Un Chimpanzé sur les bras ! [Fe]

Un Chimpanzé sur les bras !

"Posez ce chimpanzé immédiatement !" C'était la première fois de ma vie que je prononçais une telle phrase, et je n'avais jamais imaginé que ça m'arriverait. L'homme qui se tenait devant moi avant un chimpanzé dans les bras. C'était un malade. Ces animaux apportaient toute sorte de maladies, et ils mangeaient comme vache qui pisse. Il n'était pas recommandable de s'approcher de ces créatures qui faisaient tout pour nous ressembler. Et regardez moi ça, voilà qu'il s'était mis à se gratter la tête. "Je vous préviens. Si vous ne posez ce chimpanzé, je vous fait pousser une queue de cochon !" Toutes les chances étaient de son côté. Soit il le posait, soit il le regretterait. J'avais entendu la petite clochette du magasin s'activer. Quelqu'un venait d'entrer. J'avais tourné la tête en direction de la jeune femme, et la première chose que j'avais vue, c'était ses jambes. Pas mal du tout d'ailleurs. Son habit commençait plus haut. J'avais relevé la tête un peu plus. La taille était assez fine, ce qui laissait présager qu'elle n'était pas du genre à passer ses journées dans des fast food. Elle prenait soin de son corps, mais la peau semblait très fraîche. Elle devait être bien trop jeune. J'avais finalement relever la tête jusqu'en haut, quand j'eu un haut le coeur. C'était elle.

"Rebecca ! Ne t'approche pas, c'est dangereux."

///"Je vous jure qu'il n'est pas dangereux monsieur. Et je ne vais pas rester là à le tenir encore très longtemps. Vous l'avez commandé, vous le payez et vous partez avec."

"Jamais de la vie. Vous imaginez pas à quel point ces créatures peuvent être dangereuse. J'ai un ami qui en a fait pousser un une fois, c'était vraiment pas beau à voir." Pousser ? Je confondais pas avec Albert qui avait fait tenté de faire pousser un palmier dans son jardin et qui s'était transformé en plante carnivore ? Ca poussait ces choses là ? Non, ça devait naître dans un oeuf. Et puis de toute façon, je n'en voulais pas. On m'avait juste donné rendez vous ici. Je n'étais pas là pour faire des emplettes. Je m'étais d'ailleurs approché de ma fille, et je l'avais prise par l'épaule pour la tourner vers la porte d'entrée.

"Viens, sortons de ce lieu maudit. Cet homme est un légume sortit de son frigo. Quelqu'un va venir pour l'y remettre. La prochaine fois, pense à me donner rendez vous dans un café, ou devant une église. Enfin là où traînent les jeunes filles de ton âge. Pas ici. C'est un pervers en plus, il t'a regardé quand tu es entrée." Je m'étais tourné vers le vendeur. "Ne regardez plus jamais ma fille, ou je vous envoi en enfer." Ben quoi ? J'avais bien vue dans son petit jeu. C'était un pervers, rien de plus. Comme cet imbécile qui venait d'être engagé dans ma Gazette. Mais au moins lui, il me rapportait de l'argent. Tout en essayant d'emmener Rebecca vers la sortie, je sentais quelque chose me tirer en arrière...

RENDONS À CÉSAR, CE QUI EST À CÉSAR !

Sa robe lui allait toujours, merci Seigneur. Cinq mois qu'elle traînait dans le placard, elle avait paniqué toute la semaine de peur de ne plus rentrer dedans. Heureusement pour elle, ses angoisses étaient injustifiées et elle lui allait toujours à merveille. Après tout elle l'avait choisit spécialement dans l'optique de cette occasion, un moment spécial, un tournant dans sa vie. Toutes les boutiques y étaient passées, jusqu'à trouver la perle rare, rouge cintrée, couleur préférée de celui pour qui elle se démenait afin d'être encore plus parfaite qu'en temps normal. Non, je ne vous dirais pas de qui il s'agit, pas encore. C'est pas l'heure. De toute manière, peu importe si cette robe lui allait encore ou pas - à part que ça lui aurait plombé le moral si elle s'était retrouvée trop petite - ce n'était pas avec son argent qu'elle l'avait acheté. En quelques sortes, si, ça l'était. Avec l'argent qu'on lui avait donné, elle n'avait rien fait pour le gagner à part être affreusement mielleuse et adorable. Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi les gens trouvaient ça si difficile de gagner leur vie... Mais tout le monde ne s'appelait pas Weaving, c'est vrai.

En tout les cas, son apparition dans la rue avait été remarquée, ses légers talons claquant contre le sol, mais surtout ce sourire un peu trop... exagéré, plaqué sur le visage. Pourtant, elle n'en faisait pas exprès, pour une fois. C'était totalement naturelle, cette expression de plénitude totale, de bonheur complet, d'apothéose et de contentement. A croire qu'elle avait fait la rencontre d'un schtroumph et que ça lui avait donné la pêche. Si on la connaissait personnellement, on pouvait savoir qu'elle était dans cet état de transe inexplicable depuis déjà quelques jours. On en revient toujours à ce fameux inconnu, pour qui son cœur battait un peu plus fort chaque seconde, pour qui le monde s'arrêtait de tourner, pour qui elle aurait retourné ciel, terre, mer, volcans, baraques à frites... Et je vous vois venir, non, il ne s'agit pas d'une truite, de près ou de loin. C'est même totalement à l'opposé.

C'est ainsi, vêtue sur son trente et un, cheveux lâchés sur les épaules, qu'elle pénétra joyeusement dans l'animalerie. Ici l'attendait un homme important. Un homme qu'elle ne voudrait quitter pour rien au monde... Celui qui gérait ses finances. Elle était perdue sans sa présence, dans tous les sens du terme. En le voyant, elle s'apprêtait à se jeter à son cou, avant de voir son âme sœur, juste derrière lui, lui tendant ses bras. IL L'ATTENDAIT, comme c'est mignon ! Elle avait commencé à faire quelques pas en avant, comptant le prendre avec elle, devinant à son regard que la robe lui plaisait déjà. C'était sans compter sur ce yéti de comptable qui venait lui crier ses recommandations insensées au visage. Elle tenta de se dégager de son emprise, mais il sembla bien décidé à partir de cet endroit. Puis pourquoi il lui parlait d'église ? Elle avait toujours eu peur des prêtres. Ils lui lançaient des coups d'œils bizarres... Encore plus bizarre que ceux du vendeur, oui. Et le voilà qui se mettait à lancer des menaces ! Quelle manque de conduite ! L'enfer en plus ! Il était devenu soudainement chrétien extrémiste ou quoi ?

« Mais arrête euh ! T'as mangé un chameau au petit dej pour avoir pareille haleine ? » C'était la première chose qu'elle avait sortit, sans vraiment contrôler ses paroles. Elle tenait bien sa franchise de quelqu'un en tout cas. S'arrêtant, refusant toute coopération pour sortir de cet endroit qu'elle trouvait tout simplement extraordinaire de son côté, elle posa ses mains sur les épaules de son père, les sourcils froncés, le forçant à retourner au centre de la boutique. « Tu n'as pas écouté mes messages. » C'était une affirmation. Et autant dire qu'elle ne la prononçait pas sur le ton le plus calme qui puisse exister. Elle était assez contrariée en fait, que son père n'ait pas pris la peine de se tenir au courant de ce qu'elle lui préparait. Tant pis pour lui, ce serait la surprise ! Il devait bien se douter qu'elle lui avait donner rendez vous ici pour une bonne raison, non ? Ah, peut-être pas, c'est vrai qu'elle avait hérité son intelligence de sa mère et non pas de l'autre branche de son arbre généalogique.

« Tu me déçois, parfois, tu sais. » Croisant les bras sur sa poitrine, avec une mine boudeuse, elle changea vite de comportement lorsque son regard se posé sur le fameux chimpanzé, pour la deuxième fois depuis qu'elle était entrée. Elle ne pouvait plus attendre ! Contournant le vieillard, elle se dirigea vers le vendeur détenant la clé de son bonheur... Peu importe s'il la regardait, elle en avait strictement rien à foutre, là. Elle posa une main sur la tête de l'animal, des étoiles pleins les yeux, poussant un cri d'admiration et d'excitation au contact des poils bruns de la bête. Tournant légèrement la tête, elle opta pour son sourire le plus craquant avant de s'adresser à son géniteur. « Papa, je te présente César. Je suis passée pour prendre un poisson rouge la dernière fois et finalement... je suis tombée amoureuse de lui ! Tu le trouves comment ? Il est magnifique ! Tu dois me l'acheter. » On ne pouvait pas faire plus clair.

Je m'étais mis à rire. Car oui, c'était comique ce genre de situation. Elle était là, toute belle, toute gentille, et elle voulait que je lui achète ce chimpanzé. C'était marrant, non ? Très marrant, n'est ce pas ? "Sortez." J'avais repris un air sérieux en m'adressant au vendeur. Il s'était excusé de ne pas comprendre ce que je lui demandais. "Sortez d'ici, laissez nous seul." Il ne comprenait toujours pas. C'était quand même pas compliqué, non ? "Vous allez devant cette porte, vous posez votre main sur la poignée, vous la baissée et vous allez derrière la porte. Une fois fini, vous reviendrais." Cette fois ci, il avait compris, mais il pensait que le fait qu'on était dans son magasin, et non dans le mien, lui permettait de me désobéir. C'était qu'un imbécile. "Bon, combien ?" Rebecca semblait aux anges en entendant cette phrase. Elle croyait quoi ? Que j'allais acheter l'animal ??? Bien sûr que... Non ! Je voulais simplement savoir combien !

"Combien pour nous laisser dix minutes ?" Le vendeur s'était gratté la tête, et le singe l'avait imité. Ah ben c'était bien beau. Je m'étais approché du vendeur, j'avais sortit quelques Gallions, dans les... Deux cent, et je les lui avais donné. "Maintenant sortez !" Il était d'accord, mais avant de sortir, il m'avait rappelé qu'il était chez lui et que par conséquent, je n'avais pas tout pouvoir ici. Il croyait que je l'ignorais ? Une fois à la Gazette, je n'hésiterai pas à faire un article pour que plus personne mette les pieds ici. Cet homme était d'un manque de respect total. Bon, il fallait se concentrer sur un autre problème que celui ci. Et ce problème concernait la jeune fille qui se tenait devant moi et qui était en train de grattouiller la tête de ce singe. Non mais elle était folle ? Il devait venir du Pérou et il avait sans doute traîner dans un tas d'endroits sales avant d'être amené ici. Il devait transporter avec lui un tas de maladie. C'était vraiment une inconsciente.

"Laisse ce singe tranquille, il doit avoir plein de microbes, poux et autres créatures bizarroïdes sur lui. Et la réponse est non de toute façon. Non, non et non. Je ne t'achèterai pas cet animal." Elle croyait quoi ? Que j'étais riche ? Oui et alors ? C'était pas ça le problème. D'un, on avait pas la place pour lui. De deux, on avait pas envie de lui faire de la place. Et de trois, il n'était pas question qu'il prenne de la place chez moi. Si elle voulait ce genre d'animal, elle n'avait qu'à aller visiter le zoo de Londres tous les jours si ça lui chantait. Mais à la maison, il n'en était pas question.

"Déjà qu'on est condamné à être ici pour les dix... Huit prochaines minutes, je vais en profiter pour te parler d'un truc important." Oui, autant parler de ça, vue que de toute façon, la discussion sur le chimpanzé était inutile. "Je... J'aimerai... Je voudrai... Tu vas aller voir Gladys. Elle t'expliquera." Hum... J'avais toussoté. Oui, elle irait voir Gladys, et Gladys lui expliquera bien mieux que moi. Non mais pourquoi on m'avait mis ça dans la tête ??? C'était elle en plus qui me l'avait mis !!! J'avais bien fait de rompre avec elle. Heureusement que le divorce allait bientôt être prononcé. "Tu iras la voir aujourd'hui. C'est important, on ne sait jamais avec ce nouveau Directeur." Oui, il fallait que ce soit réglé aujourd'hui. Les nouvelles règles, les nouvelles lois... Dès qu'on leur imposait des choses, les gosses faisaient tout l'inverse, et il était évident qu'elle devrait décompressé. Il n'était pas question qu'elle décompresse de cette manière là... Elle était bien trop jeune. Car oui, c'était ça le problème. "En fait non, je vais t'y emmener moi même pour être sûr que tu iras avant de faire une bêtise avec les garçons." J'en avais peut être trop dit là. "Enfin avec les filles. Les garçons et les filles. Que les garçons. C'est eux le mal. Tu en t'approcheras pas d'eux. Elle t'expliquera." Voilà qui était mieux. Bon, changeons de sujet ... Hum ...

"On a publié un article sur le nouveau Directeur. Il a l'air sympa. Enfin, quand on le connait mieux. Tu sais qu'il mange des dragés surprise ? Ou alors c'était l'ancien. Le barbu c'est le nouveau ou l'ancien ?" C'était lequel ? J'ai toujours eu du mal à coller un nom sur un visage. Comme avec ces nouveaux employés qui se succédaient à la Gazette. Boami, Julia, Calib...

Il pétait officiellement un câble. Un coup, il voulait l'acheter, la seconde d'après, il voulait virer le vendeur de sa propre boutique, puis ensuite, il sortait de l'argent à tout va. Il avait certainement oublié de prendre ses médicaments ce matin et ça le mettait dans tout ses états ! Encore, quand il se tapait une crise de folie en privé, seulement avec elle, ou dans son bureau à l'encontre de ses employés, elle s'en fichait un peu, mais... devant César ! Le pauvre allait être traumatisé, il ne voudrait plus d'elle, pensant qu'elle était aussi dingue que le reste de sa famille. Elle devait lui prouver le contraire. Ce pauvre fou ne comprenait vraiment rien à l'ouverture sur le monde, sur les cultures étrangères et donc également leur faune et leur flore. Elle avait bien envie d'installer un palmier, un cactus et une balançoire dans sa chambre, elle était sure qu'il ne serait pas contre ! La balançoire, c'est juste pour le fun, en effet, mais ça irait très bien avec la couleur de son lit. Il était jaloux, en fait. Il ne voulait pas qu'elle s'occupe de quelqu'un d'autre que lui. Il aimait avoir l'exclusivité de son attention... Si seulement il savait qu'elle la partageait déjà en deux. Alors, un de plus, un de moins, ça ne change pas grand chose. Elle se battrait jusqu'à ce que mort s'en suive pour son trésor.

Se contentant de tourner la tête en signe de désapprobation alors qu'il commençait à refuser de lui donner ce qu'elle voulait, elle entoura l'animal de ses bras, preuve de sa détermination. C'était eux ensemble, ou rien ! Il ne voudrait sans doute plus la toucher si elle était "contaminée par les microbes". Tant mieux ! Il n'arriverait pas à la forcer quand il sera temps de quitter cet endroit ! Elle allait y installer son campement ! RÉVOLUTION ! Il se permettait de changer de sujet, en plus de cela. Comme si elle allait oublier la raison de sa visite ici aussi facilement, il rêvait ou quoi ? Elle l'écoutait à peine. Pour lui, tout était important, de toute façon. De la tapisserie des toilettes au choix du paillasson. Il ne se rendait pas compte à quel point il était gavant avec ses directives ? Elle avait besoin d'espace. J'aimerai... Je voudrai... Et bien elle aussi, elle aimerait, elle voudrait, elle aurait CÉSAR ! Gladys, elle pouvait la voir n'importe quand, ce n'était pas la question. Aujourd'hui, demain ou dans une semaine, c'était quoi la différence dans tout ça ?

De son point de vue, si cette conversation était capitale à ce point, autant qu'il balance tout, maintenant, là, tant qu'elle était en condition. Elle pouvait accepter n'importe quel sacrifice vestimentaire ou esthétique si en échange on l'autorisait à embarquer le chimpanzé pour l'installer dans le jardin. Au moins le jardinier aurait de la compagnie ! Il se sentait tellement seul qu'elle se sentait obligée de lui taper la discussion, parfois. Le pauvre, il devait avoir une vie atroce, à couper les arbustes sans arrêt, à ramasser les feuilles... Il s'appelait comment ? Eduardo ? Un espagnol. Tous des espagnols, les jardiniers. Et le voilà qui se remettait à divaguer, en se mettant à parler du nouveau Directeur. Non mais elle s'en fichait, elle ! Elle voulait parler de César, pas d'autre chose ! Il s'appelait Cléopâtre peut-être, le nouveau directeur ? Il était romain ? Il connaissait Astérix et Obélix ? Mince alors. C'est dans la suite de ses paroles qu'elle crût entrevoir un aperçu de ce qu'il tentait de dire depuis un moment... Elle se retenait de rire, là, sérieusement.

Qui aurait cru qu'ils entameraient ce sujet dans un lieu pareil ? Comme quoi, tout peut arriver. Il n'avait jamais eu beaucoup de tact, il ne savait pas comment expliquer les choses clairement, il fonctionnait en allusions et en références pas toujours très cleans. Oh, elle comprenait maintenant, mais au départ elle avait souvent préféré le laisser parler toute seule plutôt que de prendre le temps de réfléchir à ce qu'il tentait de lui faire communiquer. Il devait venir d'une autre planète... Ce n'était pas très rassurant, sachant qu'il y était pour la moitié de sa conception. Regardez le, complètement perdu, à tenter de rattraper le coup... Il avait un côté pathétique. Penchant la tête sur le côté, le laissant terminer sa phrase sans queue ni tête, suivit dans ce mouvement par César, elle sourit légèrement en remarquant qu'il avait toujours aussi bonne mémoire.

« A Poudlard, ils ont tous des moustaches, des barbes, des cheveux... A croire que les poils sont à la mode. C'est pour ça aussi qu'il me faut César ! Je dois me mettre à jour où les gens vont moins m'aimer ! Tu dois comprendre ! Je ne bougerais pas d'ici sans lui. » Elle n'avait pas oublié, non. Elle n'oubliait jamais rien, elle avait au moins cette avantage comparé à son père. « En plus, il pourra faire le garde du corps. Il dissuadera les garçons, les filles, les elfes, les fantômes, les moustiques et tout ça de m'approcher. Il criera HE MACARENA pour écarter la foule sur mon passage ! Tu n'y perds rien... à part de l'argent. » Il fallait bien qu'elle tente de le convaincre avec ce qu'elle avait comme arguments sous la main. Même si un animal domestique de la sorte attirerait davantage l'attention et la mettrait au centre des conversations... Il était tout mignon, qui pouvait bien avoir peur ? Elle espérait quand même que, niveau bouclier de défense en cas d'urgence, il était bien programmé. Après tout, s'il pouvait servir à autre chose qu'à faire beau.... Mais ils étaient fait pour être ensemble, ça se voyait dans les regards qu'ils se lançaient ! « Je pourrais me marier avec lui. Au moins, t'auras pas de soucis à te faire sur... le reste. » Ouh, c'était vague et très explicite à la fois, tout ça. Ne détaillons pas le reste en question, mieux vaut garder le suspens et protéger les lecteurs sensibles.

Se marier avec le singe ? C'était peut être pas si bête que ça. Enfin lui était bête, c'était une bête, mais le truc n'était pas bête. Tout ça était une chouette idée. Si elle se mariait avec le singe, elle n'aurait plus besoin de fréquenter d'autres mecs, ou filles, ou quoi que ce soit qui ait deux pattes. Il ne lui resterait plus qu'à trouver le moyen d'avoir des héritiers sans utiliser ce singe et... Non mais je racontais quoi moi ? Heureusement que je le pensais, et que je ne le disais pas de vive voix. Elle allait finir par me rendre fou avec toutes ces bêtises. Un chimpanzé, non mais après ça sera quoi ? Une girafe ? Un chameau ? Elle voulait qu'on invite tout le zoo de Londres à la maison ?

"Ahhhh !" C'était quoi ça ??? On m'avait attaqué. Quelque chose était venu se poser sur mon épaule. Quelque chose de grand, de gigantesque... Ou c'était peut être parce qu'il était trop prêt de mon visage que je le voyais si grand. Il était rouge, d'un rouge vif, comme du sang qui s'écoulait quand quelqu'un avait une plais. Wouah, c'était beau ça, il fallait la garder pour un autre rp. Il était rouge ! C'était horrible ! Il avait un bec immense et il était en train de l'ouvrir. On se serait cru dans un parc d'attraction quand le bec du tyranosaure s'ouvre et que vous pouvez monter à bord. C'était... Un... Perroquet ! Quand j'avais sortit ma baguette et tenté de donner des coups sur le truc qui était venu se loger sur mon épaule, j'avais remarqué qu'il s'agissait d'un perroquet. Je l'avais fait fuir rapidement. Cet endroit était dangereux pour une jeune femme, et pour moi aussi. On devait sortir, on devait partir loin. Très loin même !

"Tu n'aura pas cet animal ! Il en est pas question ! Tu ne te rends pas compte de ce qu'il représente. C'est du boulot, de la toilette, de la nourriture à lui fournir. Il va être payant aujourd'hui, mais il coutera également chers demain, et ça continuera toujours. Tu serais prête à y laisser tout ton argent de poches, sans compter des mois d'avance pour pouvoir financer l'éducation de monsieur César ?" Pourquoi je l'appelais monsieur ? "De ce truc ? Regarde, il commence à s'agiter et à faire des grands signes de la main. Il ne sait même pas se contrôler. C'est le genre d'animal à se faire dessus quand il est dans un dîner d'affaire." Pourquoi serait il dans un dîner d'affaire ?

"Il est hors de question qu'il vienne avec nous." Je m'étais tourné vers la créature tout droit sortie des enfers. "Tu m'as entendu ? Ta place est dans un abattoir et non dans ma maison !" Ce qui c'était passé ensuite, je m'en souvenais plus trop. Je venais tout juste d'ouvrir les yeux. Je sentais le carrelage contre mon dos. J'étais à terre ? Pourquoi j'étais par terre ? Et pourquoi ma mâchoire me faisait mal ? Il y avait quelque chose qui avait dû se passer quand j'étais à terre. Ou plutôt qui était responsable du fait que j'étais là. Et ça ne pouvait être qu'une chose. Je m'étais relevé tant bien que mal. Que faisait elle à côté de ce singe ? Pourquoi elle n'était pas venue voir si j'allais bien ? J'avais sortit ma baguette, à nouveau, et je l'avais pointée sur lui. Sur ce guignol avec plein de poils.

"Tu cherches la guerre ? C'est ça ? Tu vas l'avoir." J'étais prêt à l'affronter. Il m'avait cogné et j'étais tombé... Il allait voir de quel bois je me chauffait. C'était du houx, dix sept centimètres, avec un crin de licorne. J'étais prêt.

"Stupéfix !!!" Le jet de lumière était partit tout seul. J'avais tout prévu. Absolument tout, à l'exception d'une chose. "Noooon ! Tu fais quoi ???" La créature aux longs cheveux avait volé à travers la pièce. Elle s'était cognée contre le mur du fond. J'avais gloussé. "Tu es fier de toi ? Regarde ce que tu as fait à ma fille !" C'était lui qui était responsable. C'était de sa faute. Là au moins elle allait plus vouloir le ramener à la maison. Pendant qu'elle se relevait, j'avais rangé ma baguette. "Tu vois chaton, tout est de sa faute. Il est bien trop dangereux pour venir avec nous."

Comme elle s'en doutait, il ne l'écoutait pas, ne comprenait pas, ne cherchait même pas à savoir ce qui pouvait la lier à cet animal pour qu'elle ait autant envie de le garder avec elle. Non, à la place, il partait dans ses discours interminables, cherchant des arguments pour la faire changer d'avis, alors qu'il savait très bien que ça ne mènerait à rien. Ils étaient tous les deux autant attaché l'un que l'autre à leur conviction, il s'agissait d'une voie sans issue, il fallait faire appel à un troisième vote... Pourquoi pas celui du chimpanzé ? Il choisirait lequel était le plus sage des deux ! Bien entendu, c'était évident qu'il la prendrait elle, ils étaient déjà très proches malgré que ce ne soit que leur deuxième rencontre. L'alchimie, on ne la contrôle pas. Tout comme le rapprochement entre ce perroquet étrange et le Papa Weaving... Malheureusement, Maxwell n'était pas réceptif à tout cet élan d'affection. Il avait des problèmes dans sa tête ou quoi ? En plus il se permettait d'insulter son cher César ? Quelle honte ! Elle en aurait presque pleuré. Elle était très sensible à ce sujet, les animaux, la maltraitance. Elle savait que son père n'était pas abonnée aux mêmes associations qu'elle, mais être rude à ce point... Ça la blessait.

C'est pour cette raison qu'elle encouragea presque la bête à donner une leçon à cet homme ignoble, en le mettant à terre d'un coup de poing. Il l'avait mérité ! Il l'avait cherché ! Comment pouvait-il prétendre être de sa famille alors qu'il ne faisait que la rendre malheureuse ? Il n'avait aucune morale, aucun cœur. L'air sévère, elle n'en crut pas ses yeux alors qu'il osait pointer sa baguette sur César après une attaque aussi inoffensive - oui, ça existe, les attaques inoffensives. Les yeux exorbités, profondément outrée, elle ne réfléchit pas plus longtemps, protégeant l'amour de sa vie du sort qui venait d'être lancé. Elle se sentit projetée plusieurs mètres en arrière et ferma les yeux, attendant le choc. Elle ne fut pas épargnée. Son dos fut parcourue d'un élancement insoutenable le temps de quelques secondes, persistant encore par la suite. Alors qu'elle reprenait lentement ses esprits, ayant subit un instant de black out total, elle entendait indistinctement les reproches de l'homme envers la bête et fut un moment privée de sa liberté de mouvement, incapable de bouger. Au bout d'un temps, elle grinça finalement des dents, se massant l'arrière de la tête avec difficulté. Elle se redressa lentement, à bout de nerfs, prête à faire exploser une montgolfière par la seule force de sa pensée. Il avait poussé le bouchon trop loin !

« Tu m'as... jeté un sort. » Elle le dévisageait complètement, les bras le long du corps, la bête ayant prit naturellement place derrière elle, se dissimulant dans son dos. Il était... si... détestable. D'accord, il ne voulait pas d'elle, mais quand même, au point de la martyriser physiquement ! Il n'avait jamais été jusque là ! « Tu m'as jeté un sort. » Oui, on a comprit, c'est bon. « COMMENT T'AS PU FAIRE CA ? JE PEUX PORTER PLAINTE POUR MALTRAITANCE ! » Reprenant son souffle, elle ne s'arrêta pas pour autant, continuant de crier tandis que derrière elle, César compatissait à son sort. « Je pourrais être beaucoup plus exigeante avec toi... T'as de la chance, je ne demande que ton argent. D'un côté tu serais incapable de faire plus, t'as jamais réussi à te montrer juste un peu plus... tendre. » Méprisante, elle ne mâchait pas ses mots, le fixant droit dans les yeux sans se soucier de passer pour une gamine irrespectueuse. Il était habitué, non ? A ce qu'elle pique des crises soit disant puériles et inutiles. Pourtant, il n'imaginait pas à quel point ça lui faisait mal, des fois. « Alors tu vas m'acheter ce chimpanzé. Pour qu'au moins j'ai le droit à un peu de compagnie et d'affection dans ta foutue maison alors que toi t'es jamais là ! »

La gorge serrée, ses yeux lançant des éclairs, elle se calma quelque peu, se détendant à vue d'oeil. Il ne fallait pas qu'elle s'épuise rien que pour cet incapable de père auquel elle avait eu le droit. « Je me débrouillerais pour le nourrir. Avec ou sans ton aide financière. J'ai juste besoin de me sentir moins seule. » Non, elle n'oubliait pas Caleb, loin de là. Mais déjà il n'était pas supposé être au courant de sa relation puis... Caleb était pas toujours disponible non plus. Rebecca avait besoin d'une présence continue sur qui elle pouvait s'appuyer à n'importe quel moment... César était celui qu'elle voulait. Elle l'avait dit, elle ne sortirait pas sans lui. Peu importe le nombre de Stupéfix qu'elle devrait se prendre avant d'arriver à ses fins.

J'étais resté quelques minutes sans parler. Elle se sentait seule. C'était tout ce qu'elle avait, un manque affectif. J'étais là quand il fallait, enfin le soir... Quelques soirs par semaine. Mais le restant du temps elle était à Poudlard. C'était pas facile d'entretenir une relation avec quelqu'un qui était jamais à la maison. Et c'était pas ma faute non plus si la plupart du temps j'étais au boulot. Je n'étais pas un banal et stupide employé de la Gazette du Sorcier, j'étais son dirigeant. Je n'avais pas autant de temps de libre que je voulais. Et peut être que ces derniers jours je n'étais plus trop à la maison, mais tout était la faute d'Ondine. Elle n'avait que pas sortir et coucher avec moi. C'était elle la responsable de tout ça. A cause d'elle, ma fille souffrait d'un manque affectif.

C'était stupide... Pathétique... J'avais un mal fou à la regarder dans les yeux...

Je ne m'occupais pas d'elle, j'étais absent... C'était tout ce qu'elle avait retenue de notre relation ? Je n'avais peut être pas toujours était là, mais c'était pas facile d'être le père d'une fille qu'on ne voulait pas. Ca n'avait rien à voir avec le fait que je voulais ou non des enfants.. Tous les hommes rêvent d'avoir un héritier, quelqu'un à qui transmettre quelque chose. Cela dit, je n'ai pas eu cette chance. J'ai été marié un nombre incalculable de fois, et je n'ai jamais eu d'enfants suite à ces mariages. Néanmoins, il y avait eu cette fois, la seule et unique fois où j'avais été avec une fille avec laquelle je n'avais pas été marié.

Non... Je n'avais pas trompé ma femme, on était séparé, j'étais juste déprimée ce soir là. Tout comme elle. Elle avait toujours représentée beaucoup à mes yeux, mais les choses ne se passaient pas toujours comme on voulait. Elle était tout pour moi, et même si j'étais tout pour elle, on ne pouvait pas passer trop de temps ensemble. Je venais souvent, je ramenais des poupées à la maison. Elle m'appelait tonton max. C'était tout ce à quoi j'avais le droit, et je m'en contentais. A ce moment là, je ne savais pas encore ce qui m'attendait. J'étais juste heureux pour elle. Simplement heureux, mais je ne voulais pas plus. C'était bien comme ça. Ça aurait pu continuer des années. Tonton Max.

"D'accord... Si c'est ce que tu veux, d'accord..." J'allais lui acheter son chimpanzé. Je ne savais pas encore pour combien de temps je devrais le supporter, car elle finirait par s'en lasser, mais pour le moment il le fallait. Je devais lui offrir. Pourquoi ? Parce qu'elle aurait cédée, elle. Moi non, j'étais fort, j'avais déjà fait mon choix, je n'étais pas obligé de subir les caprices d'une gamine. Mais je n'étais plus son tonton. J'avais une nouvelle responsabilité. Ca faisait déjà plus de neuf ans que ça durait.

A l'époque, j'étais plus une aide financière qu'autre chose. Je venais la voir avec un petit cadeau, je payais ses études, ses profs particuliers. Il m'était même souvent arrivé de payer leur loyer. J'avais proposé à... Je lui avais proposé de lui acheter une maison, mais elle avait toujours refusée. Là où elle était, ça lui plaisait. Elle voulait passer ses derniers... Elle voulait y rester. Elle aimait cet endroit. Ca n'avait pas été facile. Ca ne l'était toujours pas. C'était... Compliqué. Une fille. Cette fille. Elle ne m'aimait pas, je m'en rendais bien compte. A l'époque peut être, quand j'étais encore son tonton max. Elle aurait jamais dû lui dire que j'étais son père. On aurait pu s'arranger autrement. J'aurai pu l'adopter ou je ne sais quoi. Lui payer des parents adoptifs. Elle aurait sans doute été mieux chez d'autres personnes. La seule chose que je pouvais lui apporter c'était des Gallions. De l'argent, ce chimpanzé... C'était ma fille... Mais ça avait été plus la sienne, que ça serait la mienne.

"Je demanderai au jardinier de lui trouver un truc pour dormir et de quoi manger. Il doit savoir comment ça se passe avec un chimpanzé. Enfin, non... Vue que normalement on est pas censé en avoir chez sois. Je ne sais même pas si c'est légal. De toute façon le Ministre me doit une faveur pour le dernier article qu'il m'a fait publier, donc ça devrait passer. Mais je ne veux pas des poils de partout dans la maison. D'ailleurs il restera dehors. On mettra une cabane où un truc comme ça avec un lit, un frigo... Enfin tout ce qu'il lui faut, mais je ne le veux pas dans la maison. Et c'est non négociable."

J'avais remis mes lunettes noires. Il y avait beaucoup de lumières dans ce magasin... Enfin bref... Je voulais simplement pas qu'elle voit que j'arrivais toujours pas à la regarder dans les yeux. "Euh... Ce soir... J'ai un dîner avec quelqu'un... Une fille. Elle viendra manger à la maison, ça serait bien que tu sois là..." Super ! Ondine le savait pas encore que j'avais une fille, ça allait être le moyen idéal pour elle de l'apprendre. Un repas, sans qu'elle ait été prévenue, avec ma progéniture. "C'est... Je sors avec quelqu'un en ce moment... Elle travaille à la Gazette..." Hum... "On pourra se faire livrer chinois ou un truc comme ça. Enfin ce que tu veux... Mais ça serait bien que tu la rencontre... Elle est un peu spéciale, mais tu devrais bien l'aimer." J'aurai dû ajouter que de toute façon elle était habituée aux changements, donc elle devait avoir fini par s'y faire, non ? Une de plus, c'était quoi pour elle ? Sa troisième maman ? Non mais on était pas marié avec Ondine. Mais bon... Elle sortait avec, donc c'était comme si... Bref... "On lui présentera ce truc..." J'avais pointé César du doigt. "Et puis ça serait mieux que tu dormes à la maison ce soir, vue que ça sera son premier soir chez nous. Je m'arrangerai avec le directeur. Il ne pourra pas me refuser ça."

Elle n'avait jamais eu honte, plus jeune, de dire à ses copines moldues croisées chez les voisins, qu'elle n'avait pas de père. Parce que c'est bien ce qu'elle croyait au départ, elle ne s'imaginait pas mentir à ce sujet. En réalité, elle s'inventait beaucoup d'histoires. Elle se disait, peut-être, qu'il était un super-héros trop occupé à sauver le monde pour s'occuper d'elle, qu'il faisait parti d'un réseau de tortues ninjas poursuivi à travers le monde, que c'était un vendeur de frites très réputé en tournée de ventes universelle... Une fois, même, devant tous les gamins occupés à tourner sur les jeux du square, à glisser les tobogans, à tenir debout sur les balançoires, elle avait eu cette réplique stupide. « Ce que personne ne sait... C'est que mon père est en fait une femme ! Et elle s'appelle Marie-Catherine. » Elle avait effrayé une bonne partie du parc, mettant les mères dans le doute tandis que la sienne n'arrêtait pas de rire devant tant de bêtise. Elle avait ce talent d'éveiller les foules, c'était de naissance ! Elle avait grandit, ensuite, avait cessé de se faire des films, revenait à la réalité. Quoi qu'il en soit, elle aurait nettement préféré que son père soit en réalité une femme, plutôt que de se répéter que c'était un homme imbu de sa personne ne la tolérant que par obligation.

Comme elle s'y attendait, il avait finit par craquer. Il craquait toujours. Si elle ne l'avait pas convaincu en faisant marcher sa culpabilité, elle aurait réussit grâce aux cris, aux mises en garde, aux boycott. Elle arrivait toujours à ses fins, quel que soit le moyen. Le chimpanzé, lui, comprenant sans doute qu'il était enfin accepter à entrer dans la.. famille qu'ils formaient, arrêta de se cacher et vint prendra sa main, lui arrachant un sourire. Elle se contentait de hocher la tête à ses recommandations, ne voyant pas de problème à se plier aux contraintes et avertissements, tant que César venait avec elle. Comme s'il en avait quelque chose à faire du légal... Quoi que c'était quand même mieux, pour son image, tout ça, mais elle ne portait que son nom de famille, symboliquement. Ses pulsions n'étaient pas celle de son père. Si le singe habitait chez lui, il resterait SON singe. Elle s'en portait responsable - c'est qu'elle doit bien se préparer, elle grandit vite. « Merci. Je suis sure qu'il adorera la cabane ! Vous pourrez pas jouer au Quidditch ensemble, mais peut-être qu'il aime le foot. » Elle avait de grandes connaissance sur la culture moldue, imbattable au trivial poursuit. Elle était plus douée sur des rollers qu'avec un ballon, néanmoins.

Ils avaient l'air bien repartis, comme si pour aujourd'hui, ils avaient eu leur dose de désaccords. Pourtant, pour ne pas changer des bonnes vieilles habitudes, il fallait que Maxwell reprenne un autre sujet de conversation et vienne foutre en l'air cette atmosphère de nouveau décontractée. Franchement, irrécupérable. Une fille ? Quelle fille ? La femme de chambre du dernier hôtel où elle avait volé du savon ? Non, elle bosse à la Gazette, ils n'ont pas d'hôtel personnel à la Gazette... « Elle est un peu spéciale, mais tu devrais bien l'aimer. » « Pour être avec toi, faut en avoir une couche en effet... Le japonais ça me tenterait bien sinon ! » Elle lui offrit son plus grand sourire, sans s'énerver cette fois, comme si la micro-dispute qu'elle avait tenté de lancer quelques minutes plus tard était totalement oublié. Ce n'était pas la première fois qu'elle le cherchait à ce propos. Ni la première fois qu'elle allait faire connaissance d'une des conquêtes de son père. « On lui présentera ce truc... » Il finirait bien par s'habituer à l'appeler par son prénom. Il comptait lui faire faire la connaissance de sa copine du moment, c'était pas rien ! D'ailleurs, en ce moment même, ce "truc" s'accrochait désespérément à son bras et elle tentait de le rassurer en le serrant contre elle. Il ne devait pas apprécier d'être désigner aussi simplement, pauvre bête.

Quelque chose clochait dans ce discours cependant... "Premier soir" ? Laissez la donc rire. Elle n'était pas née de la dernière pluie, on ne lui faisait pas le coup, à elle. Puis, que ce soit le premier ou le dernier pour elle, tant d'autres y étaient déjà passé, comme cette blonde de ce mat... OH MAIS ! OH MAIS MAIS MAIS ! Elle savait de quelle fille il parlait. Celle avec qui il sortait. Celle qui n'aimait pas la confiture. Bouche bée, réfléchissant rapidement pour être certaine de ne pas faire erreur - ce qui était improbable dans un tel contexte - elle ne put s'empêcher de rire. C'était drôle, avouez le, elle avait déjà fait sa première impression à cette jeune femme assez spéciale, comme il l'avait dit... et autant dire qu'elle s'était elle, montrée encore plus spéciale. « Dis... Ce serait pas Ondine Akeller ? Une blonde avec un peignoir ? Je ne sais pas si elle porte des peignoirs avec toi, mais c'est comme ça que je l'ai vu. » Pris en flagrant délit. Il avait mentit, encore une fois. Ou alors pour lui, la nuit dernière n'avait rien de concrète et d'officielle, ce qui serait très mal venu de sa part Rien que d'avouer à sa fille qu'elle dormirait sur place le soir même, c'était malsain. Elle allait s'imaginer des choses... A ce prix là, autant rester à Poudlard à se boucher les oreilles pour ne pas entendre Cassie s'extasier comme chaque soir devant les photos de son petit ami polonais. « Elle était là ce matin, quand je suis rentrée pour me changer. T'inquiètes pas, elle est encore en vie, je l'ai pas achevée. J'espère qu'elle viendra quand même, je lui ai promis de lui expliquer comment j'étais devenue ta fille et tout ça ! Elle était un peu perturbée. T'es sur qu'elle est bien dans sa tête ? » Elle ne voulait surtout pas d'une psychopathe sous leur toit. Elle était déjà là, c'était bien assez à gérer.

Doucement, ça allait bien trop vite tout ça. Elle venait de dire son prénom, et son nom... Son identité... Elle connaissait son identité. Qui avait bien pu lui parler d'Ondine ? C'était quoi cette histoire ? Elle avait sortie ce nom au hasard et elle était tombée juste ? Ou alors on en avait parlé dans l'un de ses cours ? C'était pas surprenant, vue qu'elle sortait tout de même avec le directeur de la Gazette du Sorcier. Non, ça aurait été surprenant. Pourquoi on s'intéresserait à mes conquêtes ? Et surtout à Poudlard ? Elle le savait d'une autre façon. Je l'avais laissée continuer de parler, et elle m'avait avouée qu'elle avait fait sa connaissance en peignoir. Quoi ? Ondine était allée la voir en peignoir pour la rencontrer ? Mais elle savait même pas qu'elle existait. Et pourquoi y serait elle allée en peignoir ? Oh non.... Attendez... Elle venait de finir son récit... Ondine... Ce matin... Chez moi... Rebecca... C'était pas vrai ! Il avait fallu qu'elle lui dise qu'elle était ma fille ? Elle ne pouvait pas attendre que je lui annonce moi même que j'avais une fille ? On ne pouvait vraiment pas compter sur les enfants pour aider les parents.

"Tu as quoi ? Qu'est ce que tu faisais à la maison ce matin ? Tu n'avais pas cours ?" D'un côté, là aussi elle aurait dû être en cours. Elle faisait quoi dans ce magasin d'animaux ? On était quel jour ? Pourquoi il fallait toujours qu'elle me mette dans des situations pas possibles ? C'était bien ce que j'avais dit. Les enfants ne faisaient rien pour aider les parents. "Tu.... Tu ne vas rien lui expliquer du tout. La seule chose que tu feras c'est de t'asseoir et de manger japonnais. C'est à moi de lui expliquer tout ça. Et ça aurait dû être à moi de lui dire que j'avais une fille. Qu'est ce qu'il t'a pris de lui dire que t'étais ma fille ?" Ben oui... Si votre copine trouvait une autre femme chez vous, il valait mieux qu'elle croit que ce soit une maîtresse ou autre que votre fille. Elle aurait aussi pu se faire passer pour la jardinière ou la femme de ménage. C'était pas compliqué de prendre un balai et de jouer le jeu. Et pourquoi disait elle qu'Ondine était bizarre ? Peut être qu'elle l'était devenue après avoir entendu parler de ma fille. Bon d'accord, Rebecca était bizarre, et aux premiers abords elle pouvait faire peur, mais c'était pas la peine de flipper pour autant.

"Attend... Tu l'as vue ?" Elle l'avait dit oui, elle l'avait vue. Et apparemment, ça c'était plutôt bien passé... "Et tu la trouves comment ?" Jolie ? Moche ? Ses hanches te plaisent ? Tu as vue son dos ? Elle est blonde, tu sais ce qu'on dit des blondes ? ... "Enfin pas physiquement, mais... Elle n'est pas bizarre ! Elle devait juste être surprise de te voir. T'aurai vraiment dû te faire passer pour la femme de ménage. C'était pas compliqué de prendre un balai. Lui annoncer ça comme ça c'était la poignardée dans le dos. Tu devrais avoir honte." Et voilà que je disais bien haut ce que je pensais bien bas. Non mais on avait pas idée de se présenter pour la fille de son père devant une étrangère. Elle avait été éduquée comment cette gamine ? "Avec elle c'est du sérieux... Enfin je crois... Elle m'a demandée de l'épouser." Hein ? Non, c'était un malentendu ce jour là. "Pas m'épouser, mais sortir avec. Enfin, on sort avec après qu'elle me l'ait demandé." Ca faisait limite qu'elle était venu me supplier. "Ce que je veux dire c'est que c'est du sérieux, quelle que soit la raison qui nous a poussée à nous mettre ensemble." Ca devenait de plus en plus compliqué...

"Ca se passe comment à Poudlard ?" Oui, fallait changer de sujet. C'était pas une bonne idée de parler de Ondine toute la journée. Et puis, on y voyait plus rien ici. J'avais retiré mes lunettes noires que j'avais mis quelques minutes auparavant. Au même moment, le patron du magasin avait décidé de revenir à l'intérieur. Cette fois ci l'argent n'avait pas suffi à le convaincre de nous laisser seul, car d'autres clients attendaient dehors. On était très vite partit, avec Cesar, et je l'avais payé pour ce fichu animal. Une fois dehors, je n'avais pas bougé de devant la boutique. "J'ai entendu dire que les nouvelles lois... Le nouveau Directeur... Enfin beaucoup se plaignent. Mais toi ça va, non ?" C'était dur de faire semblant de s'intéresser à si ça allait ou pas pour elle, mais c'était toujours mieux que de parler d'Ondine. Et à vrai dire, je ne faisais pas semblant. C'était logique pour un père de s'intéresser à ce que ressentais sa fille vis à vis de sa nouvelle vie à Poudlard, non ? Quelque chose avait attiré mon attention au loin, dans la rue. Je m'étais rapidement tourné, et j'avais remis mes lunettes. Il ne fallait pas qu'il me reconnaisse. J'avais tourné discrètement la tête pour voir s'il était encore là. Oui, cet imbécile était devant une boutique. Ouf, ça y est, au bout de quelques minutes il l'avait quittée et avait continué son chemin. Je pouvais souffler. J'avais retiré mes lunettes et je m'étais mis à regarder Rebecca qui me regardait déjà d'un air bizarre. "C'est un type que je ne voulais pas voir. Un nouveau rédacteur. Un imbécile comme y'en a pas deux. Avec un nom à coucher dehors en plus. Calib. Mais bon, revenons en à Poudlard. Ca se passe bien là bas ?"

C'était un comble quand même ! Elle rentrait chez elle après une nuit blanche éprouvante, tombait face à une inconnue fouillant dans le frigo de la cuisine - oui y'en a partout des frigos - mais en plus, elle devait faire croire qu'elle n'était pas la fille du propriétaire des lieux ! Non mais autant qu'il la fasse déménager s'il avait honte d'elle et voulait la cacher au monde entier. Qu'il lui paie un loft quelque part à Londres et la laisse faire sa vie ! A vrai dire elle n'attendait que ça, ça l'arrangerait aussi, mais elle était certaine qu'à peine l'idée proposée, il lui mettrait un vent. Ou alors il proposerait une autre idée toute aussi magnifique, du type "va donc au couvent il reste des chambres de libre" ou "le grenier fera l'affaire, je t'y enferme jusqu'à tes trente ans et on sera tranquilles". Apparemment la nouvelle de cette rencontre non planifiée le perturbait grandement, au point qu'il en oublie la date du jour même. « C'est le week-end, Pa'. J'ai pas cours le week-end. » En effet, elle employait bien le ton d'habitude réservé aux malades ayant des problèmes de compréhension ou d'audition. Il fallait se montrer très patient avec Monsieur Weaving, dis donc. Elle avait l'habitude de le voir en mode "à côté de la plaque" mais là... elle avait presque pitié, le pauvre.

Elle se sentait un peu traité comme un chien, néanmoins. Assis toi et mange. Sois belle et tais toi. Dis si, dis pas ça. Elle avait presque dix sept ans, il n'avait plus le droit de la prendre pour sa marionnette ! Elle ne l'avait jamais été. Il savait qu'elle était pas du genre à obéir à ses ordres et directives, peu importe la situation. Si elle voulait parler, elle parlait. En plus, elle ne lui avait rien dit ! Au départ, elle s'était contentée de lui proposer un petit déj, un truc bien banal, sans risque. C'était elle qui avait finit choquée dans l'histoire ! Elle s'était rendue compte qu'elle passait au second plan de la vie de Maxwell, lui préférant ne pas la mentionner dès le premier rendez-vous. C'est pas qu'elle prenait beaucoup de place mais.. elle était là, quand même. Laissant César s'accrocher à son cou, elle le garda dans ses bras alors que l'hystérique continuait de lui poser une tonne de questions sans lui laisser le temps de répondre. Il était dingue, complètement, seigneur elle ne pouvait pas avoir hérité de ses chromosomes. C'était peut-être la vieillesse ? Elle perdrait la tête une fois toute ridée elle aussi ? Elle deviendrait chauve ? Tant qu'à faire autant passer de l'autre côté tant qu'elle était présentable dans le cercueil !

Il en venait à parler mariage et là ça devenait sérieusement flippant. Elle préféra faire abstraction de ce passage, chantonnant dans sa tête pour ne rien entendre. Elle ne voulait pas parler bagues et grande cérémonie, sinon c'est décidé elle s'exilerait au fin fond de l'Afrique central pour commencer un élevage de scorpions. Elle n'arrivait même pas à le croire quand il lui annonçait que "c'était du sérieux". Difficile à se faire à l'idée quand on sait de quel homme il s'agit... Elle était bien placée pour le juger, elle, elle ne se gênait même pas. « Ca se passe comment à Poudlard ? » Kéwa ? Pourquoi il lui reparlait de l'école d'un coup ? Il se sentait plus. Puis c'était quoi son problème avec ses lunettes là, il faisait une fixation à la Men in Black ? Il allait passer pour un mac en train de chercher des clients à sa nouvelle recrue s'il continuait à scruter tout le monde avec cette paire idiote, qu'il les porte sur le nez ou dans les mains ! Il faisait tellement mafieux... C'était cool et effrayant à la fois. Finalement, c'est en soupirant qu'elle était sortie à l'extérieur en première, pouvant montrer les jolies paysages urbains à César qui s'habituait petit à petit à la vue. Elle sentait à son regard qu'il appréciait ! Même si, de peur on va dire, il ne se décidait pas à la lâcher. C'était mieux qu'il reste avec elle, mesure de sécurité.

« J'ai entendu dire que les nouvelles lois... Le nouveau Directeur... Enfin beaucoup se plaignent. Mais toi ça va, non ? » Quelle question. Il la savait déjà, la réponse. Même pas certain qu'il en ait vraiment quelque chose à faire. Comme elle avait laissé la plupart de ses précédentes interrogations sans réponses, autant au moins daigner porter intérêt à celle-ci. Et préciser quelque petites choses sur sa rencontre avec Ondine en même temps, pourquoi pas. Histoire de ne pas passer pour la méchante qu'elle n'était pas ! « Je gère. Je m'adapte. J'ai de bonnes relations, ça doit aider, aussi. » Ouh, elle parlait comme une femme d'affaire, avec l'air fatalement sérieux, ça ne lui allait pas. Heureusement ça ne dura pas bien longtemps. « Tu devais pas faire un article sur lui ? C'est Ondine qui s'en chargera ? Elle est pas mal. Physiquement comme mentalement... Mais je sais pas, tu sais, elle... Elle me rappelle l'ancienne factrice, la cinglée qui se promenait toujours avec sa colombe domestique. Puis je lui a rien dit pour moi, je te jure ! Elle a deviné toute seule en plus. Je n'ai fais que confirmer ses suppositions, j'allais pas lui mentir, ça aurait été pire une fois que tu me l'aurai vraiment présenté. On doit se ressembler j'imagine. Attends , je te ressemble là ? » Et elle aligna grand sourire, grimaces diverses et regard meurtrier, rien que pour voir si cela correspondait aux expressions habituelles de son géniteur. Forcément, elle avait sans doute fait quelque chose ayant trahi son identité.

Seulement il ne l'avait sans doute pas regarder, trop occupé à guetter je-ne-sais-quoi de l'autre côté de la rue. Perplexe, Rebecca ne le lâcha pas des yeux, admirant son petit manège du "je me cache - encore - derrière mes lunettes", jusqu'à ce qui les retire de nouveau. « C'est un type que je ne voulais pas voir. Un nouveau rédacteur. Un imbécile comme y'en a pas deux. Avec un nom à coucher dehors en plus. Calib. Mais bon, revenons en à Poudlard. Ca se passe bien là bas ? » Calib. Encore ce foutu Akeller ? Mais c'était qui à la fin bordel ? « J'en ai marre de me répéter, tu demandera au directeur lui-même si je fais pas trop de conneries. C'est qui ce mec que tu regardais ? Il est où ? » C'est que ça l'intéressait de pouvoir mettre un visage sur ce drôle de nom. Prenant les lunettes des mains de son père, elle les enfila et tourna la tête en espérant distinguer cet inconnu quelque part. Dur quand elle ne savait pas à quoi il ressemblait exactement. « Ta secrétaire en a parlé au téléphone. Calib. Akeller. Pourquoi il porte le même nom qu'Ondine ? Tu l'as pistonné parce que c'est son frère ? C'est pour ça que tu le gardes même si tu l'aimes pas, parce que tu sors avec ! C'est pas bien les privilèges. Il ressemble à quoi ? » Toujours à pencher sa tête à gauche et à droite, en rythme, permettant à César de s'éclater un peu en même temps, elle enchaînait les phrases sans s'arrêter. Tel père, telle fille.

Qu'est ce qu'elle racontait ? Le frère de Ondine ne bossait pas à la Gazette. Elle avait un frère ? Rebecca savait quelque chose que j'ignorais ? Ca lui ressemblait bien de poser des question sans arrêt. Elle avait dû harceler la pauvre Ondine pour lui faire dire qu'elle avait un frère cachait, qui travaillait dans ma Gazette. C'était peut être pour ça qu'elle avait postulée. Pour le retrouver. Attendez... Il n'y avait qu'un Akeller, enfin qu'une à la Gazette. Pourquoi elle parlait d'un Calib Akeller ? C'était quoi cette histoire avec ma secrétaire ? Et laquelle en plus ? Brenda l'incompétente, ou Pepper ? Tout ça me tapait sur le système. Elle ne pouvait pas être clair au moins une fois dans sa vie ? "Rend moi ces lunettes, c'est pas un jouet. Si tu veux, je t'en achèterai." Pourquoi il fallait toujours que je lui dise que je lui achèterai tel ou telle chose ? Tsss... Elle allait finir par vider mon compte en banque avant d'avoir atteint la majorité.

"Il n'y a pas de Calib Akeller, juste un FisdePatrick ou un truc de genre. Il a un nom ringard. D'ailleurs je lui ai changé son nom lors de notre entretien. Mais il ne restera pas longtemps dans la boîte. Et tu sais la meilleure ?" J'avais d'un seul coup un grand sourire sur mon visage en repensant à l'entretien qu'on avait eu. "Il connait une Rebecca Weaving. Enfin, il a dû se tromper dans les prénoms, il a pas l'air très futé, et tu devrais voir son look, c'est... Les cheveux en pagaille, il est blond en plus. On dirait qu'il est sortit d'une boite de poupées. Tu sais les trucs moldus là... Avec Berbie et Kren ? Ou Ukraine. Enfin un truc comme ça." Il connaissait une Rebecca. Je pensais pourtant qu'on était les seuls Weaving de la ville. Enfin, l'Angleterre était grande, il devait y en avoir d'autres.

"C'est un imbécile. Mais c'est pas le sujet. Je ne pistonne pas Ondine. C'est pas parce qu'on a couchée ensemble le jour de son entretien d'embauche que je la pistonne." Attendez... Je ne venais pas d'avouer à ma fille une telle horreur ? Non, je devais avoir dit autre chose dont j'avais oublié ce que c'était. "Ondine, c'est du sérieux. Je te l'ai déjà dit. Il n'y a pas de piston ou de favoritisme. Et elle n'a pas de frères. Elle a un père. Deux même. Oui, ils sont gay." J'avais dit cela avec un air de dégoût. "De toute façon t'aurai fini par l'apprendre. En plus son père c'est Edmund. Enfin l'un de ses pères. Je t'en ai déjà parlé, il travaillait avec moi à l'époque. Un vrai incompétent. Comme ce Caleb. Enfin Calib. Je ne sais plus trop comment il s'appelle. On a pas idée de s'appeler comme ça en plus. Edmunb, Calib, Ondine... Attend voir..." Ondine Akeller ? A qu'elle heure on dîne ? Je m'étais mis à rire. Elle était vraiment trop cette fille. "Bref..." J'avais repris un air sérieux. "Tu as vue Gladys récemment ?" Autant changer à nouveau de sujet. Elle avait l'habitude de toute façon.

« Rend moi ces lunettes, c'est pas un jouet. Si tu veux, je t'en achèterai. » Affichant une moue boudeuse qui lui était bien propre, la jeune fille resta un instant planté sur place, triste de s'être vu arraché cette magnifique monture au top de la classe, mais son sourire réapparut bien vite quand elle eut la - presque - promesse d'une future paire rien qu'à elle. « J'aimerais bien des jaunes tant qu'à faire, alors. » Glissa-t-elle en tout innocence, avec ce petit air d'enfant sage et irréprochable, replaçant d'un coup de tête ses cheveux en arrière, mains croisées devant elle, chimpanzé accroché à l'épaule. En tout cas, il remettait en doute toutes ses affirmations en lui annonçant qu'aucun Calib Akeller n'était reconnu au bataillon. Comment ça ? Elle n'avait pourtant pas halluciné. C'était pour cet imbécile de nouveau de la Gazette, que son père avait refusé ses appels, il n'avait quand même pas tout inventé ! Il n'oserait pas la mettre au second plan de la sorte, elle était sa plus grande réussite, voyons. Ce n'était pas plus mal, d'un côté, ce pauvre mec aurait eu du mal à porter à tel patronyme. Quoi que, Calib FisdePatrick... c'est encore plus bas, comme niveau. Surtout si son père s'appelle Jean-Marc, ahah, ça gâche tout ! Elle en riait rien que d'y penser, mais oublions donc son humour pourri. « Il a un nom ringard. D'ailleurs je lui ai changé son nom lors de notre entretien. Mais il ne restera pas longtemps dans la boîte. Et tu sais la meilleure ? » Elle avait bien envie de répondre Oui je sais, la meilleure, c'est moi, après cette petite conversation tournant autour du prénom bien original de ce jeune homme, mais comme dit plus haut, passons outre ces blagues débiles et loin d'être drôles. « Il connait une Rebecca Weaving. » Et là, elle s'étouffa. Elle ne pensait vraiment pas que l'on viendrait à traiter de sa personne, aussi égocentrique puisse-t-elle être. Elle devait avoir des dons de voyance pour deviner avec autant de précision quand on allait se mettre à parler d'elle.

Passé le choc, ses yeux retrouvèrent une taille normale et elle tenta un sourire pas très assuré, se concentrant sur la suite du récit. Elle le sentait mal, étrangement. Est-ce qu'il s'agissait d'une de ses relations pas très recommandables ayant utilisé un pseudo pour approché de son paternel ? Quelqu'un tentait de la faire chanter. Rien de mieux que d'utiliser le riche et célèbre papa pour ça. Blond, qui ressemble à un Kren.. euh, un Ken - son père avait du mal avec les prénoms. Ça ressemblait à pas mal de ses connaissances. Elle était foutu s'il découvrait qu'elle participait à des paris sur les courses de poissons rouges dans le lac de Poudlard. « C'est un imbécile. Mais c'est pas le sujet. Je ne pistonne pas Ondine. C'est pas parce qu'on a couchée ensemble le jour de son entretien d'embauche que je la pistonne. » Oh mon dieu non, dites lui qu'elle rêve, si on pouvait lui éviter les détails ça l'arrangerait fortement. Dieu, soyez cool avec elle, faite que quelque chose arrive, un tremblement de terre, des soldes dans le magasin d'à côté qui les emporterait dans une folle de dingues du shopping et couperait court à leur discussion, ou encore des ninjas qui se ramènent pour les attaquer et les provoquer en duel... N'importe quoi, mais pas ça. Elle commença à chanter très fort intérieurement, dans sa tête, afin de ne pas entendre de telles immondices qui viendraient souiller son âme pure - pouahahah, on y croit, bien entendu. Même si, finalement, elle était rassurée que le sujet de "l'inconnu la connaissant sans qu'elle ne puisse se rappeler de qui il s'agit" soit passé.

« Ondine, c'est du sérieux. Je te l'ai déjà dit. Il n'y a pas de piston ou de favoritisme. Et elle n'a pas de frères. Elle a un père. Deux même. Oui, ils sont gay. » Oh. Ça rajouterait du peps aux fêtes familiales. Elle vouait un culte aux couples homosexuels, contrairement à Max qui semblait être plus réticent à cette idée. Mettons ça sur le fête qu'il connaissait l'un des deux concernés et qu'il n'appréciait pas vraiment ses compétences au travail, ou son prénom, ou les deux. Les Weaving sont très ouverts d'esprit et acceptent toutes sortes d'attachements, passant de la zoophilie au culte des armoires. Il n'y a pas de limite à l'amour, voyons. Que l'on soit fou des grenouilles, attaché à ses rideaux de chambre, que l'on se nomme Hulk, Elton John Junior ou Caleb, tout le monde à le droit au bonh... Attendez. « Comme ce Caleb. Enfin Calib. Je ne sais plus trop comment il s'appelle. » Le reste de sa phrase passa complètement sous silence et Rebecca se mit à tousser bruyamment, comme pour masquer cette horrible chose qu'il venait de prononcer. Caleb. Elle rit nerveusement quelques secondes, sans que ça puisse parraître étrange étant donné que son géniteur était lui aussi parti dans un délire bien à lui. Sauf qu'il reprenait son sérieux beaucoup plus rapidement qu'elle, malheureusement. Gladys ? Oh, Gladys. Bien sûr, Gladys. « Je l'ai eu au téléphone, y'a quelques jours. Elle va bien. Elle devrait venir me voir à la maison dans pas longtemps, elle m'a pas donné de dates précises. Elle est au courant pour Caleb ? Si tu veux lui présenter... NON ! Non, je veux dire, pas Caleb, voyons, on connaît pas de Caleb. Hum... Ondine, voilà. Elle sait que tu as quelqu'un d'autre ? »

Qu'est-ce qu'il faisait chaud d'un coup, quelle horreur. Se servant d'une de ses mains comme éventail, caressant de l'autre le pelage de César, elle détourna le regard pour ne pas avoir à affronter celui de son père. S'éclaircissant la gorge, elle avait peur de comprendre ce qui se passait. Caleb avait été passé un entretien à la Gazette. Il écrivait beaucoup, c'était sa passion et ce pour quoi il était né, après tout, elle le savait. Elle aurait dû s'en douter, que ça arriverait. Mais depuis quand son père lui parlait de ses nouveaux stagiaires, de toute façon ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi avec Calib ? Caleb. Pourquoi avec Caleb ? Ça n'avait aucun sens. Est-ce qu'il la testait ? Est-ce que l'irlandais avait tout avoué à Monsieur Weaving sans l'avertir ? Impossible. Elle serait déjà en train de se faire ramener à la maison, encapuchonnée, ligotée, cachée par des tonnes de couvertures pour que personne ne puisse l'observer, la toucher, lui parler. Elle serait enfermée dans sa chambre, à double tour, avec des planches bloquant les fenêtres. Alors, il ne savait rien. Tant mieux, que ça reste comme ça. Il n'avait pas besoin de savoir. Relevant le menton, comme si rien ne s'était passé, elle prit un air supérieur et un ton aristocrate. « J'adore Shakespeare. Je trouve que c'est le plus grand compositeur de son époque. Il a bien composé le Lac des Cygnes, non ? » En réalité, elle n'en avait aucune idée, elle sortait juste les rares notions de culture moldue qu'elle connaissait en vrac.

César s'agita légèrement à côté d'elle, appuyant sur sa jambe découverte pour lui faire comprendre quelque chose, tentant de communiquer par des "Ouh ouh ah ouh" plus ou moins graves ou aiguës. « Des crevettes ? Qu'est-ce que tu racontes ! Moi j'aime les moules ! » lui dit-elle alors qu'elle s'était légèrement baissée pour pouvoir lui répondre. Il lui répondit rapidement, enchaînant signe et bruits étranges, alors qu'elle hochait la tête de temps à autre. Après cet échange, elle se retourna vers son père en se redressant, plissant sa robe avec attention. « Je crois qu'il a envie d'une glace à la pistache et à la vanille. Ou alors d'une casquette. » Ils se comprenaient parfaitement, si c'était pas magnifique.