Rose revenait tout juste d'un des Box des urgences où elle avait encore eu à soigner un cas bénin de mal de tête. Décidément, les gens prenaient cet hôpital pour du vent et venaient vraiment pour n'importe quoi. Il faut dire aussi que la nuit avait été longue et qu'elle avait peu dormi pendant sa garde. Par conséquent, elle n'était pas de la meilleure humeur possible ce matin-là. Sans compter qu'Amanda, l'infirmière régulatrice des urgences n'arrêtait pas de la solliciter pour tout et n'importe quoi. Et encore une fois, elle arrivait vers elle, visiblement elle avait encore quelque chose à lui demander. Avant même que l'infirmière ait pu lui demander quoique ce soit, la Médicomage se tourna vers elle, main sur les hanches, le regard froid.
Quoi ENCORE ?
Eh bien, excusez moi Dr Genêt mais le cardiologue a du s'absenter et une de ses patientes attend au service, j'ai pensé que vous pourriez la voir peut-être enfin ....
Ah ! Je donnerais n'importe quoi pour changer un peu d'air. J'y vais !
Elle déposa les dossiers qu'elle avait en main dans les bras de l'infirmière sans un regard de sympathie pour elle et traversa l'hôpital jusqu'au service indiqué. Non pas qu'elle était quelqu'un de méchant, bien au contraire, mais l'attitude de l'infirmière ces derniers temps, notamment le colportage de ragots, avait eu tendance à l'exaspérer plus qu'autre chose. En arrivant dans le couloir de cardiologie, elle aperçut une silhouette toute fine et recroquevillée sur sa chaise. La Médicomage jeta un coup d'oeil au dossier qu'elle tenait entre les mains. Vu l'âge et la maladie indiqués, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait de la patiente qu'elle devait examiner aujourd'hui. Elle se dirigea vers elle, un sourire rassurant sur les lèvres.
Bonjour, je suis le Docteur Genêt. Votre cardiologue n'est pas là aujourd'hui, c'est donc moi qui vais vous examiner, d'accord ? Suivez-moi, on va s'installer ici.
Elle lui désigna une salle d'examination un peu plus loin après lui avoir serré la main. Quand elles furent toute deux entrer, elle invita la toute jeune fille à s'asseoir sur la table d'examen avant de fermer la porte. Elle commença par écouter son coeur de la pointe de sa baguette. Ma maladie n'évoluait pas, ni en pire ni en mieux.
Bon, vous pouvez venir vous asseoir Mlle Nagasaki. Tout me semble en ordre.
Alors que la jeune fille rabaissait son pull qu'elle avait du soulever pendant l'auscultation, Rose constata de nombreux bleus dans son dos et vu leur forme et leur position, ils ne pouvaient être du à de simples chutes. Elle ne dit rien cependant et attendit patiemment que la patiente prenne place en face d'elle, le bureau les séparant. Elle savait bien que si elle était victime de maltraitance, il ne serait pas si simple de la faire parler. Pour faire mine de rien, la Médicomage se replongea dans l'étude du dossier, remarquant avec stupéfaction que toutes les propositions de soin magique avaient été rejetées. Pourtant plusieurs d'entre elles permettaient une réelle amélioration et surtout permettaient de retarder grandement la nécessité d'une greffe. Avec un sortilège de force assez puissant ou une potion adéquate, son coeur prendrait rapidement du gallon et même si il ne serait pas aussi performant qu'un coeur ordinaire, au moins ne serait-elle pas épuisée à chaque mouvement. La Médicomage releva les yeux vers sa patiente, les sourcils froncés.
Pourquoi n'avoir jamais essayé de traitements magiques pour votre cardiopathie ? Ils sont souvent très efficaces.
Elle la fixa un instant avant de retourner au dossier et de constater que les traitements n'avaient pas été refusé par la jeune fille mais par un membre de sa fille, apparemment son oncle et tuteur légal, comme précisé dans le dossier. Si c'était bien le cas, alors ce cas risquait de devenir bien plus compliqué que prévu. La Médicomage en venait même à se demander si les bleus qu'elle avait vu auparavant sur le corps frêle de la jeune fille n'était pas liée directement à cet homme. Elle fixa intensément la jeune fille. Il était temps de parler et très sérieusement. C'était sa vie qui était en jeu.