« You've helped me, then I'll help you. » ▬ Fe.

« You've helped me, then I'll help you. » Andrew Mortensen ▬ Zéphyr Burnham

* BAAAAM ! *

Ce fut un terrible choc. Inévitablement, je me retrouvai sur les fesses, alors que j’étais totalement abasourdie.

***

Comme d’habitude, j’étais assez en retard pour un maudit rendez-vous. A peine coiffée, trop rapidement habillée, j’étais déjà à moitié essoufflée lorsque je parvins à dépasser le seuil de ma porte. Ainsi je me décourageais avant même que je n’ai commencé mon long périple. Encore une fois, j’allai devoir courir. Fort heureusement je n’avais pas opté pour de trop hauts talons, nous savons tous que la course en talons est déconseillée. Alors que je pressai le pas du mieux que je pouvais, j’essayais d’atteindre une vitesse phénoménale ; mais j’aurais voulu pouvoir transplaner directement en direction du Ministère de la Magie, hors mon éducation assez médiocre ne me le permettait pas. De temps à autre, il m’arrivait de tourner la tête afin d’apercevoir mon reflet dans les vitrines. Et oui, je faisais peur ; et non, je n’en étais pas fière. Mais je n’avais absolument pas le temps que m’atteler à tout cela. Pas de chance, à cette heure là les rues piétonnes de Londres étaient noires de mondes. En plus de cela, les vacances venaient juste de commencer pour les petits moldus, alors c’était la fête !

Ce n’était décidemment pas mon jour. Le soleil tapait bien haut dans le ciel ; on aurait pu croire qu’il était à son zénith, alors qu’il n’était que dix heures du matin. Qu’est-ce que cela sera lorsqu’il sera midi tapantes ? Je vais mourir…

Bien décidée à ne pas griller au soleil, je changeai de direction et entrepris de marcher plutôt dans les petites rues artisanales. Celles-ci étaient surplombées de plutôt hauts bâtiments ; l’ombre allait donc être de mise. L’air y était plus frais et les rues étaient plus dégagées. Alors je me disais que j’aurais du y penser plus tôt. Surtout que ce raccourci va très certainement me faire gagner des minutes bien précieuses à mon goût. Malheureusement, ma marche rapide et mon manque d’entraînement affectèrent bien rapidement mon organisme : je fus saisie de violentes douleurs sous les côtes, semblables aux points de côtés qu’on attrape lorsqu’on essaie de courir trop vite sur une trop longue distance. Mais celui-ci me pliait quasiment en deux. Je devais songer repasser au pas. Ma respiration était saccadée, et je sentais de petites gouttelettes assez désagréables visiter mon front. Elles coulaient, jusqu’à atteindre la commissure de mes lèvres, puis retombaient le long de mon menton. Dorénavant, je marchais d’un pas crispé, faisant le maximum afin de me détendre. Quitte à arriver en retard ; je ne me sentais vraiment pas bien du tout. Ainsi ma vitesse diminuait considérablement. C’était comme si… j’étais au ralenti.

Dans le croisement de deux rues désertes, au carrefour de plusieurs petits magasins indépendants, ce fut l’accident. Mes yeux étaient rivés sur les dalles sur sol que je contemplais idiotement, et aussitôt je me retrouvais à terre, avec en prime une intense douleur dans tout le côté droit de mon corps. Je ne pus retenir mes mots.

« Eh vous ne pouvez pas faire attention un peu ! »

Je n’avais même pas pu voir celui ou celle qui m’avait bousculée. La seule chose que je savais, c’est qu’il ou elle courait à vive allure ; mais je ne savais pas pourquoi. Alors je me retrouvais là, les yeux fixant le vide, la bouche entrouverte, cherchant à comprendre ce qu’il venait réellement de se passer. Cette silhouette fuyait-elle ? Et si oui, quoi ? Voire qui ? Et avant tout, qui était cette silhouette pour ne même pas avoir pris le temps de s’excuser ou même de m’aider à me relever… Sachant que j’avais bien trop mal à la jambe droite, étant retombée dessus, j’abandonnai toute tentative de me relever seule.

Ce n’est qu’après une bonne voire deux petites minutes qu’un homme assez jeune arriva près de moi, l’air déçu. Gentil ou méchant ? Il allait m’agresser ou m’aider ? Ou pire, tracer sa route. Tout comme celui qui m’était sauvagement passée dessus, il était arrivé assez vite. Ainsi je compris : il le poursuivait ?… Mais qui était le méchant, dans l’histoire ? Va savoir. J’étais sûre qu’il s’agissait du premier. Car le second, lui, il s’est arrêté pour savoir comment j’allais.

« You've helped me, then I'll help you. » Andrew Mortensen ▬ Zéphyr Burnham

Non mais étais-je entrain de rêver là ? C’était la première fois de ma vie que je ne passais pas inaperçue. Moi qui d’habitude était injustement bousculée lorsque je marchais dans la rue ; qui était sauvagement doublée dans les files d’attente. De ce petit geste, je ne pouvais que m’en réjouir. Toute souriante, cependant assez gênée, je saisi la main du jeune homme qui me l’avait proposée quelques instants auparavant ; pour enfin me relever, non sans mal. J’espérais juste que je ne m’étais pas tachée, surtout que je portais un pantalon carotte acheté seulement quelques jours plus tôt. Tout naturellement, je frottais le tissus de mes petites mains, faisant mon maximum pour enlever les petites impuretés qui pouvaient y rester incrustées. Et d’un rapide mouvement de tête, je regardais le gentil monsieur qui m’avait aidée. C’était assez gênant, en effet ; je me sentais rougir.

« Vous visez juste. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, je suis habituée. »

Toujours en regardant l’homme, je ne pus retenir quelques gloussements embarrassés. Celui-ci devait très certainement me prendre pour une dérangée. Une folle. Et cela ne me plaisait pas vraiment, en réalité. Je n’aime pas faire mauvaise impression dès le début, je trouve que cela décourage les gens à venir te parler. Mais je me faisais sûrement encore une fois des scénarios dans ma tête. Au pire, il m’aurait tout bonnement prévenue, non ? Quoi qu’il en soit, nous étions en plein milieu de la rue. Quelques passants commençaient à pointer le bout de leur nez dans notre direction ; et cela ne faisait que d’accroître mon sentiment d’humilité. Entre deux petits sourires, je bafouillai une petite proposition qui, je l’espérais, allait plaire à mon interlocuteur.

« Mhmm.. Ecoutez, les passants commencent à légèrement emplir la rue. Cela ne vous direz pas de.. je ne sais pas, … changer d’endroit ?  »

Alors que j’exposais ma proposition, qui semblait se transformer plutôt en une demande, je commençais à m’orienter vers un petit chemin ombragé, non loin du lieu de l’incident. Cependant, au même moment, j’eus un flash. L’homme -ou la femme- qui m’avait foncé dessus. Ce n’était tout de même pas anodin toute cette histoire. Une silhouette mystérieuse qui m’agresse, et un jeune homme qui, je le pensais, le poursuivais. Oui, je commençais à me poser certaines questions assez troublantes. Et s’il.. et s’il s’agissait d’un mangemort qui était poursuivi par celui qui avait gentiment accepté de me tirer de cette situation ? Je me disais que j’avais de la chance qu’il ne m’ait pas blessée. Surtout que j’avais appris lors de mon apprentissage que les Mangemorts traquaient ceux qui n’étaient pas de ligne pure. Mon sang était loin d’être pur, à moi. Alors je devais m’estimer heureuse d’être encore là. Je me retournai et m’approchais du jeune brun.

« Mais dîtes-moi, vous étiez entrain de le poursuivre ? Si c’est le cas je suis terriblement désolée de vous avoir fait perdre votre proie ; elle doit déjà être très loin… Je suis sincèrement navrée.  »

Automatiquement, je baissai les yeux ; saisissant un ton de voix assez faible. Mais j’aurais peut-être pu l’aider à la retrouver, sa proie, non ? Même si je doute que cela aurait une très bonne idée. Le risque et moi, cela faisait deux, croyez-moi.