Tu as déchirer mon coeur et tu en as garder la moitié avec toi.

Il faisait froid, les dernières feuilles du grand chêne virevoltait, poussée par un souffle de vent. La nuit tomberait bientôt sur cette funeste journée. Journée d'Halloween, sombre journée. J'étais assise au pied de l'arbre et je regardais le soleil disparaître, attrapé par les montagnes. De là où j'étais, on pouvait voir les lumières qui s'allumaient dans les maisons du village, quelques enfants qui sortaient en riant gardant leurs déguisement sous leur manteau, les réservant pour cette nuit. Une dernière journée qui mettait fin à la vie que j'avais vécu ici. C'était la dernière fois que je voyais les feuille dorées du grand chêne, la dernière fois que je regardais le village se préparer à la nuit, le dernier Halloween chez moi.
Une larme roula le long de ma joue. Je vis Océane sortir de sa maison, dans une tenue de vampire. Moi j'étais en ange noir. Ceux qui prennent votre vie et votre bonheur, ceux qui viennent annoncer la mort d'un proche. Le temps me faisait penser à une nuit d'hiver, quelques flocons tombaient doucement du ciel, signalant le futur grand froid.
Je me relevais doucement, voir une dernière fois mon chez moi, ma maison. Je passais ma main sur le mur rugueux. Une dernière nuit pour profiter de ce village, ce village dans lequel j'avais grandis, ce village qui avait vu naître mes amours et mes amitiés, qui m'avait vu pleurer et rire, haïr et aimer.
Rozan sortit de sa maison, il me sourit, d'un sourire si triste qu'il me donna envie de pleurer. Nous savions tout deux que c'était la dernière fois que nous nous voyons. Océane arriva, suivit de quelques autres personnes qui avaient compter tellement pour moi. Partir, partir de chez soi, quitter sa vie. Moi qui avait toujours crus en ma chance, moi qui avait toujours crus en ma vie. Laisser derrière soi tout ce qu'on avait été, recommencer, oublier ou garder. Je leurs souris, pour qu'il croient que j'étais heureuse, encore un peu, avant demain matin.
Les premières maison furent certainement celles qui furent les plus dures, dans la tension qui régnait entre nous. Mais très vite, l'on commença à rire, à s'amuser, on ne voyait pas le temps passer. Arriver à la fontaine du centre de village, on était déjà tous dans une espèce d'extase propre aux meilleurs moments de notre vie. Je balançais allègrement mon panier tel le petit chaperon rouge allant vers sa mort. Quelqu'un sortit son portable, allumant une musique entraînante. Dans tout le village, on entendait nos rires et nos cris. Dire que c'était il y a seulement un an ... Quand nous fûmes au stade nous allumâmes les feux d'artifices qui éclatèrent dans le ciel, quelques enfants les regardaient par leur fenêtres, on les voyait entre les citrouilles, la lumière de leur chambre dans le dos. Ce fut le moment de rentrer plus rapidement qu'un sourire. Rozan s'avança.

Tu ne m'oublieras pas?

Jamais.

Pas plus que ça, il n'y en avait pas besoin. C'était la fin. La fin d'une vie, la fin de ma vie ici. Le lendemain, je partirais dans un autre pays, loin d'eux, loin de tous ce que je savait.