Hey, what did you expect ?! ۩ FE MAXWELL

Aliénor fit encore tomber quelques pétales de rose sur le sol et eut un petit rire cristallin. Elle était vêtue en tout et pour tout d'une chemise d'homme dont elle avait oublié d'enlever l'étiquette, et avait laissé ses cheveux cascader dans son dos. Aucun bijou ne venait orner son cou et ses poignets. Une nouvelle vie commençait pour elle, et elle avait bien l'intention d'en profiter.

Elle jeta un coup d'oeil par la fenêtre qui donnait sur la rue, et observa un moment la lune diaphane et les étoiles étincelantes. Après quoi, elle vérifia l'heure à la vieille horloge murale et se précipita vers la porte pour l'entrebâiller, ramassant quelques pétales pour les jeter dans le couloir.

Elle avait tout prévu pour cette soirée inoubliable : plus tôt dans la journée, elle avait fait parvenir un carton d'invitation à l'homme dont elle avait le meilleur souvenir, mais ne l'avait pas signé, préférant jouer la carte du mystère. Il viendrait, elle en était sûre. Aucun homme ne pouvait résister à une invitation dans une chambre d'hôtel. La nature les avait fait ainsi. Et pour ce qu'Aliénor projetait de faire, cela lui convenait tout à fait.

Elle avait fait tomber quelques pétales sur le lit et lorsqu'elle entendit le bruit d'un transplanage suivi de pas, elle s'élança sur le lit et s'y laissa tomber dans une position plutôt suggestive.

Cependant, ce ne fut pas un homme qui entra, mais deux. Ils masquèrent difficilement leur étonnement de la trouver ainsi, et Aliénor prit alors la parole d'une voix légèrement plus aiguë qu'à l'ordinaire :

"Oho, je vois double ! Le plus curieux, c'est que vous ne vous ressemblez pas, messieurs !"

Elle partit dans un fou rire assez étrange étant donné la situation, et l'un des deux hommes parla, très sérieux :

"Madame de Maurpassant, nous sommes priés de vous emmener au Grand Nord sur ordre de l'Empereur."

Le rire d'Aliénor redoubla d'intensité, et les deux Aurors se regardèrent, pris au dépourvu. C'était certainement la première fois de leur vie qu'ils voyaient une vampire rire à gorge déployée. Quand enfin Aliénor se calma, elle se redressa sur le lit, et se mit sur ses jambes tout en chancelant légèrement.

"Vous pouvez dire à... l'Empereur (sa voix prit un ton moqueur) qu'il peut aller se faire v..."

"Je suis certain que vous n'avez nulle envie de prononcer quoi que ce soit qui pourrait être retenu contre vous dans un tribunal, Madame." coupa l'un des Aurors, comme pour la prévenir.

Aliénor plongea son regard vitreux dans le sien et un court instant, ses pupilles bleutées reprirent leur éclat originel. Implacable. L'Auror frémit mais ne cilla pas.

"Je suis navrée pour vous, Messieurs, mais je vais devoir vous garder avec moi... pour toujours."

Ce n'était pas une mise en garde, car Aliénor leva si vite la main que l'Auror n'eut pas le temps de se reculer. Elle le griffa à la gorge, le sang se mit à couler, tellement appétissant... La vampire resta quelques secondes hypnotisée par ce liquide carmin, mais fut brutalement éjectée de son rêve par un maléfice qui vint se loger entre ses omoplates. L'autre Auror l'avait attaquée, ce qui était logique, et la vampire ne lui en tint pas rigueur, mais elle ne pouvait faire autrement que de l'envoyer au ciel. Il fut plus long à maîtriser, mais elle en vint finalement à bout.

Lorsqu'elle eut fini son petit massacre, sa chemise était maculée de sang, de même que ses jambes et ses bras nus. Elle lécha ses doigts avec gourmandise, mais leva les yeux lorsqu'elle entendit quelqu'un arriver. Prestement, elle se dirigea vers le lit et s'y allongea, comme si rien ne l'avait perturbée.

Deux cadavres sanglants jonchaient le sol, mais ainsi, la décoration était bien plus belle. Aliénor adressa un sourire enjôleur à Maxwell Weaving lorsque celui-ci pénétra dans la chambre, et eut un petit hoquet qu'elle cacha malhabilement derrière sa main.

"A quoi vous attendiez-vous ?" demanda-t-elle d'une voix éméchée.

Étendant le bras vers la table de nuit, elle attrapa une bouteille en verre qui était à moitié remplie de sang alcoolisé, et portant le goulot à ses lèvres, elle en but plusieurs gorgées. Après quoi, elle ajouta :

"Je n'ai pas eu le temps de faire le ménage, mais je peux prendre un bain, si vous le désirez. La baignoire est très... très grande."

"Je ne m'attendais pas à grand chose d'autre. Mais j'espérais... Enfin j'aurai apprécié que... C'est compliqué. Je ne sais pas exactement ce que j'aurai voulu, mais une chose est sûre, c'est que cette situation me convient parfaitement."

Elle était allongée là, sur le lit, des pétales de roses jonchaient le sol. Elle attendait quelqu'un. Moi aussi j'étais venu ici pour retrouver une jeune femme. Jeune non seulement en apparence, mais également à l'intérieur. Car cette "jeune" femme, n'avait rien de "jeune", si ce n'était qu'elle n'avait pas de rides, qu'elle était très très bien conservée, et qu'elle avait un côté très très très attirant. Le drap sur lequel elle se trouvait, était d'un rouge flamboyant, et en observant bien la belle, on pouvait se rendre compte qu'elle aussi, elle avait des tâches rouges sur les jambes, sur les bras, et sur le seul vêtement qu'elle portait. Mamma Mia ! C'était quoi ça ? Elle ne portait qu'une chemise et... rien en dessous ?

"Vous avez quelque chose d'attirant dans le regard. Dans d'autres circonstances, je me serais rué sur vous, et on aurait fait l'amour comme des bêtes jusqu'au levé du soleil, mais là... non. Ce n'est pas que vous n'êtes pas attirante. Vous avez tout ce dont un homme peut rêver. Deux bras, deux jambes, bien ouvertes d'ailleurs, une poitrine qui se soulève à chacune de vos respirations et fait glisser un peu plus le drap dans lequel vous êtes blottis, laissant découvrir, à chaque fois, un nouveau morceau de chair. Vous avez des lèvres qu'on a envie d'embrasser. Des joues qu'on a envie de mordiller..."

/// "Attendez ! Vous voulez dire quoi par là ?"

Je n'étais pas très sûr d'avoir compris ce qui la dérangeait. Que voulait elle dire, elle, par là ?

/// "Quand vous dites que vous n'avez pas envie de vous ruer sur moi, ça signifie qu'on ne va pas coucher ensemble ? Et c'est quoi ce truc de vouloir me mordiller les joues ??? Vous n'êtes pas bien ? Vous consultez Julie un psy actuellement ?"

Elle s'était levée rapidement, et je pouvais enfin contempler intégralement sa nudité. C'était pas si mal que cela, même mieux que ce que j'avais imaginé sous ces draps. Et voilà qu'elle venait de cacher son corps nue avec une chemise qu'elle avait rapidement enfilée et le pantalon qu'elle commençait à ré aboutonner.

/// "Si ce n'est pas pour coucher avec moi, vous m'avez fait venir pour quoi ???"

"M'écouter... J'avais envie de parler à quelqu'un, et vous êtes venue m'accoster dans ce bar."

Elle s'était approchée dangereusement de moi, et elle me fusillait du regard. Elle semblait énervée.

/// "Vous voulez dire que vous m'avez fait monter ici dans le seul but de parler ?? Alors pourquoi vous m'avez fait me déshabiller ??"

"Vous aviez commencée. Je ne voulais pas vous contrarier. Vous auriez finie par partir si j'avais fait ça."

/// "Imbecille, specie di stupido. Quando racconterò ciò a mia madre ciò l'ucciderà. Lei che mi vedeva già sposata con voi ed avere tre bambini. Testa di stupido !"

( traduction : - censuré - )

( ndlr : pour ceux qui veulent vraiment savoir, vue qu'on est pas sûr de l'orthographe exacte : Imbécile, espèce de con. Quand je raconterai ça à ma mère ça la tuera. Elle qui me voyait déjà mariée avec vous et avoir trois enfants. Tête de con ! )

Elle était partie furax. Je ne comprenais pas pourquoi. J'avais rendez vous dans cet hôtel dans une heure avec Ondine. J'étais venu avec une heure d'avance. Cette jeune personne m'avait accostée, et voilà qu'elle prenait mal le fait que je n'ai pas couché avec elle. C'est incompréhensible. Quand vous abusez de la situation et d'une femme, elle vous en veut, et quand vous ne le faites pas, elle vous crie dessus ! Allez comprendre quelque chose à cela !

"Oui c'est ça ! Part ! Espèce de Quando Raccontero ! Ou je ne sais quoi... Vedeva !"

Ca voulait dire quoi ? Aucune idée, et en réalité, je m'en moquais. Ce qui comptait, c'était ce qui allait suivre. J'étais arrivé à l'étage, devant la porte, avec dix minutes d'avance, et j'avais tourné la poignée. La porte était ouverte, et elle était là, étendue sur le lit. Ondi... iénor ? Aliénor ? Quelque chose clochait. Revenons quelques heures en arrière...

/// "Un hibou a amené ça monsieur..."

Un de mes rédacteurs m'avait confié une lettre avant de repartir avec le hibou dans les bras. Ce dernier saigner au niveau du cou, il n'allait sans doute pas survivre. Allez savoir pourquoi... J'avais ouvert la lettre, et je l'avais lue à voix haute.

"J'ai pris une chambre dans l'hôtel Sans Dessus Dessous de Londres, rejoignez moi ce soir à 20H, avec ou sans habits..."

Ca ne pouvait être qu'Ondine, non ? Elle avait quittée mon bureau il y avait deux heures de cela. Juste le temps pour elle de rentrer chez elle, de s'habiller, de prendre de quoi noter et de m'envoyer cet hibou mourant ici ?

"Alinéor ? Enfin... Madame de Maurpassant ? Majestée ? Vampire ? Je ne suis pas très sûr de comment il faut vous appeler, votre actualité bouge constamment, et Twitter sature à force."

Pourquoi voulait elle prendre un bain ? Et c'était intéressant ce qu'elle avait dit sur la baignoire. J'irais vérifier tout à l'heure. Qui sait, je pourrais y venir avec Ondine... Ou une autre fille. Après tout on n'était plus ensemble, et vue que c'était pas elle qui m'avait envoyé le hibou, ça prouvait bien qu'elle ne voulait plus de moi... Ce petit sourire ne voulait rien dire quand elle était partie. Je te l'avais bien dit Max. Enfin, je me l'étais bien dit. Et puis... Que fait la première dame du Grand Nord ici ? Je m'étais avancé un peu plus dans la chambre, et j'avais enfin remarqué la présence des deux cadavres.

"Bonté Divine ! Que c'est il passé ? C'est votre escorte ? Qui a fait ça ? Je vais appeler le Ministère. Ne craignez rien, ils seront là rapidement, j'ai vue un Auror au bar de cet hôtel. Je reviens de suite."

La porte, restée entrouverte c'était claquée. Je ne pouvais plus sortir. Quelqu'un était encore présent dans cette pièce et usait de son pouvoir pour m'empêcher d'aider Aliénor. Mais qui ça pouvait il bien être ? Le temps de trouver qui, j'allais entreprendre de retirer mon pantalon. Et voilà, j'étais désormais en boxer et je commençais à déboutonner ma chemise... Hein quoi ? Non !

"Aliénor !!!"

L'homme ne cachait pas sa stupéfaction, et le sourire d'Aliénor s'agrandit, imperturbable. Elle avait toujours ce qu'elle voulait. Obtenir ses désirs les plus fous était d'une facilité déconcertante chez les mortels... sauf quand il s'agissait de Vladimir. L'humeur de la vampire s'assombrit lorsqu'elle songea à l'Empereur et elle but une nouvelle gorgée de la liqueur ensanglantée pour se détendre. Aussitôt, ses obscures pensées s'évaporèrent aussi aisément que des bulles de champagne dans un verre, et elle laissa échapper un petit rire particulièrement idiot. Aucun doute, l'alcool ne rendait pas les vampires intelligents.

"Aliénor ? Enfin... Madame de Maurpassant ? Majestée ? Vampire ? Je ne suis pas très sûr de comment il faut vous appeler, votre actualité bouge constamment, et Twitter sature à force."

"Hum... j'ai la nette impression que vous vous attendiez à voir quelqu'un d'autre, mais personne n'est parfait. Il suffit de vous regarder. Néanmoins, cela fera l'affaire pour cette nuit."

Elle ondula sur le lit et en descendit un peu gauchement, tandis que Maxwell prenait conscience que deux cadavres jonchaient le sol. Il allait prévenir la réception, et c'était vraiment la dernière chose à faire. Aliénor ne souhaitait plus être dérangée. Elle voulait déballer son cadeau tranquillement...

Pénétrer dans l'esprit de Maxwell était d'une facilité déconcertante. Elle en était surprise à chaque fois, preuve qu'elle avait affaire à un demeuré. Elle l'obligea à fermer la porte et à se déshabiller. Une fois qu'il fut en boxer avec la chemise ouverte, elle lui autorisa de penser par lui-même, afin qu'il se rende compte de ce qui allait se passer. Ce ne serait pas drôle s'il n'avait pas son libre-arbitre. Elle était curieuse de voir ce qu'il savait faire dans ce domaine...

"Détendez-vous... Je préfère que vous soyez conscient de ce qui va se passer." murmura-t-elle tout en s'approchant si près de lui qu'il pouvait sûrement sentir l'odeur du sang émaner de sa chemise. "Mais sachez une chose : je peux très bien vous forcer à faire ce que je veux, alors je vous conseille d'être magnanime..."

Elle eut un petit rictus et resta quelques secondes les yeux dans le vague, avant de planter son regard dans le sien :

"Vous pouvez Madame de Maurpassant. Je n'ai jamais eu d'autre titre."

Ses sourcils se froncèrent, et malgré elle, le tourment la reprit. Elle roula des yeux et repoussa un peu trop brusquement Maxwell, si bien que son dos heurta le mur derrière lui. En proie à une rage sourde, la vampire se mit à faire les cent pas tout en se mordant les ongles.

"Non, je n'ai jamais eu d'autre titre ! Presque cinq cent ans et j'en suis toujours au même point ! Trouvez-vous cela logique ? Non ! De toutes façons vous vous en fichez, vous êtes un homme, et vous avez une meilleure position que la mienne en seulement quarante ans ! C'est profondément... injuste ! Des années que je me saigne aux quatre veines..." (elle s'immobilisa le temps de fixer ses poignets avec délectation, puis secoua la tête pour se précipiter dans les bras de Maxwell). "C'est fini tout ça. Je VEUX ce que je mérite. Et ce soir, désolé pour vous, mais c'est vous que je VEUX."

Elle accompagna ses paroles implacables avec un sourire étonnamment doux, suivi d'un battement de cils aguicheur. En gros, elle lui faisait comprendre par là qu'il n'avait pas d'autre choix que d'accéder à sa requête, et elle serait plus ou moins gentille avec lui, en retour.

Enfin, peu de personnes survivait à la gentillesse d'Aliénor...

Le corps de la belle "jeune" femme était tout contre le mien. J'étais coincé entre elle et le mur, ce qui ne me dérangeait pas plus que cela. Je pouvais sentir sa poitrine se relever contre mon torse au rythme de sa respiration, qu'elle n'avait pas. Oh Aliénor... Dans d'autres circonstances, je n'aurais pas été totalement tétanisé le temps de quelques minutes, et je n'aurai pas finit par émettre un léger petit rire. C'était trop dur... Il m'était impossible de me retenir. J'étais un rieur précoce dans une telle situation. J'avais tapoté sur l'épaule de la jeune femme, tout en souriant, et je m'étais retiré de son étreinte. Elle était tellement abasourdie, qu'elle m'avait laissé faire. J'étais aller m'allonger sur le lit, comme on s'allonge sur le canapé d'un psy, et j'avais passé mes bras derrière ma tête pour m'en faire un oreiller.

"Merci !"

Oui, merci. Voilà la seule chose que je lui avais dit après cette tentative de viol envers ma personne. J'étais aux anges. Une Vampire, la Vampire la plus courtisée au monde, la première dame du Grand Nord, la femme, ex femme ou maîtresse d'un Empereur. Voilà le genre de filles qui avait envie de passer du bon temps avec moi. Voilà de quoi me remettre sur les rails et me faire oublier cette Ondine. Elle ne voulait pas de moi, et moi, j'avais toutes les filles du monde à mes pieds. Pourquoi perdre mon temps avec elle ? Pourquoi ne pas profiter pleinement des joies de la nature ? J'avais indiqué la place à côté de moi, à la "jeune" personne qui se trouvait devant moi. J'avais toujours ce magnifique sourire.

"Vous ne pouvez pas savoir quel bien vous venez de me faire, et sans avoir eu besoin de vous déshabiller, ce qui est plutôt rare pour une femme. Généralement c'est au retrait du soutien gorge que je ressens autour de plaisir. Mais là, vous êtes encore toute habillée, et c'est tellement bon."

Je n'étais pas sûr que c'était un compliment, mais bon. C'était vraiment ce que je ressentais.

"Vous savez quoi ? Je vais aller parler à votre Empereur. Je ne vois pas pourquoi il vous fait tant souffrir. Vous voulez qu'il ne voit plus personne d'autres ? Considérez que c'est chose faite. Je vais lui dire ce que personne a jamais osé lui dire. Après tout, je ne suis pas un sorcier de son Empire, j'ai l'immunité diplomatique. Il ne pourra pas me faire tuer."

Voilà pourquoi elle m'avait demandée de l'étudier, de tout lui apprendre sur lui. Voilà la véritable raison. Elle voulait savoir qui était ses maîtresses, et sans doute les faire disparaître ou aller leur dire leur quatre vérités. Elle le voulait que pour elle, et elle pensait qu'en couchant avec un homme aussi parfait que moi, ça le rendrait jaloux. Ah Aliénor... Qu'elle mystère cette ravissante dame.

"J'avais un doute sur ce que vous vouliez que je cherche sur son passé quand vous m'avez forcé la main... Enfin gentiment. Au début je pensais qu'il cachait réellement quelque chose. Surtout après les différents trucs que j'ai trouvé sur lui, mais là j'ai tout compris. Le bouquet qu'il a envoyé à Ondine avec cette fleur super rare qu'on ne trouve qu'au Grand Nord et qu'on a pas le droit de couper, ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Et puis, on a rompu avec Ondine au Grand Nord, comme par hasard. Je ne pensais pas qu'elle était de ce genre, mais maintenant je sais pourquoi elle ne veut plus de moi, et pourquoi il lui a envoyé ce bouquet. Après tout, je ne peux pas lui en vouloir, c'est un Empereur. Même moi j'aurai accepté."

J'avais souris une nouvelle fois. Non pas en imaginant ce que ça aurait pu donner Vladimir et moi, mais le fait d'imaginer le plan machiavélique qu'avait élaborée cette belle princesse pour rendre jaloux cet Empereur. Et maintenant elle allait sans doute aller voir Ondine, la tuer et retourner avec Vladimir. Ah que c'est beau la vie tout de même, non ? Et... Euh...

"J'ai dit Ondine ? Je voulais dire Brenda. Ma nouvelle secrétaire. C'était pour elle les fleurs. Elle est vilaine. Très vilaine. Elle n'aurait pas dû accepter. Cet homme est pris. Il est avec vous oh grande magnifique belle jeune Vampire."

Le léchage de cul, je n'y étais pas habitué. C'était pas si facile que cela...

"Bon, j'accepte de coucher avec vous, si vous ne touchez pas à Ondine ou à n'importe lequel de mes employés féminins. Mais juste cette nuit."

Hey, what did you expect ?!

Mais que faisait-il ?

Il s'était allongé sur le lit, nonchalamment, et Aliénor le rejoignit sans se faire attendre, même si elle émettait quelques réserves par rapport au mot qu'il avait formulé. Merci ? Pourquoi diable la remerciait-elle ? Elle n'avait encore rien fait qui puisse le mettre en joie !

Un peu perplexe face à cet état de choses, elle s'allongea pourtant sur le côté, repliant les jambes, et posa un coude sur le matelas pour mettre sa tête dans ses mains, et l'observer tout à loisir jubiler presque sans aucune raison. Voulait-il lui faire croire qu'elle était tellement douée qu'il était inutile de la connaître intimement ? Hum... très mal négocié si c'était ce qu'il espérait la convaincre, car sa volonté était inébranlable.

Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il parla de Vladimir. Comment osait-il mentionner son nom ? Voulait-il qu'elle lui arrache la langue pour s'en faire un bracelet ? Menaçante, Aliénor leva une main aux ongles acérés juste au-dessus de la tête de Maxwell, mais se stoppa dans son élan lorsqu'elle entendit la suite. Que savait-il sur l'Empereur ? Elle lui avait ordonné de trouver des renseignements sur lui, mais elle n'aurait jamais pensé que ce petit journaliste aurait été aussi efficace, et si rapide ! Peut-être se méprenait-elle sur son compte ? Mais il n'en restait pas moins un crétin, surtout lorsqu'il parla d'une certaine Ondine à qui Vladimir avait offert des fleurs... Pardon ? Qu'est-ce que c'était encore que cette histoire ? Avait-il fait cela pendant qu'il était encore avec elle ? Avait-il osé la tromper à ce point ?

Le visage d'Aliénor perdit le peu de couleurs qu'il possédait, et sa lèvre inférieure trembla subrepticement tandis qu'elle assimilait cette nouvelle infamie.

Puis, elle reporta son attention sur Maxwell qui terminait son monologue par une proposition indécente. Enfin, elle aurait pu l'être si Aliénor n'avait pas enclenché le processus, mais peu importait qui avait commencé, finalement. Pour le moment, une seule et unique chose comptait.

"Je n'ai plus envie de coucher avec vous." dit-elle avec une moue boudeuse tout en roulant sur le dos.

Là, elle demeura silencieuse quelques instants, observant le plafond lézardé d'un oeil calculateur.

"Et je suis désolée pour... Ondine, mais sa vie sera très brève. De toutes façons, avec un prénom aussi insensé, elle ne pouvait pas vivre très longtemps."

Elle n'avait rien de particulier contre cette jeune femme qu'elle ne connaissait pas, mais il fallait à tous prix qu'elle fasse parvenir son mécontentement à Vladimir. Tuer deux de ses Aurors n'était pas suffisant, il fallait frapper plus fort, lui faire mal.

"Voyez cela comme un service que je vous rends. Ainsi, vous n'aurez plus à arborer cet air soumis et enamouré lorsque vous parlez d'elle. Je vous libère du sort qui vous enchaîne à elle. Ne me remerciez pas."

J'aimerais bien que quelqu'un ait la bonté de faire la même chose pour moi...

Elle ne formula pas cette dernière pensée pour ne pas sembler trop sentimentale ou perdue. Elle avait déjà montré trop de faiblesses à cet homme. D'ordinaire, elle ne perdait jamais son sang-froid (cela aurait été un comble pour une vampire !), mais ces derniers temps, elle se sentait tellement lasse...

Se tournant de nouveau vers lui, elle ajouta :

"Et je ne pense pas que vous déplacer au Grand Nord soit une bonne idée. Ce qui s'est passé dans cette pièce viendra forcément aux oreilles de Vladimir, et je ne donne pas cher de votre peau lorsqu'il saura. Il vaudrait mieux vous faire oublier pendant quelques temps..."

Elle aurait pu être navrée pour lui si cette situation n'avait pas quelque chose d'excitant. Elle se redressa, s'assit sur le bord du lit, et se dirigeant vers la chaise sur laquelle était posé ses vêtements, elle déclara, non sans une certaine lassitude en se rendant compte que toutes ses conversations concernaient toujours l'Empereur :

"Avant que je parte, racontez-moi ce que vous savez sur lui. Pensez au fait que la mort de votre amie sera plus douce si vos informations sont suffisamment intéressantes."

Après un petit sourire charmeur, elle fit glisser la chemise de ses épaules et commença à se vêtir devant lui, sans aucune pudeur. Après tout, il n'était pas le premier à la voir ainsi, et ne serait certainement pas le dernier...

C'était donc elle qui les avait tués. Des Aurors, représentants de l'armée du Grand Nord. Elle n'était qu'un animale sauvage que cet Empereur avait pendant un temps, réussi à dompter d'une manière que je n'aurai jamais osé utiliser avec une telle créature. Que pouvait on ressentir de bon à sortir avec un démon ? Que pouvait il bien se passer dans la tête de ce Vladimir pour qu'il ait songé un seul instant à passer ne serais ce qu'une nuit avec une telle femme ? Elle n'avait rien d'humain. Elle restait attirante, car elle ressemblait trait pour trait à ce qu'elle avait été par le passé, mais il n'y avait plus rien de ce qu'elle avait été, à l'intérieur d'elle. Ce n'était plus qu'un monstre dans le corps d'une défunte. Paix à son âme.

Je m'étais approché d'elle, faisant les derniers pas qui me séparaient d'elle. Je pouvais apercevoir sa nudité, car elle ne s'en cachait pas. Et quand j'étais arrivé à sa hauteur, elle avait son habit dans les mains, et elle me regardait avec envie. Comme si quelqu'un comme moi pouvait éprouver du désir pour une fille comme elle. ... ... Bon d'accord, j'éprouvais peut être un peu de désir. Après tout, c'était un magnifique corps féminin, non ? Alors pourquoi cacher le fait qu'elle pouvait nous faire frémir, nous les hommes, rien qu'en nous regardant dans les yeux. Et elle n'avait pas besoin de maléfices pour cela. A cet instant précis, ce n'était plus ses yeux que je regardais, mais bon, là n'était pas le sujet. J'avais relevé le regard, et même pas un brin de poussière aurait osé passer entre nous deux.

"Vous n'êtes qu'un monstre. Il n'y a plus rien d'humain en vous. Je ne vois vraiment pas pourquoi il tente de se convaincre du contraire. A moins qu'il cache quelque chose de semblable à ce que vous représentez... Si vous voulez vraiment savoir qui il est, inutile de me faire faire des recherches pour cela. Il suffit que je vous regarde pour savoir quel homme partage votre couche sans y avoir été forcé."

C'était un Vampire. Il n'y avait pas d'autres explications à cela. Et même si son sang était chaud, il pouvait le dissimuler. Bien que non, c'était impossible. Alors ça voulait dire qu'il n'était qu'un démon. Une autre sorte, quelque chose qu'on avait pas encore découverts. Peut être un loup garou... Non, pas assez poilu. Un vélane ? Peut être que ces créatures existaient au masculin et qu'elles lui ressemblaient ? C'était autre chose... Un être humain qui éprouvait des sentiments pour une Vampire. Sans doute le plus horrible de tous les démons. Oui, c'était ça. Un simple et banal être humain sans cervelle, sans coeur, sans... Il ne fallait plus que Ondine s'approche de lui. C'était finis. Il n'y aurait plus jamais le moindre article sur le Grand Nord dans la Gazette du Sorcier !

"Je vais vous dire ce que vous voulez savoir, et ensuite je partirai. Et si vous vous approchez d'elle, je vous tuerai. Ou du moins j'essayerais..."

Oui, car soyons réaliste, c'était peut être un peu stupide de penser que je pourrais la tuer. C'était également très stupide de lui avoir dit tout ça de vive voix. Mais elle ne pouvait pas me tuer, car... Car... Non, elle ne pouvait pas. On ne tue pas quelqu'un avec qui on voulait coucher quelques minutes auparavant. Ca serait... Méchant.

"Je partirai, et vous ne m'en empêcherai pas. On a fait un marché Aliénor, je vous dit ce que je sais, et vous me laissez en paix. Je ne ferai rien contre vous, si vous ne faites rien contre moi. Après tout je me moque de ce qui peut se passer dans cet Empire. Je ne suis pas de votre monde, et je le serai jamais."

Voilà qui était dit. Il ne restait plus qu'à prier qu'elle me pardonne tout ça. Après tout, je n'avais rien fait de mal, si ça n'avait été de mettre dans une colère monstrueuse une Vampire, non ? Mais non... J'avais fait ce qu'elle voulait, je pouvais bien me permettre un petit écart, non ?

"Je ne sais rien sur lui."

Oula, doucement. Qu'est ce que tu fais ? C'était pas une bonne idée de lui dire ça. Là elle allait me tuer, c'était évident. Il fallait lui dire d'une autre manière...

"Ce que je veux dire, c'est qu'on ne sait rien sur lui."

Voilà, mieux. Met tout le monde dans le même sac, ça te sauvera la vie...

"Tout ce qui se rapporte à son passé a été comme effacé. J'ai appris qu'il a été Responsable du département des Créatures Magiques avant de devenir Ministre de la Magie, et qu'il a fait ses études en dehors de Durmstrang. Mais on évoque ni le nom de son précepteur, ni dans quel ville on lui a appris l'art de la magie. On ne sait pas non plus qui sont ses parents. Il n'y a pas de traces de frères ou soeurs. Et... Attendez... Je sais ! Je sais comment vous pourriez en apprendre plus sur lui. Quelque chose... Un moyen... Il n'a pas pu effacer ce qui a été écrit dedans. Ce qu'il a écrit sur sa vie..."

Oui, c'était sans doute ma seule issue. Elle ne devait pas être au courant de l'existence de cette chose... C'était qu'une Vampire après tout. Elle ne s'intéressait pas à la politique.

"La Bibliothèque. Pas celle de la Cité Rouge, mais celle qui se trouve dans son bureau. Vous avez dû voir ces livres, non ? Ils ont été écrits par tous les précédents Ministres de la Magie, et Empereurs du Grand Nord. Il n'y en a que douze, mais en réalité, ils regorgent de milliers, de dizaines de milliers de page. Chaque jour, ils écrivent dedans. Enfin pas tous, mais l'actuel, pour notifier toutes les décisions prises et les changements. Tout ce qu'il a fait, doit être retranscrit dans un de ces livres. Il est à la tête de l'Empire depuis plus de dix ans, il doit y avoir des milliers de pages dans son livre. Attendez voir... Euh oui, c'est le 3ème livre qu'il faut prendre avant midi, et le 4ème après midi. Car midi, c'est la moitié de 24, et 12 est la moitié de 24. Et 12 est le produit de 3 et 4, les quatre premiers entiers positifs affichés dans l'équation 12 = 3 × 4. C'est en rapport avec les mathématiques tout ça."

Je voyais bien que je commençais à l'énerver.

"Si vous y allez le matin, c'est dans le 3ème livre que vous trouverez le bon, et si vous y allez après midi, c'est dans le quatrième. Les autres ne sont pas lisibles. Cela dit, il y a un soucis à cela..."

Ben oui, mieux valait évoquer ce qui allait la mettre dans une colère encore plus grande...

"Seul le Ministre de la Magie, ou actuellement, l'Empereur, en fonction, peut lire ce qui est noté dans ces livres. Le contenu s'efface aux yeux des autres sorciers. Et il n'y a pas de moyen de contourner ce problème. Cela dit, vous pourriez lui demander de vous faire la lecture le soir, et il pourrait se servir de ces livres, non ? Vous pouvez l'envoûter ? Le forcer à vous les lire... Pourquoi vous ne lui demandez pas tout simplement qui il est ? Qui sont ses parents ? Ses maîtresses ? Vous êtes une Vampire, vous devez en être capable, non ? Et ne me dites pas que la Cité Rouge a des protections pour empêcher les Vampires de lire dans l'esprit du Ministre, ou de l'Empereur, car vous avez souvent été hors des frontières de la Cité, et même de l'Empire. A moins que... Non... Vous ne pouvez pas lire en lui ? Il y a autre chose ?"

Elle ne pouvait pas le contrôler. Elle ne pouvait pas le forcer à dire ce qu'il ne voulait pas dire. Ce n'était pas elle qui avait une emprise sur lui, mais c'était lui qui en avait une sur elle. Ca devenait de plus en plus compliqué, mais de plus en plus intéressant. Peut être qu'elle devrait... Non... Si ?

"Vous vous fichez de moi depuis le début. Depuis que vous m'avez demandé de vous dire qui il était et d'enquêter sur lui, vous n'avez pas été honnête. Vous ne me dites rien sur ce que je dois apprendre sur lui, dans le seul but que je vous dises ce que vous savez déjà pour savoir si oui ou non je pourrais vous apprendre quelque chose de nouveau, n'est ce pas ? C'est pour ça que vous ne m'avez pas parlé de Olaff ۩¤۩¤۩¤۩ ? Avouez. Je sais très bien que c'est ça. Vous vous moquez de moi depuis le commencement !"

Je perdais mon temps ici. D'un autre côté, je ne pouvais pas partir. Mais j'avais fait ce qu'elle voulait. Et c'était bien ainsi. Elle n'allait pas me tuer ou m'empêcher de partir, n'est ce pas ?

"Laissez moi partir. Et ne vous approchez pas de Ondine !"

Hey, what did you expect ?!

Maxwell tentait de lui tenir tête, ce qui aurait pu être admirable si cela ne se révélait pas particulièrement stupide. Qu'espérait-il ? Pensait-il réellement qu'Aliénor allait prendre peur ou mieux, le respecter grâce à cet acte de bravoure, ou plutôt, de folie ? Le sombre idiot...

Néanmoins, elle l'écouta parler, non sans montrer son amusement lorsqu'il perdit quelque peu le fil de son monologue, trop préoccupé par les courbes de son corps dénudé. Ah, les hommes...

Elle enfila sa robe bleu pâle, et la ferma par le devant. Pour l'occasion, elle n'avait pas mis de corset. Cela était bien trop fastidieux à lacer, elle n'avait pas de domestique pour l'aider dans cette tâche, et elle doutait que l'homme devant elle, avec son regard lubrique, l'assisterait à s'habiller.

Les minutes s'égrenaient avec une lenteur infinie, si bien qu'Aliénor songea à le faire taire en lui arrachant la langue. Il avait été offensant à plusieurs reprises, et à présent, parlait de chiffres qui n'avaient aucun sens entre eux. Cherchait-il à l'agacer ? En tous les cas, c'était un domaine dans lequel il excellait. Pourtant, un mot sur lequel sa langue fourcha l'interpela. C'était étrange et inattendu.

"Vous avez parfaitement raison, je sais déjà tout ce que vous avez dit. Nous ignorons tout de Vladimir, et toutes les recherches que j'ai faites à son sujet ne m'ont amenées nulle part. Il est un mystère vivant. Néanmoins, cet Olaff dont vous parlez m'est inconnu. Quel est son nom de famille ?"

Elle se souvenait vaguement avoir vu ce prénom sur un ouvrage que lisait Vladimir, dans son bureau, juste avant que le titre ne s'efface, justement. S'agissait-il de l'un des livres dont Maxwell avait parlé ?

"Honnêtement, je me fiche de votre Ondine. Qu'elle vive ou qu'elle meure m'indiffère totalement." ajouta-t-elle avec un haussement d'épaule. "Je cherchais seulement à vous mettre devant le fait accompli afin que vous me disiez quelque chose que j'ignore sur Vladimir, ce qui est chose faite. De la même façon, j'ai mis en lumière votre attachement tout particulier qui vous lit à elle. Alors, par pitié, ne faites pas semblant de ne rien éprouver pour elle, car un rien m'irrite en ce moment, et je pourrais vous trancher la gorge pour moins que cela."

Un air dégoûté se peignit sur son visage lorsqu'elle posa son regard sur l'homme, puis l'ignora comme s'il ne s'était agi que d'une chose particulièrement insignifiante. Les effets de l'alcool commençaient à s'estomper, et toutes les questions sans réponse revenaient à la charge dans son esprit. Plus de douce quiétude, plus de torpeur cotonneuse. Il fallait qu'elle boive davantage...

"Dépêchez-vous de me dire qui est cet Olaff, sinon je risque fort d'égarer quelques dents sur votre cou." déclara-t-elle d'une voix mielleuse, humant l'air tout en dévorant Maxwell des yeux.

Il aurait fait un piètre amant, mais pouvait se révéler être un met des plus raffinés...

Je n'ai jamais rien éprouvé pour elle. C'était rien qu'une nuit, qui s'était transformée en plusieurs nuits, pour se finir en quelques mois. On était partit ensemble en vacance dans un unique but professionnel. Il ne s'était rien passé d'autres. Comment j'aurai pu éprouver quelque chose pour quelqu'un qui m'avait envoyé à l'hôpital, tué et lâchement abandonné ? Sans compter qu'elle était convoitée par quelqu'un d'autre, et s'il y avait bien quelque chose que je n'ai jamais pu supporter, c'était de devoir partager mes conquêtes. Ondine et moi, c'était une aventure, rien de plus.

"Quoi ?"

Qu'est ce qu'elle venait de dire ? Olaff ? C'était qui ce type ? Olaff... Quelque chose me disait que j'avais déjà entendu ce nom quelque part, mais là rien. Elle me parlait d'un parfait inconnu.

"Je ne connais pas de Olaff."

Et voilà qu'elle prenait un air méchant. Elle voulait quoi ? Que je lui raconte une histoire ? Que je lui dise des choses sur une personne que je ne connais pas ? Ce n'était pas pour ça que j'étais là. Je voulais voir Ondine ce soir. Pas elle. Enfin je pensais que c'était elle qui m'avait envoyé ce hibou, et maintenant que je savais que ça n'était pas elle, il n'y avait aucune raison qui me poussait à rester, si c'était le fait que je ne pouvais pas sortir sans son accord. On se serait cru à la maternelle. Non mais !

"Bon écoutez, vous avez eu ce que vous voulez, ça sert strictement à rien que je reste ici. Si vous voulez vraiment en savoir plus sur votre chers et tendre qui ne l'est plus, et dont vous devrez vous en foutre désormais, il faudra utiliser la méthode que je vous ai indiqué ou quelqu'un d'autre. Je ne suis pas une poule, je ne pond pas un oeuf sur commande !"

Elle me prenait pour quoi ? Une Gazette qui devait être publiée chaque matin ? Je n'étais pas un paparazzi, ni ces gens qui sont censés trouver des informations sur toutes les personnes célèbres. J'étais uniquement quelqu'un qui payait ces gens là, rien de plus.

"Il y a éventuellement un dernier truc que je peux faire pour vous, c'est... Vous faites quoi là ? N'approchez pas !"

Que faisait elle ?

Hey, what did you expect ?!

Il l'agaçait prodigieusement en prétendant ne pas connaître de Olaff. Il venait tout juste d'en parler ! Se jouait-il d'elle ? Avait-il tout inventé dans le but de sauver sa misérable petite carcasse ? Aliénor serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes et avança vers lui d'un air menaçant. Elle en avait assez de tourner autour du pot. Soit il savait quelque chose, soit il allait mourir. Et apparemment, il avait choisi sa fin.

Une fois à sa hauteur, elle attrapa sa tête entre ses deux mains et la maintint contre la sienne, front contre front. Elle le força à rester immobile tandis qu'elle pénétrait son esprit. Elle voulait vérifier par elle-même qu'il ne savait rien sur cet Olaff. Il restait toujours des bribes d'informations dans le cerveau des humains, très faciles à trouver pour être sûre qu'ils ne mentaient pas. Hélas, après quelques minutes de fouille minutieuse, elle dut avouer qu'elle ne trouva rien. Quelque chose butait contre son esprit, comme si on ne voulait pas qu'elle sache, mais ce n'était pas Maxwell qui l'en empêchait. Il n'était pas Occlumens et n'aurait pu réaliser ce prodige de haut niveau. Non, quelque chose d'autre bloquait l'information clé. Pouvait-il s'agir d'un sortilège ?

Déçue et intriguée, Aliénor relâcha le lien psychique qui les unissait, et profitant de l'instant d'hébétude de l'homme, elle planta férocement ses ongles dans son cou. Elle sentit la peau se déchirer, l'odeur du sang monter dans ses narines... Elle huma l'air avec envie et s'approchant de sa nuque, lécha les quelques gouttes de liquide carmin qui s'étaient écoulées.

"Estimez-vous heureux, j'ai évité la jugulaire." murmura-t-elle, avec un sourire qui dévoila ses dents rougies.

Elle ne se sentait pas d'humeur barbare, ce soir. Elle avait déjà tué les deux Aurors et à dire vrai, assassiner Maxwell n'avait rien de bien excitant. Il était déjà tout entier à elle, par l'esprit. De plus, il avait parlé de quelque chose qu'il pouvait faire pour elle. Elle était curieuse de savoir de quoi il s'agissait.

"Alors, quelle est votre dernière idée ? J'espère qu'elle est suffisamment intéressante pour me faire oublier de terminer ce que j'ai commencé."

Elle lui désigna son propre cou avec un petit geste comme pour dire : "Couic !" et s'éloigna de lui pour se diriger vers la salle de bains.

"J'ai une chose à faire, je reviens tout de suite."

Espérait-elle vraiment qu'il allait rester là à l'attendre ? Elle lui rendit pourtant sa liberté de mouvements, curieuse de voir ce qu'il allait faire. Elle disparut dans la salle de bains et en ressortit une demi-heure plus tard, sa crinière brune remplacée par une cascade de cheveux blonds un peu plus courts. Elle toisa Maxwell, étonnée de le trouver encore là, et demanda comme si rien de tout le reste ne s'était passé :

"De quoi ai-je l'air ?"

Elle savait déjà comment lui faire ravaler ses paroles au cas où celles-ci se révèleraient blessantes ou offensantes, mais elle avait envie de savoir ce qu'il en pensait. Après tout, elle n'avait personne d'autre à qui demander. Elle voulait du changement dans sa vie, et elle s'était souvenue que lorsqu'elle était blonde, au XVIIème siècle, il lui était arrivé des choses épatantes. La volonté de faire un bon en arrière était si grande qu'elle avait changé de couleur de cheveux. Eh oui, même les vampires avaient besoin de changement de temps à autre.

Hélas, Maxwell ne répondit rien. Il était affalé sur le lit, maintenant la plaie de son cou contre sa main, et avait perdu pas mal de couleurs. Lassée de le voir sans réaction, Aliénor laissa échapper un petit :

"Pff..."

Et sortit de la chambre en laissant l'homme face à sa propre fin inévitable.