Bureau de l'honorable Magenmagot, Arthur McEvans [O]

« Il n'y a que l'orage et les gros chiens noirs qui me font vraiment peur, pas les politiciens ni même les juges. »

C'était qui l'imbécile qui voulait absolument me voir aujourd'hui ? Un fan qui adulerait mes articles ? Ou justement quelqu'un de pas très fan qui voudrait régler quelques comptes à propos de ce que j'avais bien pu écrire à son sujet. Quoi qu'il en soit, je n'avais pas le temps de m'occuper de ces gens-là et de ce qui les importunait. Ma carrière était quelque chose qui me prenait toute la journée, alors fricoter avec les malheureux c'était une énorme perte de temps, croyez-moi. J'avais reçu chez moi une lettre par hibou qui m'ordonnait presque de me rendre dans le bureau du très prisé Arthur McEvans. A la vue de ce nom, je n'avais pas pu m'empêcher de rire. Je me rappelai bien évidemment la grande satire que j'avais écrite sur ses manières d'exercer sa fonction. J'avais réussi à placer dans mes lignes une phrase quelque peu déplacée qui l'avait certainement dérangé, du genre "Comment un homme aussi haut placé arrive-t-il à gérer toutes cette pression occasionnée par les tabloïds sorciers qui parlent d'un juge en quête de bonne compagnie féminine ?" C'est mon gagne-pain, j'y peux rien.

Face à son bureau, vêtue d'une jupe taille-haute noire, d'un chemisier blanc que j'avais pris soin de déboutonner en son extrémité et d'un tailleur bleu, j'expirais en bon coup. « Non, ces gens-là ne te font pas peur. Alors Ephram, sois naturelle, souris, et entre. Ce sera juste deux ou trois petits mots échangés avec ce monstre des tabloïds sorciers, rien de plus. Je te donne dix minutes. » Je dois dire que oui, cela m'arrive souvent de parler avec moi-même. Une petite habitude comme cela pour m'aider à me motiver avant un rendez-vous. Car oui, ce genre de rendez-vous et en général très très.. ennuyeux. D'un geste bien brusque j'ouvrai la porte ; découvrant ainsi un bureau particulièrement spacieux et bien rangé, comparé à ce qu'on pourrait croire de la part d'un homme. Sans même regarder le seul homme présent dans la pièce je me retournai pour fermer la porte. « Apparemment monsieur a demandé à me voir ? Je vous écoute. Mais avant cela je compte vous prévenir, il m'est impossible de retirer quoi que ce soit de n'importe quel article que je publie, même si vous souhaitez me jeter en prison pour cela, ce qui se trouve être interdit par la loi. Maintenant je vous écoute. » Fière de mon petit monologue je présentai à ce bon monsieur McEvans un sourire satisfait, tout en m'asseyant sur une des deux chaises face à son bureau, sans même qu'il ne m'y ait invitée. « Que voulez-vous, au juste ? Non mieux, pourquoi vouliez-vous me voir ? » Mr McEvans, en revanche, m'avait lui proposé sa poignée de main. Que j'avais tout de même serrée par marque de politesse, même si nous étions loin de la relation que nous avions pu avoir à Poudlard. Loin de ces étreintes amicales et de ces nombreux repas partagés. Une stupide poignée de main toute neutre. Je pus cependant retourner m'asseoir. Sans pour autant réitérer ma question.

« Il n'y a que l'orage et les gros chiens noirs qui me font vraiment peur, pas les politiciens ni même les juges. »

Moi qui pensait faire un monologue, il m'avait battue sur ce terrain ! Mais cela ne m'empêchait pas d'en rigoler. Sa façon qu'il avait de se défendre tout en arborant un style de langage qui valait le détour, c'était tout simplement quelque chose d'unique. Il ressemblait à un enfant qui passait son oral de bac. Tendu, crispé, ne pensant même plus à respirer. Mais apparemment, mon article le décevait. Je voulais lui rappeler que le but de mes article n'était pas de faire plaisir ou de tracer l'éloge d'une personnalité mais plutôt de faire prendre conscience aux autres personnes à travers le rire que ce que l'on croit être n'est qu'en réalité une illusion. Seulement allait-il le comprendre ? J'en doutais. Je préférais donc ravaler mes mots pour en sortir d'autres. « Sachez juste que vous êtes loin d'être le seul visé par mes écrits ; certes votre nom est cité mais ce n'est pas pour autant que je m'acharne contre vous. » Je me remis dans une position droite, alors que j'avais croisé mes jambe auparavant par souci de confort. J'avais posé mes mains sur mes cuisses pour enfin continuer mon discours. « Je tiens également à profiter que.. hum. C'est bel et bien le tout premier article que je vous consacre. Il n'y a vraiment pas de quoi en faire tout un pudding ! » En disant cela, comme pour le rassurer, je m'étais mise à chuchoter tout en ayant rapproché ma tête de la sienne. Comme si je lui disais un secret. Mais aussitôt je me reculais pour adosser mon dos correctement. En trois secondes tous les centimètres du monde nous séparaient.

« Il n'y a que l'orage et les gros chiens noirs qui me font vraiment peur, pas les politiciens ni même les juges. »

Pas la bonne personne. Je souriais, tout en étant tout de même légèrement gênée. Certainement à cause du malentendu. Mais le point positif dans l'histoire, c'était que grâce à cela il semblait tout de même avoir oublié que j'avais quand même écrit une longue critique à son sujet dans ma rubrique à moi. Apparemment il accordait plus d'importance à cet anonyme qui lui gâchait la vie. J'aurais très bien pu m'en aller, cependant il avait trouvé le moyen de me retenir. « Je préfèrerais tout de même qu'on se vouvoie et que nos relations restent professionnelles ; que vous m'appeliez madame ou mademoiselle von Broecke, c'est assez ambigu je dois dire concernant la civilité, et moi je vous appelle monsieur McEvans. Je pense que c'est mieux. » Je parlais sur le ton le plus sérieux du monde pour garder un semblant de crédibilité à son égard. Il ne fallait par contre pas qu'il ne le prenne mal, c'était seulement une remarque neutre pour mettre les choses au clair tout de suite pour que je n'ai plus à le faire par la suite.

En bon Samaritain, le juge assis face à moi me tendit une tasse de café, que j'acceptai d'un hochement un tête latéral, accompagné d'un gracieux sourire. Tout comme mon interlocuteur je soufflai dessus puis la portai à mes lèvres. « Je vous remercie. Très bon café. » Apparemment, il voulait surtout que je l'aide. Que je dévoile mes cartes à ses propres fins. Que je fasse jouer mes connaissances et mes contacts pour que je lui donne un nom. Le nom de celle qui lui pourrit la vie. En réalité, j'aimais bien ce que cette personne faisait. Après, si monsieur McEvans n'avait pas de prise au second degré ou d'humour à faire preuve, c'était tant pis pour lui. Moi j'aime bien quand on parle de moi dans les médias. Je trouve cela gratifiant même si au fond, la personne n'a vraiment pas envie de vous faire plaisir. « Monsieur, je travaille à la Gazette. Loin de Sorcière Hebdo. Mes critiques sont un minimum fondées et argumentées, avec un vrai esprit littéraire derrière. A Sorcière Hebdo c'est vraiment tout ce qu'il y a de moins professionnel littérairement parlant. Les rédacteurs qui y travaillent ne savent que radoter de vieilles histoires pour à chaque fois changer de version et remplir la tête de leurs lecteurs de vraies conneries. C'est un niveau très bas, d'ailleurs. Je me vois donc tout de même vexée que vous ayez pu croire ne serait-ce qu'une seule seconde que j'étais à l'origine de ces puérilités. » Et toc. Après ce discours je remarquai que je n'avais pas vraiment répondu à sa véritable question ; si oui ou non je connaissais cette personne. Malheureusement, j'étais obligée de répondre négativement. Et même si je la connaissais, loin de moi l'idée de crier son nom au principal intéressé. « Vous m'en voyez véritablement désolée mais je ne connais vraiment pas cette personne. » Je pouvais toujours faire quelques recherches, enquêter comme les gens sont toujours tentés de dire, mais tout travaille mérite salaire, ne l'oublions pas. Et puis faire les détectives, ce n'est pas mon boulot. Monsieur McEvans n'avait qu'à envoyer ses sbires d'enquêteurs le faire à sa place, non ?

« Il n'y a que l'orage et les gros chiens noirs qui me font vraiment peur, pas les politiciens ni même les juges. »

Je soupirais. En réalité, je m'attendais à une entrevue nettement plus mouvementée. Du moins plus intéressante. « Je pensais m'être déplacée au sujet de cet article. » Du soupir j'en passai au sourire, afin de détendre tout de même un peu cette atmosphère qui ne me plaisait pas vraiment. Le juge face à moi avait pris un air songeur, pendant que moi je sirotais délicatement ma tasse de café. Qui devenait bien trop vite froid. La tasse encore au quart peine, je la reposais d'un geste élégant sur le bureau de mon interlocuteur. Je ne savais pas vraiment si je devais me mettre à le tutoyer aussi en souvenir du bon vieux temps ou bien comme je me l'étais promis, ne pas reprendre quelque contact personnel que ce soit avec lui. Tout en essayant de paraître la plus naturelle possible, je réfléchissais. Je ne pus cependant pas vraiment m'empêcher d'apporter ma main à mon menton. Finalement, je décidai de faire pareil. Sans négliger le fait que j'allais tout de même garder une certaine distance. « Arthur, écoute. Moi, Poudlard c'est fini, j'en garde surtout de mauvais souvenirs. Même si les moments passés ensemble sont, c'est le cas de le préciser, et seront toujours joyeux dans mon esprit, je tiens à tirer un trait sur le passé et me consacrer sur ma vie telle qu'elle est maintenant. C'est un choix que j'ai fait et je ne pense pas revenir dessus. »

C'était une façon assez froide je l'avoue de faire comprendre à ce bon Mr McEvans que le passé et moi cela faisait dorénavant deux, et ceci depuis même bien des années déjà. Mais j'étais loin d'être contente de moi. Oh ça oui. C'était quelque chose de terriblement cruel que de devoir paraître indifférente à l'amitié d'une connaissance de longue date. Autant pour moi, que pour lui. Et très certainement beaucoup plus pour lui. Mais c'était quelque chose que j'avais déjà décidé. Et il n'était pas le seul dans son cas ; depuis ma sortie de Poudlard, Arthur McEvans n'est pas le seul ex-camarade que j'ai pu croisé dans le monde magique. A mon plus grand désespoir, d'ailleurs. C'est toujours difficile de devoir ignorer quelqu'un et faire comme si les longues heures que tu as passé avec à rien faire avaient été vaines. « Je suis vraiment désolée, Arthur, mais moi c'est professionnel. Rien de plus, rien de moins. Si jamais cela ne te satisfait pas, tu peux toujours demander à quelqu'un d'autres ; je n'étais tout de même pas ta sale amie. » Décidément, je nageais en plein mélo. Il fallait changer tout de suite cette ambiance pittoresquement macabre. Malheureusement, le moyen m'avait échappé. Nos visages étaient ternes, sans vie, comme si nous venions d'apprendre la triste disparition d'un parent proche.

« Il n'y a que l'orage et les gros chiens noirs qui me font vraiment peur, pas les politiciens ni même les juges. »

Décidément, rien ne se déroulait comme j'aurais pu le croire. Entre d'abord un rendez-vous tout ce qu'il y a de plus impersonnel ; pour ensuite atterrir sur une remémoration du passé, et ensuite revenir au rendez-vous impersonnel... Tout cela sans vraie transition, on pouvait vite se perdre. La chose qui changeait ? Son expression. L'expression de son visage. Qui le trahissait toujours autant. Mais là, cela devenait quelque chose de beaucoup plus déstabilisant. Tendu. Limite stressant. Je toussotais quelques fois pour parvenir à gagner un peu de temps, sans être obligée de croiser son regard. Je le savais, je l'avais sans doute vexée. Mais c'est comme ça, je suis franche et ça personne ne pourra jamais rien y changer. Avec un petit sourire en coin, extrêmement léger, voire carrément invisible, je me levai de son siège. « Hum. Arthur. Du moins monsieur McEvans. » Et voilà, je m'étais embrouillée. Je baissai la tête, terriblement gênée. « Veuillez me pardonner, si mes propos vous ont vexé... En réalité ce n'était pas mon but. Je voulais seulement... Comment dire. » Néant. « Faire en sorte que rien ne dérape et qu'on ne perde pas de vue ce pourquoi j'étais là apparemment, bien que ce soit une erreur. » Ephram, t'es qu'une conne. C'est une phrase pire que débile, ça. Honteuse, je me rassis sur mon siège, faisait de mon mieux pour garder mon regard rivé sur le sol. Ce qui me rendait si timide d'un seul coup, loin de mon excentricité habituelle ? Certainement le fait que je ne savais même pas pourquoi du jour au lendemain je l'avais évité. C'était quelque chose qui était entré dans ma tête comme ça. En une nuit, sans que je ne puisse rien y faire. C'était comme ça. Un point c'est tout. Mais je doutais du fait qu'Arthur puisse comprendre ça un jour. Lorsque j'étais jeune, j'étais une jeune fille extrêmement complexe, qui était sérieusement impossible à cerner. Peut-être que notre amitié m'avait d'un seul coup effrayée et que ma conscience, bien protectrice, m'avait inculqué dans un rêve le fait que je ne devais plus être amie avec... Va savoir.

Reprend-toi, Ephram. « Bon écoute Arthur, je ne peux pas t'expliquer ma soudaine prise de conscience concernant notre maitié à Poudlard. C'est quelque chose qui m'échappe déjà à moi-même, alors comment l'expliquer aux autres, hein. Tout simplement impossible. » A ce moment-là, je voulais le planter là, quitter son bureau, et pourquoi pas griller une petit cigarette bien méritée. Seulement, mes valeurs me l'interdisaient. Je ne pouvais pas partir comme ça. Surtout qu'avant que je ne puisse faire quelque geste que ce soit, Arthur me posa une question. Qui représentait chez moi comme un éclair qui venait tout briser. Tout déchirer. Ce pourquoi je parlais, ce pourquoi je débattais à l'intérieur de moi. Encore ce foutu article qui ne rimait à rien.

Non pas que j'éprouvais des remords concernant l'écriture de cet article, mais c'était presque ça. Et c'était terriblement embarrassant. « Arrêtez avec cet article. C'est juste un prétexte que j'utilise pour gagner de l'argent ; bien que j'essaie de toujours faire en sorte d'en assurer leur authenticité. Il date, peut-être que depuis les choses ont changé, c'est même certain. » Ce que tu dis Ephram cela ne te ressemble pas du tout. C'est vrai ! Où étais donc passée mon impartialité ? Ma dureté d'esprit ? Tout ce qui me rendait si confiante, et crainte ? Ce n'était pas normal. Je ne devrais pas éprouver de remords sur ce que j'écris. Sinon c'était la fin. La fin de ma carrière. Et ça, ce n'était pas possible.

« Il n'y a que l'orage et les gros chiens noirs qui me font vraiment peur, pas les politiciens ni même les juges. »

Cela ne me tentait pas vraiment, je dois dire, de marcher avec lui. Seulement, je n'avais pas vraiment eu l'occasion de réfuter sa proposition ou quoi que ce soit ; c'était comme si il m'avait pris la main de force et m'avait traînée derrière lui. Enfin, c'est une image bien sûr. Mais par politesse, je me contentais d'un signe de la tête positif et d'un gracieux sourire, bien qu'en réalité je me trouvais être tout de même assez embarrassée par la situation. Lui dire non, c'était quelque chose d'impensable. Malheureusement pour moi d'ailleurs ! Enfin bon, ça, c'était avant que je sache que j'allais rencontrer ce cher Stenson, sorcier écrivain que j'eus beaucoup admiré pendant mes études. Et que j'admirais toujours aujourd'hui. Mais nous n'y sommes pas encore. Dans les couloirs, j'avais gardé mon grand sourire, qui devenait un peu forcé sur les bords avec le temps ; mais je le réitérais à chaque fois que monsieur McEvans se retournait pour voir si j'étais toujours bien derrière lui. Rapidement, il me disait qui occupe quel bureau, et après ceci, il m'annonça une petite surprise. Je déteste la surprise. Mais sur ce coup, j'aurais mieux fait de me taire ; car Stenson, c'était une vraiment très bonne surprise. Entrée dans son bureau, aux côtés d'Arthur, on aurait pu me comparer à une petite gamine de quatre ans à qui on allait présenter le père Noël. Enfin... on l'aurait deviné si on était à l'intérieur de ma tête, parce que sinon, extérieurement, j'avais toujours ce sourire aussi bête que les minutes qui précédaient. Rien qui me trahissait : je ne sautais pas en l'air, je ne criais pas, je n'allais pas demander d'autographe... Non non, rien d'aussi puérile. Juste une bonne poignée de mains et quelques éclats de rire partagés allaient amplement faire l'affaire ! « Mademoiselle von Broecke, enchanté de faire votre connaissance. Votre ami ici présent m'a relaté du fait que vous appréciiez spécialement mes rubriques. Vous m'en voyez flatté, venant d'une personne détenant une plume bien affûtée. À ce que je sais, vous travaillez toujours pour la Gazette du Sorcier. Vous vous y plaisez ? » Stenson qui prenait de mes nouvelles. Je jubilais intérieurement ; c'était tout simplement la fête dans ma tête. Quelque chose d'incroyable était entrain de se produire, là. J'allais tenter de me fondre dans la masse, faire comme si je connaissais cet illustre personage depuis bien des années. A la fin de sa réponse, je rigolais doucement en regardant Arthur, puis reposant mon regard sur Stenson pour préparer ma réponse. « J'ignorais totalement qu'une personne comme vous connaissiez mon nom et encore plus ce que je faisais de ma vie. Et j'ignorais d'autant plus le fait que vous trouviez qu'une personne comme moi avait une bonne plume. Ce genre de compliment m'en voit ravir ! Je vous remercie, d'ailleurs. » C'était certes un discours un peu vieillot, mais je disais ce qui me sortait par la bouche.

« Il n'y a que l'orage et les gros chiens noirs qui me font vraiment peur, pas les politiciens ni même les juges. »

Tout naturellement, je saisis la pognée de main que me tendait Arthur, et ainsi nos chemins allaient se séparer ici. Peut-être pas définitivement, certes, d'ailleurs cela aurait été tellement dommage, mais nous pensions respectivement avoir gâcher assez de temps à l'autre. J'avais du travail, et Arthur aussi très certainement. Personnellement, il y avait certaines lettres de plaintes que j'avais à jeter au feu, et un nouveau thème à trouver pour mes futurs écrits. Je remarquai que j'étais entrain de virer sur du potin et ce n'était pas mon désir. Ruiner la vie de quelqu'un ce n'était pas mon métier ; j'avais la joie de laisser ça à Sorcière Hebdo ou autre. L'entretien avec Arthur m'avait donc fait beaucoup réfléchir sur ce que je faisais, malgré le fait que nous n'en n'ayons que trop peu parlé, bref peu importait. Tout ce qu'il voulait lui, c'était tirer au clair ses histoires à lui même si je n'étais pas concernée et renouer avec moi même si je ne le voulais pas. Ouais, c'était un peu pitoyable en fait, avec beaucoup de recul... C'est ainsi que sans même prêter attention à ce qu'il me disait dans l'oreille, fixant de loin la secrétaire qui semblait bien trop impliquée, je restais immobile. Lorsqu'il daigna enfin se reculer, je pus enfin prendre la parole. « Le café, à voir, même si cela ne m'emballe pas vraiment. Voire pas du tout. Peut-être une autre fois. » Sur ces mots, je quittais la pièce sans même re tourner, sachant pertinemment qu'Arthur me regarderait partir, presque totalement ébahi par ma réaction soudaine et carrément expliquée. Fallait pas me faire venir pour rien, mon coco.

Une fois dehors, oui je regrettais quelque peu mon acte. C'est vrai quoi, Arthur avait été mon ami, j'avais décidé de ne plus être la sienne au bout de quelques années, après on s'est perdus de vue, là le destin nous offre la possibilité de rattraper tout ce temps perdu et je ne saute même pas sur l'occasion C'était débile : Mais en même temps, la façon avec laquelle nos chemins ont pris des directions différentes m'hérissait le poil. Résultat : je ne savais pas si oui ou non je devais faire demi-tour et changer d'avis. Non tout compte fait cela ne me ressemble pas. Je ne suis pas quelqu'un qui s'écrase au bout d'un petit regret de rien du tout. Arthur, c'est Arthur ! C'est pas comme si c'était Zadig non plus ! Il ne comptait pas autant... Bref. Non, tant pis. C'était de sa faute, je me suis déplacée pour rien, et j'aurais bien aimé qu'il prête plus d'attention à moi ne serait-ce que pour s'excuser ! Mais bon... peut-être que l'orgueil s'est emparé de lui il y a déjà bien des années. Tant pis.

Cependant, sur le chemin du retard, entre deux arbres, je ne pus même pas m'empêcher de culpabiliser quelque peu. Ma conscience m'ordonna de me diriger vers un loueur de hiboux express. Rapidement, j'écrivis un petit mot à l'égard d'Arthur, afin qu'il le reçoive dans les plus brefs délais. « Arthur, apprends à porter plus d'importance aux gens qui t'entoure et à t'oublier un peu. Si tu y arrives, rendez-vous dans une semaine au café de la Gazette. Signé Ephram. » Si avec ça, il ne comprend pas, et ben cela signifierait qu'Arthur McEvans est quelqu'un d'irrécupérable.

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