Un dîner aux chandelles, ça te dit? [Fe- Rose-Hélène Genêt]

Elle se retourna vers le sorcier qui venait de s'adresser à elle d'une manière peu galante. Elle s'apprêtait à répliquer quelque chose ou simplement à lui envoyer un coups de talon bien senti mais avant qu'elle ait pu faire un geste, elle vit les lumières des lampadaires disparaître progressivement dans la rue et une silhouette qu'elle identifia comme celle d'Arthur. Elle se tourna vers l'homme qui l'avait accosté d'une manière peu conventionnelle, lui écrasa le pied de son talon, ce qui devait faire assez mal à vrai dire et se pencha vers lui baguette dressée en avant.

L'homme n'aurait absolument aucun souvenir de l'heure qui venait de passer mais à peine eut-elle lancer le sort qu'Arthur la prit par la main et ils se mirent à courir ensemble avant de transplaner. Alors qu'elle s'attendait à atterrir dans un décor de restaurant sympathique et totalement inconnu, ils se retrouvèrent au milieu d'un salon chic. Certainement chez lui. Elle le regarda un peu étonnée mais le sourire aux lèvres. Quand il lui expliqua les raisons de ce diner en tête à tête chez lui, elle approuva d'un signe de la tête avant de lui confier son manteau et ses affaires. Elle passa rapidement en revue le salon, admirant un instant le phare de l'île de Houat, magnifique et sourit tendrement en voyant le recueil d'Elsa posé sur une table. Il faudrait qu'elle songe à lui acheter une version un peu plus solide.

Elle le suivit dans la cuisine d'où une délicieuse odeur s'échappait et prit la coupe de champagne qu'il lui tendait avant d'y tremper ses lèvres. Alors qu'elle s'apprêtait à proposer son aide, il l'a renvoyé sur son siège, sur lequel elle s'assit bien sagement. Il la questionna rapidement, un peu intimidée et rongée par une espèce de timidité maladive, elle se contentait de hocher la tête avec un sourire. Ses pieds lui faisaient atrocement mal dans ses chaussures. Ely était bien gentille de lui conseiller les talons aiguille et c'était sur que c'était très joli mais à ce moment-là, rien ne lui manquait plus que ses baskets. Discrètement, elle voulut sortir son talon de la chaussure pour un peu calmer la douleur mais les chaussures lui échappèrent et tombèrent sur le sol, quelques centimètres plus loin puisqu'elle était sur un tabouret de bar dans un bruit sonore. Quand Arthur la regarda, elle lui envoya un grand sourire avant d'avaler d'une traite sa coupe de champagne et de s'en resservir une qu'elle avala tout aussi rapidement. Se rendant compte que son comportement devait sembler relativement suspect, elle s'arrête aussi sec, la bouche pleine, sourit avant de déglutir difficilement. Dire qu'elle était stressée était certainement un euphémisme de son état actuel.

Elle sourit à sa dernière remarque. De toute évidence, elle n'était pas la seule personne stressée dans cette pièce. Tout cela était certainement du au fait qu'aujourd'hui ni l'un ni l'autre n'était des enfants et que leurs sentiments étaient toujours là. Ca avait quelque chose de fascinant et d'effrayant surtout qu'aujourd'hui, leurs actes avaient bien plus de conséquence qu'à l'époque de Poudlard. Elle se leva pour le rejoindre à côté des fourneaux et piqua une cuillérée de sauce avant de rouler des yeux. C'était simplement divin et la cuisine italienne la faisait toujours autant rêver. Elle se tourna vers Arthur, décidée à user un peu de son arme favorite face au stress, l'humour.


Suite à cette petite réflexion pas bien méchante, elle lui sourit avant de lui lancer une petite grimace qui lui indiquait bien qu'elle rigolait et de retourner à sa place. Elle venait seulement de remarquer qu'elle avait quitté sa place sans ses chaussures mais ça ne la gênait pas plus que ça. Après tout, ils n'étaient pas au restaurant et elle doutait qu'Arthur lui fasse une remarque en la voyant pied nus chez lui. Alors qu'elle buvait une autre coupe de champagne – décidément elle avait la descente facile ce soir – elle se rendit brusquement compte qu'un détour par la salle de bain était tout à fait nécessaire. Une fois qu'Arthur lui ait indiqué la route à suivre pour la rejoindre, elle s'éclipsa en trottinant.

Il ne lui fallut que quelques instants pour gagner la salle de bain et y faire ses petites affaires. Quand elle eut fini, elle se regarda dans la glace comme pour se donner du courage, se répétant quelques phrases d'encouragement qu'Ely s'était efforcée de lui mettre en tête toute la journée. Même si ils s'étaient embrassés dans son bureau, elle était toujours morte de trac à l'idée de ne plus lui plaire. Parce qu'il était indéniable que dans le sens inverse, les années passées n'avaient eu qu'un impact positif sur Arthur. Il était magnifique et elle comprenait sans aucun soucis pourquoi tant de femmes lui tournaient autour. Et elle avait un peu du mal à saisir où était sa place à elle parmi cette horde de créatures sublimes. Elle se dévisagea un instant. Ces cheveux attachés lui donnaient un air affreusement sérieux. Ca aurait été parfait pour un restaurant mais pour un dîner intimiste … C'était certainement un peu trop. En deux-trois coups de main, elle défie ses cheveux et les laissa tomber en cascade de boucle sur ses épaules.

Elle revint dans la cuisine, bien décidée à laisser sortir la femme qui était en elle, le regard aguicheur et le visage bien haut mais à peine croisa-t-elle le regard d'Arthur qu'elle retomba dans son état de stress et de timidité qui l'obligeait à sourire bêtement. Elle avait certainement l'air un peu bête ainsi sur le pas de la porte, les cheveux défaits, pieds nus, à se tordre les mains comme une adolescente. Mais enfin que lui arrivait-il ? Elle n'avait plus 14 ans mais bien 25. N'était-elle pas capable d'agir comme une adulte ? Alors qu'Arthur avait le dos tourné, elle se frappa le front du plat de la main, se répétant plusieurs fois qu'il fallait se reprendre mais dès qu'il reposait son regard sur elle, elle tentait de reprendre une attitude normale et contrôlée. C'était sur, à présent il devait la prendre pour une folle, une psychopathe ou quelque chose du genre.


Elle lui sourit, les mains dans le dos. Elle avait l'air de plus en plus sotte. Ou simplement complètement folle. Elle ne savait plus trop faire la différence. Mais néanmoins, il ne lui avait pas semblé voir nul part d'appareil du style chaine Hi-Fi et se permettait donc de poser la question. Mais avant qu'il ait pu répondre ou qu'elle ait pu reprendre une attitude convenable et un tant soit peu plus naturelle, elle entendit quelqu'un tambouriner à la porte d'entrée et appeler Arthur. Et de toute évidence, il ne s'agissait pas d'une voix masculine, à moins que cet homme ait la voix fort aigue. Elle se tourna à nouveau vers Arthur et lui lança un regard interrogateur.

S'étant resservi une coupe de champagne, elle fit signe à Arthur dans une sorte de révérence qu'il avait tous les droits d'aller chasser cette personne. Alors qu'elle sirotait toujours son champagne, elle s'adossa à l'encadrement de la porte, observant patiemment ce qui allait se passer. Non pas qu'elle était du genre voyeuse mais elle n'avait eu qu'à se retourner vers le salon pour regarder alors elle ne gêna pas plus que ça. Et la seconde suivante, elle manqua de s'étouffer avec le champagne et le recracha aussi sec, totalement sidérée par ce qu'elle voyait. Une espèce de bimbo brune venait de débouler et de se jeter au cou d'Arthur, l'embrassant goulûment. Avait-elle bu ou était-elle encore plus tarée que Rose celle-ci ?

Mais de toute évidence, la nature de leur relation semblait indiqué que ça n'avait rien de nouveau ou d'inhabituel. Complètement incapable de parler ou d'agir, elle resta là, la bouche ouverte de stupéfaction. Qu'est-ce que c'était que ça ? Oui, elle ne trouvait pas d'autres qualificatifs pour cette espèce de bimbo au corps parfait et mis en valeur d'une façon bien trop provocante pour être animée de pensées chastes. Toujours incapable de réagir, elle laissa Arthur l'attirer à lui et la présenter comme sa compagne. Bien sûr, toute la phrase précédente tomba dans l'oubli profond que générait la colère sourde et spontanée qui n'allait pas tardé à exploser. Et le regard de cette femme sur Rose finit par l'achever. Il semblait lui dire « Tu n'es qu'une pauvre gourde, tu n'as pas de quoi rivaliser avec moi. ». C'en était trop.

Quand la porte eut claquée, elle était toujours incapable de bouger. Toutes ses pensées s'embrouillaient dans son esprit sans qu'elle n'arrive à y faire le tri. Cette femme qui venait de débouler, leur passé commun et de toute évidence peu catholique, le fait qu'il ait parlé d'elle à cette bimbo et que celle-ci se permette de la dévisager de la sorte. Elle sentait une boule se former dans sa gorge et ses yeux s'humidifier. Elle se tourna vers lui quand il lui adressa la parole maintenant qu'ils étaient seuls avant de très rapidement détourner son regard.


Elle se dégagea rapidement de la prise d'Arthur avant de partir au pas de course, franchement en colère. Jamais elle n'aurait imaginé un truc pareil. Il fréquentait des filles, tant mieux pour lui, mais quand il lui avait dit qu'il ne fallait pas croire tout ce que la presse racontait, elle avait failli le croire. Elle était simplement stupide. Après tout, elle ne représentait certainement qu'un défi de plus. La pauvre petite sotte absolument pas ouverte à ce genre d'histoire, est-ce que le grand séducteur de la Cour magique arriverait-il à la faire tomber dans son lit ? Elle s'en voulait d'avoir été si naive et elle lui en voulait également. Elle remarqua rapidement qu'il la suivait dans tous ses faits et gestes, certainement pour tenter de la calmer. Elle se retourna vers lui vivement, la colère et l'indignation marquant violemment ses traits.


Elle était certainement bien trop dure mais actuellement elle était surtout blessée. Dans sa tête, le seul message qui passait était cette femme qui s'était pointée là et des images de ce qui se seraient sans aucun doute passé si Rose n'avait pas été là n'arrêtait pas de courir dans son esprit. Elle renfila ses chaussures avec difficulté, manquant de tomber à plusieurs reprises, plus vraiment concentrée sur sa démarche. Elle récupéra son manteau et son sac à main avant de se tourner une dernière fois vers Arthur, toujours en colère et des larmes coulant à présent sur ses joues.


Suite à ces quelques mots peu … raffinés, elle balança une de ses chaussures dans la direction d'Arthur avant de transplaner directement dans sa propre chambre. Ely avait déjà quitté les lieux et l'appartement avait retrouvé son aspect originel. Dès qu'elle fut chez elle, elle se laissa tomber dans son lit, pleurant de chaudes larmes. A vrai dire, elle ne savait pas si c'était simplement de la jalousie ou si elle était vraiment vexée. Certainement un mixte des deux. Après tout, ça devait bien faire plusieurs années qu'elle n'avait fréquenté personne. Des fois, le temps d'un week end ou d'une soirée arrosée, mais jamais personne régulièrement. Or de toute évidence, ce n'était pas la première fois que cette Kate débarquait de la sorte chez Arthur. Toujours allongée dans son lit, elle se défit de la seule chaussure qui lui restait, enfouit sa tête dans son oreiller et continua à se vider totalement de ses larmes.

Quand il commença à expliquer l'étrange scène qui venait de se dérouler, elle ne bougea pas d'un poil, le visage toujours enfoui dans l'oreiller, étendue comme une étoile de mer dans le lit. La seule chose qui avait changé c'est qu'elle avait calmé ses sanglots pour pouvoir écouter ce qu'il lui disait. Et ça tenait plutôt bien la route à vrai dire. Au fond d'elle, elle jurait contre elle-même de s'emporter si vite. Tout cela ne lui ressemblait pas, pourquoi fallait-il qu'elle agisse comme une idiote et une adolescente ? Elle aurait simplement pu attendre qu'il lui explique cela dans son appartement, sans avoir besoin de lui balancer ses chaussures à la figure, mais de toute évidence son esprit avait choisi d'agir d'une façon tout à fait idiote et étrange. Elle, d'habitude si calme et si posée semblait redevenir une gamine de 14 ans qui s'emporte pour un rien. Il fallait qu'elle se calme. Mais elle savait bien que son comportement était lié à la seule et unique crainte de perdre une nouvelle fois Arthur.

Elle ne protesta pas quand il la retourna délicatement pour qu'ils puissent se regarder, le visage toujours trempé de larmes et le maquillage certainement coulé d'une façon peu conventionnel autour de ses yeux. Elle écoutait, toujours silencieuse, profondément touchée par ses paroles qui faisaient enfin sens non plus dans l'esprit de l'adolescente stupide qui avait pris possession d'elle quelques temps auparavant mais bien dans celui de la femme qu'elle était aujourd'hui. Quand il se leva, elle se releva et s'assit dans le lit, toujours incapable de répondre quoique ce soit. Et à vrai dire c'était bien inutile de parler dans ce genre de situation. Les mots n'auraient certainement servi à rien et, elle venait de se le prouver encore une fois, elle avait toujours été nulle pour s'exprimer quand il s'agissait de sentiment ou ce genre de choses.

Alors sans un mot, elle se leva sur le lit, essayant de ne pas tomber en marchant sur le matelas et passa ses bras autour du cou d'Arthur alors qu'il lui faisait dos. Elle posa ensuite sa joue contre la sienne, attendant qu'il veuille bien se retourner. Quand ce fut enfin le cas, elle prit son visage entre ses mains délicatement et posa son front contre le sien, le fixant de ses yeux brun-vert. Après un moment qui lui sembla durer une éternité, elle s'approcha lentement et déposa un baiser sur ses lèvres. Rien à voir avec ceux qu'ils avaient échangé dans son bureau, à St Mangouste, qui relevaient plus d'une sorte d'urgence passionnelle. Celui-ci était tendre, délicat. Elle ne sut vraiment qui avait provoqué le transplanage, peut-être même avait-il décidé de transplaner au même instant. Il n'en restait pas moins qu'ils se retrouvèrent en un instant dans le salon d'Arthur, la voix de Billie Holiday chantait toujours sur un ton doux et mélodieux. Heureusement, maintenant qu'ils se trouvaient tout deux au même niveau du sol, Arthur ne l'avait pas lâché ce qui lui avait évité de se casser la figure d'une façon peu … glamour.

A présent, c'était certain, ils se comprenaient bien mieux sans parler. Quand il l'eut reposé à terre délicatement, elle ne détacha pas son regard du sien. Le seul moment où elle se permit de le faire fut quand elle déposa sa tête contre son torse. Il avait fort grandi, alors que malheureusement pour elle-même, elle n'avait pas grandi que de quelques centimètres en 7 ans. Elle passa ses bras dans le dos d'Arthur, le serra un peu plus contre elle. Les yeux clos, elle commença à danser doucement, profitant simplement de la chaleur ambiante de la pièce, du contact avec cet homme qu'elle devait apprendre à redécouvrir. Non parce qu'elle s'en sentait obligée mais simplement parce qu'elle en mourrait d'envie. Et elle priait de tout son être pour que ce moment présent ne s'arrête jamais.

Ses pieds quittèrent le sol et elle attrapa le cou d'Arthur pour ne pas glisser bien qu'il la tienne solidement par la taille. Quand il se mit à tourner, elle ferma les yeux et se cramponna un peu plus, ne pouvant bientôt plus s'empêcher de rire alors que ses jambes flottaient dans les airs. Elle rejeta sa tête en arrière tout en continuant de rire, laissant ses boucles brunes valser autour d'eux. Après quelques tours, il la reposa sur le sol, sans pour autant quitter son regard. Alors que quelques instants auparavant, elle ne pouvait se retenir de pleurer, à présent un sourire heureux s'étirait sur ses lèvres. Décidément, il faudrait qu'elle trouve un remède contre les changements trop brutaux d'humeur ! Ca ne lui réussissait pas du tout !

Il la posa délicatement sur la banquette de cuir, lui faisant signe d'attendre. Promettant silencieusement en levant les mains qu'elle ne bougerait pas, elle croisa les jambes et patienta, jetant de rapides coups d'oeil au salon luxueux d'Arthur. Cette classe et ce raffinement ne l'étonnaient pas. Déjà à Poudlard, il avait apprécié de transformer petit à petit son dortoir dans cet esprit-là. Il ne fallut que quelques minutes avant qu'il ne fasse réapparition, dans les mains l'attiraille parfait d'un pique nique improvisé. Elle s'assit sur la couverture qu'il venait d'étendre sur le sol d'un coup de baguette puis accepta un des verres de vin rouge qu'il lui tendait. Pain et fromage d'une main, verre de vin de l'autre, ils parlèrent ainsi longtemps, riant beaucoup en se racontant les anecdotes de ces années passées l'un sans l'autre.

La bouteille de vin était déjà vide à la fin de leur encas et, si l'idée lui traversa la tête, elle n'osa pas demander à son hôte d'en ouvrir une seconde, de peur de finir par être considéré comme une ivrogne. Après avoir si bien mangé, tout à fait rassasiée, elle s'était tout bonnement allongée sur la couverture douce, son verre mi-plein toujours en main sans qu'elle ne le boive pour autant. Un silence agréable s'était installé entre eux sans que ça ne soit dérangeant. Mais Arthur décida de le briser rapidement, lui demandant si elle avait toujours le collier qu'il lui avait offert et si elle se rappelait leur carnet de voyage. Elle n'osa bien sûr pas lui avouer qu'elle conservait le fameux collier dans une boîte à bijoux qu'elle avait ramené d'un de ses voyages à travers le monde entre deux années d'étude. Elle conservait précieusement cette boîte dans le tiroir de sa table de chevet, n'osant en sortir le collier de peur de l'abîmer ou de le perdre. Elle se contenta d'affirmer qu'elle l'avait toujours sans donner de détail.

Il revint vers elle avec le carnet de voyage alors qu'elle se rasseyait sur la jetée. Ils regardèrent ensemble les images animées du voyage. Elle avait oublié à quel point ce moment avait été formidable. Un moment simple mais unique. Elle baissa les yeux quand il décrivit la photo où elle apparaît, pensant à la photo qu'elle avait volé dans le paquet lorsqu'ils avaient fait développé les clichés. Il s'agissait d'une photo d'Arthur endormi dans la chambre d'amis, l'air paisible. Il ouvrait légèrement les yeux avant de sourire puis de se rendormir. Elle adorait cette image même si il ne devait même pas être au courant qu'elle n'existe. Elle avait pris la photo tôt le matin et l'avait dérobé avant de lui tendre le paquet des photos il y a de ça bien longtemps.

Il évoqua rapidement le mangemort qui les avait emmené à se revoir avant d'enchaîner sur sa grand-mère. Rose perdit légèrement son sourire. Non pas à cause de sa grand-mère qui se portait encore très bien mais à cause de l'évocation du mangemort. La guerre entre l'Ordre du Phénix et Voldemort faisaient toujours rage. Elle ne comptait plus le nombre de personnes blessées qu'elle avait du soigné suite à des attaques de mangemorts, même des enfants. Et il avait du en voir des histoires au tribunal. Elle donna rapidement des nouvelles de sa grand-mère avant de prendre un air grave et profondément sérieux. La guerre qui se déroulait en ce moment n'était pas à prendre à la légère et elle avait besoin de savoir sa position sur ce confit. De savoir si il allait s'engager auprès de l'Ordre. Elle y avait songé de nombreuses fois mais se l'était refusée par pure déontologie médicale. Elle était médecin, pour tous, qu'ils soient mangemorts ou non. Elle se devait de rester neutre même si elle prêtait allégeance dans l'esprit à la cause de l'Ordre. Sans oser le regarder, elle lui dit d'une voix faible.


Elle avait besoin de savoir, avant d'aller plus loin, avant même d'envisager une relation avec lui si il fallait qu'elle s'habitue à l'idée de pouvoir le voir partir du jour au lendemain en mission avec l'Ordre et peut-être ne jamais le voir revenir.

Elle saisit sa main et le suivit jusqu'à l'entrée. Ne comprenant pas très bien ce qui se tramait ni pourquoi il se mettait ainsi entre elle et la porte alors que son petit frère attendait qu'on lui ouvre. Elle lui jeta un regard interrogatif alors qu'il se tournait vers elle, invitant Noah à user du double de la clé. Aussitôt la porte s'ouvrit dans un bruit sec. Un homme apparut et malgré sa barbe naissante, elle reconnut dans ses traits le jeune Noah qu'elle avait côtoyé lors de ses années à Poudlard. Mais celui-ci avait quelque chose de bizarre dans les yeux. Comme une lueur … démoniaque. Dès lors, elle saisit sa main et s'y cramponna de toutes ses forces. Une peur profonde prenait possession d'elle alors que l'homme qui avait fait irruption pointait sa baguette vers eux, reprenant son apparence première.

Il la dévisageait alors qu'Arthur faisait rempart de son corps entre eux. Tout se passa très rapidement mais elle eut le temps d'enregistrer dans son esprit chaque seconde de ce moment. Le regard que l'homme posa sur elle n'avait rien de sain et laissait présager toutes les idées de vengeance qu'il élaborait déjà. La seconde d'après, il était couché sur le sol, paralysé, alors qu'Arthur se retournait vers elle et les faisait transplaner.

Quand elle ouvrit à nouveau les yeux, ils étaient chez elle, dans son salon et Arthur s'affairait autour d'elle, cherchant à rassembler un nécessaire de voyage. Ils allaient donc partir. Elle ne réalisait absolument pas ce qui lui arrivait complètement figée sur place. Elle allait devoir tout quitter, l'hôpital, son appartement, ses amis. Tout cela tournait dans son esprit alors qu'elle était incapable de faire face à cette situation. C'était bien pire que de se prendre un sort. Après qu'il lui eut longuement parlé, elle finit par retrouver l'usage de son corps et se dirigea vers sa chambre pour remplir le sac qu'il lui tendait. Elle jeta rapidement toutes sortes de vêtements à l'intérieur sans vraiment y penser puis elle enfila une paire de basket, histoire d'être plus à l'aise, s'engouffra dans la salle de bain et récupéra les quelques médicaments et potions magiques de soin qu'elle conservait au cas où chez elle. Alors qu'elle finissait d'empaqueter, les larmes lui montaient aux yeux alors que son cœur s'emballait. Elle repéra Baguera, allongé sur un fauteuil de la chambre qui semblait ne pas comprendre ce qui se passait et bien loin de toutes ses préoccupations.

Elle jeta son sac sur son épaule, attrapa le gros chat noir avant de le jeter dans sa caisse de transport et de retourner près d'Arthur. Elle ferma les yeux quand il posa ses lèvres sur les siennes, ne pouvant plus retenir de faire couler quelques larmes sur ses joues et étouffant ses sanglots dans ce baiser alors qu'ils transplanaient à nouveau.

Après un loupé de transplanage, ils arrivèrent enfin dans un salon d'où se dégageait une agréable chaleur, certainement liée au crépitement du feu qu'on pouvait entendre. Elle n'avait pas quitté les yeux d'Arthur alors qu'il lui demandait de le pardonner. Elle n'aurait su que dire. Elle venait de renoncer à toute sa vie, en un instant, son travail, ses amis, sa famille, peut-être pas pour toujours heureusement, mais pour suffisamment longtemps pour avoir le cœur lourd. Mais étrangement, elle ne lui en voulait pas. La seule haine qui émanait d'elle s'adressait au Mage Noir qui détruisait tout sur son passage. Par son travail, elle avait eu de nombreuses fois affaire au manifestation de sa folie meurtrière. Des attaques sur des enfants, des familles entières dévastées ...

Mais elle fut rapidement sortie de ses pensées macabres quand elle reconnut la voix du père d'Arthur. Il avait vieilli et ses cheveux se parsemaient de blanc mais il avait toujours les mêmes traits communs aux McEvans. Elle répondit à son étreinte avant de lui adresser un petit sourire, lui indiquant qu'elle allait bien. Quelques instants après, Noah, le vrai cette fois-ci, se manifesta, la saluant. Elle le salua à son tour avant de se figer sur place face à ce qu'Arthur venait de dire. Elle se retourna aussitôt vers lui, la bouche légèrement entrouverte et les sourcils froncés. Il n'allait pas l'abandonner comme cela, il n'en avait pas le droit. Et si il décidait de partir, elle le suivrait. Peu lui importerait ses protestations, elle ne lui laisserait pas le choix. Elle savait qu'elle pouvait être utile dans de telles batailles. Réactive, concentrée et efficace, qualités qu'elle avait perfectionné grâce à son métier de Médicomage, et en cas de blessure, elle lui serait bien plus utile que n'importe lequel des soins magiques.

Elle n'eut pas besoin de parler car à peine avait-elle ouvert la bouche pour déblatérer ses arguments solide, le père McEvans remit sur la voie de la raison son fils, au plus grand plaisir de Rose qui lui adressa un regard de remerciements. Alors que Mr McEvans continuait à avancer des arguments aussi irréfutables que possibles, Arthur s'était tourné vers elle, comme à la recherche d'une réponse, de ce qu'il convenait de faire. En croisant son regard qui devait certainement démontré toute l'inquiétude qui s'était emparée d'elle au moment où il avait commencé à émettre l'idée de repartir, il donna sa réponse de rester ici et lui et son père s'éclipsèrent dans la cuisine. Elle resta figée sur place, encore sous le choc de tout ce qui venait de se passer en si peu de temps.

Après quelques instants, elle posa son sac sur le sol, libéra Baguera de sa caisse de transport. Dans un miaulement indigné d'avoir été enfermé, le gros chat noir partit se rouler en boule dans le coin du canapé le plus proche du feu. Elle prit donc place à côté de la bête qui se mit à émettre un ronronnement sourd sous les caresses de sa maîtresse en face de Noah. Il lui adressa rapidement la parole.


Elle lui adressa un regard froid et lourd de sens. Finalement, il n'avait pas beaucoup changé depuis leur dernière année à Poudlard, année où il avait tant fait souffrir Ely. Elle avait bien envie de lui répliquer une phrase cinglante pour le remettre à sa place mais s'abstient pour ne pas créer une ambiance trop mauvaise entre lui et elle. Elle se contenta donc de répondre à sa dernière question d'une voix neutre.

Sur ce, elle détourna le regard et se concentra sur les flammes qui dansaient, signe qu'elle ne souhaitait pas continuer la conversation. De la cuisine, des bribes de conversation s'échappaient et même si on ne pouvait distinguer chaque mot, il était évident que la conversation la concernait et était loin d'être amical. Quelques instants après, Arthur et son père revinrent, tasses de café à la main. Elle prit celle qu'Arthur lui tendait en le remerciant et ne le quitta pas du regard quand il s'assit à côté d'elle, le regard sombre.


Elle resta un instant sans rien dire, sentant tous les regards tournés vers elle dans l'attente de sa réponse. Elle hocha de la tête avant de se lever et de demander à Arthur de la suivre. Elle avait besoin de lui parler seul à seul. Ne connaissant pas vraiment la maison, elle le laissa les mener dans une pièce tranquille. Une fois qu'ils furent seul, elle se tourna vers lui sans oser toute fois le regarder.


Elle se tut un instant, les yeux rivés sur le sol et les bras croisés sur la poitrine, n'osant toujours pas le regarder de peur de se retrouver submerger par l'émotion. Mais après quelques moments de silence durant lesquels elle mesurait l'importance de ce qu'elle allait dire. Elle releva les yeux vers Arthur, pesant chaque mot qu'elle allait dire.

Quand elle entendit les vers d'Aragon sortir de la bouche, elle sourit, les yeux toujours rivés sur le sol. Elle regarda les pieds d'Arthur se rapprocher des siens et ses mains glisser dans les siennes. Son cœur s'emballa au contact de leur peau alors qu'un frisson remonta le long de ses bras. Elle releva délicatement la tête, ayant toujours la même crainte de voir ses émotions décuplées quand elle croiserait le regard d'Arthur. Apparemment, il était dans la même situation qu'elle puisqu'au moment où leurs yeux furent en contact, il était lui même en train de relever la tête.

Les paroles qui suivirent lui firent l'effet d'un feu d'artifice qui explosait en elle. Image assez étrange et pourtant terriblement véridique. Son cœur ne cessait plus d'accélérer son rythme et si il disait vrai, ils étaient tout deux proches de voir leur cœur sortir de leur cage thoracique respective. Alors qu'il s'approchait d'elle un peu plus, elle glissa une de ses mains près de la nuque de l'homme, dans le creux que formait son cou et son épaule et plus il approchait, plus elle faisait courir ses doigts sur sa peau douce, effleurant du bout des doigts sa barbe naissante.

Leurs lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres, de sorte que leur nez se frôlait et leur souffle se mêlait. Il n'aurait fallu qu'un coup de vent pour les réunir mais chacun d'eux semblait apprécier cette redécouverte subtile et terriblement agréable. Elle s'approcha à son tour, décidée à faire la deuxième moitié du chemin. Alors que leurs lèvres allaient s'effleurer, elle entendit la porte qui s'ouvrait et dans un mouvement de pudeur, elle se recula instinctivement et regarda qui venait d'entrer. Noah se tenait dans l'embrasure de la porte, non pas gêné comme il aurait pu l'être. Simplement là, à les observer. Elle eut soudain un pincement au cœur, se demandant depuis combien de temps il écoutait leur conversation.

Elle le regarda, d'abord décontenancée mais après qu'il eut ouvert la bouche pour leur adresser des paroles qui manquaient de sympathie et étaient fortement ironiques. Elle lui adressa un regard à la fois froid et étonnée avant de se tourner vers Arthur. La situation ne semblait pas bien inhabituelle au vue de la lueur exaspéré qui traversa les yeux de l'homme qui continuait à la regarder, de toute évidence pour ne pas perdre son sang froid face à son petit frère. Après une seconde de réflexion, elle lâcha la main d'Arthur, se dirigea vers la porte et sortit, tirant derrière elle par la manche Noah.

Une fois qu'ils furent tous les deux dans le couloir, elle le fixa d'un regard froid et passablement énervé. Cela faisait la deuxième fois qu'il se permettait de faire une remarque désobligeante de ce genre et ce comportement avait le don de la mettre hors d'elle. Déjà durant leur dernière année à Poudlard, alors qu'Ely avait pris la décision de mettre un terme à leur relation, il était devenu intenable et cela n'avait fait qu'augmenter jusqu'au moment où enfin ils ne furent plus obligés de se croiser. Arthur n'était déjà plus à Poudlard quand tous ces événements s'étaient passés et il n'avait pas eu à subir toutes les crasses que Noah avait pu faire endurer à Ely, et par ricochet à Rose aussi. D'une voix agressive qu'elle ne cherchait nullement à dissimuler, elle s'adressa à lui en chuchotant.



Suite à ses paroles, elle retourna dans la pièce dans laquelle elle avait abandonné Arthur, bousculant au passage son jeune frère et lui adressa un dernier regard froid destiné à le décourager de la suivre. Elle ferma la porte derrière elle en laissant échapper un sourire puis reporta son regard sur Arthur. Si son sourire avait disparu, il n'en était pas moins qu'ils n'avaient pas fini de parler et qu'ils avaient encore des choses à se dire. Elle s'approcha de lui, lui prit la main et déposa un baiser sur le dos de sa main, vieille habitude qu'elle avait au temps de Poudlard à laquelle elle se surprenait elle-même de reprendre si vite goût. Elle replongea son regard sur le sien, un sourire sur les lèvres à présent. La présence d'Arthur avait le don de calmer automatiquement, comme par magie. Sans un mot de plus, elle se glissa dans les bras d'Arthur et posa sa tête contre son torse avant de l'enlacer. Elle n'avait plus aucune envie de quitter cette chaleur agréable qui lui avait tant manqué.

Elle ne put s'empêcher de rire silencieusement quand il la souleva du sol, un bras dans son dos et un bras sous ses genoux. Elle passa ses bras autour de son cou, posant son front contre sa tempe et ne pouvant le quitter du regard. Une fois allongée sur le lit, elle passa un de ses bras sous sa tête, faisant mine de s'installer confortablement. Elle attendit qu'Arthur soit allongé pour se rasseoir et retirer ses baskets. Se rendant soudainement compte qu'elle avait oublié de ramener son sac de voyage dans la chambre, elle réfléchit un instant avant de voir sur le dossier de la chaise la chemise que venait de retirer Arthur. Elle lui lança un regard suppliant avec un petit sourire au coin des lèvres avant de se lever et de récupérer le vêtement.


Sans attendre sa permission qu'elle savait être positive, elle lui fit dos, retira sa robe et passa rapidement le vêtement d'Arthur, retroussant les manches. Après cela, elle retourna s'allonger à côté d'Art, se laissant tomber nonchalamment dans les couvertures moelleuses. Quand il passa une main dans ses cheveux, elle posa sa main sur la sienne, profitant ainsi un peu plus de sa caresse. Elle frissonna au contact de ses doigts le long de ses bras. Une impression de déjà-vu la traversa, se rappelant leur première nuit ensemble chez sa grand-mère. Elle rougit légèrement, baissant les yeux de peur qu'il puisse lire dans sa tête.

Plus il lui parlait, plus elle affichait un sourire et son visage rayonnait. Ce n'était pas des mots simples mais elle ne trouvait rien à y redire. C'était comme si il lui disait exactement ce qu'elle-même ressentait depuis ses 7 années durant lesquelles ils avaient été séparés. Sachant que par moment, les mots étaient bien inutiles, elle se contenta de lui lancer quelques regards tendres et de répondre aux baisers qu'il lui donnait de temps en temps. Elle prit place sur son torse comme il l'y invitait. Ce contact était particulièrement apaisant et elle sentait ses paupières se fermer toute seule, bercée par la respiration et le fredonnement d'Arthur.

Elle se réveilla légèrement quand il se remit à parler, écoutant sans bouger chacune de ses paroles. Emue, elle n'osait plus faire un geste ni même prononcer une parole, de peur de casser la magie de son discours. Elle releva la tête vers lui, l'embrassa sur la joue, puis sur le coin des lèvres avant d'effleurer sa bouche. Plongeant ses prunelles dans les siennes, elle s'allongea tout contre lui, front contre sa tempe, son nez non loin du creux de son cou. Après avoir soupiré d'aise une dernière fois, elle finit par s'endormir, apaisée malgré les événements qui les menaçaient tous hors de cette maison.

Elle venait de s'éveiller. Quelqu'un l'appelait, sur le pas de la porte. Mais pas par son prénom. Elle se retourna. Une adorable petite fille rousse, doudou en main, les yeux encore endormis, marchait vers eux. Elle ne devait pas avoir plus de trois ans. Rose l'attrapa sous les bras, la souleva et l'allongea entre Arthur et elle, ce qui eut pour effet de faire ouvrir les yeux à l'homme qui dormait à ses côtés. Elle recouvrit la petite fille rousse qui ne mit que quelques secondes avant de se rendormir dans le creux des bras d'Art. Elle les regarda tendrement avant de se retourner. On venait à nouveau de l’interpeller par le même nom qu'avait utilisé la petite fille. Elle se retourna. Cette fois-ci un petit garçon, plus âgé que celle arrivé précédemment, courrait dans sa direction avant de se jeter dans le lit. Il avait l'air bien réveillé et peu coopératif à leur laisser quelques instants de sommeil supplémentaire. Rose ébouriffa les cheveux blonds du jeune garçon en riant alors qu'il gigotait pour se faire une place à côté de la petite rousse entre Art et Rose.

Elle ouvrit les yeux et se surprit à être en train de rire. Arthur était toujours endormi à côté d'elle. La lumière du soleil perçait à travers les persiennes, créant des bandes ensoleillées qui courraient sur le visage de l'homme. Elle passa une main sur sa joue, caressant du bout des doigts sa barbe naissante. Ce rêve était bizarre mais étrangement, il ne lui semblait pas qu'il ne pourrait se réaliser un jour. A présent, ils étaient tous les deux adultes et plus rien ne pourrait se dresser entre eux-deux pour les séparer. Ils vivaient dans la même ville, leurs études étaient finies. Si elle croyait au destin, elle aurait certainement affirmé qu'il y était pour quelque chose dans leur histoire.

Elle vint coller son nez contre celui d'Arthur, regardant toujours ses paupières closes, attendant qu'il veuille bien ouvrir les yeux. Elle se concentra sur sa respiration calme, ne pouvant s'empêcher de sourire. Enfin, il ouvrit un peu les yeux et elle plongea les siens dans son regard encore endormi avant de déposer un baiser sur ses lèvres, une main glissant dans son cou.

***

-
Elle rit en le fixant toujours de son regard pétillant, se refusant de lui parler de son rêve pour l'instant. C'était quand même un peu tôt pour mettre le sujet sur le tapis. Elle préférait garder ce joli moment imaginaire égoistement pour elle. Le jour où cette envie viendrait de lui, alors elle lui en ferait part, mais pas avant. A cette pensée, elle sourit encore plus, avec un air qui devait être de toute évidence un peu niais. Perturbée par ses pensées personnelles, elle ne chercha pas à lutter quand il s'allongea sur elle. Quand elle se rendit compte de son manque d'attention et du fait qu'elle venait de rater une occasion en or de l'embêter un peu, elle soupira mais ne chercha pas à s'échapper plus que cela.


Elle le regarda, d'abord un peu étonnée par cette question mais amusée par la tournure des événements qui était loin de la déranger. Pour toute réponse, elle fit courir ses doigts de la nuque d'Arthur jusqu'au bas de son dos en suivant la ligne de sa colonne vertébrale. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure sans cesser de sourire, détaillant les lignes du cou d'Arthur, remontant vers ses lèvres pour finir par ses yeux. Mais elle s'arrêta immédiatement et tourna la tête vers la porte tout aussi vivement qu'Arthur. Quelqu'un venait de frapper. Par réflexe, elle retira ses mains de sur Arthur, les plaçant autour de son visage comme pour signifier à la personne qui allait éventuellement franchir la porte qu'elle ne faisait absolument rien de mal. Heureusement, personne ne franchit la porte, seule la voix du père d'Arthur se fit entendre.


Amusée par ses propos, elle passa ses mains autour du cou d'Arthur et répondit à son baiser tout en se retenant de rire. D'ailleurs, elle ne savait même pas d'où lui venait cette irrémédiable envie de rire à tout bout de champs. Mais bien vite, elle cessa de pouffer sous les baisers qu'échangeaient leurs lèvres, trop absorbée par ce qui se passait à ce moment précis que par ses pensées qui tentaient de comprendre les méandres de son cerveau.

Sans crier garde, Arthur l'attrapa par la taille et la jeta sur son épaule. Après avoir passé son état de surprise, elle se remit à rire (décidément) un peu plus bruyamment qu'auparavant, lui ordonnant d'une voix faussement autoritaire de la reposer sur le sol immédiatement, ou au moins sur le matelas. Mais elle n'eut pas l'occasion de se faire obéir que déjà il était debout et l'emmenait tel un colis dans la salle de bain. Elle luttait avec un peu plus d'insistance, tambourinant son dos de ses poings, sentant qu'il lui préparait un sale coup.

Et effectivement, elle ne se trompait pas sur les attentions d'Arthur. En un instant, elle se retrouva debout, toujours vêtue de son pyjama improvisé, dans la douche. Voyant sa main qui se dirigeait vers le robinet et le regard malicieux d'Arthur, elle s'interposa avant de pointer un doigt menaçant vers son visage. Elle n'avait pas sa baguette sur elle mais elle savait qu'elle pouvait avoir l'air tout aussi menaçante. Elle crut pendant un court instant qu'il avait renoncé à cette idée jusqu'à ce qu'il faufile sa main dans son dos et n'allume l'eau. Elle le regarda, d'abord stupéfaite puis lui asséna un regard noir avant de l'attraper par les épaules et de l'entraîner avec elle dans la douche.

C'était étrange à quel point, même si 7 années les avaient séparé, rien au fond n'avait changé entre eux. Elle n'éprouva pas une once de pudeur à se dévêtir devant lui, encore moins à se retrouver dans la même cabine de douche. Contrairement à ce qu'on aurait pu penser de prime abord, l'ambiance à l'intérieur de la douche était bien plus bonne enfance qu'autre chose, même si quelques épisodes d'échanges de caresses et de baisers venaient ponctuer leurs chamailleries. Pendant un moment d'inadvertance de la part d'Arthur, elle lui avait envoyé une bonne rasade de shampooing sur le corps et au contact de l'eau et d'autres chamaillerie, le savon avait fini par créer plus de mousse qu'il n'était imaginable. Alors qu'ils reprenaient de plus belle une joute d'embrassade, Arthur se détacha d'elle, attrapant le pommeau de douche et se mettant à chanter, provocant chez la jeune femme une crise de rire à n'en plus finir.

Elle lui jeta un regard noir tout en continuant à rire, devinant dans son petit jeu qu'il tentait de faire disparaître la mousse qui cachait partiellement son corps d'une façon détournée. Elle s'apprêtait à riposter quand elle se figea sur place. L'eau chaude qui caressait son corps se changea en une eau glacée. Alors qu'Arthur se batait avec les robinets, elle s'échappa de la cabine, quelques restes de savon sur le corps et s'emmitoufla dans une des serviettes moelleuses prévues à cet effet. Elle s'éclipsa ensuite dans la chambre et se rappela qu'elle n'avait toujours pas son sac avec son nécessaire de voyage. Elle attrapa sa baguette et après un Accio, elle put se saisir du sac de sport sans avoir à descendre en serviette de bain. Pendant ce temps, Arthur avait déjà fini de se sécher et achevait de se vêtir. Elle entreprit d'en faire de même le plus rapidement possible, ne souhaitant pas paraître malpoli aux yeux de ses hôtes. Elle enfila un large pull marin ainsi qu'un jean et descendit, pieds nus et cheveux trempés, au rez-de-chaussée.

Elle entra dans la cuisine, gratifiant Arthur d'un sourire et s'asseyant autour de la table de la cuisine sur laquelle était dressé un petit déjeuner qui avait l'air succulent. Après les politesses matinales, l'ambiance sembla se détendre. Elle remercia Arthur du café qu'il lui avait servi ainsi que pour l'assiette qu'il venait de lui préparer. Un sourire un peu trop marqué sur le visage, elle allait porter une première fourchette de pancakes à sa bouche quand elle s'arrêta net à la remarque de Noah, levant immédiatement des yeux assassins vers lui. Il ne faisait aucun doute qu'il était à l'origine de la vilaine farce dont ils avaient du essuyer les frais quelques temps auparavant. Mais elle choisit de ne pas y porter attention et se concentra sur son déjeuner et la question du père d'Arthur qui était assis à l'autre bout de la table.


Elle lui sourit encore une fois, hésita une seconde avant de prendre à nouveau la parole, tasse de café en main, puis finalement se décida à parler.


Dès qu'elle eut fini de parler, elle plongea ses lèvres dans le liquide encore bien chaud, les yeux rivés sur chacun des membres de la tablée à tour de rôle.

La situation fut rapide à comprendre mais la réaction de Rose fut bien plus longue. Quand elle vit Noah faire quelques pas dans l'eau afin d'avoir les mangemorts à portée de tir, Arthur l'avait déjà poussé en arrière, s'interposant entre elle et les sorts qui fusaient, les contrant par divers boucliers. Elle porta sa main à sa taille cherchant se baguette. Rien. Elle avait du la laisser à l'intérieur. Elle maudit intérieurement sa naiveté. Mais le temps pour blâmer sa stupidité manquait. Déjà, un des hommes en noir accourait vers eux, lançant des éclairs verts dans leur direction que les boucliers d'Arthur paraient. Il la tira par le bras, l'entraînant vers la maison située sur le bord de plage. Elle voulait contester, se battre auprès de lui. Mais sans baguette, elle n'était d'aucune utilité, bien au contraire, elle ne ferait que les gêner. Et morte, elle ne pourrait soigner les blessures qui résulteraient certainement de cette bataille.

Elle fit un signe de tête à Arthur, promesse silencieuse qu'elle ne quitterait pas la maison. Dès qu'elle fut à l'intérieur, son premier réflexe fut de courir à l'étage mettre la main sur sa baguette. Quand elle l'eut attrapé, elle redescendit tout aussi rapidement et se posta face à la porte d'entrée, baguette tendue vers l'avant, prête à en découdre si un assaillant venait à entrer. Elle remarqua que son bras tremblait légèrement. Elle n'avait jamais été confronté à ce genre de situation et ressassait intérieurement les meilleurs sorts de défense dont elle pouvait se souvenir, remontant à ses années à Poudlard. Stupéfix, expelliarmus et autres tournaient en boucle dans sa tête et quand la porte s'ouvrirait, elle n'hésiterait pas à en faire usage, même si ils n'auraient pour effet que de désarmer ou figer ses agresseurs. Elle n'osait jeter un coup d'oeil par la fenêtre de peur d'y voir un des McEvans allongé sur le sol ou de se faire prendre par surprise. Concentrée comme jamais, elle fixa la poignée qui tournait et manqua de lâcher sa baguette quand elle reconnut les personnes qui venaient d'entrer.

Mr McEvans en avant, Arthur à l'arrière, et entre eux deux, apparemment grièvement blessé, Noah. Alors qu'Arthur l'interpelait, elle s'élançait déjà dans la cage d'escalier. Finalement, elle n'avait pas été si stupide d'emporter avec elle l'intégralité de son stock de potion, bien qu'elle le savait, pour une blessure importante, elles seraient vraiment insuffisantes. Elle redescendit aussi vite que cela lui était possible, la trousse de toilette qui contenait les potions sous un bras, baguette abaissée dans l'autre. Noah avait été allongé sur le canapé et au vue des traces de sang sur le sol, la blessure était bien plus grave qu'elle ne l'avait imaginé. Elle jeta un rapide coup d'oeil aux deux autres McEvans présents dans la pièce pour s'assurer qu'ils n'étaient pas trop amochés. A priori, ce n'était pas le cas, bien que le père d'Arthur semblait particulièrement choqué. L'attitude de Rose changea du tout au tout. Elle, d'habitude si réservée, voyait ressortir sa nature professionnelle au fur et à mesure que les secondes avançaient. Son regard devint plus déterminé que jamais et ses gestes précis. Si elle ne connaissait pas encore la blessure de Noah, elle savait comment agir, de façon méthodique et efficace.

Elle s'agenouilla près du canapé pour être à hauteur de Noah et s'apprêtait à congédier les deux autres membres de la famille quand Arthur lui demanda ce qu'il pouvait faire. Elle leva rapidement les yeux sur lui, comprenant qu'il refuserait de la laisser travailler seule. Son regard se porta alors sur son père. Après quelques secondes, elle repéra dans la trousse le flacon qu'elle cherchait et le tendit à Arthur. Les mains posées de chaque côté de la tache de sang présente sur les côtes de Noah, elle parla à Arthur assez doucement pour ne pas trop se faire entendre de son père.


Ce qu'elle allait lui demander serait certainement très éprouvant mais elle n'avait pas d'autres choix. Elle ne pouvait sérieusement envisager d'opérer seule. Même si elle se servait de la magie, il lui fallait quelqu'un à côté au cas où. Quand il eut emmené Mr McEvans dans une autre pièce, elle put enfin commencée son travail de Médicomage. Noah était toujours conscient et ses cris ne faisaient que confirmer la gravité de la blessure. Elle prit son visage entre ses mains déjà ensanglantées et le força à la regarder dans les yeux.


Sur ces mots, elle pencha la tête du jeune homme légèrement en arrière et y versa quelques gouttes de potions somnifères. Quand ce fut fait, elle se repencha sur la blessure, soulevant son pull brûlé par l'impact du sort. Son torse était dans un sale état et les brûlures magiques étaient particulièrement ardues à soigner, ne s'arrêtant de brûler réellement qu'après de nombreuses manipulations magiques. Mais pour l'instant, la priorité était de stopper l'hémorragie qui émanait de la partie la plus atteinte. Bravant toutes les lois de la stérilisation, elle posa ses mains à plat sur les contours de la plaie béante afin de voir quels vaisseaux avaient été touchés. Une artère mais par chance, les poumons ne semblaient pas dégrader et l'artère n'était pas tranchée. Elle leva sa baguette et d'un sort complexe, après un moment de concentration, elle entreprit une suture qui ne serait pas des plus solides mais qui permetterait au moins d'arrêter les saignements le temps d'installer un bloc improvisé.

Alors qu'elle était toujours à son sort, Arthur revient dans la pièce. Quand elle fut assurée du sort, elle se tourna vers lui et d'une voix certainement un peu trop autoritaire et professionnel au vue de la situation et de leur lien, elle lui indiqua la marche à suivre.

Débarrasse cette table et enlève le maximum d'objets inutiles. Tout ce qui est bibelot, tableaux. Et vite.

Stériliser l'ensemble de la pièce serait bien trop long et la suture de fortune ne tiendrait pas assez longtemps sous la pression sanguine. De puis, il risquait l'infection de sa plaie. Malheureusement, même la magie n'allait pas aussi vite que les bactéries et autres microbes qui circulaient dans l'air. Elle repéra un élastique au fond de sa trousse de toilette et noua ses cheveux en un chignon rapide et serré avant d'entreprendre les sorts de stérilisation. Elle retira son pull, plus à l'aise dans son travail dans une tenue près du corps qui ne gênerait pas ses mouvements. En débardeur, cheveux attachés, elle se leva de sorte à surplomber le corps qui semblait comme inanimé de Noah. Elle lança un Mobilicorpus sur lui et le fit léviter lentement jusqu'à ce qui lui servirait de table d'opération. Rien ne servait de le déplacer à la force des bras et d'aggraver ses blessures.

Une fois qu'il fut installé, elle récupéra sa trousse et entreprit de disposer les flacons selon la nécessité qu'elle pourrait en avoir. Il lui manquait bon nombre de potions absolument nécessaires pour la poursuite des opérations mais elle en avait assez pour au moins stopper définitivement l'hémorragie. Après avoir écarté les chaises, elle se plaça debout face à la blessure béante de Noah puis fit signe à Arthur d'approcher. Il n'avait pas l'air au mieux de sa forme mais pour l'instant, elle n'avait pas le loisir de s'en occuper. Néanmoins, elle devait être sure qu'il était prêt à l'assister convenablement. Elle se tourna légèrement vers lui et plongea ses yeux dans les siens, le fixant de son regard sérieux et professionnel.

J'ai besoin de toute ta concentration. Tu vas t'occuper de vérifier les paramètres vitaux. Mets-toi là et place ta baguette contre son cou. Comme ça. Lance un Amplificatum.

Un battement sonore, un peu plus rapide que la normale mais rien d'inquiétant, s'échappa de la baguette d'Arthur. Elle hocha de la tête et se repencha sur la blessure, baguette à la main. Elle enchaîna plusieurs formules, destinées à stopper les effets magiques du sortilège qui avait été lancé. Au moins, la blessure ne se propagerait pas. Elle consolida la suture. Le pire était évité. Après avoir désinfectée et suturée la plaie à l'aide de divers enchantements, elle se retourna vers les fioles qu'elle avait aligné précédemment. Il lui manquait beaucoup de potions pour permettre d'assurer une bonne guérison à Noah et la perte de sang avait été considérable. Or, elle savait exactement où trouver ce dont elle avait besoin. Elle leva les yeux vers Arthur. Si elle lui faisait part de son idée, il insisterait pour la suivre et elle avait besoin que quelqu'un soit prêt de Noah au cas où une complication surviendrait. Elle pointa donc sa baguette vers lui, pas vraiment satisfaite de la tournure qu'elle était obligée de donner aux événements. Mais elle n'avait pas vraiment le choix.

J'ai besoin d'autres potions, je vais en chercher à l'hôpital. Si tu tentes de me suivre, je te fige. Il faut que quelqu'un veille sur Noah en mon absence.

Sans un mot de plus, elle transplana, laissant sur place Arthur et son frère. Même si elle savait que son comportement était dur, c'était la seule chose à faire. Mais elle n'avait pas le temps de s'interroger sur les conséquences de ses actes. Elle venait d'arriver dans son bureau à St-Mangouste. Etrangement le service des urgences était calme, bien trop calme pour que ce soit normal. En sortant de la pièce, elle constata que les locaux étaient vides. Prudemment mais rapidement, jetant des regards derrière son épaule, elle se dirigea vers les salles de soin où étaient stockés les potions qui lui seraient utiles. Mais avant qu'elle n'ait atteint le milieu du couloir, un éclair vint fuser à quelques centimètres de sa tête et s'écraser contre une des vitres à proximité, la faisant éclater en morceaux. Elle se retourna et aperçut la silhouette noire significative des mangemorts. Sans plus réfléchir, elle se mit à courir à en perdre haleine dans le couloir, ne perdant pas de vue son objectif de rejoindre la salle de soins. A l'aveuglette, sa baguette envoyait tous les sorts de défense qui lui passait par la tête dont un Expelliarmus qui selon le cri indigné du mangemort venait de l'atteindre. Profitant de ce moment de répit, elle s'engouffra dans la salle de soin qu'elle venait d'atteindre, verrouilla la salle avec un sortilège et ouvrit l'armoire qui contenait l'ensemble des potions dont elle avait besoin. Attrapant un sac destiné à ramasser le linge usagé de l'hôpital, elle y déposa toutes les fioles qu'elle pouvait attraper, ne réfléchissant plus vraiment à la quantité astronomique qu'elle embarquait avec elle. Quand elle transplana, la porte explosait en morceau.

Quand elle ouvrit les yeux, elle était à nouveau dans le salon, Arthur toujours près de Noah. Elle se retourna vers lui, en sueur et essoufflée. Le pou donné par la baguette d'Arthur était anormalement faible et la teinte pâle du visage du jeune homme ne laissait rien présager de positif. Elle se dépêcha de reprendre la place qu'elle avait avant de transplaner et posa le sac sur la table, attrapant deux fioles de potions de Force avant d'en vider le contenu dans la bouche de Noah. Immédiatement, il reprit de meilleures couleurs mais le rythme cardiaque restait faible. Elle versa dans sa bouche le contenu d'un flacon de Régénération sanguine et y ajouta un peu d'essence de Murlap, puissant anti-douleur. Si cela semblait impressionnant d'enchaîner ainsi les potions, elle savait exactement ce qu'elle faisait. Noah s'en sortait au final avec une blessure qui laisserait surement une belle cicatrice ainsi que quelques côtes cassés. Rien de grave mais le rétablissement serait long. Le pire avait été évité. Pour permettre une réparation des os rapide, elle lui administra une dose de Poussoss, ajoutant à celle-ci du Murlap, la potion de repousse des os étant terriblement douloureuses, bien qu'avec le somnifère qu'elle lui avait administré, il y avait de bonnes chances pour qu'il ne sente absolument rien. Elle leva une dernière fois la baguette au-dessus du torse de Noah, lançant un sort destiné à nettoyer la plaie du sang séché et acheva par un Ferula, qui eut pour effet de faire sortir du bout de sa baguette des bandelettes de tissus qui vinrent s'enrouler autour de son buste, sécurisant la plaie tout juste refermée.

Elle posa les deux mains sur la table, s'essuya le front mais n'osa pas regarder Arthur, encore trop aux prises avec les événements qui venaient de se passer. Maintenant que l'agitation s'arrêtait, son esprit s'embrumait légèrement et elle avait l'impression d'avoir le tournis. Tous ces sorts étaient très fatiguants et réalisés dans d'aussi mauvaises conditions, sans autre Médicomage, ils l'étaient deux fois plus. Sans un mot, elle agita sa baguette et fit léviter le corps de Noah encore endormi vers une des chambres de l'étage puis prit soin de bien le couvrir afin qu'il ne tombe pas en hypothermie. Elle redescendit ensuite et vit Arthur assis sur le canapé faisant face à celui souillé par le sang de son frère. Elle passa la tête par la porte de là où Art avait précédemment installé son père. Il dormait, assommé par les événements et la potion calmante qu'elle avait préconisé de prendre. Elle se dirigea vers Arthur, se tenant debout à côté de lui, fixant à son tour les tâches ensanglantées du canapé. Elle agita encore une fois sa baguette, lançant un Tergeo qui effacerait les derniers restes du calvaire des dernières heures.

Enfin, elle posa ses yeux sur lui. Il semblait encore sous le choc et demeurait silencieux. Il ne l'avait certainement pas remarqué avec toute cette agitation mais une plaie, certes minime mais blessure quand même, s'étendait sur sa tempe. Elle retourna près du sac rempli de potions, saisi le flacon bleuté de Lonéat et un essui et revint vers lui. Elle tamponna le chiffon imbibé sur la coupure ce qui eut pour effet de résorber la blessure et d'arrêter le faible saignement qui s'en échappait. Chose faite, elle put enfin s'asseoir à ses côtés, posant sa tête sur son épaule, encore sonnée de tout ce qui venait de se passer, tentant de se convaincre que tout cela avait bien eu lieu et que ce n'était pas juste un rêve.

Elle resserra l'étreinte qu'il venait de lui offrir. Ce qu'ils venaient de traverser ensemble n'était pas évident à avaler et si il pensait qu'elle avait accompli quelque chose d'extraordinaire, elle aurait aimé pouvoir lui expliquer qu'il n'en était rien. Aux Urgences de St-Mangouste, elle était bien souvent confrontée à des cas bien plus graves, victimes d'attaques de mangemorts ou de tortures. La seule difficulté qui s'était présentée à elle aujourd'hui était de retrouver sans assistance de personnel médical et sans environnement stérile. Elle approuva de la tête à sa dernière phrase et finit d'empaqueter ses affaires. Il fallait aussi qu'elle se change. Choisissant quelques vêtements au hasard parmi ceux emportés à la hâte en partant de chez elle, elle revêtit un vieux jean et un large pull de laine.

Elle prit ensuite de la chambre dans laquelle elle avait allongé Noah précédemment. Il avait meilleure mine même si ce n'était pas encore la super forme. Le père d'Arthur était assis non loin, au chevet de son fils cadet. Elle alla vers lui, posant une main sur son épaule afin de lui montrer qu'il avait tout son soutien dans cette dure épreuve. Quand il leva les yeux sur elle, elle se permit de lui donner quelques recommandations d'ordre médical pour lui, afin qu'il se remette du choc convenablement. Puis elle lui fit part des quelques potions que devraient encore prendre Noah le temps de son rétablissement. Enfin, elle finit par lui demander une faveur, celle de s'occuper de son chat pendant ce temps. Elle adorait la bête noire mais celle-ci semblait se plaire dans la maison des McEvans et là où ils allaient, un chat ne serait pas forcément le bienvenue. Après avoir enlacé Mr McEvans, elle se tourna vers Noah, un léger sourire sur les lèvres. Il lui devait une fière chandelle. Au moins, il ne se permettrait plus de remarques sarcastiques la concernant ou concernant Arthur. Elle se pencha sur lui afin de déposer un bisou sur son front puis lui chuchota quelques mots à l'oreille, discrètement.


Elle se releva puis les salua d'un geste de la main avant d'aller récupérer son sac dans la chambre et d'attraper la main d'Arthur, prête à transplaner. Ils changèrent de nombreuses fois de lieux, certainement pour éviter aux mangemorts de les traquer jusqu'à leur nouvelle cachette. Enfin, il lui sembla que le flot incessant des transplanages était fini. Heureusement car elle commençait à avoir sérieusement le mal de mer. Le transplanage était certes utile, mais mieux valait avoir un estomac bien accroché après une dizaine de changement d'endroits.

Heureusement, le fameux endroit dans lequel il venait d'attérir était particulièrement plaisant, faisant immédiatement oublié à Rose les désagréments du voyage. Le paysage était à couper le souffle. Perdue au beau milieu des champs, une chaumière semblait les inviter à entrer, ce que d'ailleurs elle espérait qu'il ferait bientôt. L'air qui soufflait était particulièrement froid et s'engouffrait dans les mailles de son pull de laine. Mais avant qu'elle ait pu faire part de cette idée lumineuse à Arthur, il la prit dans ses bras, la serrant bien trop étroitement pour que cela ressemble à quelque chose de naturel et spontané.

Réussissant à relever les yeux vers le chemin qui menait vers la chaumière, elle aperçut une femme qui arrivait vers eux. Une amie de sa mère. Et une moldue. Dans quel plan l'avait-il embarqué ? Elle leva les yeux vers lui, en quête de questionnement sur cet enlacement inhabituel. Et il ne tarda pas à lui répondre. Faire semblant d'être marié ? Elle se retourna immédiatement vers lui, ouvrant grand des yeux ronds de surprise. Mais elle se ravisa bien vite, offrant son plus beau sourire à la femme qui arrivait vers eux.


Elle leva un sourcil interrogateur vers Arthur, auquel il répondit par un sourire amusé. Elle se pinça la lèvre inférieure pour s'empêcher de rire.


A ce moment-là, l'expression de Rose changea du tout au tout. Elle se tourna vers Arthur et une fraction de seconde, elle lui lança un regard noir avant de retrouver son expression sereine et avenante pour répondre à Madeline.

Peut-être pourrions-nous rentrer d'abord et en parler ensuite ? Il fait un peu froid dans votre beau pays.

Elle lui sourit de toutes ses dents avant de la suivre, elle et son mari, sans quitter Arthur. Elle venait de passer un bras autour de sa taille et d'enfouir sa main gauche dans sa poche. Sur leur passage, les épis de blé tremblaient, certainement du au vent qui ne cessait de souffler plus qu'à leur marche silencieuse. Elle en arracha deux brins courts avant de les fourrer dans la poche arrière de son jean, répondant au regard interrogateur d'Arthur par un clin d'oeil complice. Puis elle glissa sa main dans sa poche avant, ayant au préalable passé rapidement ses doigts sur ceux d'Arthur. Madeline leur montra leur nouveau lieu de résidence et leur montra la chambre qu'ils partageraient.

Il s'agissait d'une pièce entièrement recouvert de lambris de bois clair, assorti au parquet sur le sol. Située à l'étage et sous les combles, la lumière pénétrant par la fenêtre creusée sur la pente créée par le toit diffusait une lumière douce et agréable. Contre le mur qui faisait face à la fenêtre se dressait un grand lit blanc, surmonté d'un ciel de lit de mousseline toute aussi blanche. La chambre était meublée simplement. Hormis le lit, on comptait une coiffeuse, des tables de chevet et une grande armoire, tous les meubles étaient d'un bois clair. L'ambiance était particulièrement plaisante dans cette pièce et Rose s'y sentait déjà parfaitement à l'aise bien qu'elle ne dit rien de spécial qui le laisserait penser.



A peine fut-elle sortie de la pièce après avoir fermé la porte derrière elle que Rose laissa échapper un sourire de soulagement. Elle lança un regard vers Arthur, un léger sourire aux lèvres, lui laissant présager qu'elle préparait sa vengeance avec attention. Puis elle s'approcha de lui, tira de sa poche un brin de blé et l'enroula autour de son doigt. Elle tira sa baguette de son pantalon et leva les yeux vers lui.


Puis elle agita sa baguette d'où s'échappèrent quelques étincelles roses. Le brin de blé se changea en un petit anneau doré, parfaitement adapté au doigt d'Arthur. Bien sûr ça n'était pas de l'or, mais bien une pâle imitation en plastique. Mais cela suffirait à endormir les moindres soupçons que l'on pourrait poser sur eux. Elle fit de même à son propre doigt. En école de Magie, elle avait appris ce sort qui s'avérait utile quand il fallait faire des plâtres et changer des bandelettes de tissus en enveloppe rigide. Elle lui sourit avant de se repencher vers son sac et de le déposer dans l'armoire. Elle ne prit pas la peine de déballer plus que cela ses affaires, on ne savait pas vraiment ce qui les attendait. Après ce brin de rangement effectué, elle tendit sa main à Arthur pour qu'ils descendent ensemble au rez-de-chaussée.

Main dans la main, ils arrivèrent dans le salon. Albert était assis dans un fauteuil, face au feu, alors que Madeline s'affairait dans la cuisine. Quand elle les vit descendre, elle se rua sur eux, les invitant à prendre place sur le canapé. Suite à ça, elle vint s'asseoir face à eux et fixa avec intensité Rose, large sourire sur les lèvres, pour connaître les détails du mariage. Se prenant au jeu, Rose lui sourit avant de poser une main sur la cuisse d'Arthur pour prendre sa main. Elle lui lança un regard amoureux.


Madeline s'était contentée d'approuver d'un geste de la tête toutes ses paroles et voilà qu'elle lui posait une colle. Rose se tourna vers Arthur, cherchant dans son regard une réponse à donner. Et puis soudain, une lueur de malice s'éveilla dans son regard. Elle venait de trouver quelque chose à répondre.


Un peu paniquée, Rose leva les yeux vers Arthur. Elle n'était pas spécialement une bonne danseuse à Poudlard et ne s'était pas améliorée depuis. De son côté, elle ignorait son niveau. Elle qui pensait que Madeline allait se contenter d'approuver et de les laisser tranquille ! De son côté, Albert regardait sa femme s'agiter avec un air amusé. Ils semblaient amoureux malgré leur âge avancé. Rose ne put s'empêcher de sourire à cette idée mais déjà les premières notes de la musique s'élevaient dans la pièce alors que Madeline les invitait d'un geste de la main à se lever pour danser.

D'abord un peu surprise par les remontrances qu'il lui chuchotait à l'oreille, elle se raidit. Mais le premier regard qu'il lui adressa eut pour effet de lui faire oublier toute idée qui avait pu lui passer la tête. Il rigolait bien sûr. Des fois elle s'en voulait à elle-même de prendre les choses toujours au premier degré. Ses réflexes de Médicomage habituée aux informations claires et explicites avaient fini par lui faire perdre tout second degré qui pourtant était la plus grande force de son sens de l'humour il n'y a pas si longtemps que ça. Elle lui sourit, suivant ses pas et ne le quittant plus ses yeux une seconde. De l'extérieur, on aurait pu penser que cette chanson avait une signification toute particulière pour eux alors qu'à vrai dire, ils n'avaient jamais dansé sur celle-ci bien qu'Edith Piaf rythmait souvent les souvenirs de la jeune femme quand ils étaient encore à Poudlard. Ils étaient presque comme seuls malgré les regards insistants de Madeline et de son mari. Au fond d'elle, une sensation étrange remontait bien loin d'être désagréable, lui rappelant étrangement un certain de gare où déjà elle avait eu l'impression que le monde autour d'eux disparaissait d'un coup.

Alors que la voix de Louis Armstrong, dans cette fabuleuse reprise que leur avait passé Madeline, achevait les dernières notes de la chanson, Arthur porta la main de Rose contre ses lèvres, les yeux toujours plongés dans le regard l'un l'autre. Alors que Madeline soupirait de déception, la voix d'Albert retentit dans le dos de Rose.

Mais qu'est ce que c'est que ce baiser? Non mais! Il ne faut jamais s'empêcher d'embrasser notre tendre moitié comme il se doit. On ne sait jamais lorsque ce sera la dernière fois que nous le ferons. N'est ce pas Madeline?

Il avait raison bien sûr, et Arthur et Rose le savaient pertinemment même si le couple chez qui ils résidaient ignorait tout de la guerre qui battait son plein à quelques pas d'eux. Malgré tout, elle était un peu gênée de la promiscuité d'Albert, du fait que lui et sa femme les fixent avec insistance, semblant de toute évidence attendre un baiser romantique à souhait. Elle n'avait jamais été très à l'aise avec les marques d'attention dès que cela sortait de la sphère intime. S'exposer aux yeux de tous l'avait toujours fait rougir sans qu'elle puisse se l'expliquer à elle-même. Elle baissa le regard, fixant un poing au loin, espérant de tout cœur qu'Arthur trouverait une solution pour échapper à ce moment gênant. A sa grande surprise, au lieu de changer de sujet ou de refuser de s'exposer de la sorte, il passa la main sur sa joue. Elle ne put s'empêcher de lever à nouveau les yeux vers lui. Alors qu'il s'approcha lentement d'elle, son cœur se mit à battre plus fort et plus il venait vers elle, plus son rythme cardiaque augmentait. Même si la situation la gênait horriblement, à l'instant présent elle avait oublié le regard insistant du couple sur eux et ne se concentrait que sur le souffle chaud d'Arthur qui caressait ses lèvres. Alors qu'elle fermait les yeux, il fit un mouvement rapide de la main qui la déconcentra, plaçant sa casquette comme un écran entre eux d'eux et Madeline et Albert.

Surprise, elle ouvrit les yeux et ne put s'empêcher de sourire à pleines dents devant l'ingéniosité d'Arthur. Elle posa son front contre le sien, étouffant un fou rire en se pinçant la lèvre inférieure. Elle put entendre le léger soupir attendri de Madeline. A vrai dire de l'extérieur on aurait pu penser qu'ils échangeaient un long baiser bien qu'en réalité, ils se retenaient simplement de rire. Non pas qu'elle n'avait pas envie de l'embrasser mais la situation dans laquelle ils s'étaient embarqués tournait au comique. Après quelques instants sans bouger, Arthur finit par retirer la casquette bien qu'ils ne cessèrent de se regarder pour autant, sourire aux lèvres.

….

Après quelques heures passés autour d'un repas, le jeune couple avait enfin réussi à s'éclipser de la compagnie de Madeline et d'Albert. Ces gens étaient adorables mais un peu collant à vrai dire. Voire un peu trop curieux. Heureusement ils avaient brillamment réussi à se défaire de ces questions embarrassantes sans avoir à mentir ouvertement, si ce n'est sur leur lieu de vie. S'étant retrouvé depuis si peu de temps, il avait été à la fois étrange et amusant de s'amuser à inventer un lieu où ils pourraient vivre ensemble. D'un regard complice, la maison au bord de la mer s'était imposé comme choix indiscutable. Elle sourit à cette pensée alors qu'elle gravissait les marches qui menaient à l'étage. Et le plus étrange dans tout cela, c'est que ce futur commun ne lui semblait même pas particulièrement effrayant. Terriblement naturel serait plus approprié. Elle sourit de plus belle, ne pouvant retenir un petit pouffement à sa propre constatation, comme si elle s'approuvait elle-même. Elle jeta un coup d'oeil derrière son épaule, regardant quelques secondes Arthur qui montait les marches derrière elle.

La chambre n'était pas très grande mais suffisamment pour y circuler agréablement bien que la pente créée par le toit rendait difficile le passage, surtout pour Arthur qui devait bien faire une tête de plus qu'elle. Après avoir fait un rapide tour dans la salle de bain, elle revint dans la pièce vêtue de son magnifique pyjama qui ne changeait pas beaucoup de ceux qu'elle portait à l'époque de Poudlard, à savoir des tee-shirt trois fois trop grand pour elle et qui lui descendait jusqu'à mi-cuisse. Constatant le regard d'Arthur sur son tee-shirt, elle lui fit une grimace, lui indiquant qu'elle lisait très bien dans son regard. Lui souriant de plus belle, elle se laissa tomber sur le matelas à côté d'Arthur. Elle s'allongea sur le côté, un bras plié sous la tête, le regardant sans cesser de sourire. C'était étrange, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Peut-être le fait d'enfin se retrouver seul ou simplement d'être près de lui … Elle ne saurait l'expliquer. Elle s'approcha de lui, déposa un baiser à la commissure des lèvres avant de se rallonger.

Après quelques instants de contemplation, elle se releva brusquement pour s'allonger dans l'autre sens du lit. Pour faire simple, elle avait la tête à l'endroit où devrait se trouver les pieds. Assez bizarre dit comme ça et pourtant tout à fait voulu. C'est une idée à laquelle elle avait pensé dès qu'elle avait aperçu le vasistas. Allongée ainsi sur le dos, elle passa ses bras sous sa tête. Par la fenêtre, on avait une vue magnifique sur le ciel étoilé.