Mise au point et diadème perdu [Severus]

« Severus, je t’en prie, j’ai besoin de toi ».
Non, sûrement pas ! Beaucoup trop direct et puis, il devait faire en sorte que Severus vienne certes, mais il ne devait pas perdre sa virilité pour autant. Déjà qu’il n’en avait pas beaucoup…

« Severus, tu seras certainement heureux de savoir qu’il m’est impossible de me procurer ma potion Tue-Loup dorénavant. J’ai besoin de toi. Je ne peux pas me permettre de m’absenter longtemps pour le moment. S’il te plait.
Rendez-vous à Godric’s Hollow. »
Oui, c’était déjà beaucoup mieux. Remus devait ramper devant un homme qu’il détestait et tout ça pour savoir si ses impressions étaient correctes, et si Severus pouvait réellement les aider.
Harry était enfin revenu cette semaine, après de longues recherches. Lui, Hermione et Ron étaient tombés sur une information qui semblait très sérieuse, bien que Lupin n’en avait jamais réellement entendu parler. Ils avaient eu des informations sur ce qu’ils appelaient le diadème de Serdaigle. Il y avait une vieille légende sur cet objet, mais cela restait de l’ordre de la légende dans l’esprit du loup-garou. Il avait déjà lu quelque chose là-dessus dans le Chicaneur, mais on ne pouvait pas dire qu’il s’agissait du journal qui avait les informations les plus pertinentes. Cependant, le raisonnement du trio était relativement logique, et Remus leur avait promis d’essayer de faire en sorte de trouver quelque chose là-dessus. Il savait que Harry avait dû prendre sur lui pour venir lui demander de l’aide, car il voulait vraiment mener cette mission seul, comme il l’avait promis à Dumbledore. Cependant, il se retrouvait dans l’impasse et il aurait pris beaucoup plus de risques lui-même s’il avait tenté de prendre contact avec Poudlard.
Remus, bien qu’il prenait des risques lui aussi, en prendrait moins. Et puis, sa vie avait bien moins d’importance que celle de Harry. Le jeune garçon devait rester en vie pour mener à bien la tâche que Dumbledore lui avait confiée, la tâche qu’il devait accomplir pour tenter d’affaiblir Voldemort. Remus ignorait pour le moment si cela marchait, mais ce qu’il savait, c’était qu’il pouvait maintenant lui donner un coup de main.
Mais pour ça, il allait falloir qu’il prenne sur lui. En effet, le seul moyen pour eux d’avoir des informations sur le diadème de Serdaigle, c’était de les demander à la personne qui pouvait en avoir le plus : Severus Rogue.
Cela n’enchantait évidemment pas Lupin de se retrouver à nouveau confronté à lui, surtout depuis la dernière fois. On ne pouvait pas dire que leur conversation s’était bien achevée. Entre les Détraqueurs qui les avaient interrompus et Rogue qui avait pris la fuite après un événement pour le moins surprenant, Remus n’avait eu aucune réponse à ses interrogations.
Espérait-il en avoir un jour ? Pour ça, il faudrait que Severus lui adresse la parole pour lui dire autre chose que des infamies sur sa condition.

Remus n’avait parlé à personne de sa rencontre matinale avec Severus dans la forêt interdite, pas même à Nymphadora. D’abord parce qu’il savait très bien qu’elle n’aurait pas approuvé l’envie subite de Remus de se rendre dans cette forêt précise, en sachant très bien qu’elle serait surveillée de bout en bout. Et ensuite parce qu’il avait été troublé par cette conversation. Il avait préféré garder ça pour lui, dans l’espoir qu’un jour il serait éclairé par Rogue. Mais pourquoi Rogue voudrait-il se… confier à Remus ?
Ce matin, Lupin s’était réveillé avec la ferme intention de contacter Rogue, d’une manière ou d’une autre. Après douze tentatives, toutes aussi ridicules les unes que les autres, il se décida finalement à envoyer la lettre mais encore devait-il trouver un moyen fiable.
Il se rendit dans un endroit qu’il avait longtemps fréquenté avec l’Ordre. Il s’agissait du 12, Square Grimmaurd, l’ancienne résidence des Black. Longtemps, ils s’étaient cachés là-bas mais ils avaient quitté l’endroit quand il avait été découvert par les Mangemorts.
Ils erraient maintenant d’endroit reculé en endroit reculé. Mais il savait que le Square Grimmaurd ne devait plus être surveillé. Ils avaient changé d’endroit depuis plusieurs mois maintenant et n’y étaient jamais retournés.
Lupin s’était levé tôt ce matin-là, embrassant doucement le front de Dora pour éviter de la réveiller. Il avait enfilé sa cape, pris la lettre qu’il avait rédigée et s’était rendu dans leur ancien quartier général.
Là-bas, il y avait un portrait, le seul qui pouvait communiquer avec le bureau du directeur de Poudlard. Celui de Phineas Nigellus, l’arrière arrière grand-père de Sirius Black. Il avait souvent vu Sirius communiquer avec Dumbledore grâce à ce tableau.
Et aujourd’hui, c’était à son tour. Il savait que Phineas portait peu de monde dans son cœur. Décidément, il aurait été très ami avec la personne qui occupait le bureau du directeur actuellement.
Remus pénétra dans la grande battisse en ruines et se dirigea machinalement vers le tableau.

Phineas !

Après quelques secondes et la répétition du prénom trois fois, l’ancien directeur fini par arriver. Il demanda à Remus ce qu’il faisait là.

J’ai besoin que vous ameniez ceci au Directeur de Poudlard.

Autant que possible, il préférait éviter de prononcer le nom de la vermine. Après de nombreuses hésitations et insultes en tous genres, Phineas fini par prendre le morceau de parchemin et se rendre à Poudlard. Remus espérait vraiment que Severus aurait le papier et qu’il viendrait. L’excuse de la potion Tue-Loup avait été la seule qu’il avait trouvée sur le moment. Severus adorait que Remus reconnaisse qu’il avait besoin de lui. Donc il serait aux anges…
Remus se tourna et repartit, en transplanant, vers l’endroit où ils étaient cachés pour le moment. Il avait donné rendez-vous à Severus dans la soirée. Il aurait ainsi le temps de trouver une excuse pour Nymphadora. Il passa la journée sur les routes avec Maugrey et Dora. Quand le soleil se coucha, il sortit une excuse ridicule à Dora et se rendit à Godric’s Hollow, endroit de leur rendez-vous. Lorsqu’il arriva, il n’y avait pas encore le moindre signe de Severus. Il plongea les mains dans ses poches et marcha dans l’obscurité, arrivant lentement vers la maison des Potter, la maison où James et Lily avaient été tués. Instantanément, il se remémora cette matinée dans la forêt et le patronus de Severus qui lui était apparu. Une biche. Il était persuadé que cela avait un sens, mais il ignorait toujours lequel. Pourquoi Rogue aurait-il le même patronus que Lily Evans ?
Mais alors que Remus se posait encore tout un tas de questions, elles furent vite interrompues par des bruits de pas. Ceux de Severus. Lupin ne se retourna pas, ne souhaitant pas faire face à son vieil ennemi. Ils se feraient face bien assez tôt.

Sentir la présence de Severus dans son dos avait quelque chose d’inquiétant. Il savait que le sorcier pouvait arriver en le menaçant de sa baguette tout de suite. Il pouvait le tuer là, à l’instant s’il le souhaitait. Mais bizarrement, quand Remus jeta un œil dans sa direction, sans pour autant se retourner, il avait l’impression de voir un Severus… calme. Bizarre. Il fallait dire que Remus n’avait pas souvent eu l’occasion de le voir dans cet état.
La sérénité du directeur sans doute…Finalement, au bout de quelques secondes de silence, Remus se retourna et fit face à Severus. Le Mangemort avait déjà déposé une petite fiole emplie d’un liquide que Remus ne connaissait que trop bien sur un muret. C’était tellement facile. Mais Lupin se doutait que Severus connaissait l’objet de sa visite ici. Ou en tous cas, que cet objet n’avait rien à voir avec la Potion Tue-Loup.
Avec une satisfaction très mal interprétée, Remus eut un léger sourire en voyant la fiole. Bon, au moins Severus n’était pas l’ordure qu’il se plaisait à jouer. Bien que, l’idée qu’il avait derrière la tête pointait déjà le bout du nez.

Remus resta à égale distance (il n’avait tout de même pas envie de forcer le destin). Et bien conscient que Severus ne lui adresserait certainement pas la parole, il allait bien être obligé de parler le premier. Jetant un œil vers la maison dans laquelle il avait passé tant de temps des années auparavant, Remus fini par dire :

Merci pour ta… générosité.

Il lança une œillade vers la fiole qui trônait fièrement sur le muret. Il n’en revenait pas : il était obligé de remercier Severus Rogue, son ennemi de toujours, pour aider Harry. Il espérait vraiment que ça en vaudrait la peine et que Rogue aura les informations dont ils auraient besoin. Après cette conversation, Lupin pourra bien prendre une douche d’une journée pour évacuer les relents de son frottage de manche… Horreur… Comment en était-il arrivé là ?

Même si nous savons tous les deux qu’il ne s’agit en aucun cas de générosité de ta part.

Lupin gardait les mains dans les poches. Il faisait froid ce soir. Mais il n’était pas totalement idiot. Dans sa poche droite, il avait la main serrée fermement sur sa baguette magique. On ne sait jamais, Severus pouvait se montrer très surprenant par moments…
Lupin finit par aller s’appuyer contre un mur, celui de la maison située à côté de celle des Potter. De toute façon, la plupart des sorciers avaient désertés Godric’s Hollow des années auparavant déjà, depuis la dernière attaque de Voldemort sur le paisible quartier.
Rogue serait forcé de regarder dans le direction de la maison. Et si les soupçons, très faibles certes, de Remus étaient justes, il y avait bien quelque chose que Rogue leur avait caché toutes ces années au sujet de Lily et James, ou juste de Lily. Ou juste de James. Mais pour ça, il avait bien plus de doutes.
Lupin ne savait pas trop comment introduire son sujet. Mais il fallait qu’il soit clair ou Rogue allait prendre la fuite. Et il avait définitivement besoin du directeur de Poudlard pour que Harry mène sa mission à bien. Mais il n’avait pas le droit de trop en révéler non plus. Severus pouvait se servir des informations de l’Ordre et tout aller révéler à Voldemort. Et dans ce cas-là, Harry serait en grand danger.
Si Voldemort apprenait que Harry était à la recherche des Horcruxes et qu’il allait l’affaiblir de plus en plus, Voldemort le traquerait, jusqu’à la mort.

Tu dois te douter que tu n’es pas ici pour m’apporter une potion. N’est-ce pas ?

Remus observa la réaction de son ancien camarade d’école. Quand il pensait à tout ce qui s’était produit dans sa vie depuis qu’il connaissait Rogue, il se disait que finalement, il n’était peut-être pas si mauvais que ça. Bien sûr il avait commis de graves erreurs. Mais qui n’en commet pas ? Lui et Lupin se ressemblaient sur bien des points, mais il n’irait évidemment jamais dire ce genre de choses devant Rogue.
Il serait mort avant même d’arriver à la fin de sa phrase… Cependant, à certains instants, juste le temps d’un quart de seconde, il se disait que Rogue était plus humain qu’il n’y paraissait. Ou du moins, c’est l’impression qu’il avait mais n’importe qui d’autre viendrait le contredire à ce sujet.
Rogue avait fait du mal, il n’avait pas encore dû en payer les conséquences, chose que Lupin ne comprenait pas.
Mais peut-être aurait-il enfin des réponses à ses interrogations aujourd’hui… Il devrait jouer sur la subtilité, mais malheureusement pour lui, Severus était maître des potions. Et la subtilité était d’un art qu’il ne maîtrisait que trop bien.

Il semblerait que je… ou plutôt que nous ayons besoin de toi.

Sortir ces mots lui arrachait la gorge. Avouer à Rogue que l’Ordre avait besoin de son aide alors que de toute évidence, il avait choisi son camp des années plus tôt, ça lui donnait l’impression de s’exposer complètement à la face du monde.
Et en sortant ces mots, il s’était rendu compte d’une chose : Rogue n’accepterait jamais. Il n’avait aucune raison de vouloir aider l’Ordre après ce qu’il avait fait.
Il appartenait clairement au côté du Mal, au camp de Voldemort. Mais il était venu quand même, même s’il devait se douter que les intentions de Remus n’étaient pas de lui demander une potion, puisqu’il avait Natalia.
Donc pourquoi était-il venu, si ce n’était que pour écouter ce que Remus avait à lui dire.
Pourtant, après leur dernière rencontre, on aurait pu imaginer que le Directeur de Poudlard n’aurait aucune envie d’avoir une discussion nocturne avec quelqu’un qui avait menacé de le tuer à plusieurs reprises. Il s’agissait d’un traquenard, mais bizarrement l’envie première de Remus n’avait pas été de tuer Rogue. Alors que devaient-ils faire ? Allaient-il se regarder en chien de faïence et finalement fuir, ou bien Severus allait-il accepter d’entendre ce que Remus avait à lui dire… ?

Il perdait déjà patience. Etait-ce si insupportable que ça pour lui de se retrouver nez à nez avec un ancien camarade de classe ? Enfin, nez à nez… C’était surtout le sien qui prenait de la place… Non, ne surtout pas penser aux blagues de James et Sirius ou il allait se mettre à rire. Et la situation ne se prêtait pas vraiment à cela. Et puis, Severus était reconnu pour ses dons de Legilimens, alors il valait mieux éviter de penser à toute chose drôle sur la personne du Maître des Potions.
Les menaces, toujours les menaces, à croire qu’il était incapable d’avoir une discussion avec lui sans y glisser une petite dizaine de menaces ou insultes en tous genres. Ile leva les yeux au ciel et eut un petit sourire amusé. Décidément, il était vraiment incapable d’avoir une conversation civilisée.

Tu me préviens que quoi Severus ? Tu vas me tuer ?

Ou en tous cas il allait essayer. Mais non, il semblait avoir une idée bien plus précise de ce qu’il comptait faire. Une idée dont Remus ne savait rien. Et même quand Remus pensait avoir la main tout ce qu’il était en train de se passer, il ne l’avait pas vraiment. Severus était venu alors que rien ne l’y forçait, il avait raison. Il aurait pu prévenir ses acolytes, prévenir le Seigneur des Ténèbres, l’assassiner, ou bien pire encore, le torturer. Mais il n’avait pas l’intention de le faire, parce que même si lui et Severus n’étaient pas amis, Remus pouvait voir dans le regard du Mangemort qu’il n’avait pas l’intention de le livrer, pas avant qu’il ne lui ait révélé la raison de leur rencontre. Bien sûr, rien n’empêchait que Severus ne soit venu avec des amis mais Remus avait envie de lui faire confiance, juste pour une fois.
Remus observa le comportement de Severus, qui restait droit comme un piquet. Il semblait refuser de s’approcher de lui, ce qui n’avait rien de bien étonnant. Mais plus intéressant, il semblait refuser de regarder la maison des Potter. Remus avait toujours été au courant des relations tendues entre James et Severus. Et il comprenait très bien pourquoi. Mais pourquoi refusait-il de regarder la maison des Potter après toutes ces années ?
Remus décida de garder cette information dans un coin de sa tête, car il avait pour le moment des choses bien plus intéressantes à régler avec son ancien camarade.
Remus sourit à nouveau à la remarque de Severus. Bien sûr qu’il aurait pu le dire au Seigneur des Ténèbres, bien sûr qu’il aurait pu le dire à n’importe qui. Mais alors pourquoi était-il là en face de lui ?

Tu as raison Severus, tu aurais pu le prévenir. Mais tu ne l’as pas fait.

Ce qui faisait penser à Remus que Severus devait être légèrement curieux de ce que Remus lui voulait. Mais Lupin ne parlait toujours pas. Et il savait que cela énervait profondément Rogue. Mais il voulait le tester, voir s’il avait vraiment envie de savoir ce que Remus avait à lui dire ou bien s’il était là uniquement pour lui tendre un piège. Mais maintenant, à cet instant, Remus avait la ferme certitude que Severus était venu seul, au vu de ce qu’il venait de lui avouer.

Fais attention, tu baisses ta garde Severus.

Et quel bien cela faisait à Severus d’oser lui dire qu’il venait de baisser sa garde en n’amenant pas les Détraqueurs avec lui, ni aucune autre créature qui aurait pu surprendre Remus dans le dos ou ailleurs.
Severus perdait patience, il était donc temps de lui avouer la raison de leur visite nocturne dans le village de Godric’s Hollow.

Nous avons trouvé un moyen d’anéantir…

Il ne devait pas mentionner le nom de Voldemort. S’il disait à Severus qu’ils avaient enfin trouvé le moyen d’anéantir le Seigneur des Ténèbres, il s’empresserait d’aller le répéter à tous ses petits camarades. Ou pire, il le tuerait sur place pour avoir osé blasphémer sur le nom de son maître. Donc Remus tenta de trouver un subterfuge. Il n’avait aucune preuve de l’allégeance réelle de Severus, et ce même si Dumbledore lui avait fait une confiance totale pendant des années. Remus, pour le moment, avait des preuves d’un côté comme de l’autre et il ne savait pas lesquelles il devait croire.
Il finit par trouver ce qu’il devait dire, ou ce qu’il convenait de dire.

D’anéantir certains obstacles à l’Ordre. Même si je sais que tu ne nous portes pas dans ton cœur, Harry en particulier. Quoique…

Mais devant l’impatience de Severus, Remus finit par accélérer le mouvement pour en venir au fait :

On a besoin de toi.

Hors de question qu’il lui dise que lui-même avait besoin de lui. Il préférait lui dire que l’Ordre dans son intégralité avait besoin de lui. De cette manière, il ne s’impliquait pas personnellement dans cette affaire. Harry menait la recherche, Harry serait donc impliqué là-dedans. Bien sûr, cela n’enchantait pas Lupin de mêler Harry à tout cela mais il pensait sincèrement que le fait d’entendre le nom de Harry rendrait les choses plus réelles pour Severus. Lupin pensait qu’il n’avait pas complètement perdu sa volonté de sauver le monde magique, et non pas de le détruire.

On doit retrouver un objet caché à Poudlard.

Voilà, maintenant les conditions étaient posées. Il lui restait à savoir quelles seraient les conditions de Rogue. Il devait d’abord voir si le sorcier accepterait de les aider, et ensuite ce qu’il voudrait en contrepartie. Si Severus faisait cela, cela ne serait certainement pas gratuitement.

Severus Rogue, le grand sorcier, s’imaginait-il vraiment que Lupin voulait pénétrer l’enceinte de Poudlard accompagné de son ancien camarade d’école ? Lupin leva les yeux au ciel. Et il se demandait lequel des deux était le plus fou hein ? Lupin ne voulait absolument pas rentrer dans l’enceinte de Poudlard lui-même, c’était du suicide. Et même si à une époque le loup-garou aurait eu la fâcheuse tendance de vouloir se tuer, il était loin de vouloir se suicider aujourd’hui. Cependant, dans un premier temps, il préférait laisser Severus croire exactement ce qu’il voulait croire. Mais il ne comprenait pas pourquoi le maître des potions était assez stupide pour croire cela. Lupin sourit en entendant le Mangemort le traiter de fou. Venant de celui qui avait assassiné le sorcier le plus doué de tous les temps, il trouvait cela plutôt drôle. Severus était d’une arrogance qui frisait le ridicule : le traiter de fou, lui, alors que lui-même était venu à un rendez-vous nocturne afin de rencontrer une personne qui le tuerait si les circonstances ne l’en empêchaient pas.
Il n’eut qu’une réponse, la seule qui lui paraissait logique dans la situation. Et pour la première fois, Remus avait presque cru apercevoir un sourire sur le visage de son vieil ennemi. Un sourire… Donc c’était sûr maintenant, Rogue était humain.

Tu as probablement raison…

Oui, il était fou, complètement fou de se dire que cette conversation pouvait les mener quelque part. Cependant, Severus avait l’air de relativement bien comprendre la situation. Il ne s’énervait pas outre mesure, ne le menaçait pas (encore) de sa baguette et résumait les choses avec une facilité déconcertante. Avait-il vraiment tout compris du premier coup ? Remus espérait que non, sinon la situation perdait de son côté amusant.
Mais alors que Severus énonçait une série de faits que Lupin ne connaissait que trop bien, le loup-garou ne répondit rien, préférant laisser Severus dans son énumération du type « je suis le plus intelligent, le Seigneur des Ténèbres croit en moi, il a mis à ma disposition une petite armée personnelle ». Tout cela, Remus ne le savait que trop bien. Mais cela ne serait pas l’objet du propos aujourd’hui, parce qu’il ne s’agissait pas de Lupin entrant à Poudlard.
Non, Severus allait les aider sans que Lupin n’ait besoin de pénétrer dans l’enceinte de l’école. Il ne souhaitait pas prendre de risques inutiles, c’était hors de question. Il était le chef de l’ordre, mais de toute évidence, Severus n’en avait cure. Il semblait être définitivement passé de l’autre côté.
Il s’était dangereusement approché de lui, et donc de la maison de celui qu’il avait tant haït. Il lui faisait face maintenant, et Lupin avait l’impression qu’il prenait un peu trop le dessus par rapport à lui. Mais quoi qu’il essaie, Lupin ne tarderait pas à sortir sa baguette magique de sa poche. Il avait toujours la main fermement serrée sur cet objet. En un instant, il pouvait en être fini de Severus Rogue. Le seul problème ayant été que le Seigneur des ténèbres serait apparu en un éclair, mettant fin à la vie du chef de l’Ordre.
Et il n’osait même pas imaginer à quel point Tonks en voudrait au monde entier pour cette rencontre nocturne qui aurait mal tourné.
Il avait parfaitement raison, Poudlard était bien trop gardé par la petite armée personnelle de Voldemort que pour qu’il tente quoi que ce soit. Et c’était précisément pour cela qu’il ne tenterait rien.

Crois-moi, j’ai une vague idée des moyens mis en œuvre pour garder Poudlard.

Oui, il savait parfaitement tout cela. Et c’est ainsi qu’il se doutait que Rogue n’aurait plus d’hésitations pendant très longtemps sur le véritable plan du loup-garou.
Mais pour le moment, il ne se doutait de rien. Il semblait avoir la ferme certitude que Lupin voudrait venir avec certains de ses acolytes de l’ordre pour pénétrer l’enceinte de Poudlard et tenter de retrouver cet objet qui les intéressait tant. Bien sûr que le diadème de Serdaigle était quelque chose d’important, bien sûr que cela leur permettrait de détruire encore un peu une des parties de l’âme de Voldemort.
Plus il y pensait et moins Lupin voyait pourquoi Severus voudrait les aider. Il était clairement du côté de Voldemort, il défendait depuis toujours les Mangemorts et aujourd’hui, il était là à lui raconter qu’il était plus intelligent que lui, plus doué que lui et qu’il avait presque hâte de le voir mort.
Alors, pourquoi Lupin avait-il la faible impression que Rogue allait les aider…

Qui te parle d’entrer à Poudlard ?

Il était grand temps maintenant qu’il lui avoue, qu’il lui avoue ce qu’il avait prévu depuis le début. Il ne voulait pas entrer à Poudlard. Il voulait que Severus trouve le diadème et le fournisse à l’ordre. Harry devait détruire cet Horcruxe, et il devait le faire lui-même. Maintenant, Lupin ne verrait aucun inconvénient à ce que Severus le fasse lui-même. Cela n’aurait de toute façon aucune incidence sur le résultat. Au bout du compte, Harry devrait probablement combattre Voldemort, et l’un des deux devrait mourir. Mais cela serait beaucoup plus simple pour Harry si les Horcruxes étaient détruits. Sans cela, que pouvait-il arriver ?

Et encore et toujours, Severus se sentait obligé de faire référence à James, de dire à Lupin qu’il n’avait plus personne à impressionner. Mais ce que le Maître des Potions ne voulait pas comprendre, c’est que Remus n’avait jamais cherché à impressionner James, ni même Sirius. Ils étaient ses meilleurs amis. C’était tout. Rogue ne faisait que faire une correspondance entre James, Sirius et Lupin. Pour lui, ils étaient tous les trois pareils. A une différence près : Lupin était toujours bien vivant lui.
Et ce soir, Lupin était en face de lui et cela ne semblait pas lui plaire. Bien que la conversation prenait un tour intéressant, un tour qui plaisait beaucoup au loup-garou. Severus Rogue serait-il en train de devenir raisonnable ?

Contrairement à ce que tu as toujours cru, je n’ai jamais cherché à impressionner qui que ce soit.

Remus réfléchissait, il était en train de retourner dans sa tête toutes les scènes dans lesquelles il avait croisé le regard de Severus. Mais il ne voyait pas, il n’arrivait pas à voir pourquoi Severus pouvait lui en vouloir à ce point, à part parce qu’il était proche de James.
Peu importait de toute façon aujourd’hui. Il avait besoin de lui, et il comptait bien parvenir à ses fins.

Mais ça n’a plus aucune importance ce que tu penses aujourd’hui.

Zut… cette phrase… Il aurait mieux fait de réfléchir avant de parler. Avec un peu de chance, cela se perdrait au milieu de l’obscurité. Parce que Severus n’était pas idiot et il se rendrait bien compte que cela signifiait qu’un jour, dans le passé, ce que Severus Rogue pensait de Remus Lupin avait eu de l’importance. Et c’était le cas. Ce que Severus avait pensé de lui il y a encore peu de temps avait eu beaucoup d’importance à ses yeux.
Mais alors qu’il lui tournait le dos, Lupin lança un coup d’œil vers la maison qui avait abrité tant de belles choses, tant de moments heureux partagés avec ceux qu’il considérait comme des membres de sa famille.
C’était pour eux qu’il devait se battre, pour eux qu’il devait faire en sorte que Harry parvienne à son but. Il avait promis à James, promis à Lily que leur fils ne manquerait jamais de rien, qu’il l’aiderait de toutes ses forces. Mais quand Lupin reporta son attention sur le Mangemort, il portait sa baguette dans la main, le bras le long du corps. Il venait clairement de prendre l’avantage sur lui. Cela ne se passerait pas comme ça, c’était impossible. Severus ne lui ferait rien, pour la simple et bonne raison que Lupin avait attiré sa curiosité.
Lupin jeta un œil vers la baguette magique qu’il ne tarderait peut-être pas à pointer sur lui, et répondit à la question qu’il venait de lui poser. Savoir si quelqu’un savait… Il devait probablement rêver de le tuer, là, maintenant, s’il savait que personne ne savait que Remus était ici.
Mais il valait mieux jouer la carte de l’honnêteté. De toute façon, s’il mentait, Severus le saurait. Legilimens oblige…

Personne.

Un simple mot qui voulait tout dire. Un simple mot qui pouvait le mener à sa mort. Mais cette décision, il l’avait prise en écrivant ce mot sur un morceau de parchemin. Il savait qu’il avait quatre-vingt pour cent de chances de mourir en venant retrouver Severus ici. Et pourtant il l’avait fait. Sans doute l’Ordre avait-il raison, Lupin confiait trop facilement sa confiance.
Mais alors que Lupin était persuadé que Severus allait lever sa baguette et faire apparaître un éclair de lumière verte, il n’en fût rien. Il lui posa une question. Simple, précise, surprenante.

C’est un Horcruxe. Je ne pense pas devoir t’expliquer ce qu’est un Horcruxe pas vrai ?

Au vu de sa grande connaissance en matière de magie noire, Severus n’avait certainement pas besoin d’explications sur ce qu’étaient les Horcruxes. Cependant, Voldemort n’ayant jamais révélé cet aspect de sa personne à qui que ce soir, le Mangemort ne devait certainement pas être au courant de l’existence de ces fragments d’âme placés dans divers objets magiques. Il lui fallait donc donner un mot d’explication.

J’ignore si tu le sais. D’après mes informations j’en doute, mais V…

Il évita de prononcer le nom qu’il n’éprouvait pourtant pas la moindre crainte à prononcer. Mais la présence d’un Mangemort ne rendait pas la chose facile. D’autant plus que Voldemort était très sensible aux personnes qui osaient prononcer son nom.

Le Seigneur des ténèbres a divisé son âme en sept parties, pour qu’il soit plus difficile de le vaincre. Dumbledore avait découvert cela et a donné la tâche à Harry de retrouver les derniers Horcruxes. Il en existe un à Poudlard, et c’est pour ça que j’ai besoin de toi. Si on les détruit, on le détruit.

Quelle horreur, oser avouer à Severus Rogue que l’on a besoin de lui. Cela lui avait presque écorché la langue…Mais maintenant, Rogue savait exactement de quoi il s’agissait. A lui de voir s’il était prêt à donner un dernier coup de main à l’Ordre, ou s’il avait perdu tout espoir de voir Voldemort vaincu un jour… A moins qu’il ne veuille pas voir Voldemort vaincu. Mais dans ce cas-là, Remus serait certainement mort depuis plusieurs minutes déjà.

Pourquoi cet homme était-il incapable de faire confiance à Lupin, juste une fois, alors qu’il était en train de lui parlé du salut du monde des sorciers. Severus était incapable de faire confiance, à qui que ce soit de toute façon. Et ça rendait Lupin malade… Il observait le visage dur, froid de Rogue et tout ce qu’il voyait, c’était de la frustration, frustration que Dumbledore ait choisi de se confier à un animal comme Lupin plutôt qu’à un sorcier de talent. C’est vrai, Lupin était étonné de la tournure des choses, parce qu’au fond il restait persuadé que Dumbledore avait eu une plus grande confiance en lui qu’en n’importe quelle personne ayant travaillé sous ses ordres. Il avait eu une confiance aveugle en Rogue, et ça avait causé sa perte. Mais ce que Remus voyait aujourd’hui, c’était un homme qui avait peur de savoir que son mentor lui avait menti, ou lui avait caché des informations de la plus haute importance. Mais de toute évidence c’était le cas. De toute évidence, Albus n’avait pas tout dit à Severus, et cela n’était pas une bonne chose pour lui.
Si Severus ne croyait pas à leur histoire, il devrait trouver un autre moyen pour mettre la main sur le diadème de Serdaigle. Et il ne savait pas comment il pourrait faire. Il ne pouvait pas utiliser les membres de l’Armée de Dumbledore, la mission était bien trop risquée cette fois.
Et Rogue les avait à l’œil, de même que tous les sorciers qui gardaient l’école.
Mentir… Quel serait l’intérêt de Remus de mentir dans cette histoire ? Rien ne l’avait forcé à venir ici, à faire confiance à Rogue, mais s’il le faisait, c’est qu’il restait persuadé qu’au fond, il y avait encore une part de bon en lui. Il restait une part qui avait servi Dumbledore pour les bonnes raisons…

Je ne mens pas. Et quel serait mon intérêt à te corrompre Severus ? Si je viens te voir, ce n’est certainement pas de gaieté de cœur.

Et pourtant il se trouvait là face à lui. Il aurait pu le laisser dans l’ignorance, il aurait pu créer une révolution dans sa fichue école en y pénétrant avec l’Ordre et tous ceux qui étaient de leur côté, et il en restait encore beaucoup. Mais il ne l’avait pas fait parce qu’il voulait régler ça face à face.
Il voulait régler ça avec Rogue parce qu’il était certain qu’il en savait bien plus qu’il ne pourrait jamais le dire. Il cachait quelque chose, et un jour Remus saurait de quoi il s’agissait. Mais pas maintenant, pas tout de suite.
Mais alors que Severus lui crachait au visage que Voldemort n’avait jamais créé d’Horcruxes, que c’était impossible et qu’il aurait été au courant bien avant lui, le visage du Maître des potions changea radicalement. Comme s’il avait eu peur de ses propres mots. Peut-être était-il en train de se rendre compte qu’il avait raison. Que c’était possible. Et pire encore, que c’était la réalité. Lupin baissa les yeux un moment. Il avait raison, et ça Severus venait de s’en rendre compte.

Tu sais que j’ai raison.

Oui, il le savait, et c’était ça qui le rendait le plus malade. Il se trouvait face à la personne vivante qu’il détestait le plus, et il était obligé d’admettre qu’il avait raison. Bien que, Lupin doutait sincèrement qu’il était la personne vivante qu’il détestait le plus. Parce que Lupin avait toujours été intimement convaincu que Rogue se détestait bien plus qu’il ne détesterait personne. Il se détestait de ce qu’il était devenu, il se détestait de ce qu’il était. Au fond, ils se ressemblaient tous les deux sur beaucoup de points.

Mais alors que Lupin était presque en train d’oublier la partie Mangemort en Severus, il se rendit vite compte que cette partie de lui était toujours bien vivace. Tout comme la partie loup-garou l’était chez Lupin. Severus avait relevé sa manche pour laisser apparaître sa marque. Cette marque noire, qui semblait le brûler depuis plusieurs minutes déjà. Lupin baissa la tête, juste le temps qu’il appose sa main au-dessus de la Marque noire.
Il était obligé de répondre, il le savait parfaitement. C’était évident. Si le Seigneur des Ténèbres n’avait pas de nouvelles de son précieux petit directeur, il enverrait une armée à leurs trousses.
Une seule chose positive à tout cela : Severus avait enfin rangé sa fichue baguette magique. Il n’avait plus aucune raison de la sortir, il n’en avait jamais eue. Remus n’était pas venu ici pour le tuer, s’il avait voulu le faire il l’aurait fait des semaines auparavant, il l’aurait fait quelques jours plus tôt, quand il s’était retrouvé face à lui dans la forêt. Mais il ne l’avait pas fait et il ne comptait pas le faire aujourd’hui.
Pas encore, c’était trop tôt.
Il avait enfin remis sa manche sur sa marque. Ils ne traîneraient plus maintenant, il le savait. Les minutes étaient comptées et il allait devoir se montrer très persuasif s’il voulait ne serait-ce qu’espérer que Rogue l’aiderait. Il se doutait que cela serait difficile avant même d’arriver à Godric’s Hollow, mais il ne se doutait pas que la méfiance qu’il éprouvait envers lui était aussi… tenace…

Il n’a pas laissé de liste non…

Comme si Dumbledore lui avait laissé une liste écrite sur un morceau de parchemin en lmeur disant qu’il les aimait et qu’il avait décidé de les aider. Bien sûr que non. Mais ce que Severus ignorait, c’est qu’ils étaient tout de même plus avancés qu’il ne l’aurait imaginé.

Cependant, nous savons quel est l’objet. C’est le diadème de Serdaigle.

Si jamais le Maître des Potions décidait de les aider, il saurait au moins ce qu’il devait chercher. Il ne savait pas s’il le ferait, il ne savait pas si Severus lui ferait assez confiance pour ça, mais c’était mal embarqué, très mal embarqué.
Surtout lorsqu’il entendit la suite de son raisonnement. Il avait suivi loyalement Dumbledore, il l’avait servi loyalement, mais maintenant il était passé dans l’autre camp. Et cette information était revenue comme un boomerang dans le visage du loup-garou. Effectivement, il était passé de l’autre côté et il servait aujourd’hui Voldemort.
Non pas que Lupin avait oublié cet état de fait, mais il l’avait passé à la trappe, en pensant que le bien du monde magique avait plus d’importance pour Severus. Mais il s’était trompé, il était idiot. Il avait été fou de penser que Severus les aiderait.

Je ne risque pas de l’oublier Rogue.

Ce mépris, tout le mépris que Rogue pouvait éprouver à son propos, il l’éprouvait aussi pour lui. Prononcer ce nom, c’était comme le lui cracher à la figure. Et Merlin savait à quel point il avait envie de le lui cracher à la figure… Mais il tenta de garder son calme et de maintenir son regard dans celui de l’homme qui le détestait tant.
L’attention de Severus s’était décalée pendant une fraction de seconde, une fraction qui avait pourtant semblé durer une éternité. Lupin ignorait ce qui déplaisait tant à Severus dans ce village, à moins que ce ne soit bêtement parce que James y avait vécu.
Mais ce qu’il lui dit ensuite lui fit retomber les deux pieds sur Terre. Ils avaient perdu selon lui, tout était fichu. Mais Remus n’y croyait pas lui. Il y croirait quand il le verrait, et pour le moment, tout ce qu’il voyait, c’était que l’Ordre continuait à se battre pour sauver ses membres. Et qu’ils avaient besoin de l’aide d’un homme qui les avait fidèlement servi pendant des années, avant de commettre l’irréparable…
Mais alors qu’il s’apprêtait à lui répondre, Severus prononça une dernière phrase, phrase qui lui donna des frissons. Frissons qui remontèrent le long de son échine.

Depuis quand prononces-tu son nom ?

Jamais il n’avait entendu les mots interdits sortir de la bouche de Severus, ce qui ne laissait rien présager de bon. Il ne traînerait plus dorénavant. Il n’attendrait pas une réponse qui de toute façon serait négative. Severus ne les aiderait pas, c’était couru d’avance. Remus se recula quelque peu, juste parce que la distance entre lui et son ancien camarade de classe ne lui plaisait pas.

Laisse tomber… On se débrouillera sans toi…

Ils l’avaient fait jusque là, ils continueraient à le faire. Il n’en pouvait plus, il était fatigué de cette querelle…

Retournement de situation, comme toujours, comme d’habitude. Non mais sérieusement Remus allait vraiment finir par perdre la tête s’il continuait à jouer avec ses nerfs de la sorte. Sur le moment, il ne semblait pas vouloir le laisser partir. Mais il n’avait pas le choix, car vu la légère brise qui venait de se lever, Lupin n’était plus rassuré du tout. Donc soit Severus lui avait menti en apposant sa main sur la Marque des Ténèbres, soit quelque chose clochait très clairement autour d’eux. Mais pourquoi des Mangemorts viendraient-ils se balader dans Godric’s Hollow si ce n’était parce qu’ils avaient reçu l’ordre de le faire.
Lupin observait ce qu’il se passait autour d’eux, mais il gardait aussi son regard bien planté sur Severus. C’était trop facile.
Mais pourquoi soudainement, alors que quelques secondes plus tôt il lui avait avoué ne pas vouloir l’aider, voulait-il qu’il reste là ? A moins qu’il ne veuille le tuer. Et dans ce cas-là, Remus gardait la main. Il gardait une supériorité sur le Mangemort. Et il comptait bien s’en servir si cela s’avérait nécessaire.

Il faut savoir ce que tu veux…

Il était en train de changer d’avis, peut-être tait-il en train de finir par croire ce qu’il lui avait dit. Sans doute Severus avait-il entendu parler de cet objet ces derniers temps et il savait que Remus avait raison. Il savait qu’il n’avait aucune raison de lui mentir et que cet objet représentait quelque chose de très important pour l’Ordre. Peut-être était-il en train de changer d’avis, ce qui représenterait un avantage confortable pour l’Ordre. Évidemment, les autres membres de l’Ordre allaient lui en vouloir à mort si jamais ils apprenaient qu’il avait eu une conversation avec Rogue, et ils lui en voudraient encore plus s’il leur avouait qu’il lui avait demandé de l’aide. Et rien que pour cette raison, il ne leur dirait rien. Ils allaient mentir à ses amis les plus anciens et les plus proches pour protéger un Mangemort.
Mais ce Mangemort était leur seul espoir. Et d’ailleurs, il le prouva une nouvelle fois.
Alors que les deux hommes s’apprêtaient à reprendre une discussion des plus animées, il lui dit d’aller dans la maison, en désignant celle de James et Lily. Mais pourquoi diable voulait-il que Lupin rentre dans cette maison ? Il avait sorti sa baguette, ce qui faisait dire au loup-garou que Rogue avait senti quelque chose. Hésitant, il avait finalement obéit à l’ordre donné par le Maître des Potions et rentra dans la demeure sombre des Potter.
Il se cacha dans un coin de la maison, pour faire en sorte d’être suffisamment caché. Mais il voulait savoir ce qu’il se passait. Il se mit dans un endroit d’où il pourrait entendre la conversation entre les Mangemorts et… Greyback. Le loup-garou qui avait fait de lui le monstre qu’il était. Lupin tentait de garder son calme et resta bien planqué dans sa cachette. Mais Greyback semblait sentir son odeur, il sentait que Lupin était passé par ici. Rogue leur révéla qu’il venait de voir Lupin mais qu’il s’était échappé. L’homme qu’il prenait pour une crapule sans cœur était simplement en train de le protéger…

Alors qu’il semblait avoir toutes les peines du monde de faire partir le loup-garou qui sentait la présence de Lupin sur les lieux, Lupin fini par sortir de sa cachette et grimpa les escaliers qui menaient à l’ancienne chambre de son ami trop tôt disparu.
Il marcha lentement, observant les photos, les objets qui se trouvaient encore dans la pièce. Il ne restait pratiquement plus rien, à part peut-être le lit d’enfant de Harry.
Il observa la pièce quand il entendit des bruits de pas derrière lui. Il se retourna doucement et vit que Rogue était enfin entré dans la maison.

Lupin lui tournait le dos, mais il observa quand même de lui ce qui était en train de se passer. Rogue avait pris la photo de Lily et James dans ses mains, il était en train d’observer la photo comme si… ça le rendait triste. Ou presque. Parce que Lupin doutait fortement de la capacité de Severus à être triste pour quelque chose.
Mais ici, il montrait un visage que Lupin n’avait jamais vu auparavant, un visage qui montrait un peu d’humanité.
Et rapidement, il reposa la photo sur la table de chevet et descendit les escaliers. Lupin ne cessait de se poser des questions : mais qu’était-il en train de se passer ? Pourquoi Severus avait-il l’air de se sentir aussi mal en regardant la photo des Potter ? Pourtant, il les avait toujours détesté et il les regardait comme s’il avait eu de l’affection pour eux… Pour James, il était certain que non. Il l’avait toujours détesté et il en serait toujours ainsi. Il voyait difficilement comment l’opinion de Severus avait pu changer à travers la mort.

Lentement, il se tourna, fit quelques pas, ferma la porte comme s’il avait peur de déranger et descendit les escaliers. Lupin observa ce qu’il était en train de se passer et vit que Severus lançait un sortilège pour protéger la maison. Il ne voulait pas qu’ils soient trouvés, ni lui, ni Lupin. Et c’était à nouveau une bonne nouvelle. Ainsi, cela prouvait à Remus qu’il avait envie d’entendre ce qui lui restait à dire. Il n’avait pas voulu le tuer, il l’avait même appelé par son… prénom. Chose assez étonnante en soi parce qu’en général, il ne l’appelait pas. Et s’il était forcé à le faire, il l’appelait exclusivement par son nom de famille.
Lupin était certain de pouvoir le convaincre, de pouvoir lui faire comprendre que tout était possible s’ils travaillaient ensemble.
Il pouvait le faire travailler avec eux. Avec Severus, ils seraient plus forts, et ils parviendraient peut-être à découvrir les derniers Horcruxes, ceux qu’il leur manquait pour pouvoir détruire une bonne fois pour toutes Lord Voldemort.

Tu sais qu’on a encore une chance. Tu sais que les Horcruxes sont notre chance.

Il était persuadé que Severus savait parfaitement qu’il avait raison. C’est sûr : pour le moment, ils étaient loin d’avoir la main, mais cela pouvait s’améliorer. Lupin se doutait que la bataille finale ferait beaucoup de morts, qu’ils subiraient beaucoup de pertes, mais il savait aussi que si Voldemort était affaibli, il serait plus facile d’en venir à bout, même si cela semblait compliqué aujourd’hui.
Il resta à égale distance de Rogue, les mains toujours plongées dans ses poches, la main droite toujours serrée sur sa baguette.
Il avait peut-être un peu plus confiance, mais l’homme en face de lui restait un Mangemort. Et il y avait toujours une patrouille au-dehors qui le cherchait.

Aide-nous s’il te plait Severus. Il ne s’agit plus de nous, des Maraudeurs, de James ou de Sirius. Il s’agit de quelque chose de bien plus grave. C’est de notre vie à tous dont il s’agit.

Et à moins que Severus ait une certitude sur son sort dans cette histoire, l’argument pouvait l’intéresser. Personne n’était à l’abri de la colère du Seigneur des Ténèbres. Pas même l’un de ses plus fidèles serviteurs. Quand on voyait le sort qu’il avait fait subit à Lucius Malefoy, il y avait clairement des questions à se poser…

On peut y arriver.

Il y croyait, plus qu’il n’y avait jamais cru auparavant. Avec ou sans l’aide de Severus, ils arriveraient à trouver tous les Horcruxes et à vaincre Lord Voldemort. Avec Severus, ça serait seulement plus rapide, et plus facile, et moins dangereux… Ils ne fuiraient pas, jamais.

Severus avait l’air de vouloir les aider, si seulement il y croyait ne serait-ce qu’un tout petit peu… Mais il n’y croyait plus, il n’avait plus la moindre confiance en l’Ordre. Et même si Remus pouvait en révéler plus sur leurs projets, il ne pouvait pas le faire ici. Ils n’étaient pas en sécurité, nulle part. Alors il n’en dirait pas plus ce soir. Il trouvait cela dommage dans un certain sens, parce qu’après tout, ils s’en sortaient mieux lorsque Severus était dans leur camp. Il était en colère contre lui-même, en colère de penser que si Severus n’était pas avec eux, ils auraient plus de difficultés à s’en sortir. Jamais il n’aurait pensé dire ça un jour, mais Severus Rogue était un allié précieux, l’un de ces alliés assez talentueux et doués que pour les aider d’une manière grandissante.
Mais il devait s’y faire ; Severus ne voulait plus les aider, il ne croyait plus en eux et il préférait être du côté de ceux qui gagneraient. Oh bien sûr, il le comprenait, mais Remus n’avait plus d’autres choix maintenant. Et puis il n’aurait jamais changé de camp. Un loup-garou faible n’était pas le bienvenu dans les rangs de Lord Voldemort. Alors tant pis pour lui. S’il était amené à mourir, il aurait au moins essayé de ramener Rogue dans le camp auquel il appartenait au fond de lui.
Lupin voyait le dilemme qui s’illustrait dans les yeux de son ancien camarade d’école, mais il ne pouvait plus rien faire pour lui maintenant.

C’est dommage que tu n’aies pas plus confiance en nous.

Il ne pouvait s’empêcher d’exprimer sa déception. Remus savait que Severus se fichait complètement de ce qu’il ressentait, mais après tout, au point où ils en étaient, il pouvait très bien se montrer honnête avec le Maître des potions pas vrai ?
Il ne voulait pas les rejoindre parce qu’il ne croyait pas en leur plan, il ne croyait pas que l’ordre pourrait s’en sortir un jour avec le nombre peu important de membres, de partisans, qu’ils avaient. Peut-être qu’ils n’avaient pas beaucoup de membres, mais Remus avait une confiance totale en chaque membre de l’Ordre. Il avait confiance en eux, et il restait persuadé que malgré les récents événements, si Severus les rejoignait à nouveau, il aurait confiance en lui aussi. Pauvre fou me direz-vous… Peut-être bien oui, mais Severus était un sorcier plus que brillant et il pourrait leur apporter beaucoup dans cette recherche.
Mais il refusait de les aider. Très bien, ils devraient faire avec. Mais ils s’en sortaient depuis longtemps sans pouvoir compter sur lui, alors cela ne changerait pas grand-chose.

Mais n’oublies pas que même si nous sommes moins nombreux, je peux compter sur chaque membre de l’Ordre.

Il garda un regard bien appuyé sur celui de Severus. Il y avait une chose évidente que Remus avait repérée. Pendant longtemps, Voldemort avait compté sur Severus alors qu’il travaillait avec Dumbledore. Pouvait-il vraiment compter sur tous ses fidèles ?

Ton Maître peut-il en dire autant ?

Non, Voldemort ne pouvait pas avoir confiance en chacun de ses membres. Il ne pouvait avoir une totale confiance en personne et pourtant, il semblait avoir installé cette confiance en Severus. Grave erreur, Remus en était persuadé.
Autre grave erreur, celle de Severus. Il s’imaginait vraiment que le seul plan qu’ils aient était celui de se servir de ce fichu duel annoncé entre Harry et Voldemort ? N’avait-il pas travaillé assez longtemps avec l’Ordre pour savoir qu’ils avaient toujours un plan de rechange ?
Non, de toute évidence, il avait l’impression que Remus n’était pas aussi capable que Dumbledore pour avoir toujours un coup d’avance sur Voldemort.
Mais Remus était bien différent de celui que le Maître des potions avait connu par le passé. Il n’était plus le pauvre petit Maraudeur qui suivait comme son ombre les grands Sirius Black et James Potter. Il avait toujours été l’ombre de ses anciens meilleurs amis. Mais aujourd’hui, il était le chef et il espérait vraiment le faire comprendre à Rogue.
Mais ce crétin ne voulait rien comprendre, il ne voulait pas comprendre qu’il pouvait être beaucoup plus utile dans leur camp que là où il se trouvait.
Il avait fait son choix et il devrait l’assumer.

Et pour répondre à ta… réflexion. Tu me connais un peu. Et même si tu me… détestes, soyons honnêtes, tu sais très bien que je ne miserais pas tout sur un duel entre Harry et Tu-sais-qui.

Jamais de la vie ! Il tenait à survivre à tout cela, et même si Harry était talentueux, même si Dumbledore croyait en lui et en ses capacités, il ne miserait jamais toutes ses cartes sur ce seul duel.
Mais une réflexion de Severus réussi tout de même à lui faire peur. Il disait qu’il y avait quelque chose d’autre, quelque chose de plus que les Horcruxes, quelque chose qui continuerait à le maintenir en vie, même si l’on détruisait les Horcruxes. Lupin avait du mal à y croire mais finalement, quel serait l’intérêt de Rogue de lui mentir dans cette histoire ? Il n’y avait aucune raison, il n’avait aucune raison de lui mentir. Il semblait avoir confiance en lui et en ses capacités à diriger l’Ordre mais bizarrement, Lupin avait des difficultés à lui faire confiance là-dessus.
Il avait surtout la sensation qu’il voulait lui faire peur, qu’il voulait lui faire perdre toute confiance en leurs possibilités de détruire une bonne fois pour toutes Voldemort.
Avait-il peur pour sa propre vie si jamais ils arrivaient à le détruire ? Pourtant il ne devrait pas, parce que Lupin n’avait pas la moindre intention de tuer Severus, qu’importe la manière. Mais bon, s’il ne leur faisait pas confiance, alors tant pis.

Autre chose… Si tu le dis…

Il ne savait pas trop s’il le croyait, il ne savait pas trop s’il devait lui faire confiance pour cette information, mais il gardait cela bien dans un coin de sa tête. Il verrait ce qu’il en ferait lors de la prochaine réunion de l’Ordre.

Encore un lapsus révélateur, encore un lapsus dans lequel il s’était inclus parmi eux. Severus voulait revenir vers eux, mais il ne pouvait pas, voila tout. Il ne pouvait pas parce qu’il tenait trop à sa couverture auprès du Seigneur des Ténèbres.
Il venait de lui confirmer que le diadème n’était plus à Poudlard. Donc peut-être était-il déjà entre les mains de Voldemort. Ce qui allait rendre les choses encore plus difficiles, mais pas impossibles…

Tu es plus utile que tu ne l’imagines.

Il ne savait pas trop pourquoi il disait cela. Cela revenait à dire qu’il leur était utile, qu’il pouvait les aider. Mais c’était le cas, il pouvait les aider… Plus que jamais.

Tu sais où il est ?

Il tentait, une dernière fois…