NATALIA & PANDORE → take care of me if you can. ♥

« Take care of me if you can »

Ouais, c’était vraiment une horrible douleur. Et même limite insoutenable. J’avais l’impression de contenir quelqu’un à l’intérieur de mon ventre tellement je me sentais ballonnée. Tellement que j’en avais même la nausée. Et la tête qui tournait. Et les mots qui se mélangeaient. Et les gestes qui se faisaient confus. - J’exagère peut-être un peu trop là ? - Non je n’étais pas enceinte. Dieu soit loué quelle horreur ; et de toute façon c’était théoriquement, psychologiquement, matériellement et spirituellement impossible. C’était juste une histoire de crocs. Quelqu’un qui avait du mal à passer. Quelqu’un que j’avais du mal à digérer. Un petit chinois des quartiers asiatiques de Londres que je visitais. Il n’a vraiment pas eu de chance, ce pauvre petit gars : je l’aurais fait crié jusqu’à ce que ses cordes vocales ne cèdent, et je dois avouer que cela n’était pas vraiment joli joli à voir.
Soit. J’étais donc toute ballonnée par ce maudit asiatique - trop de riz ? - alors que je voulais continuer une petite partie de chasse. Et j’étais bien déçue de ne pas pouvoir, ça c’est sûr ! Il fallait bien que je mange quelque chose de plus approprié : genre un bon petit sorcier bien épuisé, au sang encore bien chaud. Mon dieu, quelle horreur de penser mort et sang nuit et jour.

Dans la foulée, je m’étais rendue à Sainte Mangouste. En plein jour, je semblais avoir le teint blafard d’un malade qui dépérissait. Cela me couvrait un peu, je dois dire : il était normal pour un malade d’être pâle, alors personne ne pouvait deviner d’un seul coup d’œil que je cachais sous ma peau des cellules vampiriques.
On m’installa dans une petite chambre. Le lit à côté de moi, il était vide. Fait. Propre. Je me disais qu’un homme était sûrement mort dans ce lit. Et cette odeur de sang que je détectais à deux kilomètres, celle des aurors presque revenus de guerre. Du moins de la guerre aux mangemorts. Ils chassaient un peu comme moi, sauf qu’eux œuvraient pour le bien et ne dévoraient pas leurs victimes. Leurs proies. Mais sinon je trouvais que nous nous ressemblions assez.

Quoi qu’il en était, leurs matelas n’étaient pas du tout, mais alors pas du tout confortables. Même mon ancien trou se trouvait être plus moelleux. Et puis quel accueil. - Ceci est la voix de la bonne femme de la réception : vous trouverez une chambre vide dans un des couloirs. Vous perdez pas en route, vous semblez bien mal en point. - Ben bien évidemment que je suis mal en point, j’ai goûté à quelque chose qui de vue semblait bien appétissant mais vu de l’intérieur ce doit être plutôt dégoûtant ! Certes, je ne lui avais pas dit ça, je l’aurais effrayée. Et puis ce n’était pas le moment de faire n’importe quoi, on allait vraiment en finir de moi sinon. Mais sur le coup, j’avais vraiment eu envie de me la faire, cette bonne femme. Un bon gros plantage de dent dans le coup et paf, c’en était fini. Mais encore une fois, je dus me retenir pour ne pas trop attirer l’attention. C’est mauvais pour moi, ça. « Un couloir, une chambre, un lit, cela ne devrait pas être bien compliqué. » Oui, c’était ce que je me disais. Et vous savez quoi ? Ben je me suis trompée sur toute la ligne ! Toutes les chambres étaient bondées. Décidément, quelqu’un voulait me punir d’avoir mangé un chinois ou quoi ? Bref. Ce fut quand même après de longues et interminables minutes - et même dizaines de minutes - qu’au bout de l’hôpital semblait bien vouloir de moi. Une chambre, propre et vide.

Et le dilemme continuait. J’attendais que quelqu’un vienne. Qu’on me demande ce qui n’allait pas. Pourquoi je me plaignais du ventre. Et ça, je dois dire que je n’y avais pas encore réfléchis. Je n’avais du moins pas encore réfléchi à comment j’allais annoncé à une infirmière que mon mal de ventre provenait d’un repas haut en protéines humaines… Alors il était grand temps d’un peu se pencher sur cette question. Et malheureusement, c’est toujours dans les moments où l’on a envie de se retrouver un peu seul pour réfléchir que l’on vient vous déranger.
C’était une grande femme - visiblement infirmière de l’établissement - qui s’était présentée à moi dans sa tenue de travail. - Je trouve que cela fait un peu pervers glauque pédophile compulsif cette phrase - Malgré mon regard persistant sur elle, je n’arrivais pas à savoir si elle allait être quelqu’un de plutôt extraverti et chiant à souhait ou au contraire, une gentille personne qui allait bien prendre soin de moi. J’allais le découvrir, c’était l’heure du verdict. Mais persistait encore l’histoire du petit asiatique qui se promenait dans mes intestins… Ouais, j’allais improviser. Malheureusement, l’improvisation ce n’est vraiment mais alors vraiment pas mon truc. Je sens qu’on va bien s’éclater.

« Take care of me if you can »

Le composé de mon repas ? Dans quel pétrin m’étais-je fourrée… Au début, je comptais lui annoncer cash que j’avais mangé quelqu’un que je n’arrivais pas à digérer, en espérant qu’elle me prenne pour une folle droguée junkie en manque et qu’elle finisse pas me donner ce que j’attendais : des soins dignes de ce nom. Et que je puisse m’en aller sans que personne ne soit blessé.
Quoi, c’était trop demander ?

Je m’étais relevée du lit dans lequel je m’étais allongée, voyant que la douleur ne passait pas. Lentement, en toute innocence, je m’avançais vers la jeune femme, qui semblait plus mal à l’aise qu’autre chose. Je l’effrayais ? Elle avait deviné ? Faut dire, le teint ça casse tout. C’est le truc le plus connu chez nous, excepté les crocs. Mais ceux-là n’apparaissent que la nuit, heureusement pour nous autres les vampires. Nous serions bien vite démasqués sinon. Et la race n’aurait pas pu perdurer tout ce temps.
Tandis que je m’avançais, mes mains suivirent le mouvement et immédiatement, elle vinrent se poser sur les épaules de la médicomage qui sursauta. C’était compréhensible. Je voulais la secouer, lui demander des médicaments, n’importe quel cachet capable d’atténuer la douleur ou mieux, la faire disparaître pour de bon sans que sois obligée de dévoiler mon vampirisme ou pire, de montrer les crocs. Quand je dis ça j’ai l’impression de me comparer à un chien c’est horrible. « Si je vous dis que mon passe-temps favori c’est de regarder les Télétubbies avec Minette, mon amie imaginaire, vous me croirez ? Je dis ça parce que les raisons pour lesquelles j’ai mal au ventre sont encore plus improbables. Et c’est tout ce que je dirais. » Dans un dernier soupir, j’osais donner un ordre. Du moins, gentiment. Sans hausser la voix ni rien. Je restais un minimum polie, courtoise, tout le tralala inutile quoi. « Je vous en supplie, donnez-moi un truc ! Ce mal de ventre est un vrai cauchemar vivant. » J’espérais juste qu’elle ne me prenne pas pour une folle échappée d’Azkaban pour avoir tué ses parents étant jeune. Même si c’était ce qui me pendouillait au nez, c’est le cas de le dire.

Dans ma folie, je lâchais le blondinette de mon étreinte forcée puis me lançait à la recherche de comprimés dans toutes les commodes de la chambre dans laquelle j’étais installée. Seulement je ne pensais pas que les médicaments étaient entreposés ailleurs, mais mes maux de ventre étaient plus forts que tout. Et ils en allaient en totale progression. « Mais où sont tous vos médicaments, nom d’une pipe ! Je perds la boule là ! » Je parlais en perdant tout mon self-control. Encore un peu et toute la chambre seraient retournée. J’enverrai tout valser.
Il fallait que je fasse quelque chose. Que je me calme. Si je continuais dans cette lignée là, la pauvre femme en face de moi s’en verrait vraiment effrayée, de chez effrayée et elle me renverrait chez moi avec de simples antalgiques dignes de moldus. Quelle horreur, autant me tirer une balle dans la tête. C’est plus direct, et ça soigne la douleur aussi bien. Même si c’était une façon de faire un peu trop excessive. Mais je ne peux pas mourir. Enfin, d’une balle dans le crâne je ne sais pas. Et je n’ai pas trop envie d’essayer pour tout vous dire. Pour peu que j’y laisse ma chair… Aïe.

En prenant une grande inspiration, et en serrant les dents de toute ma force - c’est-à-dire beaucoup ! -, je me rasseyais au travers du lit. Peut-être que l’autre censée venir me soigner, en voyant que je m’étais calmée, daignerait vouloir approcher. C’est quitte ou double. « Excusez-moi pour ce petit intermède disons… explosif. Je suis quelqu’un d’assez expressif dans tout ce qui est sentiment. Et ça c’était de la colère mélangée à de la douleur. Une douleur incroyablement indescriptible. Pour en revenir à votre question, j’ai mangé chinois hier. » Et voilà comment expliquer à une sorcière qu’un vampire a mangé un chinois. C’est du propre !