Wild Wild London ◊ NOAMI

IL DEVAIT ÊTRE DANS LES ALENTOURS DE MINUIT LORSQUE ZEPHYR SORTIT DE LA SALLE DE CINEMA. Il aimait bien aller voir des films Moldus, de temps à autre, cela le distrayait grandement, même si ce soir-là, il se sentit quelque peu blasé par la projection. Voir des aliens combattre des cowboys, c'était un peu trop bizarre, même pour quelqu'un pour lui. Il n'était pas fan des films de science-fiction, il préférait les comédies romantiques, mais la salle qui diffusait le dernier Woody Allen était pleine, allez savoir pourquoi. Tout en s'engageant dans la rue, il fit tourner son chapeau de cowboy sur son doigt avec un sourire. Il y avait tout de même du positif à aller à une avant-première d'un film à gros budget : on offrait des cadeaux. Ce soir-là, il avait eu droit à la magnifique et véritable copie du chapeau que portait Harrison Ford dans le film. S'éloignant rapidement de la rue qui grouillait de gens impatients de repartir chez eux, il enfonça le chapeau sur sa tête et s'engagea dans une rue adjacente et mal éclairée. Apparemment, il avait plu pendant qu'il était au cinéma, car le bitume était mouillé et une odeur de chaud et d'eau stagnante s'engouffra dans ses narines. Il grimaça quelque peu, et par jeu, baissa la tête vers une flaque d'eau pour observer son reflet. Wouah, il déchirait tout. Avec un peu de fond de teint pour masquer sa pâleur fantomatique, il aurait fait un tabac à Hollywood. Cowboys and Aliens 2, avec Zephyr Knox ! Pour le coup, ça aurait valu le coup de s'intéresser davantage à la science-fiction.

Il en était là de ses réflexions lorsqu'il aperçut le talon d'une chaussure juste à côté de la flaque d'eau. Fronçant les sourcils, il leva quelque peu les yeux et remarqua alors un homme étendu sur le sol détrempé, juste derrière une benne à ordures. Il s'approcha prestement, se pencha au-dessus du corps, et se rendit compte aussitôt qu'il était sans vie. Pas besoin d'être médecin pour le savoir. Il n'entendait pas son coeur palpiter dans ses oreilles, et son corps charriait déjà une subtile odeur de pourriture.

"Dommage, j'aurais bien bu un cou !" dit Zephyr d'un ton déçu.

Il resta un moment agenouillé à côté du cadavre dont les yeux révulsés louchaient légèrement, et s'aperçut que son cou portait la marque d'une morsure profonde. La plaie béante n'était pas très élégante, toute déchiquetée. Le vampire ne cacha pas son dégoût. Non vraiment, les meurtriers ne savaient vraiment pas s'y prendre. Il songea qu'il aurait pu donner des cours ou des stages pour devenir un bon assassin. Pourquoi toujours se montrer écœurant ? Un peu d'esthétisme, que diable !

Soudain, un jet de lumière rouge siffla près de son oreille et alla percuter le mur de briques juste derrière lui. Il se baissa brusquement puis redressa la tête juste assez pour voir une jeune femme, à quelques mètres, une baguette magique dirigée droit sur lui.

"On se calme !" fit-il en levant les mains comme dans les films policiers Moldus (décidément, il devenait trop cinéphile). "Pourquoi m'attaquez-vous comme ça ? Je ne vous ai rien fait !"

C'était vrai, ça. Pour une fois qu'il ne faisait rien, on lui lançait des maléfices ! Elle ne manquait pas de culot, celle-là ! Zephyr l'observa d'un air fulminant, puis jetant un bref regard sur le cadavre à ses pieds, il roula des yeux et comprit tout en un éclair.

"Ok, ça y est. Vous voyez un corps sans vie et aussitôt vous m'accusez. Sympa. Est-ce que je vous accuse de polluer la planète en utilisant un shampoing qui rend vos cheveux aussi brillants ? Vous n'imaginez pas à quel point il y a de produits toxiques dans les cosmétiques de la vie de tous les jours !"

Il ne s'égarait pas un peu, là ? Il se racla la gorge et enjamba le cadavre pour s'approcher un peu de la jeune femme, qui ne baissait pas sa garde. ça commençait à l'énerver. Il n'avait pas prévu de se faire "attaquer" par une jolie jeune femme juste après sa soirée ciné. Il aurait juste voulu rentrer chez lui déguster un bon repas qu'il aurait ramené dans sa demeure. Pourquoi sabotait-on toujours ses plans ?

"Vous allez arrêter de me menacer avec ce truc ?" s'impatienta-t-il en désignant la baguette. "Je ne l'ai pas tué. C'est un ami à vous ?" ajouta-t-il, changeant brusquement de sujet. "Il est mort depuis un moment, en plus. Celui qui a fait ça ne l'a vraiment pas raté !"

Il se mit à rire en regardant le cadavre, puis s'apercevant que ça n'avait pas tendance à rendre la jeune femme plus aimable, il se tut, se composant un visage outrancièrement sérieux.

Minuit passé à Londres. Noami était sur les nerfs, et il y avait de quoi, vu la mission que lui avait confié l’Ordre. Ils étaient sur la trace d’un vampire qui sévissait dans les environs, mais ne savait pas du tout de quoi il avait l’air. Ce qui risquait de compliquer leur tâche, surtout que celui-ci opérait en territoire moldu. Noami devait donc rester discrète et ne pas se faire remarquer, laissant sa baguette dans sa poche et ne s’en servant qu’en cas d’urgence. Puis de toute façon elle pouvait toujours effacer la mémoire de ceux qui auraient été témoins de ses agissements. Elle connaissait bien le monde des moldus de toute façon. Par contre, le fait d’avoir comme partenaire un incapable de première ne l’arrangeait vraiment pas. James Norton, qui venait juste de débarquer de Poudlard, et qui n’avait donc aucune expérience sur le terrain, lui avait été assigné. On lui avait dit que ça pourrait lui permettre d’en apprendre plus en étant sur le terrain dès sa première mission. Mais bien sur, parce que se faire attaquer par un vampire allait lui servir. Ils débloquaient vraiment dans l’Ordre ces temps-ci. Cela faisait trois heures que la rouquine n’avait pas eu de nouvelle de son partenaire. Peut-être qu’il était terré dans un coin en attendant qu’elle le retrouve, après tout il était jeune et assez inexpérimenté, et surtout un peu idiot sur les bords. Ou alors il était rentré chez lui, et là c’était sur qu’il risquait de se faire passer un savon quand elle en aurait l’occasion. Non vraiment, cette nuit allait être longue, surtout qu’il avait plu un certain moment, et qu’elle avait du se planquer pour prononcer une formule permettant de se sécher complètement. De plus, avait fait le tour du quartier, mais n’avait trouvé aucune trace d’un quelconque vampire ou d’une de ses victimes.

La jeune femme commençait sérieusement à perdre patience, surtout qu’elle se trouvait à ce moment-là dans un endroit bondé, les gens rentrant chez eux après une séance de cinéma. Ca n’allait pas arranger les choses. Elle n’avait pas fini de toute façon, il lui restait quelques rues à explorer, et puis elles semblaient être assez sombres et sordides pour qu’un vampire vienne y mettre les pieds sans se faire repérer. Elle se retrouva donc à tourner le coin d’une rue assez malfamée. Elle avait un mauvais pressentiment. Et d’ailleurs, quand elle vit non loin d’elle quelqu’un penché devant le corps de quelqu’un, avec un chapeau de cow-boy – il se croyait où lui, au Far West ? – et surtout ayant l’allure d’un prédateur chassant sa proie (oui bon, il était de dos, il faisait noir, mais quand même), elle ne réfléchit pas plus pour en venir à la conclusion que l’homme qui se tenait devant le corps avait quelque chose à voir avec sa mort. La jeune femme s’empara aussitôt de sa baguette avant que son suspect ne la remarque. « Stupéfix ! » lança-t-elle dans sa direction. Elle le manqua de peu, mais c’était assez pour qu’il se retourne vers elle. La rouquine se mit aussitôt en position de défense, attendant d’un instant à l’autre à ce qu’il l’attaque. Ce qui n’arriva pas, à sa grande surprise. « On se calme ! Pourquoi m'attaquez-vous comme ça ? Je ne vous ai rien fait ! » Il était carrément sur la défensive, levant les bras au ciel. Noami ne se laissa pas avoir si facilement, il pouvait très bien gagner du temps avant de l’attaquer ou de s’enfuir. Elle le menaçait donc avec sa baguette, attendant le bon moment pour lui lancer un sort. « Si vous tentez quoi que ce soit, je vous préviens je vous neutralise ! » Elle n’aimait pas vraiment la tournure que ça prenait, de plus si c’était le vampire qu’elle recherchait, la jeune femme avait surement du souci à se faire. Elle aurait du appeler des renforts. Mais là c’était trop tard. « Ok, ça y est. Vous voyez un corps sans vie et aussitôt vous m'accusez. Sympa. Est-ce que je vous accuse de polluer la planète en utilisant un shampoing qui rend vos cheveux aussi brillants ? Vous n'imaginez pas à quel point il y a de produits toxiques dans les cosmétiques de la vie de tous les jours ! » Noami fronça les sourcils, mais qu’est-ce qu’il racontait celui-là ? Puis pourquoi il se défendait comme ça ? Pouvait-elle vraiment envisager qu’il était innocent ?

Celui-ci s’approcha d’elle, ce qui lui permet de discerner correctement le visage de l’inconnu. Il était d’une pâleur effroyable, de plus il semblait plus vieux qu’il n’en avait l’air. Pas de doute, c’était bien un vampire. La jeune femme se devait donc de ne pas baisser sa garde, surtout si c’était celui qu’elle recherchait. Elle continua donc de le menacer de sa baguette, ce dont le vampire se plaignit. Allons-donc, il allait lui intenter un procès aussi ? « Oui bien sûr, parce que c’est juste une coïncidence que vous vous trouviez ici au moment où je retrouve son corps ! De plus vous êtes un vampire, et nous en recherchons un, je trouve ça assez comique d'une certaine façon en fait. » Noami continua de l’observer, il avait vraiment une allure étrange. Il paraissait si inoffensif, mais étant un vampire, il ne l’était pas le moins du monde. Elle avança de quelques pas pour aller voir le corps. Mince, c’était James. Et celui qui avait fait ça ne l’avait pas loupé. Ce qui était étrange, c’est que les morsures semblaient disproportionnées et n’avaient pas vraiment l’air de venir de son vampire inconnu. Surtout que vu le massacre, il aurait du avoir le visage et les vêtements couverts de sang. Elle se retourna donc vers lui, baissant un peu sa baguette, mais restant quand même en alerte. « Bon admettons que vous ne soyez pas responsable de sa mort. Vous étiez quand même là ! C’est vraiment trop bizarre tout ça. Puis comment je vais expliquer ça à l'Ordre que cet idiot s'est fait avoir dès sa première mission ! Quel abruti, je lui avait dit de ne pas s'éloigner ! J'ai vraiment que ça à faire de jouer les baby-sitter. Et de traquer un vampire, ou ce qui ressemble à un vampire, alors que j'en ai un devant moi qui n'a rien d'autre chose à faire que de se balader avec un stupide chapeau de cow-boy ! » Elle commençait à dérailler sérieusement si elle commençait à faire la causette à un vampire. Bon d'accord, elle n'en avait jamais vu avant, mais on lui en avait dit de belles sur eux. D'ailleurs si elle était une vampire, elle aurait entendu à quelques mètres de là dans une ruelle à côté un bruit suspect, un grognement qui en ferait frémir plus d'un.