait justes. Elle avait donc rejoint l'Ordre, elle avait convaincu Remus qu'ils pouvaient être ensemble, et maintenant que tout était accompli, elle prenait la mesure des erreurs qu'elle avait commises. Comment pouvait-elle se sentir bien après cela ? La souffrance qu'elle avait éprouvée à cause du maléfice n'était rien comparé à celle-ci. Elle avait l'impression qu'elle était passée à côté de sa vie, une vie bien meilleure, peut-être.

Et voilà que Remus s'excusait de ne pas l'avoir protégée. S'il savait à quel point ce problème était relégué au second plan, à présent ! Tonks n'y songeait même plus, même si ses paroles réveillèrent une autre plaie douloureuse. Il était sincère, elle savait qu'il aurait tout fait pour être auprès d'elle et la sauver des Mangemorts. C'était ainsi lorsqu'on jurait allégeance à une noble cause, on ne pouvait promettre à l'autre qu'on serait toujours là pour lui. Sans trop savoir pourquoi, elle voulut le rassurer sur ce point :

"Je ne t'en veux pas pour ça. J'étais très bien là où j'étais. Et puis... Harry et Hermione étaient là pour me protéger."

Elle eut un rictus nerveux en se rendant compte que c'était deux élèves de Poudlard, dont l'Elu qui était la cible numéro un des Mangemorts, qui avaient accouru pour elle, alors que tous les membres de l'Ordre n'avaient rien fait. Soit la bataille avait été un vrai carnage qui les obligeait tous à rester au même endroit, soit il fallait vraiment revoir leur technique de combat, car il y avait un problème d'organisation. A l'époque, ils n'auraient jamais laissé Harry sans protection. Il était trop précieux... Peut-être que tous les membres de l'Ordre commençaient à baisser les bras, sans oser se le dire. Il fallait se rendre à l'évidence : les plus grands guerriers tombaient les uns après les autres, mais le véritable coup porté aux rebelles avait été la mort de Dumbledore. Tonks songea que c'était à cet instant qu'ils avaient tous perdu espoir.

"Je devrais peut-être te laisser te reposer, Arthur et Molly souhaitent te voir également. Tu préfèrerais peut-être les voir."

La réplique de Remus la fit brusquement sortir de ses pensées. Il voulait partir. Il avait très bien compris qu'elle ne voulait pas le voir pour le moment. Il avait toujours été un fin psychologue. Etrangement, le fait d'entendre l'annonce de son départ fit accélérer les battements de son coeur, et elle se sentit si faible à cet instant qu'elle agrippa le bras de l'homme pour ne pas défaillir.

"Attends !"

Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit ça, le mot était sorti tout seul de sa bouche. Attendre quoi ? Qu'elle tombe dans les pommes devant ses yeux ? Pensait-elle vraiment qu'il avait besoin de voir ça ? Son regard croisa alors le sien et inexplicablement, elle se sentit mieux. Elle lisait tant de choses dans ses yeux... La peine, l'attachement qu'il avait pour elle, la douleur de ne pas comprendre pourquoi elle le rejetait... Cette vision lui brisa le coeur. Elle ne pouvait le laisser dans l'expectative. Il fallait qu'elle lui dise. Après, il ferait ce qu'il voudrait.

"J'ai... Tu ne voudrais pas t'asseoir ? Ah, tu l'es déjà, c'est vrai..."

Bonne entrée en matière. Décidément, elle n'en loupait pas une. Elle lâcha enfin la manche de Remus pour se tordre les mains, anxieuse. Comment annoncer une telle chose ? Pour le coup, elle aurait bien aimé qu'un Médicomage entre et lui dise lui-même. Cela lui donna une idée pas forcément bonne...

"Oh, tu pourrais lire ce qu'ils ont noté sur ma feuille de suivi ? J'aimerais juste vérifier s'ils m'ont dit la vérité..."

La feuille de suivi était accroché sur le devant de son lit, et les Médicomages la consultaient dès qu'ils venaient la voir. Les renseignements sur le bébé perdu devaient forcément y figurer. De cette façon, Tonks n'avait pas à lui dire de vive voix, il suffisait qu'il lise. Elle se sentait libérée d'un fardeau énorme, jusqu'à ce qu'elle imagine la réaction de l'homme en lisant l'horrible vérité. C'était aussi terrible que si elle l'emmenait à l'échafaud sans qu'il le sache. Bondissant brusquement sur le devant du lit, elle arracha la feuille et la froissa dans ses mains pour ne pas qu'il la prenne.

"Non ! N'y touche pas sinon je l'avale !"

Pas de doute possible, elle devenait cinglée. En même temps, avoir fait cet effort physique l'avait un peu plus affaibli, et soudain, elle ressentit de violentes douleurs dans son ventre. Mais quelle crétine, elle n'avait pas pensé que les Médicomages étaient sûrement intervenus à cet endroit, et qu'ils avaient peut-être même ouvert puis refermé. Comment savoir ? En attendant, elle ne se sentait pas dans une forme olympique. Elle se tordait dans le lit, parvenant à peine à respirer.

"N'aies pas peur..." parvint-elle à articuler entre deux gémissements. "C'est normal... enfin... je crois..."

Rien n'était moins sûr, mais plutôt crever que d'appeler quelqu'un pour qu'il balance à Remus que son incision au ventre s'était sûrement ré-ouverte.

Invité

Devait-il partir ou rester ? D'autant plus qu'il prenait ce qu'elle avait dis comme simplement le fait qu'il avait échoué, que cela aurait du être lui et non Harry et Hermione qui la protégeaient. Non on prenait cela comme une attaque, ça devait en être une à vrai dire, oui c'est ce qu'il croyait, et il baissa un peu plus les yeux face à ça, se sentant encore plus coupable désormais. Non vraiment, on ne savait pas ce qui se passait mais il n'y avait rien de bon là-dedans. Peut-être était-il temps de partir en fin de compte ? Ce qu'il proposa, c'était peut-être mieux pour tous les deux, il était en quelque sorte, responsable de ses malheurs, de ce qu'elle avait subi, il ne pouvait en subir que les conséquences désormais. Prêt à partir, elle décida ensuite qu'il devait rester, ou attendre encore un moment. Il ne comprenait vraiment plus rien. Il fronça légèrement les sourcils quand elle lui demanda d'aller voir la feuille de suivi, qu'est-ce qu'il devait y voir ? Enfin il allait le faire, et lorsqu'il se pencha pour la prendre, elle sauta quasiment dessus pour éviter qu'il lise. Qu'est-ce qu'elle lui cachait finalement ? Parce qu'elle cachait visiblement quelque chose, il ne savait plus quoi penser sur le moment, non on était bien trop étourdi en quelque sorte par tout ceci.

Mais bien vite, il dut reprendre ses esprits quand elle se mit en quelque sorte à souffrir le martyre, elle avait beau dire que ça irait, que ça passerait, que ce n'était rien et j'en passe, il ne la croyait que très peu, la peur de la perdre à nouveau refit surface, et l'air qu'il avait, montrait bien qu'il avait actuellement peur qu'elle fasse une rechute, pour cela, que pour un homme de son âge, il se précipita vers la porte, avant d'hurler dans le couloir.

"Un médicomage !"

Il retourna son attention vers Tonks, et cela n'allait pas franchement mieux non, et personne dans les alentours, il sortit rapidement dans les couloirs, laissant la porte ouverte, avant d'alpaguer le premier médicomage venu, fort heureusement, et quel hasard, c'était celui qui s'était occupé d'elle - le hasard faisait bien les choses quand même - il en avait d'ailleurs surpris les Weasleys qui attendaient dans le couloir. Refermant la porte derrière eux, il poussa le médicomage vers Tonks, on dirait un mari effrayé de perdre sa femme actuellement, peut-être que c'était en quelque sorte le cas. Le médicomage en tout cas, une fois qu'il eut repris ses esprits, se dirigea rapidement vers Tonks, fronçant les sourcils, on lui avait pourtant dit de rester calme, de ne pas faire de gestes brusques.

"Mademoiselle Tonks, je vous avais dis de vous reposer, pas de gestes brusques, vous n'avez pas écouté, laissez moi voir ça."
"Qu'est-ce qu'elle a Docteur ?"

La question, car visiblement, Rémus n'était au courant de rien. Le médicomage en attendant, avait obligé Tonks à se recoucher, avant d'observer et de palper la blessure, sortant sa baguette pour lancer un diagnostic, sans oublier de lancer un petit sortilège pour refermer la plaie. En tout cas plus préoccupé par sa patiente que par Rémus, son attention focalisait vers elle, il allait la réprimander.

"Maintenant vous restez sagement dans ce lit ou nous allons devoir vous attacher, ce n'est pas bon pour vous pour le moment, vous avez besoin de repos pour vous remettre."

Il utilisa à nouveau sa baguette pour la détendre, la laissant se reposer quelque peu avant de retourner son attention vers Rémus et de l'attirer vers l'un des coins de la chambre. Visiblement, il allait lui dire quelque chose d'important vu son air grave, et Rémus était plein de doutes actuellement.

"Votre amie vient de subir un choc important, la perte du bébé..."
"Un.....un bébé ?"
"Oui elle était enceinte, vous n'étiez pas au courant, vous devriez faire venir le père ou son petit ami, elle aurait besoin de soutien pour sortir de cette épreuve. Elle doit rester allongée et se reposer, sa blessure s'est réouverte, nous avons du opérer pour éviter les hémorragies, mais nous n'avons pu sauver l'enfant. Je suis désolé. Je vais faire venir une infirmière pour qu'elle lui donne une potion calmante, essayez de la garder au lit."
"Un bébé...."

Le médicomage en tout cas, n'avait pas entendu les paroles de Rémus et était déjà parti pour prévenir une infirmière, en attendant, cela laissait Rémus sur le c**, c'est le cas de le dire. Un enfant, elle avait été enceinte, elle avait attendu un bébé. Mais de qui ? De lui ? De qui d'autre, il savait fort bien qu'elle ne lui avait pas été infidèle, mais un enfant. Lui père ? Maintenant c'était une utopie. Il venait à peine de prendre conscience qu'il aurait pu être père, amenant avec cela bon nombre de questions, que désormais, il ne l'était déjà plus. Elle avait perdu le bébé. Que devait-il penser de tout cela ? Et le bébé ? Est-ce que cela aurait été une vie pour lui ? Est-ce qu'il aurait hérité de sa lycanthropie ? Est-ce à cause de ça qu'il était mort ? Encore une fois c'était de sa faute quelque part, il aurait du faire attention. Mais un bébé. Trop estomaqué, il marcha comme un zombi, jusqu'au siège, regardant le sol, puis Tonks, à nouveau le sol, et Tonks. Il était chamboulé, complètement, d'ailleurs tout ce qu'il trouva à dire ce fut.

"Notre bébé ?"

Avec ça on irait loin c'est sur.

Non mais qu'est-ce qu'il faisait, là ? Pourquoi appelait-il un Médicomage ? Elle allait très bien, bon sang ! D'ailleurs, elle ouvrit la bouche pour le dire haut et fort, mais un point particulièrement douloureux à son ventre l'empêcha de produire le moindre son. Elle continuait de souffrir en silence, se recroquevillant dans le lit pour empêcher Remus de voir quoi que ce soit. Elle parvint tout de même à lancer un regard meurtrier au Médicomage qui venait d'arriver, et qui s'empressa de refermer la plaie d'un coup de baguette magique. Le soulagement de la jeune femme fut de courte durée car la douleur restait malgré tout. Elle marmonna un juron dans son oreiller en tapant du point sur le matelas, ce qui conforta le Médicomage dans l'idée qu'il fallait la détendre à tous prix. Il lui lança donc un petit sortilège qui la laissa béate, un peu comme si elle venait d'ingurgiter un philtre d'amour. L'air ailleurs, elle fixait le plafond sur lequel étaient accrochés de jolis papillons multicolores. Un éléphant rose passa par là, voletant lourdement avec ses petites ailes blanches. Tonks avait toujours mal réagi aux sorts apaisants. Perdue dans ses hallucinations, elle n'avait pas du tout suivie la conversation entre Remus et le Médicomage. Lorsque l'homme revint dans son champ de vision, il semblait être passé sous un rouleau compresseur qui aurait fait deux marches arrière. Cette constatation la fit brusquement sortir de sa rêverie en rose, à moins que ce soit le sortilège qui ne faisait plus d'effet. Ils n'étaient pas très puissants, c'était la raison pour laquelle on administrait souvent une potion calmante en plus.

Contre l'avis du Médicomage, Tonks se redressa une nouvelle fois en grimaçant, afin de bien pouvoir regarder Remus, et souriant à moitié, elle fit :

"A ton avis ? Tu penses vraiment que j'aurais pu aller voir ailleurs ? Je suis désolée que tu l'aies appris comme ça, mais je ne savais pas comment te le dire..."

Il y eut un silence, seulement troublé par l'étrange bruit de soufflerie d'un appareil qui mesurait les battements cardiaques de Tonks. Comme il fonctionnait grâce à la magie, il n'était relié à elle par aucun fil. La jeune femme profita de ce bref instant de "recueillement" pour contempler ses mains, attristée. Puis, relevant la tête, elle regarda de nouveau Remus, essayant d'analyser comment il réagissait par rapport à tout cela :

"ça va ? Tu... tu veux qu'on en parle ou...?"

Ou quoi ? Evidemment qu'il fallait en parler ! Même si sur le coup, Tonks ne voyait pas vraiment quoi dire par rapport à ça. Cette double nouvelle faisait l'effet d'une bombe A détruisant tout sur son passage. D'abord, il y avait la découverte, une formule mathématique qui disait que 1+1=3. Une bonne nouvelle en somme, une nouvelle vie à accueillir dans leur petit monde... Puis la catastrophe liée à cette découverte, finalement tout le contraire de ce qu'on aurait pu espérer. Dans la logique, il n'aurait pas fallu apprendre qu'elle était enceinte le jour où elle ne l'était plus. Si la vie avait été logique, elle aurait appris la nouvelle des semaines auparavant, et aurait donc pu éviter le combat... De ce fait, actuellement, le bébé ne serait pas mort et ils seraient parfaitement heureux. Peut-être...

Baser toutes ses certitudes sur des hypothèses la déprimaient davantage, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à tout ce qu'elle aurait pu éviter.

"Je me sens coupable..." murmura-t-elle en baissant la tête et en laissant ses cheveux pousser rapidement pour qu'il cache son visage honteux. "J'aurais dû m'en rendre compte... Normalement on se rend compte de ces choses... Les autres filles s'en rendent compte, et pas moi... Peut-être que c'est mieux s'il n'est pas venu au monde, finalement... Si j'ignorais son existence, c'est qu'il ne comptait pas assez... pour moi..."

C'était dur de dire cela, mais elle ne pouvait arrêter les mots qui franchissaient ses lèvres. Elle voulait combattre ce sentiment de rage qu'elle ressentait contre elle-même, mais se sentait trop faible pour y parvenir... Et Remus dans tout cela, comment vivait-il les choses ? Une fois de plus, les paroles sortirent avant qu'elle n'ait pu se retenir :

"Est-ce que ça te soulage tout ça ?" demanda-t-elle brusquement en redressant la tête, des larmes qu'elle s'efforçait de retenir brillant dans ses yeux. "Ou est-ce que tu aurais voulu qu'il vive ?"

Elle se mordit aussitôt les lèvres mais le fixa sans ciller, attendant sa réponse et priant pour qu'il dise ce qu'elle espérait, car elle ne se sentait pas la force de combattre en plus avec lui. Pas cette fois, pas maintenant. Elle voulait juste se reposer et être réconfortée.

Invité

Non ! Comment est-ce qu'elle pouvait seulement penser qu'il puisse penser qu'elle soit aller voir ailleurs ? Non il ne pensait même pas à cela, d'ailleurs vu l'air horrifié qu'il venait de prendre, elle se trompait lourdement. Non c'était simplement le fait d'entendre ça, le fait qu'elle avait été enceinte. Un bébé, elle avait attendu un bébé, leur bébé, mais il n'était plus, à cause de ce qui s'était passé. Comment tout d'abord pouvait-il accepter la nouvelle d'avoir été père et puis de ne plus l'être en fin de compte ? Même pour lui, c'était difficile à supporter, trop peut-être va savoir. En tout cas, on avait du mal à refaire surface, on pouvait même dire qu'il coulait littéralement sous les révélations, c'était trop d'un coup. Et dire que lui l'apprenait comme cela, même pas de sa bouche en plus. Non il ne pouvait pas lui en vouloir, cela n'avait pas du être aisé non plus pour elle de l'apprendre à son réveil certainement, non, ce n'était pas de sa faute, pourquoi se mettait-il en colère, tout du moins intérieurement, non elle n'y était pour rien.

Est-ce qu'il avait franchement l'air d'aller ? C'était une question idiote et stupide, on retient d'ailleurs cette petite exclamation au fond de lui, ce n'était pas le moment pour la rabrouer, non, il s'en voulait, lui en voulait, il leur en voulait, il en voulait à tout le monde en fait, mais surtout à lui. Etait-il finalement condamné à une vie de misère ? A une vie sans joie ? De toute manière est-ce que cet enfant aurait eu une bonne vie avec lui comme père ? un père loup-garou ? Franchement ? Et s'il avait hérité de sa malédiction, non ce n'était pas la vie pour un enfant. Ah que c'était dur de faire le tri dans ses émotions, dans ses pensées du moment, il ne savait plus du tout ou il en était. Pour une fois, on laissait filtrer trop ses émotions, on était perdu, déboussolé, mais on ne pouvait malgré tout la laisser tomber. C'était elle qui avait subi le plus grand choc entre eux deux n'est-ce pas ? Lui, il avait juste appris la nouvelle, il avait dû, et il encaissait encore, mais c'était elle qui avait eu leur enfant en elle pendant un moment, même si court.

Mais malgré tout le sentiment qui domina au bout d'un moment ce fut la colère, la colère de l'entendre dire qu'elle ne voulait pas de cet enfant. En quelque sorte, c'était comme si elle ne voulait pas une partie de lui n'est-ce pas ? Ainsi donc il n'était pas si important que cela pour elle, il aurait dû s'en douter, il n'était qu'une relation passagère, juste le temps de s'amuser, l'amertume le gagna désormais, elle venait de gagner sur tous les tableaux désormais. Elle risquait de le perdre rien que par ses simples mots. Ne pas vouloir cet enfant, certes, lui ne savait même pas s'il l'avait voulu ou pas, il ne saurait dire, mais elle, il se sentait quelque part, trahi, oui on pouvait dire ça, on pouvait désormais le voir à son regard blessé quelque part. Ainsi donc même si ce fut un accident cette conception, elle n'en avait pas voulu.

"C'était une erreur c'est ça ? Tu ne le voulais pas ? Alors qu'est-ce que je suis moi dans tout ça ? Non ne réponds même pas."

Il se sentait véritablement blessé pour l'occasion, il avait occulté le reste pour simplement entendre ça. D'ailleurs, il s'était relevé, il s'était reculé, éloigné d'elle, comme si désormais l'approcher, c'était trop pour lui, pas après ce qu'elle venait de dire en tout cas. Comment est-ce qu'il pouvait simplement l'aider quand déjà il apprenait que cet enfant n'était pas voulu, ainsi la partie de lui qui avait été en elle, n'était pas voulu non plus, il n'était bon qu'à passer le temps, encore et toujours, jusqu'au moment ou elle trouvera mieux. Mais il prendrait sur lui, comme toujours, la blessure resterait encore fortement ouverte à vrai dire, même pas sur qu'elle se referme un jour désormais, mais pour le moment, il y avait mieux à faire que de la blâmer, ce serait certainement le coup de trop.

"Ce n'est pas de ta faute Tonks. Tu ne pouvais pas prévoir de tomber enceinte, tu ne pouvais pas prévoir que tout ceci arriverait, rien n'est de ta faute. Comment aurais-tu pu le savoir ? Tu ne pouvais pas, pas après si peu de temps. Tu n'es pas responsable de la perte de cet enfant."

Il ne parlait même pas comme si c'était le leur, après tout, elle ne l'avait pas désiré de toute manière, mais on essayait de son mieux de la réconforter mais on doutait sérieusement d'y arriver, peut-être parce que quelque part en lui, il y avait aussi cette culpabilité, peut-être pas pour les mêmes raisons mais elle était là en tout cas. Elle lui demandait son avis maintenant ? On croyait qu'elle s'en fichait puisqu'elle n'en avait pas voulu ! Il soupira, passant une main lasse devant son visage, ne sachant quoi répondre à vrai dire, est-ce que cela aurait été une bonne chose pour eux ou pas ? Et quelle réponse voulait-il ? Il ne savait même pas pour ainsi dire. Ce fut d'une voix assez basse, fatiguée qu'il reprit, essayant de faire le tri dans toutes ses pensées et émotions.

"Je ne sais pas Tonks, je ne sais vraiment pas. C'est trop....tôt pour que je puisse te répondre. Je ne suis ni soulagé ni bouleversé parce qu'il est mort. Je suis perdu, tu ne peux pas me demander si pour moi c'était mieux qu'il vive ou pas, car quoique je dise je te ferais de la peine."

Tonks cherchait à tous prix à clarifier les choses, et non pas à envenimer un peu plus la situation. Comment avaient-ils pu en arriver là ? Comment pouvaient-ils se déchirer à ce point alors qu'à un moment pareil, le mieux était de rester unis ? Apparemment, c'était très mal parti, car Remus avait mal pris le fait qu'elle avait dit qu'elle ne voulait pas de cet enfant. Il avait tout compris de travers. Elle n'avait pas dit les choses en ce sens, mais elle avait la tête à l'envers, les mots avaient donc été mal choisis... A présent, il était trop tard pour essayer de se rattraper, il ne voulait même pas qu'elle essaie. De toutes façons, elle ne voyait pas quoi faire pour y parvenir, car elle ne savait même plus ce qu'elle pensait, au fond. En tous cas, elle était bien loin de se sentir soulagée ou autre chose de la sorte. Au contraire, chaque parole de Remus était comme un coup de point en plein coeur, de l'acide sur une plaie à vif. Peut-être aurait-elle dû le laisser partir ? Se serait-elle sentie mieux ? Rien n'était moins sûr... Plus rien ne le serait, désormais.

Puis, elle comprit que Remus s'était sans doute laissé emporter par la rage, car les paroles qui suivirent furent plus douces, plus compréhensives. Peut-être se retenait-il de la frapper ou autre chose mais en attendant, Tonks se détendit quelque peu, et la douleur à son ventre lui parut soudain moins insupportable. Elle esquissa un pâle sourire et répondit, avec une infinie douceur :

« C'est gentil de me dire ça... Même si je sais que ce n'est pas vrai, c'est gentil. »

Elle n'était pas dupe, elle commençait à le connaître, et elle voyait bien qu'il se forçait à ne pas la rendre responsable. Elle était tout de même touchée qu'il fasse cela. C'était absolument adorable de prendre sur soi de la sorte. Mais un frissonnement parcourut l'échine de la jeune femme lorsqu'il lui avoua la suite. Il ne ressentait rien de particulier par rapport à la perte de cet enfant. Ce n'était pas qu'il était indifférent, il ne savait juste pas quoi en penser. Tonks ne pouvait lui en vouloir, puisqu'elle partageait plus ou moins cet état d'esprit, mais elle était déçue qu'il n'ait pas répondu à sa question de la manière qu'elle entendait. Elle revint donc à la charge, de façon plus directe :

« D'accord, je comprends mais... je ne parlais pas que de ce bébé... J'aimerais savoir si tu... Enfin si tu envisageais d'avoir un enfant un jour ? Avec moi ? »

Pourquoi se sentait-elle obligée de préciser ce dernier point ? Bien entendu que s'il désirait un enfant, c'était avec elle ! Ça paraissait évident ! Quoique... Tonks était en train de tout ré-envisager. Elle ne savait plus ce qui était acquis et ce qui ne l'était pas. Elle commençait même à se demander s'il ne lui avait pas mentie durant ces derniers mois. Bien sûr qu'il tenait à elle, mais était-ce jusqu'à un certain point ? Voulait-il s'engager plus avant ? Se marier, avoir des enfants ? Elle ne voulait pas de tout cela maintenant, mais peut-être, un jour... Serait-il d'accord ? Envisageait-il les mêmes choses dans son esprit ? Avaient-ils jamais partagé les mêmes pensées ?

Tonks avait l'impression que sa tête allait exploser devant cette avalanche de questions sans réponse. Pour l'instant, elle voulait juste qu'il réponde à une seule, celle qu'elle lui avait posée, mais ils furent interrompus par l'arrivée d'une infirmière.

« Mademoiselle Tonks, je vais vous administrer une potion calmante. Vous avez besoin de repos. » dit-elle avec un sourire protecteur.

La jeune femme aurait voulu se débattre, mais l'infirmière eut vite fait de la faire s'allonger d'un coup de baguette magique. Docile, elle but la potion, un goût agréable de guimauve se répandant dans sa bouche. C'était si doux... Elle croisa le regard de Remus alors que l'infirmière écartait la petite fiole de ses lèvres, et elle eut juste le temps de lui dire, avant de laisser reposer sa tête lourdement sur l'oreiller :

« Dis à Molly et à Arthur que je vais bien... »

Ce n'était pas la vérité, mais qu'importe, ils n'avaient pas le droit d'avoir peur pour elle, pour eux deux. C'est sur cette pensée qu'elle s'endormit. Fermant les yeux, elle crut percevoir des pas s'éloigner d'elle, mais elle ne sut pas s'il s'agissait de l'infirmière ou de Remus. Il suffisait juste de lâcher prise et de se laisser glisser dans cette somnolence bienfaitrice...

Invité

Elle était têtue, bornée, tout ce qu’on voulait, mais en même temps est-ce qu’il pouvait sérieusement lui en vouloir ? Car de son côté, on ne pouvait pas dire qu’il ne s’en voulait pas, bien au contraire en fin de compte. Mais malgré tout, qu’elle que soit ce qu’elle pouvait bien penser, comment aurait-elle pu deviner qu’elle était enceinte en fin de compte ? On ne faisait pas de test de grossesse après chaque rapport intime de toute manière, c’était arrivé, sans qu’on sache vraiment comment, enfin si, mais le fait qu’elle tombe enceinte, c’était tout simplement arrivé. Et maintenant elle se sentait coupable de ne pas l’avoir senti, de ne pas s’être rendu compte de son état. Il serait difficile pour lui de l’aider de toute manière, il ne pouvait pas non plus dire qu’il la comprenait car ce serait faux, qu’il comprenait ce qu’elle ressentait, il ne pouvait pas, car il ne serait jamais dans sa situation, et qu’il ne pouvait pas se mettre à sa place. C’était comme perdre une partie de soi quelque part, mais là-dedans, lui ne pouvait se mettre à sa place, c’était incompréhensible finalement le lien qui pouvait unir la future mère à son enfant.

Et maintenant ce qu’elle voulait vraiment savoir c’était s’il souhaitait un enfant avec elle, continuer sa vie avec elle. Il avait toujours appris à vivre au jour le jour, comment se projeter dans l’avenir ? Lui un simple loup-garou en fin de compte, non, il ne saurait répondre, d’ailleurs, il en resta silencieux, essayant de trouver la réponse adéquate face à cela. Il savait d’ors et déjà qu’il ne la lâcherait pas – façon de parler – mais vivre à deux ? Aller plus loin ? Le mariage ? Les enfants ? Il n’y avait jamais véritablement pensé, peut-être parce qu’il se pensait trop vieux, va savoir, de toute manière avant d’avoir pu donner une quelconque réponse, l’infirmière venait de passer pour donner la potion calmante, peut-être que quelque part, cette interruption le soulageait, il n’avait pas de réponse à faire ainsi, ou la réponse viendrait beaucoup plus tard.

Il soupira, alors qu’elle tombait peu à peu dans l’inconscience, dans un sommeil profond, il ne savait pas comment réagir, y avait-il une bonne façon de réagir de toute manière dans ce genre de situation ? On en doutait sérieusement quand même, pour cela qu’il fut quelque peu soulagé qu’elle dorme. Elle devait se reposer, se remettre, et lui également d’un certain côté, bien que ce soit elle qui ait le plus subi. Une fois l’infirmière partit, il s’approcha doucement d’elle avant de venir une nouvelle fois déposer ses lèvres sur son front avant de souffler, murmurer, bien qu’elle ne l’entendrait certainement pas.

"Je t’aime."

Se reculant, machinalement et tendrement, il lui remit en place une mèche de ses cheveux, avant de quitter la salle, il devait encore affronter Molly et Arthur, le plus dur restait à faire de toute manière, se remettre de tout cela. Car malgré tout, même si d’un côté, il lui en avait voulu de ne pas vouloir cet enfant, le leur, il l’aimait toujours. Pauvre de lui.

» Nous y sommes (Fe)
» Le Trombinoscope : Le Meilleur de Nous Vol 1
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» Quand la vieillesse nous rattrape
» ''Promenons nous dans les bois...'' (FE)