Rien ne sert de courir, il faut mourir à point ◊ CAPUCINE

Vampire ne voit son image. Encore moins dans l'eau bénite.
Capucine, Aliénor & Zephyr

C'ETAIT UNE JOURNEE PARFAITE POUR MOURIR. Le soleil était haut dans le ciel sans aucun nuage, les oiseaux gazouillaient, les mortels vaquaient à leurs occupations en sifflotant un air joyeux. Le petit souci, c'était qu'Aliénor abhorrait les journées ensoleillées. Elle aurait aimé trancher la gorge des gens qui chantaient, couper le sifflet aux petits oiseaux et s'emmurer dans une caverne glacée et obscure. Pour ne pas finir dans de tels extrêmes, la vampire se contentait de fermer tous les volets de sa demeure et restait chez elle jusqu'à ce que la nuit tombe. Pour s'occuper, elle faisait des mots croisés et de la couture. Non, bien entendu : elle passait plutôt son temps à jouer des requiems au piano jusqu'à ce que ses doigts saignent. C'était bien plus mélodramatique. De plus, l'éclat rougeoyant du sang sur les touches du piano la faisaient frémir. Nous avons tous nos petites fantaisies...

Ce jour-là, elle était en plein morceau de Haydn lorsqu'elle sentit une odeur familière enivrer ses narines. Se laissant envahir par celle-ci, elle cessa de jouer, enlevant ses mains du clavier. Elle ferma les yeux et sa bouche se fendit en un sourire rêveur.

"Mon air préféré. Tu te souviens quand on faisait un duo ? Toi au piano, et moi au chant. Ah, c'était..."

"Une catastrophe." dit-elle sans ouvrir les yeux. "Tu n'as jamais chanté juste."

"C'est très méchant de dire ça ! Je suis vexé !"

Aliénor souleva les paupières, et pivota sur le tabouret pour se retrouver face à l'homme qui était entré sans s'annoncer. Grand et maigre, il avait toujours le cheveu hirsute et les yeux moqueurs. Il portait un costume qui avait dû connaître des jours meilleurs, et des chaussures vernies passées de mode. Zephyr. Il n'avait pas changé, c'était l'avantage d'être vampire. Le temps passait mais l'apparence restait la même. Aliénor resta de marbre, le regard implacable, puis soudain, ses traits s'adoucirent ainsi que son sourire.

"Idiot."

"J'aurais préféré un 'bonjour, comment vas-tu ?' mais bon, il faut se contenter de ce qu'on a." dit-il avec un sourire espiègle. "Je passais dans le coin alors je suis venu ! Je ne reste que quelques jours, alors ne stresse pas, la maison restera dans l'état où je l'ai trouvée, promis !"

Aliénor roula des yeux, songeant que jamais il n'avait été capable de faire régner l'ordre dans une maison... tout comme dans son esprit. Elle le vit se pencher sur une boule de cristal qui décorait le dessus d'un meuble, puis la prit dans ses mains en la retournant dans tous les sens. Anxieuse à l'idée qu'il la fasse tomber sur le sol, Aliénor accourut jusqu'à lui et la lui prit brusquement des mains. Elle la reposa à sa place et afficha une moue boudeuse. Zephyr eut un petit rictus.

"Eh, c'est vrai ce qu'on raconte sur toi ?" demanda-t-il d'un air intrigué. "Avec le Ministre et tout ? Enfin, l'Empereur, devrais-je dire ! Il ne serait pas un peu mégalo, ton amoureux ?"

"Tu ne voudrais pas me mettre en colère le jour de ton arrivée, n'est-ce pas ?" dit Aliénor dans un filet de voix.

Sa voix était douce et fluette, mais le regard qu'elle lui lança intimait au silence. Zephyr connaissait ce regard, il n'augurait jamais rien de bon. Passant la langue sur ses lèvres, il tiqua et sortit du salon de musique avec sa démarche déguingandée, montant les marches du grand escalier quatre à quatre. A mi-chemin, il s'arrêta, et se tourna vers Aliénor pour dire :

"ça me fait plaisir de te revoir, soeurette."

Après un clin d'oeil canaille, il reprit sa folle ascencion, disparaissant dans les étages supérieurs de la maison. Aliénor poussa un petit soupir, et esquissa un sourire tout en retournant vers le salon de musique. Lorsqu'elle se fut assise face au piano et qu'elle eut commencé un accord, elle entendit frapper à la porte. Qui était-ce encore ? Ne pouvait-elle pas avoir la paix sous son propre toit ? Agacée, elle se leva d'un bond et se dirigea vers la porte d'entrée qu'elle ouvrit en grand. Elle avait senti l'odeur bien avant, elle savait qu'il s'agissait d'une vampire. Une blonde, si son souvenir était bon. Elle l'avait croisée une fois et s'était énormément amusée, mais la plaisanterie avait assez duré. Quel que soit l'objet de sa venue, elle n'avait pas de temps à lui consacrer. Sa sonate l'attendait. Elle espérait juste qu'il ne s'agisse pas d'une conquête éconduite de son frère. Il était du genre à amener ses problèmes avec lui.

"Oui, c'est pour quoi ?" aboya-t-elle avec impolitesse.

Elle détailla rapidement la chétive blondinette qui devait avoir peur de ses propres crocs, et laissa échapper un soupir audible. Croisant les bras, elle plongea son regard dans le sien. Capucine. Cela venait de lui revenir. La blonde s'appelait Capucine. Un nom de fleur pour une vampire ! Quel manque de crédibilité ! Masquant son sourire goguenard, elle ajouta d'un ton mielleux :

"Dépêche-toi, petite. Je n'ai pas toute la journée devant moi. Tu es venue chercher des bonbons ? Es-tu au courant que Halloween est dans un mois ? Tu n'aurais pas pu attendre ce moment-là ?"

C'est alors qu'une musique assourdissante envahit la demeure, faisant trembler les murs. Une chanson des Beatles résonna dans leurs oreilles. Aliénor ferma les yeux et se fit violence pour ne pas exploser la chaîne hifi de Zephyr. Insupportable.

You say yes, I say no.
You say stop and I say go go go, oh no.
You say goodbye and I say hello
Hello hello
I don't know why you say goodbye, I say hello
Hello hello...

Ne plus avoir l'être cher à ses côtés était terrible. Mais Capucine ne pensait pas qu'elle en ressortirait aussi anéantie. Complètement déboussolé, on pourrait croire que Capucine était une nouvelle vampire. Elle n'arrivait plus à se concentrer, à se contrôler. Elle faisait n'importe quoi et elle le voyait. Elle essayait de remonter la pente, se dire que ce n'était pas grave mais elle ne pouvait pas. Elle avait de nouveau plongé dans la solitude avec seul compagnon son chat, Café. Et pour compliquer encore plus, elle était traquée. En tant normal elle les auraient défié. Elle l'avait déjà fait avec l'un d'entre eux. Capucine était beaucoup plus forte et beaucoup plus rapide que cette bande. Mais là, elle n'allait pas bien et si jamais ils arrivaient à l'attaquer, alors elle serait finie.

En même temps, être toute seule face à une bande, c'est pas équitable et ça lui laissait peu de chance. C'est pourquoi il lui fallait de l'aide. Et c'est là qu'elle aurait été voir Richard, l'humain pour qui elle s'était entiché mais ce dernier avait fui pour on ne sait quel raison, rendant Capucine peiné et vulnérable. Elle ne savait pas à qui demander de l'aide, elle ne savait pas si son heure avait sonné ou pas. Quoi qu'il en soit, il fallait qu'elle trouve un autre vampire pour l'aider. Et c'est là qu'elle pensa à Aliénor. C'était loin d'être son amie mais elle lui devait bien un service car elle était venue la sauver au Grand Nord même si tout ne s'était pas passé comme il faut.

Essuyant les quelques larmes qui avaient coulés sur ses joues, elle se leva du sol sur lequel elle était assise. Eh oui, adieu petite maison des moldus. La bande de mangemorts avaient trouvé la maison et Capucine du fuir en amenant le moins de chose possible. Elle avait juste pris la caisse transportable de son chat et un sac contenant juste le nécessaire comme quelques pochettes de sang, de l'argent, de quoi se laver etc. Et toute les semaines elle changeait de maison moldu mais en restant à Londres évidement. Il allait vraiment falloir qu'elle se trouve son chez elle et qu'elle le sécurise. Mais pour l'instant elle était à la périphérie de Londres, dans une petite maison à la campagne, chez des moldus évidement. Capucine avait pris la plus grande pièce de la maison pour elle et pour y vivre quelques semaines. Elle n'avait guère besoin d'aller dans les autres pièces. Cependant, là il fallait qu'elle sorte pour demander un service...ou du moins, l'obliger à l'amener dans Londres même. C'était l'un des avantages d'être vampire, ce petit don de persuasion !

Après avoir persuadé sa colocataire de l'amener à Londres grâce à leur moyen de locomotion...qu'ils appelaient une voiture, Capucine fut rapidement arrivé devant la porte d'entrée de la demeure d'Aliénor. Même si elle sentait comme une impression d'avoir été suivi et d'être espionné. C'est tout naturellement qu'elle donna quelques coups sur la porte. Ça ne servait à rien d'entrer comme une voleuse. Elle ne voulait pas faire d'histoire cette fois, elle voulait vraiment de l'aide. En attendant qu'Aliénor ouvre, elle essaya de se détendre, de ne montrer aucune émotion. Elle regarda aussi derrière elle comme pour vérifier qu'elle était seule.

Aliénor ☆ « Oui, c'est pour quoi ? »

Capuine arrêta de regarder derrière elle pour porter toute son attention à la grande vampire. Evidement elle s'y attendait à ce ton impoli et sec. On aurait cru qu'elle avait parlé à un chien qu'elle n'aimait pas. Sauf que Capucine n'était pas un chien et elle n'aimait pas du tout ce ton. Cependant elle ne fit rien. Elle se demandait juste qu'est ce qui lui avait pris d'être venue demander de l'aide à Aliénor. C'était comme même la dernière personne qui voudrait l'aider.

Aliénor ☆ « Dépêche-toi, petite. Je n'ai pas toute la journée devant moi. Tu es venue chercher des bonbons ? Es-tu au courant que Halloween est dans un mois ? Tu n'aurais pas pu attendre ce moment-là ? »

Fallait rire ? Franchement l'humour, en ce moment elle n'en n'était pas fan. Capucine plissa des yeux en faisant une grimace montrant qu'elle n'était pas là pour plaisanter. Puis en plus, elle était même pas déguisé alors pourquoi penser à Halloween ? Enfin on s'en foutait.

Capucine ☆ « Hilarant. Vraiment hilarant ! Non plus sérieusement, j'arrive pas à croire ce que je vais te demander...Mais j'ai besoin de ton aide. Avant que tu refuse, j'ai un argument. Je suis venu à ta rescousse dans le Grand Nord donc théoriquement tu m'en dois une. Donc voilà, je ne suis pas venu pour des bonbons...en plus j'en suis sûr que tu n'en a pas...mais pour te demander ton ai... »

La musique coupa Capucine. Elle fut assez surprise de la puissance de la musique mais aussi de la chanson en général. Elle ne voyait pas du tout Aliénor écouter ça et pas à cette puissante. La musique faisait trembler les murs et avait certainement fait fuir les oiseaux dans les arbres.

Capucine ☆ « Je savais pas que tu écoutais ce genre de musique et puis à ce volume là. Tu veux nous rendre sourd ?! »

Oui, elle n'avait pas pu s'empêcher de faire un commentaire. Bah quoi, elle voyait vraiment Aliénor écouter du classique. Et ça c'était tout sauf du classique !

Vampire ne voit son image. Encore moins dans l'eau bénite.
Capucine, Aliénor & Zephyr

ALIENOR OUVRIT DES YEUX RONDS COMME DES BILLES, ET LES BEATLES N'Y ETAIENT POUR RIEN. John Lennon s'époumonait, les haut-parleurs saturaient, mais tout ce qui résonnait dans sa tête, c'était les paroles effrontées de Pervenche... Dahlia. Non, Capucine. Décidément, elle avait énormément de difficultés à se souvenir d'elle. Aliénor laissa d'ailleurs échapper un petit rire en se rendant compte qu'elle était on ne peut plus sérieuse. La pauvre enfant... Pensait-elle vraiment avoir suffisamment d'importance pour que la vampire s'intéresse à ses petits problèmes ? D'ailleurs, quel genre de souci pouvait avoir une fillette de son âge ? Econduite par un petit ami ? Gonflée de remords pour avoir dévoré son petit ami ? Finalement, le problème devait être de cet acabit, mais décliné en plusieurs versions différentes et particulièrement assommantes. Et Aliénor n'avait pas envie de s'ennuyer. Elle était déjà obligée d'écouter une musique horripilante aux sonorités très sixties, elle avait nul besoin d'écouter les états d'âme d'une jeune péronnelle.

De plus, elle se permettait bien des choses ! Critiquer ses goûts musicaux ! Elle avait un sacré toupet ! Bon, il était vrai que personne ne devait imaginer Aliénor écouter du rock à plein volume lorsqu'elle était seule, mais justement, elle ne l'était pas. De toutes façons, tout ceci ne concernait nullement Capucine. Elle ne daigna pas lui répondre, se contentant d'avancer sur le perron en fermant la porte derrière elle. La musique fut aussitôt étouffée, mais les basses continuaient à secouer les murs centenaires de la demeure. Aliénor resta parfaitement calme en apparence, concentrant ses pensées sur la jeune vampire en face d'elle pour éviter de commettre un meurtre (mais elle ne put s'empêcher de songer que si celle-ci continuait à être aussi impertinente, elle se défoulerait sur sa personne).

Elle reconnut les premières mesures de "Lucy in the sky with diamonds" tandis qu'elle croisait les bras, et maudit alors Zephyr de lui avoir fait entendre cette chanson tant de fois qu'elle était capable de fredonner le refrain. Qu'il soit maudit pour cette perfidie. Malgré tout, elle resta parfaitement détendue, s'autorisant un petit rictus amusé tandis qu'elle observait Capucine.

"Tu oses me demander un service. Tu oses !" dit-elle en riant franchement cette fois-ci. "Je pourrais te casser comme une brindille, t'ouvrir le crâne et te faire goûter ta matière grise -si tu en as une- sans même que tu t'en aperçoives, et tu viens quémander ! Tu ne manques pas de courage... ou de folie. J'opterais plutôt pour la folie. Je vois dans tes yeux bien trop de détresse pour qu'il y ait de la place pour le courage. Tu es bien jeune, tu ne connais pas ta force, et il est bien téméraire de me tutoyer quand on ne possède rien pour me tenir tête. Je suis navrée, je ne fais pas dans la garde d'enfant. Tu vas devoir te babysitter toute seule. C'était très judicieux de jouer la carte du donnant-donnant, mais cela n'a aucune valeur étant donné que je sais très bien ce qui t'a poussé à aller au Grand Nord. Tu accompagnais cet assassin, n'est-ce pas ? Je sens une odeur de larmes, je te vois pleurer sur lui. C'est... répugnant."

Elle fit une petite grimace et s'éloigna quelque peu de Capucine comme si elle était subitement devenue malodorante.

"Je ne suis pas sûre que tu serais venue me 'sauver' s'il ne s'était pas déplacé. Je pense plutôt que tu l'as suivi pour t'assurer qu'il reste en ton pouvoir. Dis-moi... combien de temps a-t-il mis à se lasser de toi ? Tu sais, pour envoûter un homme, il faut beaucoup plus de finesse, beaucoup plus de charme. Tu..."

I THINK I'M GONNA BE SAD
I THINK IT'S TODAY
THE GIRL THAT'S DRIVING ME MAD
IS GOING AWAY

SHE'S GOT A TICKET TO RIDE !
SHE'S GOT A TICKET TO RIDE
AND SHE DON'T CARE !

"Il devient vraiment casse-pied !" s'écria brusquement Aliénor, perdant par la même occasion le fil de ses paroles. "Va jouer ailleurs !" ajouta-t-elle à l'adresse de Capucine. "De toutes façons, tes amis viennent d'arriver."

D'un signe de tête, elle désigna le groupe d'hommes qui venait d'apparaître en haut de la petite colline. Des sorciers. Ils étaient une dizaine, et avaient un style vestimentaire plutôt douteux. Ainsi, Capucine était poursuivie par une meute de chiens humains. Etait-ce de cela qu'elle dont elle avait peur, vraiment ? C'était mignon. Aliénor occulta volontairement sa propre terreur quand, jeune vampire, elle avait été traqué par des mortels qui la poursuivaient avec des faux et des brasiers. La tête haute, elle fit un sourire mauvais à Capucine, tourna la poignée de la porte dans son dos, et pivota rapidement sur ses talons pour disparaître à l'intérieur de la demeure. Elle avait suffisamment de problèmes, la petite vampire n'avait qu'à se débrouiller seule !

SHE'S GOT A TICKET TO RIDE...

Évidement, la réaction d'Aliénor ne fut pas des plus plaisante. Elle se moquait de Capucine. Mais elle s'y était attendu. Elle s'était préparé à recevoir ce genre de réponse. Ça ne l'étonnait pas. C'était du Aliénor tout craché. A se croire supérieur à tout le monde. Parfois, Capucine se disait qu'Aliénor aurait mieux fait de rester dans ce lieu secret, à crever en silence. Elle l'exaspérait avec son air hautain !

Aliénor ☆ « Tu oses me demander un service. Tu oses ! Je pourrais te casser comme une brindille, t'ouvrir le crâne et te faire goûter ta matière grise -si tu en as une- sans même que tu t'en aperçoives, et tu viens quémander ! Tu ne manques pas de courage... ou de folie. J'opterais plutôt pour la folie. Je vois dans tes yeux bien trop de détresse pour qu'il y ait de la place pour le courage. Tu es bien jeune, tu ne connais pas ta force, et il est bien téméraire de me tutoyer quand on ne possède rien pour me tenir tête. Je suis navrée, je ne fais pas dans la garde d'enfant. Tu vas devoir te babysitter toute seule. C'était très judicieux de jouer la carte du donnant-donnant, mais cela n'a aucune valeur étant donné que je sais très bien ce qui t'a poussé à aller au Grand Nord. Tu accompagnais cet assassin, n'est-ce pas ? Je sens une odeur de larmes, je te vois pleurer sur lui. C'est... répugnant. »

Le début de son monologue ne l'avait pas spécialement touché. Elle avait eu le courage de venir vers elle, et peut-être une pointe de folie. Mais ça, ça l'importait peu de ce qu'elle en pensait. Elle n'avait pas à la juger. Cependant lorsqu'elle commença à parler de Richard, qu'elle nomma ''l'assassin'', le sang de Capucine ne fit qu'un tour. Mais elle se retint de faire quelque chose car comme elle l'avait très bien remarqué, Aliénor pouvait la casser comme une brindille. Mais cela se voyait qu'elle avait énervait Capucine. Et encore, ce n'était que le début !

Aliénor ☆ « Je ne suis pas sûre que tu serais venue me 'sauver' s'il ne s'était pas déplacé. Je pense plutôt que tu l'as suivi pour t'assurer qu'il reste en ton pouvoir. Dis-moi... combien de temps a-t-il mis à se lasser de toi ? Tu sais, pour envoûter un homme, il faut beaucoup plus de finesse, beaucoup plus de charme. Tu... »

Alors là c'était de trop. Elle essayait quoi au juste ? La provoquer ? Elle aurait bien qu'elle s'attaque à elle pour pouvoir la neutraliser en quelques secondes, hein ?! Et bien elle avait presque gagné puisque Capucine laissa sortir sa colère alors qu'elle s'était brusquement arrêté dans son début de monologue. Même si c'était pour une raison précise, Cap' en profita pour lui répondre.

Capucine ☆ « Il ne s'est pas lassé de moi ! Richard était amoureux de moi. Tu crois que tu peux parler avec ton Ministre ?! C'est pas toi qui va m'apprendre à envoûter un homme. J'ai pas de problème dans ce domaine ! Alors arrête de parler de Richard comme s'il s'était enfui de moi ! »

Elle aurait pu en rajouter mais bon, la musique l'empêchait de se concentrer sur ces paroles. D'ailleurs ça semblait être également le cas d'Aliénor. Capucine croisa les bras, attendant une réponse ou une réaction de la vampire.

Aliénor ☆ « Il devient vraiment casse-pied ! Va jouer ailleurs ! De toutes façons, tes amis viennent d'arriver. »

Il ? De qui parlait-elle ? Enfin peu importe. La nouvelle qu'elle lui annonça glaça son sang. Ses amis – qui au passage étaient loin d'être ses amis – venait d'arriver. Rah ! Elle le savait qu'elle avait été suivi. Maintenant ça ne servait à rien de courir, de s'enfuir, de se cacher car tôt ou tard ils la retrouveront. Capucine se retourna, les regardant. Elle appréhendait. Lorsqu'elle voulu adresser de nouveau la parole à Aliénor, cette dernière était déjà rentré chez elle. Elle était désormais seule face à ses anciens amis. Seul contre une dizaine, même avec le fait qu'elle soit un vampire, ça n'allait pas à son avantage.

Capucine prit une grande inspiration puis prit la direction de la petite colline, en marchant d'abord puis en courant ensuite. Elle s'arrêta pas trop près d'eux mais pas trop loin non plus. Selon elle, c'était une bonne distance qui les séparaient, une distance qu'elle aurait aimé garder. Mais elle savait qu'ils n'étaient pas du même avis.

Mangemort ☆ « Alors, on fait moins la fière tout d'un coup. Il est où ton toutou aux gros muscles ?! »

C'était quoi leur problème avec Richard ? En tout cas cette nouvelle insulte envers lui, mit Capucine hors d'elle ! Et là ce n'était plus Aliénor qui était devant elle mais des mangemorts. Alors elle n'avait pas besoin de se retenir, loin de là. Capucine fonça vers le mangemorts pour lui attraper la tête et lui briser la nuque. Mais elle n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit qu'elle senti une impression bizarre, une impression d'être faible. Elle avait mal, très mal. Capucine regarda l'endroit d'où venait sa douleur et c'est là qu'elle vu une sorte de poignard dont la lame avait dépasser la limite de son tee-shirt. Celui-ci avait bien été enfoncé. D'un coup sec il lui retira le poignard. Elle tomba sur le sol, à genoux, les mains sur sa blessure. Dans quelques minutes, elle serait cicatrisé mais cela laissait le temps aux autres de s'amuser à la torturer un peu.

Mangemort ☆ « On va venger notre ami...et puis continuer ce qu'on a commencé il y a une dizaine d'année. Tu t'en rappelle, n'est-ce pas ?! »
Capucine ☆ « Ouawh. 10 contre 1. Tu t'entoure de plus en plus dis donc. Avant c'était 5 contre 1, maintenant 10. Tu prends des précautions ?! »

Humour quand tu nous tiens. En tout cas comment ne pas se rappeler de cette soirée où elle se fit torturer et où elle s'était vidé de son sang. Elle n'allait pas se faire avoir comme ça ! Pour cicatriser plus vite, il lui fallait du sang. Capucine essaya de se lever rapidement puis elle se fit à courir à une vitesse où l'on ne pouvait plus la distinguer. Puis elle s'arrêta derrière l'un des mangemorts qu'elle mordit avec méchanceté, dans la nuque. Le temps que les autres le remarque, elle avait déjà bu un bon demi-litre.

La jeune vampire enleva ses crocs puis reprit une folle course pour éviter de se faire avoir. Les mangemorts avaient tous leurs baguettes pointés, prêt à lancer un sort dès qu'elle s'arrêterait. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle fit. Juste derrière un autre mangemort. D'un coup sec, elle lui brisa la nuque. Ça en faisait déjà 2 en moins. Car oui, l'autre qui s'était fait mordre, s'était évanoui...par peur ou par la désagréable impression de se faire mordre. Mais il en restait 8. Et lorsqu'elle fut arrêté, l'un d'entre eux ne tarda pas à lui envoyer un Doloris, sachant que le sort de la mort ne la tuait plus et qu'en plus, ils voulaient d'abord la torturer...comme avant sa transformation. Touché par le sol, Capucine tomba au sol, criant de douleur sous le regard du leader (qui n'était pas le lanceur du sort) entrain de sourire toutes dents sorties.

Vampire ne voit son image. Encore moins dans l'eau bénite.
Capucine, Zephyr & quelques clampins Mangemorts

SECOUANT LA TETE EN RYTHME SUR LA CHANSON "LOVE ME DO", ZEPHYR SORTAIT DES AFFAIRES DE SON SAC A DOS. Ce dernier semblait avoir connu des jours meilleurs, car il était usé, rapiécé et le vampire avait apposé divers morceaux de tissus et écussons, témoignages de ses voyages. On pouvait y voir entre autres un écusson "Tibet Libre" juste à côté d'un badge du groupe Nirvana. Zephyr n'aimait pas jeter les objets auxquels il tenait. Ils avaient une odeur particulière, une identité. Ils lui permettaient de se souvenir des meilleures ou pires choses qui lui étaient arrivées. Toute son histoire tenait dans un sac à dos noir.

Il était en train de poser une statue astèque sur l'étagère lorsqu'il entendit la porte de sa chambre claquer violemment, et l'ouragan Aliénor fit son entrée tout aussi inopinément. Trop accaparé par la musique, il ne l'avait pas sentie venir.

"ETEINS-MOI CETTE CHOSE TOUT DE SUITE SINON JE T'ARRACHE LA TETE !"

Et John Lennon lui répondit candidement :

LOVE LOVE ME DO
YOU KNOW I LOVE YOU
IT ALWAYS BE TRUE
SO PLEASE LOVE ME DO

Zephyr vit le regard meurtrier de sa soeur se diriger vers la chaîne HIFI, source du boucan, et n'eut pas le temps de l'empêcher d'attraper l'objet pour le jeter sur le sol. La chaîne explosa en mille morceaux, et rendit l'âme dans un "brrrzic" particulièrement déchirant. Zephyr entrouvrit la bouche, contemplant cet objet qui l'avait accompagné dans toutes ses virées à travers le monde depuis le début des années 80, et leva les yeux vers Aliénor, trop hébété pour parler. Il resta quelques instants muet puis se reprenant, déclara d'un ton détaché :

"Tu n'étais pas obligé d'en arriver là. Il suffisait de le dire si ça te dérangeait !"

Mais le regard que lui lança Aliénor le défia d'ajouter quoi que ce soit d'autre. Redressant fièrement le nez en l'air, elle pivota brusquement sur ses talons et sortit de la chambre en claquant une nouvelle fois la porte. Elle était quand même gonflée : elle ne voulait pas de bruit, mais c'était elle qui en faisait en menaçant de faire sortir les portes de leurs gonds ! Décidément, il ne la comprendrait jamais.

Poussant un petit soupir, il passa une main dans ses cheveux histoire de les ébouriffer un peu plus, et après un regard affligé vers la chaîne HIFI, il attrapa sa veste, ouvrit la fenêtre, l'enjamba et sauta. Il atterit souplement trois mètres plus bas, juste devant la façade de la maison d'Aliénor. Pfiou, il faisait vraiment beaucoup de soleil ! La veste sur l'épaule et les yeux plissés, Zephyr commença à marcher, se dirigeant vers la petite colline qui menait au village le plus proche. L'herbe verte frémissait sous les caresses du vent, les oiseaux chantaient dans le bois voisin, le ciel d'un bleu azur n'avait jamais paru aussi grand, des hommes maltraitaient une petite blonde non loin de là... Attendez une seconde : quoi ?

Il y avait une erreur dans le tableau qu'il venait de peindre, mais sur le coup, il ne trouva pas ce qui clochait. Alors il secoua les épaules et poursuivit son ascension tout en sifflotant. Lorsqu'il parvint au sommet de la colline, il remarqua aussitôt les deux hommes à terre et les huit autres qui riaient tout en regardant la jeune fille se tordre de douleur sur le sol. Vraiment charmant. Il avait l'impression que la nature humaine se bonifiait avec le temps.

"Excusez-moi ?" fit-il sur le ton du touriste qui demande sa route.

Surpris, les hommes le dévisagèrent, et celui qui torturait la fille à distance fut également déconcentré. D'un rapide regard, Zephyr remarqua le bout du bois qu'il tenait en main, et fit une petite moue : des sorciers. Et apparemment, pas les meilleurs spécimens du genre étant donné la façon dont ils étaient habillés. Même les rats avaient plus de classe.

"Est-ce que vous connaissez un magasin pas trop loin d'ici qui vend des chaînes stéréo ?" demanda-t-il d'une voix parfaitement détendue, comme s'il ne s'était pas rendu compte de ce qui était en train de se passer.

Indécis, les hommes se regardèrent, puis l'un d'entre eux, sûrement le meneur, cracha :

"Barre-toi l'avorton ! Ou je t'arrache les yeux !"

"Charmant."

Ne cachant pas son agacement, il leur tourna le dos et commença à s'éloigner, balançant une nouvelle fois sa veste sur son épaule. Usant de son pouvoir surnaturel, il parvint à entendre ce qu'ils disaient de lui, même à plusieurs mètres de distance :

"Patron, on le laisse filer ?"
"On a plus important à faire."

Zephyr esquissa un sourire et disparut de leur champ de vision. Quelques secondes plus tard, alors que les hommes étaient sur le point de poursuivre leur torture, le vampire sortit de la lisière de la forêt et demanda dans leur dos, les faisant presque sursauter :

"Vous n'auriez pas du feu ?"

Ils se retournèrent vers lui, et le virent adossé contre un arbre, une cigarette en main. L'expression qu'il lut sur leurs visages était loin d'être amicale, de plus, ils venaient de comprendre ce qu'il était, car nul homme n'était capable de couvrir la distance qu'il avait faite en si peu de temps.

"Un autre ! Il est comme elle !" s'écria l'un des hommes en désignant la fille au sol du doigt.

Zephyr jeta un coup d'oeil à la fille en question, et remarqua qu'elle avait été ligoté. De mieux en mieux. Puis, il roula des yeux et s'avança vers le meneur, le jaugeant de toute sa hauteur.

"Je te le répète une dernière fois parce que je suis gentil : barre-toi." fit celui-ci avec un peu moins d'assurance.

Zephyr le vit lever sa baguette dans sa direction et laissa échapper un petit rire.

"Oh, j'ai peur !" dit-il en levant les mains et en les agitant comme dans les films policiers Moldus. "Je vais te donner un conseil : range ta baguette si tu ne veux pas te blesser avec."

"Tu crois que tu m'fais peur ?" cracha l'homme.

Zephyr esquissa un sourire, se débarassa de sa cigarette avec une pichenette et joignant les mains, il déclara d'un air amusé :

"Non, mais ça va venir."

Trop rapidement pour que l'homme ait le temps de réagir, il attrapa sa baguette, lui enfonça dans le nez, se saisit de ses mains et fit un noeud avec. On entendit un craquement sinistre et les hurlements de l'homme firent trembler la morne plaine. Tandis qu'il s'écroulait sur le sol, fou de douleur, Zephyr se tourna vers les autres, qui avaient levé leur baguette dans sa direction mais qui ne savaient pas vraiment quoi en faire, trop estomaqués de voir leur chef éliminé de cette façon. Zephyr ne tuait pas, il neutralisait. Ce qui était pire étant donné que la souffrance était infiniment pire que la mort elle-même.

Profitant de leur hésitation, il se pencha vers la fille et la libéra de ses liens. Une fois fait, il l'aida à se relever, lui fit un sourire, et s'éloigna.

"Débrouillez-vous !" lança-t-il sans se retourner. "Je ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas."

La pauvre, livrée à elle-même de la sorte. Zephyr aurait pu sentir la culpabilité déferler en lui s'il ne s'était pas libéré de ce sentiment depuis fort longtemps.