Enfin seuls [Fe]

ENFIN SEULS... « Rien n'arrive jamais par accident. »

feat Michael Terragone.Nina Nikolaï

Peut-être étions-nous finalement destiné à être finalement intimement seuls. Néanmoins, je n'avais pas exactement prévu le coup. Je ratai excessivement rarement un transplanage. Voire jamais. Je supposai donc intelligemment que le baiser pendant la téléportation était une mauvaise idée. Elle m'avait déconcentré. Même si je me posai toujours la question futé : comment avions-nous pour joindre nos lèvres dans un court si temps ? Théoriquement, le temps ne dépassai pas la seconde... Mais là, on aurait dit que le voyage avait duré plus de cinq minutes. Bien trop longtemps. Nous devions juste être plus rapide qu'on ne le pensait. En attendant, voilà que, surpris par l'atterrissage, j'avais trébuché. Tombant ainsi à la renverse. Sur Nina. Une situation plutôt comique, bien que quelque peu désagréable d'un point de vue. Confortable de l'autre. Son corps avait gracieusement amorti ma chute, sans trop douleur osai-je espérer. Je sentais tout de même que je l'oppressai un peu. Quoiqu'en bon âme et conscience, je n'en avais pas la moindre idée. Elle avait l'air de dormir paisiblement. Un peu trop paisiblement non ? La seconde d'après, je secouai son corps sans qu'il n'y ait aucune réaction vitale normale. Cependant, je ressenti encore la chaleur de sa peau. Ce qui prouvait qu'elle n'était pas morte ; encore heureux, tiens ! Il ne manquerait plus que ça. Qu'une innocente meurt de ma faute, c'était inacceptable. D'où le fait que mon génie avait trouvé l'idée de la rendre moins innocente, exactement. Cela dit, pour qu'elle puisse suivre un entrainement et autres péripéties, il faudrait qu'elle commence à reprendre connaissance. Je cherchai donc autour de moi quelque chose pour l'aider à se relever correctement. Je m'aperçus que j'étais arrivé dans un endroit inconnu de ma personne. Comment était-ce possible ? Je connaissais les moindres recoins de mon île ! Pourquoi celui-ci ne me disait rien ? Étais-je bien arrivé sur la bonne île déjà ? Précipitamment, je me dirigeai vers divers emplacements. A l'est, à l'ouest. Un peu n'importe où. Passant et repassant près du corps immobile de ma nouvelle amie. Je finis par tomber sur un cul-de-sac. Et pour dire : il n'y avait aucune issue. De l'océan à perte de vue. Je regardai en bas : de l'eau s'écrasait sur les rochers. Déjà un bon point. Je me retournai : cette fois, c'était des végétaux qui s'étendaient jusqu'à des centaines de mètres au minimum. Nous voici plus ou moins perdus. Étrangement gênant. En dernier recours, je m'approchai de Nina. Ne sachant plus vraiment quoi faire dans l'immédiat, je lui attrapai délicatement la main. Je relevai un peu sa tête et j'avançai ma bouche de son oreille gauche. MICHAEL TERRAGONE ▬ Nina... Réveillez-vous... Je la reposai très sensiblement sur le sol. Ses paupières s'ouvrirent. Telle une preuve : mes douces paroles transpercent l'esprit des gens... Quoique ça ne marchait juste avec elle. J'avais deviné depuis longtemps qu'elle avait quelque chose de différent. Quelque chose qui me plaisait. Autre que ses séduisantes approches et que son admirable détermination, bien entendu. Je souhaitais juste qu'elle n'est pas cette énervante réaction qui consistait à me frapper dès que quelque chose ne lui allait pas. Allons bon, au pire, je lui annoncerai plus tard que nous sommes complétement et enfin seuls.

Dans un amas de grognements dus à mon réveil, je cillai des yeux ; notamment à cause de la lumière qui les agressait violement. Ce qui m’avait réveillée ? Une voix qui chuchotait mon nom ; ce qui me fit sourire. J’aimais qu’on prononce mon prénom de la sorte, surtout lorsqu’il s’agissait d’une voix masculine. Il était très certainement penché au-dessus de moi. C’était encore plus plaisant. J’avais donc un grand sourire aux lèvres mais mes yeux demeuraient fermés. Lentement, je me redressais, bien qu’aidée par Michael. Une fois assise, je le regardais avec insistance. Sans même prononcer un mot. Puis mon regard se détourna pour jeter un premier coup d’œil à l’environnement. J’étais étonnée ; il s’agissait d’un environnement très… sauvage. Un peu trop peut-être. Je me demandais où nous pouvions bien être tombés, tous les deux. Je tournais la tête de droite à gauche, tentant de reconnaître quoi que ce soit. Mais je n’étais pas une fille des îles, loin de là je dirais, même. La nature ce n’est pas trop mon truc. C’était même très nouveau pour moi. Après quelques instants de vaines recherches, je me replongeai mes yeux dans ceux de Michael.

Nina. C’est une blague ? Où sommes-nous, là ?

Je devais sans aucun doute paraître légèrement paniquée, mais n’oublions pas que j’étais seule avec lui dans un lieu que je ne connaissais vraiment pas sans savoir si j’allais pouvoir en sortir. Alors il y avait de quoi paniquer, même si ce n’était pas de la peur. Non, je ne pouvais pas avoir peur en sa compagnie, puisque je me sentais en sécurité, lorsque je suis près de lui. Il m’a sauvée, après tout, non ? Il était toujours au-dessus de moi, mais lentement je me glissais sur le côté pour me relever, et regarder, du moins jeter un coup d’œil, sur les environs. La première chose que je vis, ce fut un arbre. Très intéressant, tiens… Il y avait beaucoup. La civilisation commençait à me manquer, c’était fou. Aussi vite que l’éclair, je me retournais en direction de Michael, qui lui était resté là. Toujours aussi… expressif, celui-là. Je souriais. Alors nous étions là, quelque part je ne sais où, certainement seuls. Bon, le décor était parfait, & l’ambiance assez conviviale… En pensant à tout cela, ce n’était plus vraiment un sourire que j’avais aux lèvres, non non. Dorénavant je riais aux éclats, comme une enfant. Oui, cette situation était assez comique. C’était le transplanage qui avait raté ? Sûrement, allez savoir. J’espérais juste qu’il allait tout de même me faire rentrer chez moi à un moment donné, bien que mon chez moi était totalement… ravagé. Mais j’allais en trouver un autre, quand même. Quitte à devoir squatter chez lui un petit moment. Ce serait marrant, ça aussi. Et bien oui, il avait participé à la destruction de mon intérieur, non ?

Sur un coup de tête, je décidai de revenir vers Michael. Pendant que je marchais, je sentais dans mon jean des petites choses extrêmement désagréables qui me grattaient, qui m’irritaient la peau. Je regardai par terre ; du sable. Bien évidemment, des grains s’étaient faufilés dans mon jean. Les coquins. Quoi qu’il en était, ils me gênaient beaucoup mais je ne voyais pas comment je pouvais les enlever. A moins que… Je relevai la tête. En affichant un de ces sourires… Un sourire qui laisse sous-entendre tout plein de vilaines choses interdites aux mineurs. En baissant les yeux, j’approchais mes mains du bouton de mon jean ; puis le déboutonna tout doucement. J’agissais avec calme, sans précipitation. Puis je le laissai glisser sur mes jambes.

Nina. Je vous prie de m’excusez, le sable me gratte et je déteste ça. Vous me comprenez j’espère.

Je levai chaque jambe afin qu’elles soient totalement libérées. Arrivé à mes chevilles, je m’en saisis et le lançai un peu plus loin. Mes jambes étaient donc nues, et les yeux de Michael rivés dessus. Ne croyez en rien que la vue n'était pas plaisante, aussi. Dans un élan d'enthousiasme, je lui fis un clin d'oeil, tout naturellement, tentant de lui faire comprendre qu'il devait approcher...

ENFIN SEULS... « Rien n'arrive jamais par accident. »

feat Michael Terragone.Nina Nikolaï

NINA V. NIKOLAÏ ▬ C’est une blague ? Où sommes-nous, là ? Une blague ? Pas réellement. Car si j'avais voulu faire une blague, je l'aurais fait autrement. J'avais un humour plus raffiné que ça ; me perdre dans une espèce de jungle maritime n'était pas ce que je pouvais qualifier de marrant. Étant donné l'ampleur de l'île, le temps que nous retrouvions notre chemin... Quoique je pourrais concevoir l'idée de transplaner. Ce serait dur, mais plausible. Techniquement. On ne pourrait pas croire comme ça mais transplaner d'un endroit qu'on ne connait ni d'Eve ni d'Adam, ce serait plus complexe qu'il n'y parait. Surtout quand on est distrait par une jolie damoiselle qui se décidait à se promener un peu partout dans cet espace si réduit. Mais lentement, elle revenait vers moi. Un sourire étrange aux lèvres. Que voulait-elle encore ? Je la vis prend sa position d'aguicheuse, approchant ses mains d'un coin pourtant défendu. Je levai un de mes sourcils, tournant les pupilles un peu dans tout les sens ; un peu comme si je t'étais drogué. Que faisait-elle exactement ? Ce n'était pas une cabine d'essayage ici. Aurai-je une si mauvaise vue ? NINA V. NIKOLAÏ ▬ Je vous prie de m’excusez, le sable me gratte et je déteste ça. Vous me comprenez j’espère. J'acquiesçai en signe d'accord. Je comprenais parfaitement. Cependant, comptait-elle réellement faire ça devant moi ? Je sais bien que nous avons faillit conclure il y a quelques heures, de là à ce qu'elle devienne aussi intime et... vilaine... Il fallait bien que j'avoue que c'était une femme osée. Qui n'avait visiblement peur de pas grand chose, excepté de la mort et de perdre toute liberté. Je la respectai, de plus en plus, pour ça. Sans compter ses magnifiques jambes qui s'incrustait dans l'histoire. Comment voulez-vous que je n'y fasse pas attention ? Mais je me devais de rester raisonnable. Nous ne pourrions pas jouer à ce jeu tout le temps. Ou tout du moins, nous devions garder un peu de ça pour plus tard. Le plaisir de découvrir l'autre se fera en temps voulu, en admettant que ça se fasse un jour... Je regardai quand même passer le vêtement à côté de moi, atterrissant trop loin pour ma pauvre vue. Disons que j'étais occupé à regarder Nina de manière intrigante. Je me mis à marcher vers elle, avec l'exacte façon dont elle me séduisait. Plus ou moins. Je laissai le vent aller contre moi, se poser sur le tissu qui couvrait mon torse. J'avançai fièrement, avec une allure pas trop hautaine et tout juste douce. Arriver à son niveau, je plaçai précisément mes paumes contre ses hanches. Je la rapprochai de moi, instinctivement. On sentait comme des petites secousses sous nos pieds ; pas trop dérangeantes, du moins. J'en profitai lâchement pour humer son parfum, avant de lui chuchoter quelque chose à son oreille. Pour changer. MICHAEL TERRAGONE ▬ Ne bougez pas. Une demande à laquelle elle répondit par l'affirmatif. Elle ne bougeait pas d'un centimètre. Mais avait-elle bien compris pourquoi lui avais-je demandé ça ? Ce n'était non pas une demande intime, afin de pouvoir explorer un autre endroit quelconque. Ni même pour qu'elle soit à ma merci. Juste parce que je connaissais mon île. Suffisamment pour savoir ce que dont regorge son bestiaire, et où il peut être. Notamment près d'une falaise. J'aperçus quelque chose s'approcher furtivement, grimpant la paroi rocheuse qui nous séparait du vide. Enfin, je n'en vis qu'une partie. Assez pour deviner qu'elle était dangereuse et plausiblement impressionnante. Dans la seconde qui suivie ma parole, j'enlaçai plus fortement ma nouvelle amie et la serrant ainsi, j'eus aisément la capacité de la déplacer. Sur le bruit puissant de son corps qui s'écrasait contre le sol, la bête réagit. Et arrivai vers moi une queue munie d'un dard gigantesque pour sa catégorie, tout ça à une vitesse hallucinante. Mon premier réflexe fut de me protéger avec mon bras. Mauvaise idée ou pas, la pointe transperça la chair de mon avant-bras. Créant une douleur cinglante et potentiellement mortelle. Sous le poids, je m'affaissai. Mon dos s'étendit sur le sable, du sang coulait. Je regardai Nina, qui restait figée. Puis je jetai un coup d'œil vers l'emplacement où nous avions atterrit. J'avais oublié ma baguette là-bas. Quel con ! Je me retournai alors vers la créature. Un scorpion géant, muni d'une carapace argentée. Elle était majestueuse, bien que peu banale pour l'occasion. Mais actuellement, j'avais d'autres soucis. Cherchant une solution, j'évitai son dard quand il revenait à la charge. J'eus soudain un éclair de génie. Puisque je n'avais que des ennuies en ce moment, et qu'elle n'avait rien avoir là-dedans... J'allais au moins tenté, héroïquement et solennellement, de la faire sortir de ce pétrin. Non pas un sacrifice, juste un éventuel suicide. Dans un ultime effort, je me relevai. MICHAEL TERRAGONE ▬ Courrez, bordel ! Courrez ! Le scorpion, attentif à mes paroles, tenta de me faire tomber en balayant mes pieds à l'aide de sa queue. Je sautai au bon instant, avant de me baissai quand il tentai l'inverse : m'arracher la tête. N'ayant plus d'autres choix, je courrais vers lui, maintenant ma blessure avec ma main libre. Je sautai entre ses pinces qui mouvaient dans tout les sens, et finit par arriver près de son crâne, plus laid que le reste. Je l'affligeai soudain d'un coup violent à l'un de ses nombreux yeux, lui offrant des coups de pieds par la suite. Il n'allait pas tarder à me rendre la pareille avec toutes les armes dont il disposait naturellement. Et sortir de là n'allait pas être facile. Mais hors de question que je meurs d'une idiotie telle quelle ! Sans compter que j'espérai, qu'au moins, Nina n'avait pas bronché et qu'elle avait pu s'enfoncer dans la forêt... Qui regorgeait peut-être d'autres monstres, mais franchement... Si elle n'avait pas fuit, je lui en voudrai.

Michael. Courrez, bordel ! Courrez !

J’étais paniquée ; en l’espace de quelques minutes, encore une fois tout bascula. De plus, c’était fou à quel point cette bestiole pouvait m’effrayer. Je voyais Michael se faire attaquer, mais je me sentais impuissante. C’était comme si j’étais privée de tout geste, comme si j’étais tétanisée, voire pétrifiée. Mes yeux ne pouvaient se fermer, malheureusement captivés par ce mastodonte. Je tentais de m’agripper à ce que je trouvais, mais je n’y arrivais même pas. A ce moment-là, je me sentais pathétique. Pourquoi ne prenais-je pas mon semblant de courage à deux mains comme il l’avait fait pour moi. Il m’avait demandé de fuir, ce que je ne fis pas. Même si ma vie en dépendait. Je ne voulais pas le laisser seul ici, à la merci de cette chose hideuse. Cependant, je n’allais pas signaler mon refus à Michael. Aussi vite que je pouvais, je réfléchissais à un moyen de nous débarrasser d’elle. Ma dague… Oui, j’avais toujours ma dague à la ceinture. Mais j’allais devoir approcher… Et ça je n’étais pas sûre de pouvoir. Mon seuil de courage n’atteint pas deux dans ces moments là. Quoi qu’il en soit, je devais faire quelque chose, bien que j’étais loin d’être rassurée. Je regardais Michael ; il semblait mal en point, son bras en sang et lui totalement essoufflé ; je ne pouvais pas le laisser comme ça, ce serait bien trop cruel. Et puis… il ne m’était plus indifférent, je pense. Avec détermination, je fixai le pantalon qui gisait non loin de Michael. Un dernier instant, je fermais les yeux, tentant de me rassurer du mieux que je pouvais ; tentant de me dire que tout allait bien se passer et qu’il fallait que je parte confiante. Confiante, plus facile à dire qu’à faire lorsqu’on est confrontée à un truc pareil.

Après une vive inspiration, je fixai d’abord le scorpion puis le jean. La voie semblait dégagée, le scorpion tentant à tout prix de tuer Michael. Je devais faire vite. En l’espace de quelques dixièmes de secondes, j’entrepris de courir en direction de mon jean. De sprinter, plutôt. J’y étais, et surtout toujours en vie. Je me saisis immédiatement de ma dague puis réfléchissais à nouveau. Comment tuer quelque chose qui veut vous-même vous tuer mais qui a quasiment tous les atouts ? Mais cependant, la bête paraissait déjà bien occupée avec la résistance de Michael, ce qui m’ouvrait une porte, en quelques sortes. Après quelques instants de réflexion de plus, je m’approchais lentement sur le côté et planta la lame par-dessous, par conséquent dans son abdomen. C’était comme si le scorpion se tordait de douleur, et gémissait. J’eus le réflexe de me reculer, ébahie par ce que je venais de faire certes, mais je préférais rester sur mes gardes. Elle agonisait, et ses cris aigus me déchiraient le cœur. Mais je me disais que j’avais bien agi. Cependant, je préférais lui épargner une mort lente et douloureuse… Alors j’effaçai la distance que j’avais crée entre son corps étalé à terre et moi, sa respiration étant courte et saccadée, puis la contournai. A contrecœur, je fermai les yeux et enfonçai une seconde fois ma lame dans son cou. Je me relevai, puis regardai le scorpion s’endormir pour toujours… Là, je me sentais mal. Alors je me retournai vers Michael, qui était là, meurtri par ce que je venais de tuer. Beaucoup trop de sang s’échappait de son bras ; ce qui me m’était encore plus mal à l’aise. D’un regard désolé et même triste, je le fixai.

Nina. C’est horrible, ce que je viens de faire.

Alors je m’assis sur la sable, face à Michael, prenant son bras délicatement. C’était vraiment très moche, comme blessure. De plus, je n’étais pas médicomage et à moins qu’il sache se débrouiller tout seul, sa guérison allait être plus douloureuse que la douleur même que son bras lui procurait. Cela ne tiendrait qu’à moi, je l’aurais coupé. Ou j’aurais du laisser le scorpion le tuer… Je secouais la tête pour m’enlever cette idée de là. Je n’aurais pas lu le laisser se faire dévorer.

ENFIN SEULS... « Rien n'arrive jamais par accident. »

feat Michael Terragone.Nina Nikolaï

Je fixai Nina, déconcerté par ce qu'elle venait d'accomplir. Je découvris là une nouvelle facette de sa personnalité : le courage par la peur. J'aurais pourtant juré qu'elle s'en tiendrait à fuir comme tout humain le ferait. Voire qu'elle resterait terrorisé, immobile, fixant le scorpion sans entreprendre un seul agissement. Mais... Qu'elle vienne m'aider. Qu'elle vienne lui ôter la vie. Et plus important : qu'elle me sauve d'une mort certaine ; puisque je n'étais pas non plus l'invincibilité incarné. Et devant la découverte de sa témérité, je fus plus impressionné. NINA V. NIKOLAÏ ▬ C’est horrible, ce que je viens de faire. Elle me regardait avec insistance, comme si elle avait honte de quelque chose. J'aurais du y pensé plus tôt : elle était loin d'être habitué à infliger la pire des sentences à un être vivant... Face à la mort, chacun a une réaction singulière. La mienne fut la colère. Chez elle, la tristesse ; ou le dégoût. Mais au bout d'un moment, on finit par s'y habituer. On dépasse notre état second, et notre adrénaline, qui se négociait en handicap, finit par se métamorphosé en une force que l'on exploite à bon escient. Vient de là l'évolution de ma propre magie. Mais à cet instant précis, je pensais qu'il fallait conserver la douceur innocente de cette jeune femme. Elle avait beau savoir se défendre, et vouloir à tout prix se défendre également, tuer n'est pas la seule façon d'évoluer. Elle a bien des chemins à suivre, mais je sentais toujours comme un potentiel chez elle. J'avais pris à la flairer après toutes ses années passer à rechercher des informateurs. Certains n'étaient intéressé que par l'argent, d'autres ne jugeait que par leur plaisir malsain à dénoncer. Mais ceux qui étaient les plus respectables, c'était bien ceux qui avaient soif de justice. J'aimais les appelé les Âmes Nobles. C'est ce qu'est cette demoiselle aux cheveux si clairs, fille d'un monstre mais différente par sa loyauté et sa bonté. Ceci étant dit, j'en avais oublié le plus important : ma blessure. Elle m'abasourdit d'un seul coup. Je me couchai plus, gardant les yeux rivés sur la créature désormais. Ma respiration était haletante, compulsive. Mon cœur battait bien trop vite. Je connaissais cette sensation. Cette bête... Ce n'était pas n'importe quelle bête. J'aurais du m'en rendre compte avant : un scorpion protecteur. Un soldat, en quelques sortes. Avec un étrange pouvoir qui lui permettait d'empoisonné les plaies de ses ennemis. Hormis les trous béants qui pouvait causer quelques dommages, il y avait ce piège que peu de gens connaissaient. Si ton ennemi meurt, tu meurs. Le poison ne fait effet que si la créature l'ayant infligé périt. Un cercle vicieux. Et maintenant, pour ne pas dramatiser, je vis plus ou moins flou. Je pus apercevoir Nina s'approchant de moi. Elle prenait mon bras entre ses mains. Ce dernier tremblait, et pour ce que j'en savais, devait être chaud. Mine de rien, je n'étais pas sans ressource. Et même si mon corps me quittait, mon cerveau fonctionnait : je connaissais un anti-sort. Je sentis la peau délicate de mon amie me touchait, et aussitôt, je lui agrippa son épaule. Me redressant un petit peu, je bougeais ensuite mes métacarpes vers sa joue, la caressant maladroitement. MICHAEL TERRAGONE ▬ Va... Ma baguette. Il me faut... L'effet marchait rapidement, n'est-ce pas ? J'avais déjà été confronter à ce genre de situation. La dernière fois, j'avais un alchimiste et une assassine près de moi, voilà juste la différence. Néanmoins, je pourrais réussir. Bon, là, je venais de m'écraser lamentablement sur le sable. Plus ou moins paralysée. Je luttais, mais je n'en avais plus pour longtemps. Ne rendons pas la chose plus dure qu'elle n'était : je ne mourrai pas. Hors de question. A condition qu'on me donne ma baguette ; dans le cas contraire, je meurs. Et fin de l'histoire.

Mais que se passait-il ? Pourquoi semblait-il fiévreux tout à coup ; du poison ? Mais oui, un scorpion, j’aurais du y penser… Son teint devint livide en à peine quelques instants, de légers tremblements le gagnaient, s’intensifiant de secondes en secondes. Je n’avais jamais du gérer ce genre de situation auparavant ; je n’avais jamais vécu cela. Je ne savais pas comment réagir et que faire pour le sauver d’une mort certaine… Cependant je devais garder mon calme ; faire comme pour la chose : respirer et me calmer. Si jamais je paniquai, ce serait certainement la fin. Et ça, il en était hors de question. Il s’écroulait. Mais je n’imaginais même pas la douleur qu’il devait sûrement éprouver, cette douleur physique qu’on venait de lui affliger. Et moi qui pensait l’aider…

Michael. Va... Ma baguette. Il me faut...

Sa baguette. Où était sa baguette ?! En ayant posé une de mes mains sur son torse pour garder un contact avec pour qu’il sache que j’étais là, je posai l’autre dans le sable et commençai à regarder tout autour de moi. Le sable était retourné par endroits, à cause de leur lutte. Je ne voyais pas sa baguette… Mais je ne devais pas désespérer. Au contraire, je devais me concentrer sur ce que je cherchais. Plus lentement, je scrutais bien le sol. Elle était là, à une dizaine de mètres de moi. Instinctivement, je me levais puis courrais dans sa direction, pour l’attraper dans un élan qui me fit chuter accidentellement. Ce n’était pas vraiment mon jour, apparemment ; je sentis un léger crac mais je n’y pensai pas, pas maintenant ; ce n’était pas ce qui devait m’importer, même si le fait que j’essaie de me dépêcher du mieux que je pouvais n’arrangeait rien. En revenant près de lui, j’espérais juste qu’il allait être encore conscient, sachant que je ne savais pas ce qu’il comptait faire avec sa baguette si ce n’était lancer un sort pour se guérir, mais lequel était-ce ? Alors je croisais les doigts, intérieurement bien sûr. Arrivée à hauteur de son corps, il avait les yeux fermés ; sa peau était glacée mais en sueur ; on aurait dit qu’il était inerte mais son cœur battait toujours autant. C’était assez inquiétant, mais je ne perdis pas de temps. Je me lançai sur mes genoux, pour ensuite pouvoir me pencher au-dessus de lui et lui tendre sa baguette.

Nina. La voici.

Il ne bougea pas. Ses yeux restaient clos. Sur le coup, je ne comprenais pas ce qui se passait ; ce que j’avais fait de mal. Quoi que je fasse tout part de travers, décidemment… Ne serais-je donc pas quelqu’un de responsable, qui échoue tout ce qu’il entreprend ? Ce serait fort regrettable. Indirectement, cette situation pesait ; j’étais sujette à une forte pression, tout de même. Et je ne suis pas quelqu’un de fort mentalement. Il suffit un petit traumatisme pour que je m’écroule en larmes, sans raison valable, en réalité. A ce moment-là, je me disais que s’il mourrait, cela allait être de ma faute et jamais je n’allais me le pardonner. Mais je ne devais pas pleurer… Pas maintenant, pas là. Pour lui… Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, maintenant. Cela faisait beaucoup de choses que je ne comprenais pas. Délicatement, je vins poser la baguette de Michael dans sa main, qui aussitôt l’emprisonna.

ENFIN SEULS... « Rien n'arrive jamais par accident. »

feat Michael Terragone.Nina Nikolaï

J'avais l'impression qu'elle me disait quelque chose. Je ne savais pas quoi, mais elle me disait quelque chose. Et dans la seconde qui suivit, je pu sentir sa peau une nouvelle fois. Là, je ressentis un autre contact : du bois. Comme quoi elle était plutôt obéissante. D'un autre côté, j'étais en train de mourir. Que pouvait-elle faire d'autre pour m'aider ? Mais l'avantage, c'est que l'espoir me revenait. Les yeux baignant dans la pénombre, je fis appel à tout mes sens pour pouvoir faire ce que j'allais accomplir. Car oui, il m'a fallu une énorme concentration pour lancer ce sort. Dans cet état là, à la limite d'un rendez-vous poignant avec le faucheur, je ne pouvais pas faire grand chose. Je respirai juste, beaucoup plus lentement. Mon cœur battait deux fois à la minute, je ne bougeai plus. Tel un cadavre sans âme, pâle, suppliant sa conscience de lui revenir. Le cri d'un mort, le râle d'un vivant, tout ça n'a que peu d'importance. Je ne voyais plus l'univers comme je l'avais vu jusque là. J'observai... Énormément de choses. Une vue panoramique. Je me voyais immobile, près de Nina qui attendait que je fasse quelque chose. Puis je m'éloignai encore, et je vis ensuite la falaise de plus haut. Puis l'île, d'une grandeur plus immense que je n'aurais pu l'imaginer. Mais elle aussi devenait de plus en plus petite, si bien que j'apercevais la perspective de l'océan. Et plus rien. Le noir complet. Court, rapide, pas trop de détail. Tout ça pour un final de cette façon ? C'était ça la mort ? Ça ne m'intéressait pas. Je rouvris les yeux et dans un élan de puissance inconnue, je me pliai en deux, la baguette vers le haut. J'avais du effectué quelques grimaces humiliantes avant de pouvoir prononcer quelque chose de clair. MICHAEL TERRAGONE ▬ Avada Kedavra ! Une flamme verte monta haut dans le ciel. Elle disparu à l'intérieur des nuages et semblait s'échappait sur les étoiles naissantes. J'ai du resté soixante secondes, n'ayant même pas la force de retomber sur le sable. En vérité, j'en avais juste eu assez pour bouger mes pupilles et ainsi regarder Nina. Elle était sceptique. Et puis, finalement, quelque chose retomba des cieux. On aurait dit une météorite, qui filait à toute vitesse vers moi. Vert, aussi. Elle frappa violemment ma poitrine. Je me couchai alors sur le flanc gauche, tournant le dos à ma compagne. Je regardai devant moi, le regard vide. Inerte. Jusqu'à ce que quelque chose sorte de ma bouche : du sang. Je crachai du sang. Si ce n'était pas pathétique, ça. Et du sang, je passai à une substance noirâtre que je rejetai avidement du fond ma gorge. Je respirai enfin plus posément. Ma blessure s'était aussi calmée. Et vérifiant que toutes les parties de mon corps fonctionnaient plus ou moins normal, je me tournai vers la jeune femme. Je faisais un peu comme si je venais de me réveiller le matin, et que je regardai son beau visage. Sauf que son visage montrait de l'effroi et que j'avais un liquide rouge foncée qui coulait sur mon menton. MICHAEL TERRAGONE ▬ Merci. Je m'essuyai ensuite le sang avec ma paume. Revenons à l'élégance primaire. Avec la main qui n'avait pas servi de mouchoir, j'aggripai une nouvelle fois l'épaule de Nina. J'eus ainsi plus d'aisance à me relever. Je l'invitai à me rejoindre une fois debout. MICHAEL TERRAGONE ▬ Je vous expliquerai le coup du sortilège de mort. Mais avant, il faudrait partir. Mon regard se détournai vers la bête. Elle était plus qu'inerte, elle. Néanmoins... Je ne préférai pas rester pour son enterrement. Ce que je venais de faire était une erreur de la nature, et il valait mieux qu'on déguerpisse avant que cette dernière nous rattrape. Dire que nous étions seuls... Juste seuls...

Je ne voyais pas où Michael voulait en finir ; je ne comprenais pas ce qu’il venait de faire et encore moins pourquoi. Comment un sortilège de mort pouvait redonner la vie. Lorsque je vis l’éclair vert s’éloigner, puis revenir à peine quelques minutes plus tard, je décrochai totalement. Je me disais qu’il allait en finir, et que j’allais être seule ici. Instinctivement, je me reculais. A partir de ce moment-là, Michael réagissait assez bizarrement… Cependant, à peine quelques instants après l’avoir vu recracher son sang, il semblait bien plus paisible. Sa respiration était revenue à la normale et il avait repris des couleurs. Aussitôt, je me ramenais vers lui. Il me prit alors l’épaule en s’appuyant dessus afin de se relever ; et tout naturellement je suivais son mouvement. Tout devint plus fluide ; comme s’il était débarrassé de tout tourment corporel. Je pus alors retrouvé un délicat sourire, que j’affichais en coin de lèvre, discrètement. Je m’étais sentie utile, je me sentais fière de moi-même si cela était peu, j’avais tout de même l’impression de lui avoir sauvé la vie.

N’oublions pas qu’il m’avait fait assez peur, quand même. Non parce que j’avais vraiment cru qu’il avait utilisé ce sort pour… son utilité première : tuer. Mais apparemment nous nous sauvions la vie à tour de rôle, alors la prochaine fois, cela allait être à lui de me sauver. Comme un preux chevalier à sa gente demoiselle. Je souriais à cette pensée. Ne le quittant pas des yeux, je pris tout doucement le bout de sa main, ne réussissant à tenir que le bout de quelques doigts ; mal visé. A ce moment-là, une montagne d’idées parcoururent mon esprit : l’embrasser, lui faire comprendre qu’il m’avait fait peur, recommencer à le maltraiter … Et pourquoi pas les trois à la suite, hein ? Au même instant je pris sa main correctement, le poussant légèrement en arrière tandis que je me collai à lui. Dans un même regard, nos lèvres se touchèrent une énième fois ; mais je coupai bien court au petit plaisir. Je changeai tout de suite d’expression du visage ; passant d’un air de petite fille joueuse à celui d’une lionne à qui on aurait pris ses enfants. J’avais instinctivement lâché la main de Michael pour ensuite poser les deux miennes contre son torse, afin d’avoir moins de mal à le pousser en arrière moins délicatement que la première fois. Nous reculions synchroniquement, d’une vitesse assez rapide. Je tentais du mieux que je pouvais de l’empêcher de se défendre en ne baissant pas mon regard, ni en regardant ailleurs. Ce serait certainement une grande erreur, sachant que ce serait lui ouvrir la porte de la défense… Là, il semblait comme.. captivé. Il se laissait faire. Là, un choc. Nous venions de heurter un arbre qui se trouvait planté dans un trajectoire. Michael était adossé à ce mur, tandis que moi je l’avais saisis au col.

Nina. Ne me refaites plus jamais ça.

Une menace ? Peut-être bien ; c’était à lui de prendre cela comme il le voulait. Sûrement qu’après j’allais devoir payer le prix de mon acte, il allait tout de même bien commencé à se défendre un jour ou l’autre, lorsqu’il aurait compris que j’étais en train de l’attaquer, en quelques sortes. Il était plus grand que moi, j’arrivais à son cou ; alors je me mis sur la pointe des pieds pour tenter d’arriver à hauteur de son visage. Je vins immédiatement lui mettre une énorme gifle, mais celle-ci me fit me décrocher de ma proie, me faisant basculer en arrière. Tenant ma main endolorie, je jettai un regard noir sur Michael, qui ne comprenait rien à ma réaction. J’entrepris alors de me retourner, puis je commençais à marcher droit devant moi, pour tenter de faire diminuer la rage qui avait auparavant pris le contrôle de mon esprit. Et je laissais là Michael, une légère égratignure sur la joue, totalement ébahi par ce qui venait de se produire. Et nous verrions s’il allait tenter de me suivre. Nous allions avoir ce qu’il allait faire tout court.

ENFIN SEULS... « Rien n'arrive jamais par accident. »

feat Michael Terragone.Nina Nikolaï

Cette femme avait un peu trop de poigne, là. Jamais personne ne m'avait frappé deux fois. En général, ils avaient juste le temps de pleurer. Nina avait donc aisément battu un record, ce qui m'étonnait. Certes, je respectais son caractère séduisant et plein de prouesses. Mais quelle raison me poussait à me laisser faire de la sorte ? Étais-je donc devenu si faible ? Ou alors, étais-je devenu égoïste au point d'espérer qu'elle se calme et que j'ai le droit à un peu de tendresse ? Je secouai la tête de mépris pour moi-même. Il fallait que je réagisse. Pour cela, j'avais immédiatement trouvé un moyen simple. Tandis que son déhanché solennelle me narguait, je me décalai du mur. Que faisait-il là d'ailleurs ? Aucune idée. Tout ce que je savais pour l'instant, c'est ce que je gardais mes yeux rivés sur elle et que je la suivais alors que nous nous enfoncions dans cette jungle. Elle ne paraissait pas trop dérangé par la petite nature qui nous encombrait le passage. J'évitai soigneusement les bestioles et les racines des arbres, juste à temps de rattraper mademoiselle. Je lui agrippai le bras, tandis qu'elle eut l'air surprise. Je ne l'ai pas amené vers moi comme je le faisais d'habitude. Elle ne toucherai pas mon torse pour une fois. En réalité, je la fis avancer pendant plusieurs secondes. Juste à temps d'atteindre un endroit plus libre, moins envahie par les plantes et surtout moins vertigineux. Une petite rivière coulait posément. MICHAEL TERRAGONE ▬ Vous êtes un petit peu trop impulsive, je penses. Je la lâchai et la regardai avec un sourire aguicheur, puis je reculai, réajustant ma coiffure. Je pris ensuite soin d'enlever mon haut, troué et couvert d'un tas de substances que je ne citerai pas. Nous voilà donc à égalité : moi torse-nu, elle jambes découvertes. Je fis ainsi découvrir mes muscles bien dessinés. Quoi ? J'avais le droit de frimer moi aussi, non ? MICHAEL TERRAGONE ▬ Mais qu'en serait-il si je venais à me défendre ? Je suis sûr que vous seriez prise au dépourvu, non ? Je m'approchai d'elle, les poings armés, et tel un boxeur moldu, je me couvris le visage. Je donnai des petits coups dans le vide, histoire de l'intimider un peu. Non, ça ne se transformera pas en combat. J'avais eu l'idée de faire preuve de compassion : et de l'entrainer un peu. Ainsi donc, après quelques minutes passé à tournoyer autour d'elle comme un idiot, je relâchai mes doigts. MICHAEL TERRAGONE ▬ Tentez de bloquer mes attaques. Je serai doux comme un agneau, promis. Lui adressant un clin d'œil narquois, je fis des mouvements d'épaule, me préparant à amener mes bras près de son visage. Je n'allais pas la frapper ; hors de question. Ce serait abimer un bon visage, et ce serait également contre mes principes. Tout ce que j'allais faire, c'était donner des coups légers. Je voulais voir ce dont elle était capable. Ce qu'elle pourrait faire en cas de duel. Car... au fond, l'essentiel était surtout qu'il ne lui arrive rien... Il valait mieux qu'elle tombe sur moi que sur un larbin de son père. Étais-je en train de devenir de me transformer en enseignant ? Je secouai la tête une seconde fois. Cette fois emplie de surprise pour mes actes. Jamais je n'avais fais ça.