Let's see the Northern Lights ◊ ZOE

"Two things are infinite: the universe and human stupidity;
and I'm not sure about the universe."
Zoe & Zephyr

MAIS QUE FAISAIT-IL DANS UN ENDROIT PAREIL ? Une étendue blanche à perte de vue, l'horizon toute plate qui se confondait avec le ciel immaculé, lui aussi. Le silence. Etait-il arrivé au paradis ? Etait-ce seulement possible ? L'enfer des âmes damnées n'existait donc pas ! Zephyr esquissa un sourire ravi, même s'il était tout de même déçu d'être mort pour de bon. Cela avait quelque chose de triste. Jamais plus il ne pourrait boire de sang, jamais plus il ne pourrait aller à un concert de Queen (d'un côté, étant donné que le chanteur était mort, ce n'était déjà plus possible depuis longtemps), ni se déguiser en vahiné dans un carnaval. Puis, une ride d'expression barra son front alors qu'il réfléchissait à un petit détail : il ne se souvenait pas des cirsconstances de sa mort. Personne ne l'avait vidé de son sang, il ne se rappelait pas avoir vu l'éclair aveuglant de la lame d'une épée fonçant droit sur sa gorge, ni même d'avoir été prisonnier des flammes. Non, quelque chose clochait. Il avait besoin d'explications.

Il se tourna donc naturellement vers l'Auror à ses côtés, qui semblait aussi perplexe que lui mais nettement plus frigorifié, et demanda :

"Qu'est-ce qu'on fait là ?"

"V-vous m'avez d-dit de v-vous emmener au P-Pôle Nord." répondit l'homme en grelottant.

C'est alors que tout lui revint en mémoire, et Zephyr leva les yeux au ciel avec consternation.

"Non, j'avais dit 'Grand Nord' ! Qu'est-ce que j'irais faire au Pôle Nord, franchement ? Je déteste manger du surgelé !"

L'Auror ne pipa mot, mais leva sa baguette au-dessus de sa tête d'une main tremblante et transplana avant même que Zephyr ait eu le temps de l'attraper. Le vampire se jeta sur lui mais trop tard, l'autre avait disparu dans un "pop" qui sembla résonner dans toute l'immensité désertique. Dépité, Zephyr donna un coup de pied dans un tas de neige qui n'eut que le mérite de lui mouiller la chaussure. Il frissonna, même s'il ne ressentait pas le froid, et jeta un coup d'oeil navré à ses souliers vernis qui ne survivraient jamais à une telle épopée. Tant pis, il faudrait faire avec.

Tirant sur sa veste de costume, il se redressa fièrement et commença à marcher, se dirigeant... nulle part en particulier. Tout se ressemblait. Il fallait à tous prix qu'il trouve quelqu'un, un sorcier de préférence, pour partir au plus vite de cet enfer glacé. Il ne préférait pas imaginer ce qu'il adviendrait de lui s'il était obligé de faire un régime improvisé. De toute son existence, il n'avait encore jamais sauté de repas.

Il marcha donc un loooong moment sans rencontrer âme qui vive. Pour un peu, il n'aurait pas été surpris de voir les oiseaux arrêtés dans leur élan, gelés en plein vol. Mais non, les volatiles avaient déserté cette région du monde depuis bien longtemps. Les petits chanceux. Zephyr commençait à en avoir assez. Il détestait les randonnées et la marche à pied, pourquoi lui infliger un tel calvaire ?

Soudain, une odeur s'engouffra dans ses narines. Il ferma les yeux et se concentra sur celle-ci. Il entendit bientôt des battements de coeur, une pulsation mélodieuse qui guida ses pas jusqu'à une petite tente malmenée par quelques bourrasques de vent. Il s'avança jusqu'à celle-ci à pas de loup, et remarqua alors une jeune fille juste à côté, dos à lui. L'occasion était trop belle. Cependant, il se posa une question fondamentale : devait-il la laisser en vie ? Oui, il était plus sage de lui demander si elle était une sorcière, et si ce n'était pas le cas, il pourrait la saigner ensuite.

Il s'approcha encore et lorsqu'il fut seulement à un mètre d'elle, il étendit le bras dans sa direction pour lui tapoter l'épaule, mais c'est alors qu'une énorme masse blanche bondit sur lui, le propulsant dans la neige. Il secoua la tête avec une horrible grimace, car dans sa chute il avait avalé un peu de poudreuse, et se retourna sur le dos pour voir une grosse bête avec une fourrure blanche se jeter sur lui une nouvelle fois. Un ours polaire !

"Aaaaah !" s'écria-t-il en se redressant d'un bond.

Grâce à sa vitesse surnaturelle, il surprit le "monstre" poilu. Il se releva prestement et courut jusqu'à la fille pour se cacher derrière elle. Peut-être que si l'ours la mangeait, il le laisserait tranquille, non ?

Etrangement, l'animal se calma lorsqu'il aperçut la jeune fille. Zephyr fronça les sourcils, releva un peu la tête, mais se recroquevilla quand il entendit l'ours grogner.

"Apparemment, il vous aime bien." dit-il à l'adresse de la fille en lui faisant un sourire contrit. "ça doit être mon aftershave qui l'incommode. Ou mes chaussures. Il a peut-être deviné qu'elles sont en cuir ! Le cuir vient des vaches, et sûrement qu'il est ami avec l'une d'entre elles... On ne sait pas, le monde est tellement petit !"

Mais qu'est-ce qu'il racontait ? O_o Etait-ce la peur qui le faisait délirer à ce point ? Il faut préciser que Zephyr n'avait jamais peur de rien. Etre un vampire offrait une certaine confiance en soi et une supériorité face à l'adversité, mais face à un ours... Il ne savait par quoi commencer. Comment le neutraliser ? Il avait quatre pattes avec vingt griffes incorporées, ainsi qu'une gueule avec beaucoup trop de crocs acérés ! ça forçait le respect. Et intimidait un peu. Surtout que Zephyr n'avait qu'une paire de canines en comparaison, finalement.

"Vous n'auriez pas une idée pour qu'il arrête de me regarder comme si j'étais son futur dîner ?"

• "Du Dioxyde de carbonne au zinc oxcydé à l'hélium". Quelle étrange découverte .. Les sourcils froncés, les bras croisées, l'air perplexe, Zoé Maroy nota quelques annotations dans son calepin de voyage. Ces données d'ordre chimique n'étaient pas cohérentes avec les faits établis lors de sa précédente expérience dans le laboratoire qu'elle s'était confectionné dans le grenier de sa grande maison londonienne. "J'étais persuadée que c'était du Dioxcyde de cardonne oxcydé au fer ... ". Ca lui arrivait de parler toute seule, songeuse, enroulant une de ses mèches rebelles dans un crayon soigneusement taillé. Zoé s'était donné comme but de découvrir la qualité de les molécules de neige perpendiculairement à la matière tertiaire glacière présente sur la côte est du Pôle Nord, là où la pollution avait dégradé l'espace naturel de la zone polaire. C'était quelque chose d'important pour elle : comprendre pourquoi les animaux mouraient les uns après les autres depuis maintenant un an. Il y avait une explication scientifique, ce n'était pas possible autrement. Soupir. Peur. Crainte. Incompréhension. Fatigue. La solitude n'était pas toujours bonne à gérer. Comme elle avait été stupide de partir toute seule au Pôle Nord; ce n'était pas la première fois qu'elle partait à l'aventure mais elle n'avait jamais été si loin. Elle avait pris le paquebot pour venir jusqu'ici, n'ayant toujours pas son permis de transplanage. Celà faisait 4 jours qu'elle se trouvait là où elle était, dans sa petite tante qui avait la forme d'une hutte du temps préhistorique. Zoé avait l'impression de vivre comme un homme de cromagnon: elle pêchait, il lui arrivait de dessiner sur les parois des rochers (oui il y en avait) et elle faisait du feu avec des silex. Oui Zoé était une sorcière , seulement sa baguette magique était sous jean-Hubert et la jeune femme n'avait pas la moindre envie de le réveiller ... il était si beau quand il dormait.
  
  Quoiqu'il en soit, il était très tard. Enfin, Zoé n'avait pas l'heure, elle détestait les montres mais compte tenu de la position des étoiles, il devait être entre le 11 et le 12. L'heure parfaite pour piquer un somme en compagnie de Jean-Hubert, un ami qu'elle avait rencontré sur ces terres le jour de son arrivée. Ca n'avait pas été la grande entente au départ mais les liens entre les deux individus se sont vite tissés. Une relation très amicale en est née. "Bonne nuit J.hu !". Mais ce dernier avait l'air, au grand désarroi de Zoé, de se réveiller. "Qu'est-ce que tu fais?". Apparemment, il avait envie de faire une petite promenade nocturne, sans doute pour aider la digestion de la baleine qu'il venait d'ingurgiter pour le souper. Zoé ne l'en empêcha pas du tout, au contraire. La jeune fille était sur le point d'enfiler son pull de laine spécial nuit quand elle vit une ombre suite au reflet des flammes dans la hutte. Elle n'eut cependant le temps de régair, Jean-Hu. avait déjà pris le dessus. Un énorme "Aaaaah" vint retentir dans les oreilles de Zoé qui se leva préciptamment. Horrifiée , elle ne sut que dire devant le charmant spectacle qui se jouait devant elle. Jean-Hubert s'en prenant à un .... homme. Qui était-il celui-là? Elle n'avait croisé personne depuis son arrivée. Il avait l'air d'être seul en plus, ce qui intrigua davantage la jeune élève de Poudlard.
  
  Mais une certaine antipathie par rapport à lui se fit dans l'esprit de Zoé. La Raison? Il venait tout juste de courir se cacher derrière elle, l'utilisant tel un bouclier moyen-âgeux. "Mauviette!". Elle avait dit ces mots entre les dents, en grimaçant d'exaspération. Cet homme ne semblait pas être un homme de la plus haute qualité masculine. "Il ne vous fera pas de mal, c'est Jean-Hubert. Doux comme un agneau".! Elle avait dit celà sans sourire et sans prendre en considération l'humour de l'inconnu. Ami avec une vache? Et puis encore? Avec un lapin aussi? Non mais, Fichtre, enfant du pêché !.
  
  "Ca vous arrive souvent de vous cacher derrière une femme pour sauver votr' peau?!". Enfin, il valait mieux en rire qu'en pleurer. Cependant, la méfiance qu'elle éprouvait à l'égard de cet arrivant était de taille. "Tout seul? Vous n'devriez pas traîner par ici, il y a des phoques pas loin, ça pourrait vous effrayer!". Bon bof, ok, pas très sympathique. En même temps, Zoé avait réagit d'une manière plus ou moins similaire lors de sa première rencontre avec l'ours blanc. Elle avait crié "Oh Purée de Satan!" et avait également tenté de trouver un bouclier, elle avait juste trouvé la caisse en carton où étaient rangées ses canettes d'ice tea peche.

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and I'm not sure about the universe."
Zoe & Zephyr

L'OURS DEVAIT SENTIR L'ODEUR DU SANG QUI EMANAIT DE ZEPHYR. C'était une odeur latente, indétectable pour les humains, mais les animaux la percevaient sans nulle doute. Les carnivores connaissaient bien cette odeur de chair à vif mêlée à l'hémoglobine. Ah, il en salivait rien que d'y penser. Mais pour le moment, le vampire avait d'autres préoccupations en tête. Il jeta un regard perplexe à l'inconnue sans pour autant s'éloigner d'elle, et observa l'ours polaire avec scepticisme.

Doux comme un agneau, mais bien sûr ! Ne voyait-elle pas le regard féroce de cette énorme bestiole ? Ses grognements gutturaux, son inquiétante mâchoire bien aiguisée ? Pour un peu, Zephyr s'attendait à ce que la fille lui demande d'aller le caresser ! Mais d'où sortait-elle ? Il allait lui répliquer quelque chose de bien senti lorsqu'elle prit les devants et l'humilia profondément. Restant à une distance raisonnable de l'ours, il se recula quelque peu de la jeune fille et épousseta sa veste pleine de neige, avant de la lisser. Puis, il se composa un visage parfaitement neutre et joignant les mains, il déclara :

"Je ne me suis pas caché derrière vous, j'ai juste fait une pause pour trouver un moyen de neutraliser cette ignoble créature."

Il désigna l'ours polaire qui émit un grognement de protestation. Le vampire lui jeta un rapide coup d'oeil inquiet avant de poursuivre :

"Mais comme je constate que c'est votre... ours de compagnie, je vais vous laisser vous amuser tous les deux. Vous ne viendrez pas vous plaindre si jamais il vous arrache un bras alors que vous lui grattouillez l'oreille."

Il marqua une petite pause, et ajouta brusquement :

"Et je suis peut-être seul, mais vous n'êtes pas très accompagnée non plus. Hormis votre... ours. Quel âge avez-vous ? Treize ans ? C'est fort jeune pour se promener toute seule dans cet endroit."

Il profita du fait qu'il parlait pour la regarder avec davantage d'attention. Ce n'était pas facile, car elle portait une épaisse parka avec une capuche qu'elle avait ramené sur sa tête, mais une bourrasque de vent un peu plus violente que les autres fit tomber le capuchon sur ses épaules, dévoilant son visage. Zephyr fut étonné par cette apparition. Il s'attendait à voir une eskimo, ou une inuit, en tous cas, pas une jeune anglaise au teint de porcelaine. Il se rendait compte seulement maintenant qu'elle s'était exprimée dans sa langue natale sans aucun accent, ce qui aurait dû lui mettre la puce à l'oreille s'il n'avait pas été aussi préoccupé par l'ours polaire. Il perdit quelques secondes à la détailler. Elle était de petite stature, ce qui était accentué par le gros anorak qu'elle portait. Ses longs cheveux bruns se soulevaient par intermittences selon les aléas du vent, et ses lèvres rouges invitaient au baiser.

Zephyr secoua la tête. Aucun doute, la rencontre avec l'ours polaire lui avait ramolli le cerveau. Reprenant ses esprits, il tapa dans ses mains avec entrain et demanda sans détour :

"Est-ce que vous savez faire de la magie ? Transplaner, ce genre de trucs ? Parce que j'aimerais m'en aller d'ici le plus vite possible et puis voyez le bon côté : plus vite vous vous débarrassez de moi, et mieux ça sera, non ?"

Autant lui demander sans prendre des pincettes. Au pire, si elle était Moldue, elle le regarderait avec des yeux de merlan frit et il n'aurait qu'à la tuer. Elle n'aurait aucune utilité. En plus, il commençait à avoir un petit creux, alors il valait mieux qu'elle se dépêche. Et qu'elle scelle son destin.

Derrière lui, il entendit l'ours polaire approcher. Il déglutit avec peine mais garda toute son attention vers la jeune fille, l'implorant presque du regard. Des fois, ça marchait.

Et des fois pas.

• "C'est vous l'ignoble créature !" . Comment osait-il parler ainsi devant Jean-Hubert. Il n'avait pas l'habitude d'être confronté à de telles méchancetés gratuites. Heureusement qu'il était là d'ailleurs. C'était bien plus qu'un ours polaire pour Zoé, c'était un confident, un repère. Et puis que de mensonges ... En même temps, faire avouer à un homme qu'il a eu la trouille de sa vie reviendrait à cuire de la viande dans un congélateur. Zoé ne releva pas l'information mensongère préferant calmer Jean-Hubert en lui donnant quelques morceaux de calamars. "Jean Hu. ne m'arracherait jamais quoi que ce soit. Je l'ai sauvé.". En effet, à son arrivée au Pôle Nord, l'ours polaire était atteint de la mucoviscidose, mais grâce au traitement qu'elle avait élaboré sur place à base de diverses mélanges moléculaires et biologiques, il avait pu être guéri mais jusque quand? Ce n'était qu'un remède temporaire; il ne pourrait pas survivre tout seul. "Pour bien faire, il faudrait que je le ramène chez moi. Ou que j'emménage ici." . C'était un peu extrêmiste, Zoé en était consciente. Mais le regard bleu azur de l'animal lui fendait le coeur.! Elle imaginait déjà la réaction de son père "Zoé, tu as déjà ramené un châmeau l'année dernière, calme-toi ... tu as bien vu que la Ministère de la Magie n'accepte pas ce genre de sottise!". C'était malheureusement vrai. Mais tellement injuste pourtant.
  
  "Et je suis peut-être seul, mais vous n'êtes pas très accompagnée non plus. Hormis votre... ours. Quel âge avez-vous ? Treize ans ? C'est fort jeune pour se promener toute seule dans cet endroit." C'est alors que Zoé sortit de ses gonds, les yeux en sang ! Etait-il sérieux? Se moquait vraiment-il d'elle?! 13 ans? Zoé avait peut-être quelques réactions enfantines non-contrôlées mais de là à se faire traiter de gamine idiote et irresponsable, il ne fallait pas déconner des masses de plomb !. Au moins, elle, elle avait un but concret sur ces terres. Et puis elle fonctionnait mieux seule. La compagnie humaine, ça ne l'avait jamais vraiment inspirée dans ses nombreuses quêtes. Ca engenre les disputes, les bouderies, les désaccords, le sexe par mégarde; tout un tas de choses négatives. Au moins quand elle était seule, elle n'avait aucun compte à rendre et Jean-Hubert ne demandait aucune explication donc tout était parfait. " Du moment que je sais ce que je fais ici, peu importe l'âge non?" Elle lui lança un regard noir, plein de mépris. "17 ans". Lui semblait beaucoup plus vieux mais beaucoup moins confiant.
  
  Suite à la remarque de l'arrivant au sujet de son statut de sorcière, Zoé sourit légèrement. Elle était donc tombée sur un sorcier ou du moins sur quelqu'un qui connaissait ce monde, vraissemblablement. Tant mieux. "J'ai pris le bâteau. Je préfère, j'aime voguer sur l'océan et respirer l'air frais maritime !". Zoé fit mine de chatonner une chanson qui ressemblait à "C'est un fameux trois-mâts fin comme un oiseau. Hisse et ho, Santiano !" mais puis se fit plus discrète encore : "Et puis je ne sais pas transplaner .. ". Elle avait passer deux fois son permis de transplanage mais rien n'y faisait, elle oubliait toujours son pied droit, à chacune des reprises. Un vrai massacre. "Je n'peux donc rien faire pour vous ... sauf vous amener bon port. C'est le Port Pinguchiti, à 24 kilomètres d'ici." . Elle avait faire le chemin jusqu'ici en balai magique qu'elle avait pris soin d'emporter pour les petites distances mais malheureusement ce dernier avait été avalé par Jean-Hubert au petit-déjeuner. Mais la marche était un bon sport.
  
  "Et puis, vous? Vous ne savez pas transplaner? Vous n'avez pas une tête à avoir pris le bateau pourtant.!"

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Zoe & Zephyr

Cette fille avait le cerveau congelé. Zephyr ne voyait pas d'autre explication. Il était évident que quelque chose clochait dans sa tête, car personne de sensé ne pouvait trouver cet ours de plusieurs centaines de kilos attachant. Il était dangereux, il fallait le tuer ! Pourquoi personne ne voulait se dévouer ? Zephyr n'avait pas envie de se faire mordre ou griffer, sinon il se serait débrouillé lui-même. Et puis, au cas où le mammifère lui arrachait une jambe, il n'était pas sûr de la récupérer : il n'avait jamais rien lu sur le fait que les vampires pouvaient faire repousser leurs membres. Dans le doute, il préférait rester à une distance raisonnable. Apparemment, la demoiselle était fermement décidée à adopter le monstre au pelage blanc, ou à habiter dans ce désert de glace et de neige pour le garder auprès d'elle. Zephyr la considéra d'un oeil étonné, presque inquiet, puis il haussa les épaules. Au moins, il ne pouvait pas dire que cette jeune fille ne possédait pas une certaine forme de courage... doublée d'une incroyable folie. A seulement dix-sept ans, c'était tout à fait remarquable. Hélas, elle ne vivrait sûrement pas longtemps avec de telles idées dans la tête. Et elle l'exaspérait bien trop pour qu'il lui propose de le rejoindre dans la vie éternelle.

Puis, elle se mit à chanter. Zephyr, pris au dépourvu, ne sut pas vraiment quelle conduite adopter, et il finit par taper dans ses mains en rythme pour l'accompagner du mieux qu'il le pouvait. Décidément, tout ceci était de plus en plus bizarre. Le pire, ce fut quand l'ours se mit à hurler la tête en l'air (apparemment, il n'y a pas que les loups qui le font) pour couvrir la voix de sa "maîtresse". Zephyr leva un sourcil indécis, et faillit faire une prière pour remercier le tout puissant quand la jeune fille s'arrêta enfin de chanter. Ce n'est pas qu'elle chantait mal, mais... il avait déjà entendu mieux. Bref. En plus de tout le reste, elle avait beau être une sorcière, elle venait de lui révéler qu'elle ne savait pas transplaner. Zephyr laissa échapper un petit sifflement agacé. Non vraiment, elle le faisait exprès. Maintenant, il n'avait plus d'autre choix. Il allait falloir qu'il la saigne. Qu'elle serve à quelque chose, au moins.

"Et puis, vous? Vous ne savez pas transplaner? Vous n'avez pas une tête à avoir pris le bateau pourtant.!"

Il n'eut pas le temps de sortir ses crocs, trop abasourdi par ses questions. N'avait-elle pas remarqué sa peau aussi blanche que la neige, en plus du fait qu'il ne portait qu'un léger costume par moins trente degrés ? N'avait-elle vraiment pas fait attention à ces deux détails qui sautaient pourtant aux yeux des humains normalement constitués ? Zephyr faillit lui rire au nez, et lui révéler de but en blanc : "Eh oh, je suis un vampire !" mais y renonça finalement. C'était bien plus drôle quand la proie ne savait pas que le prédateur était juste à côté d'elle. En parlant de prédateur, le nounours carnivore le regardait avec un drôle d'air, comme s'il savait ce que Zephyr comptait faire, et qu'il le défiait de mettre son plan à exécution. Sale bête... Zephyr lui jeta un regard mauvais, avant de reposer les yeux sur la jeune fille, et de répondre finalement :

"Je déteste prendre le bateau, j'ai le mal de mer à chaque fois. Il n'y a pas un aéroport, plutôt ? Voler c'est nettement mieux, et puis il y a toujours une chance sur deux de subir un crash, c'est tellement excitant ! Tous ces humains qui seraient déchiquetés, ces corps brûlés, lacérés... ça me donne faim tout ça."

Il se frotta le ventre avec conviction, remarquant que l'ours se léchait les babines avec inspiration.

"Apparemment, ça fait saliver... Jean-Hu aussi." ajouta-t-il avec un petit rire.

Il avait cherché le prénom de l'ours quelques secondes avant de le dire, et se rendit alors compte qu'il ignorait l'identité de la jeune fille. D'un côté, il n'avait pas très envie de pousser la rencontre plus loin. L'heure devenait grave puisqu'il commençait à trouver Jean-Hu attachant. Il fallait qu'il s'en aille au plus vite. Et puisqu'il ne pouvait pas planter ses dents dans la gorge de la demoiselle sans y laisser sa peau... et celle de l'ours, il songea qu'il allait marcher le ventre vide. Mieux ne valait pas provoquer un mammifère plus fort que soi.

Il en était là de ses réflexions lorsqu'il sentit une violente rafale lui ébourriffer les cheveux. Il ne pouvait sentir le froid, mais devina que la température avait du nettement diminuer en seulement quelques minutes. Il plissa les yeux vers l'horizon, et aperçut alors un mur de neige tourbillonner dans leur direction. Le vent se mit à hurler dans ses oreilles sans discontinuer. Une tempête. Il était maudit ou quoi ?

Il jeta un regard sur tout ce qui se trouvait à sa portée, et remarqua la petite tente de fortune. Sans prévenir, il attrapa alors Zoe par la taille et la poussa brusquement à l'intérieur.

"RESTEZ LA-DEDANS !" hurla-t-il pour couvrir le vent. "VOUS ETES TELLEMENT MAIGRE QUE VOUS ALLEZ VOUS ENVOLER SINON !"

Les rafales claquaient à ses oreilles, ouvraient les pans de sa veste de costume, malmenaient ses cheveux, giflaient son visage. Il songea alors que lui aussi n'était pas gros. Il risquait de ne pas faire le poids face à la tempête. Le mur de neige continuait de se rapprocher. Zephyr se mit à égrener les secondes. Non, il n'irait pas dans cette maudite tente. Une tempête de neige pouvait durer des heures, hors de question de passer autant de temps avec la demoiselle dans seulement trois mètres carré ! La neige commença à tomber sur sa tête, dans sa nuque... le mur blanc se rapprochait, promesse de mort et de congélation... ça pouvait faire mal, même à un vampire... Et il ne pourrait courir suffisamment vite pour y échapper.

"OH MER...!"

Le reste de sa phrase fut couvert par le bruit de la neige qui tombait par paquets. Zephyr se jeta dans la tente, mais n'eut pas le temps de calculer son arrivée. Il tomba sur quelque chose de mou et de dur à la fois. Des os et de la chair. Il resta un moment envoûté par l'odeur humaine qui se dégageait de la nuque de la jeune fille, son nez effleurant sa nuque, et ouvrit la bouche. Il voulait y goûter, juste goûter... Il sentit alors qu'on agrippait sa jambe. Se redressant en s'appuyant sur ses mains, il tourna la tête et aperçut par l'ouverture Jean-Hu qui était en train de manger le bas de son pantalon.

"EH ! MAIS ARRETE !" s'écria-t-il en secouant le pied pour qu'il le lâche.

L'ours obéit mais pour montrer qu'il n'était pas dupe, il s'assit juste en face de l'ouverture de la tente qui se soulevait par intermittences, le regard fixé droit sur lui. Zephyr avait compris le message : pas toucher à la jeune fille. On ne pouvait vraiment plus rien faire de nos jours. Poussant un petit soupir, il tourna de nouveau la tête, et se retrouva nez à nez avec la fille en question. Il se tenait toujours au-dessus d'elle, mais venait réellement d'en prendre conscience.

"Je vous assure que je voulais seulement vous mettre à l'abri." déclara-t-il avec un sourire espiègle. "Il ne me viendrait pas à l'idée de porter atteinte à votre... innocence. Je ne suis pas ce genre d'homme."

Là, on touchait le fond. Pourquoi se sentait-il obligé de s'expliquer ? Et il continuait de sourire, car la situation l'amusait beaucoup. Il avait sauvé la jeune fille d'une tempête, mais pouvait-il la protéger de lui-même ? Il faisait encore jour, il pouvait contrôler la créature assoiffée de sang qui sommeillait en lui... mais pour combien de temps encore ? Des tempêtes de neige pouvaient durer des heures, il le savait. La survie de la demoiselle reposait désormais entre les mains de la destinée.

Zoé resta méfiante face à cet homme étrange. Jean-Hubert n'avait pas l'air non plus en totale confiance; en même temps, l'ours ne faisait pas confiance aux êtres humains en général; seule la jeune fille avait réussi à l'apprivoiser. L'anxiété qu'elle avait par rapport à l'étranger s'accentua lorsqu'il commença à frapper des mains alors qu'elle chantonnait un air de chanson que son grand-père au 4ème degré, Hugue Auffray, aimait beaucoup. Pourquoi il faisait ça? Il n'avait pas envie de la laisser chanter tranquillement non?! En plus il n'était pas du tout en rythme, c'en était presque affligeant. En tout cas, une chose était sure ... il n'avait pas la musique dans la peau !
Un aéroport? Quelle idée! Le fait de prendre l'avion n'avait pas le moindre intérêt pour un sorcier; il y avait le balai, à condition de pouvoir en posséder un et de savoir le manipuler. Et puis, c'était laid en soi un avion, un truc en fer avec deux ailes qui se prennent pour des oiseaux. Le bateau avait beaucoup plus de distinction ! Et puis elle n'avait pas la carte du pays, comment pouvait-elle savoir où se trouver l'aéroport? "Non, je ne peux pas vous aider sur ce point; c'est le bâteau ... ou rien!". Elle se trouvait déjà bien gentille de bien vouloir lui indiquer où se trouvait le port. La suite des propos de l'arrivant choqua quelque peu la jeune sorcière. Il avait parlé de personnes mortes, découpées en fines lamelles, ou en petits cubes, déchirés, brûlés, broyés ... ou encore déchiquetés. Quel atroce tableau! Non mais il était pas tout seul dans sa tête? C'est alors qu'une hypothèse très cohérente survint dans son esprit. Il devait travailler pour la morgue. Il devait être passioné par son métier et s'attacher aux cadavres, à tel point d'être heureux de se retrouver en leur compagnie. Zoé frissona à cette idée. "Vous êtes croque-mort?". Sa question paraissait stupide mais elle ne voyait pas vraiment d'autres explications. En même temps, une partie de son cerveau était congelé donc ses facultés intellectuelles n'étaient pas toutes disponibles. Non mais en plus il était tout blanc, elle venait à peine de le remarquer. Il devait être malade, il avait sans doute le mal du pays. Malheureusement, la jeune fille n'avait plus d'aspirine, Jean-Hu les avaient toutes mangées le jour de son arrivée et il était difficile de trouver une pharmacie à proximité.

L'homme bizarre avait raison. L'ours polaire avait vraiment l'air d'avoir très faim et le frigo (bien qu'il n'était pas nécessaire) était vide. Aucun poisson ni calamar à l'horizon. Il fallait aller à la pêche et en +, c'était Zoé de corvée aujourd'hui si on tenait compte du plannig établi par les deux habitants. "Non. Il est végétarien". Elle se prépara donc à partir pêcher le poisson quand soudain, elle remarqua un refroidissement de température effroyable et un vent plus fort que d'habitude. "Ca se raffraichit ! ". Elle irait peut-être pêcher plus tard en fin de compte, mieux valait rentrer dans la tente. Zoé ne se précipita pas dans son humble demeure ... c'est d'ailleurs sans doutes la raison pour laquelle elle y fut projetée tel un canon. BAM, sa tête avait heurtée légèrement le sol. Apparemment, l'étranger prenait les choses beaucoup plus à coeur qu'elle. La situation était-elle vraiment grave? Pourquoi ne venait-il pas la rejoindre à l'abri alors?! "Venez dans la tente avec moi, je n'vais pas vous manger!" Ironie, ironie ... ! Mais l'homme semblait ne pas vouloir s'imposer, il souhaitait peut-être assumer le rôle du super-héros jusqu'au bout. C'était quand même dangereux. "Venez!".

Alors qu'il semblait enfin prendre conscience que la mort était proche s'il restait dehors à faire le guet, Jean-Hubert fit des siennes. Il ne voulait pas que Zoé ait de la compagnie: ce qu'il était possessif ce petit ours polaire! "Jean-Hu, laisse-le rentrer, on ne peut pas le laisser mourir comme ça!". L'ours obéit alors non sans montrer qu'il boudait, il se plaça d'ailleurs à l'entrée de la tente histoire d'avoir un oeil sur les deux jeunes gens et de surveiller en même temps la tempête qui venait de surgir et qui ne semblait pas vouloir se stopper. L'homme au visage pâle était sur elle, Zoé venait à peine de s'en rendre compte. Cependant, elle ne trouvait pas celà ambigü du tout; l'homme s'était précipté à l'intérieur, il avait attéri là où il avait pu, point barre!. "Je vous assure que je voulais seulement vous mettre à l'abri. Il ne me viendrait pas à l'idée de porter atteinte à votre... innocence. Je ne suis pas ce genre d'homme." La jeune fille était un peu étonnée de cette déclaration. Elle ne jugeait pas utile de recevoir des explications mais sourit tout de même pour le principe. "Je vous crois" !. De près, comme ça, il semblait encore plus pâle ... c'en était presque fascinant et ce n'était pas bien laid, en fin de compte. "Mais vous m'écrasez un peu ... vous pouvez vous retirer?". C'était une bien belle chose de la mettre à l'abri, mais si c'était pour l'étouffer après ...! Elle regarde autour d'elle, maintenant il fallait attendre quelques minutes, voire quelques heures avant que la tempête ne se calme. Sa tente n'était pas bien grande, elle l'avait achetée au Soudain il y a quelques années car le marchand ressemblait au gars qui jouait dans "Esprits criminels", même si ça n'existait pas à l'époque. Enfin bref!. "Je n'ai pas beaucoup de réserves ... pas grand chose à manger, il me reste des chips à la morue ... Je peux toujours demander à Jean-Hubert de partir pêcher mais généralement quand il y va seul, il mange tout sur la route." "En plus, vous êtes tout pâle, il vous faudrait des vitamines!". Il faisait encore plus froid que d'habitude, c'était apeurant. "On peut faire du feu ! ". L'homme posa alors son regard su la baguette magique qui était à ses côtés mais Zoé éclata de rire. "Non, ce ne serait pas amusant, je préfère faire du feu avec des silexs!". Du feu à l'intérieur d'une tente était risqué mais c'était soit ça, soit la congélation et elle n'avait pas encore installé le chauffage central. Zoé semblait toute fière d'apprendre ses méthodes préhistoriques à un nouveau. Elle ne se rendait pas vraiment compte qu'elle avait l'air un peu bête comme ça. "Tenez!", elle lui tendit deux gros cailloux. La jeune fille avait l'art de dédramatiser toute situation de vie ou de mort. C'était à la fois une bonne et une mauvaise chose. Le silence qui suivit laissa entendre une nouvelle arrivée de flocons de neige, et pas la moindre. "Heureusement que vous êtes là, j'ai un peu peur quand même ... un tout p'tit peu hein!"

(Han pauvre de toi ! )

"Two things are infinite: the universe and human stupidity;
and I'm not sure about the universe."
Zoe & Zephyr

Zephyr accéda à la requête de la jeune fille et s'éloigna d'elle pour s'asseoir. Il eut du mal à trouver une position confortable car la tente avait dû être conçu par des farfadets tellement elle était minuscule ! Le vampire, avec ses grands bras et ses longues jambes, eut beaucoup de difficultés à se mettre à l'aise. Il commença par se recroqueviller sur lui-même, les jambes contre son torse, mais abandonna finalement l'idée pour s'asseoir en tailleur. Voilà qui était mieux. Bon, il aurait préféré s'allonger sur un sofa ou dans une baignoire remplie de bain moussant, mais au Pôle Nord, apparemment, il ne fallait pas être trop difficile.

La tempête faisait toujours rage au dehors. Le vent hurlait ses propos incohérents, la neige s'abattait en lourds flocons tumultueux sur la toile de tente, et Jean-Hu fixait toujours Zephyr d'un oeil menaçant. Le vampire croisa les bras et s'intéressa aux paroles de la jeune fille, grimaçant lorsqu'il comprit qu'elle parlait de nourriture. Son ventre commença à gargouiller. Le faisait-elle exprès ? Savait-elle que ce n'était pas une bonne idée de faire penser un buveur de sang à un hypothétique dîner ? Apparemment, elle ne s'était toujours pas rendue compte qu'il était un saigneur en puissance, même si elle l'observait d'un oeil curieux. Elle n'était vraiment pas douée. D'un côté, c'était normal. Elle avait quoi, dix-sept ans ? Que leur apprenait-on à Poudlard, par tous les diables ? "Si vous rencontrez un inconnu à la peau très pâle en plein blizzard, ne vous affolez pas, proposez-lui des chips à la morue." Mais ils étaient complètement frappés ses professeurs, ou quoi ? N'enseignaient-ils pas aux élèves de repérer et de se défendre contre les Forces du Mal ? A moins que le specimen sur lequel il était tombé soit légèrement différent des autres... Ce qui n'aurait pas été étonnant étant donné les circonstances. Franchement, quelle jeune fille saine d'esprit s'aventurerait seule au Pôle Nord ? En attendant, toutes ces constatations le mettaient grandement en appétit. Tandis qu'elle parlait, il ferma les yeux tout en se mordant les lèvres, essayant d'ignorer les jérémiades de son estomac. Il fallait qu'il se contrôle, il ne pouvait pas se jeter sur elle pour la dévorer, car Jean-Hu ne mettrait pas longtemps à rétablir l'équilibre de la chaîne alimentaire. Il souleva les paupières et lui lança un drôle de regard lorsqu'elle lui parla de faire du feu. Peut-être qu'il faisait froid, oui, c'était logique après tout. Il n'en savait rien, cela faisait des années qu'il était totalement insensible aux changements de température. Excepté lorsqu'il pressait un corps mortel et bouillonnant de vie contre le sien... Non, n'y pense même pas ! Jean-Hu grogna, lui faisant oublier sa faim inassouvie.

Il baissa les yeux sur les silex que la jeune fille venaient de lui mettre dans les mains, et fronça les sourcils, lui lançant un regard interrogateur. Elle voulait qu'il fasse quoi avec ça ? Savait-elle qu'il n'avait pas aimé "La Guerre du Feu" ? Il préférait les films sentimentaux, pas ceux dans lesquels on voyait des brutes épaisses se taper dessus avec des massues !

"Non allez-y, je ne suis pas très habile de mes mains."

Tout dépendait des situations, mais il n'allait pas s'étendre sur le sujet. Il lui rendit les pierres et la regarda les frotter l'une contre l'autre. Elle allait certainement mourir de froid avant d'arriver à produire une flamme, mais il était amusant de voir avec quelle énergie elle déployait pour y parvenir.

"Vous n'avez pas à avoir peur." dit-il sans pour autant cacher un sourire amusé. "Je vous... protégerai !"

Il éclata de rire et plaqua une main sur sa bouche. La situation était vraiment trop drôle. Lui un vampire, protéger une mortelle contre une tempête de neige ? Tiens, en parlant d'eux, il était temps que leur relation passe au niveau supérieur.

"Comment vous appelez-vous ?" demanda-t-il soudain avec un sérieux désarmant.

Ce n'était pas bien de jouer avec la nourriture, de lui donner un nom. Après, il risquait de s'attacher. Il en était là de ses réflexions lorsqu'une flamme jaillit des deux silex et tomba sur le sol couvert de neige, et s'éteignit. Zephyr leva un sourcil indécis.

"Euh... vous n'avez pas prévu de récipient ou quelque chose pour éviter que le feu ne s'éteigne ? Sinon, on en a pour un moment là... Attendez."

Joignant le geste à la parole, il glissa jusqu'à elle, et après une brève hésitation, passa un bras autour de ses épaules pour l'attirer vers lui, après avoir abattu la capuche sur sa tête.

"Voilà, vous aurez un peu plus chaud comme ça." dit-il en tournant la tête le plus possible pour que l'odeur de la jeune fille ne lui fasse pas tourner la tête et perdre la raison.

Il ne possédait pas une température corporelle très élevée, mais parfois, il oubliait ce petit détail. Des fois, très rarement, il avait des réactions tellement humaines qu'il oubliait qu'il était vampire.

Zoé fronça les sourcils lorsque le jeune étranger refusa de produire du feu lui-même. Après tout, il était peut-être contre toutes les choses que font (ou dans ce cas-ci, faisaient dans une époque bien plus lointaine) les moldus. Elle rencontrait beaucoup de ces personnes qui refusent de se consacrer à l'une ou l'autre activité moldue. Zoé haussa les épaules et le remplaça aussitôt, avec un peu de mal cependant. La jeune fille tremblait, elle commençait véritablement à prendre froid et Jean-Hubert se trouvait toujours près de l'entrée afin de surveiller une éventuelle catastrophe nouvelle. L'homme qui se trouvait à ses côtés n'avaient pas l'air d'être frileux, Zoé l'enviait, elle s'était peut-être habituée à la température du Pôle Nord mais ici il s'agissait d'un cas extrême. "Je n'suis pas très douée ... Tant pis! ". Du coup elle se chargea de sa baguette magique, l'air dépité du à son échec, et murmura : "Incendio".

Zoé retint un petit sourire après que l'homme pâle lui ait promit de la protéger dans tous les cas. "Je doute que vous soyez aussi compétent que Jean-Hu en matière de protection!". Mais quoiqu'il en soit, il était vrai qu'elle se sentait davantage en sécurité grâce à cette présence qu'elle pensait humaine. Il était toujours plus agréable de se dire qu'on ne mourra pas seul en cas de catastrophe naturelle. Bon d'accord, c'était un peu égoïste de penser de la sorte mais c'était vrai. La jeune élève était tout de même toujours intriguée par la peau blanchâtre de l'homme, ça ne le rendait pas très chaleureux à vrai dire. "Vous devriez vous reposer un peu, vous n'avez vraiment pas l'air bien. Ne vous inquiétez pas, je vous réveillerai si on est sur le point de mourir". Elle lui lança un petit regard plein de malices. Elle se garderait bien de raconter cette prériphétie en duo à Fred lorsqu'elle rentrerait au pays ... si toutefois elle y rentrait ! "Je m'apelle Zoé" "Et vous?" . C'est vrai qu'il était peut-être temps de faire plus ample connaissance, ils risquaient de rester un bon bout de temps tous les deux dans cette tente miniscule, alors autant communiquer! La jeune fille rougit très légèrement lorsque l'étranger (qui n'en était plus vraiment un à présent) releva sa capuche afin qu'elle protège ses oreilles du froid, car même si elle avait allumé un léger feu, le froid était toujours le plus fort. C'était une gentille attention que Zoé apprécia beaucoup. "Merci" . Elle avait dit celà dans un souffle, sans le regarder dans les yeux, un peu génée par la situation. "On pourrait partir à l'aube demain matin si vous voulez". Elle avait abandonné l'idée de rester plusieurs jours dans la contrée, la tempête l'ayant effrayée un peu trop. Elle était peut-être courageuse de s'aventurer toute seule dans un pays lointain, mais pas assez pour affronter une catastrophe naturelle. "Ca n'vous dérange pas de passer la nuit ici avant de partir, il commence à faire noir ... ". Il n'y avait aucun sous-entendu évidemment; Zoé ne voyait simplement aucune autre solution et puis c'était plus prudent. Elle essaya de ne pas penser à la récation de Fred si il venait à être au courant de celà; au pire, elle lui expliquerait que c'était une question de vie .. ou de mort ! "Celà dit, je ne vous empêche pas de partir si l'idée vous gêne. Mais pour vous rassurer, Jean-Hu dormira entre nous, ainsi il n'y aura aucune ambiguité?!" Elle avait dit celà avec un énorme sourire comme si il s'agissait de l'idée du siècle ...

Le visage de l'homme semblait cependant devenir de plus en plus pâle à la lumière du feu ... sans trop savoir pourquoi Zoé commençait à avoir la boule au ventre.

"Two things are infinite: the universe and human stupidity;
and I'm not sure about the universe."
Zoe & Zephyr

Il peut arriver d'étranges choses lorsque l'on est confiné avec un inconnu. Parfois, un silence gêné s'installe et on ne sait plus quoi se dire. D'autres fois, on perd très vite ses vêtements sans même s'en rendre compte ; par peur, on cherche à se rapprocher le plus possible de l'autre. Ce qui en résulte est bien souvent un silence gêné. Avec la demoiselle, cependant, Zephyr n'aurait jamais pensé qu'il se contenterait de discuter en attendant que la tempête se passe. Comme quoi, malgré ses 125 ans, il pouvait encore être surpris dans la vie. Ou plutôt l'après-vie, le concernant.

La gentille petite lui proposait de dormir. Il répondit par un rictus et se contenta de la rapprocher un peu plus de lui. Mauvaise idée, son odeur lui parvint jusqu'aux narines, un doux parfum de vie qui fit saigner son âme et rugir la créature qui était en lui. Sa main se crispa un peu trop contre son épaule. Peut-être lui faisait-il mal ? Il n'allait pas s'attarder sur la question, car il avait bien envie de lui faire mal, et mieux valait ne pas trop extrapoler le sujet.

"Je m'apelle Zoé" "Et vous?"

"Zephyr." dit-il dans un souffle. "Ce qui est assez ironique étant donné la situation. Je vous assure que ce n'est pas moi qui ait soufflé le rusé vent du nord jusqu'ici."

Il esquissa un petit sourire, qui s'effaça bien vite lorsqu'il se rendit compte que la dénommée Zoé ne savait peut-être pas ce qu'était un zéphyr. Ah les jeunes de nos jours, il fallait vraiment tout leur apprendre... Et voilà qu'elle souhaitait qu'il reste jusqu'à la fin de la tempête. Elle était mignonne mais pas très futée.

"Ou voulez-vous que j'aille ?" fit-il en riant franchement cette fois. "Je suis résistant au froid mais il y a des limites !"

Cependant, il savait très bien que rester toute une nuit à une telle proximité d'une humaine appétissante était une très mauvaise idée. Il risquait de ne plus se contrôler bien longtemps, même si la perspective de se faire déchiqueter par un ours polaire refroidissait quelque peu ses ardeurs... mais pour combien de temps ? Il se connaissait, il savait très bien qu'il dépassait les limites du raisonnable bien trop souvent. Il ne pouvait résister à une petite friandise... La faim commençait à le tenailler. Baissant les yeux sur la tête encapuchonnée de Zoé, il laissa échapper un petit grognement rauque à peine audible. Jean-Hu l'entendit pourtant, et il grogna à son tour. Les regards de l'ours et du vampire se croisèrent, se défiant mutuellement de faire le premier geste qui signerait leur combat à mort. Zephyr déglutit avec peine, avisa un bout de bois bien solide qui trainait dans la tente (on ne sait pourquoi), s'en saisit et le tendit à Zoé.

"Frappez-moi." dit-il d'une voix sérieuse. "Frappez-moi sinon je risque de... de ne pas me contrôler."

Super. A présent, il allait passer pour un obsédé. Non, il fallait mieux lui faire comprendre sans pour autant la faire paniquer. Fermant brièvement les yeux, il inspira à fond et reprit, soulevant les paupières pour la fixer d'un air légèrement inquiétant :

"Je n'arrive pas à m'endormir sauf si on m'assomme. Je vous assure, c'est une maladie terrible. Vous me rendriez un grand service si vous me frappiez."

Grande idée. Il allait avoir une sacrée ecchymose si jamais elle acceptait, mais au moins, il ne risquait pas de l'attaquer et donc, Jean-Hu resterait tranquille. Normalement. Restait à savoir si elle allait accéder à sa requête et gober son explication qui n'était pas très convaincante. A la réflexion, il aurait mieux fait de passer pour un pervers.