« Arrête, tu n’y arriveras pas … » (Fe.)

Ce n’est pas que j’aime pas me promener dans les cachots mais je trouve ce lieu assez stressant. Eh oui, j’ai beau être à Serpentard j’ai une réelle aversion pour les endroits de ce genre. Cependant c’était un moyen plus rapide de regagner la salle commune, au lieu de faire tout le tour par le hall, puis les escaliers, & tout ça… Mais sincèrement, quelle idée d’aller là-bas avec des talons de sept centimètres aux pieds. Il est vrai que ça ne m’avait même pas traversé l’esprit. Arrivée dans les cachots, tout semblait vide. Il n’y avait aucun bruit, mis à part ce petit ruissellement d’eau qui semblait impropre, & ces minuscules gouttes qui s’infiltraient du plafond ; mais tout ça résonnait. Le stress m’envahissait un peu plus à chaque pas que je faisais. En ayant par-dessus la tête, je m’arrêtai net & décidai de respirer un bon coup. Le couloir avait pour seul éclairage des petites bougies appliquées au mur, mais leur flamme n’était pas sereine, elle ne cessait de se balancer de gauche à droite, menaçant de s’éteindre à tout instant. Tout compte fait, je n’aimais vraiment pas cet endroit. Vraiment mais vraiment pas. Je me disais que j’avais fait un mauvais choix en voulant prendre ce raccourci, franchement. Après avoir pris une grande bouffée d’air, qui au passage semblait impur, je me remis à marcher. D’un pas nettement plus rapide, je ne vais pas vous le cacher. Tous les petits bruits de fond s’étaient stoppés, seuls le bruit de mes talons foulant le sol résonnait, à présent. Je parvenais enfin à me détendre ; je pouvais alors ralentir un peu la cadence, & laisser les battements de mon cœur se calmer.

Entre deux pas je me remémorais ma journée. Qui soit dit avait été loin d’être géniale. Entre ce Duncan qui n’arrêtait pas de me poursuivre partout où j’allais & les cours tous aussi ennuyeux les uns que les autres, je m’en serais bien passé ! Mais bon, c’est la vie hein. Je laissai s’échapper un léger soupir, lorsque tout à coup une ombre s’était rapprochée de moi. Mon cœur s’était remis à battre comme pas possible, je m’étais effrayée toute seule : il ne s’agissait que d’un vulgaire rat. Maudit soit ce rat ! Cependant il m’avait tout de même fait sursauter ; & je m’étais dangereusement rapprochée du mur, si bien que je le heurtai, m’écrasant au sol après le choc. Bien entendu, je ne pouvais pas m’empêcher de crier ma détresse, je suis une fille ! Mes cris revenaient alors en écho. J’en avais marre. Assise par terre, adossée contre le mur, je regardais avec chagrin ma cheville endolorie par la chute. J’étais restée là, plantée par terre à lamenter sur mon sort ; mais je décidai enfin à me relever, & continuer ma route, malgré la douleur excessive que ma cheville pouvait me faire éprouver. Plus aucun bruit. C’est à ce moment là que, attentive à mon chemin, le regard fixé loin devant, j’entendais des bruits que je n’avais pas encore entendu depuis le début de mon périple dans les cachots ; des bruits de pas. Mais je n’y apportais pas plus grande attention que ça, j’avais bien trop hâte de sortir d’ici. Maisau tournant du couloir, quelque chose jaillit d’à côté de moi & m’empoigna le bras. Tout se passa si vite, je ne comprenais plus rien. Mais je n’eus pas le temps de laisser sortir ne serait-ce qu’un bruit de ma bouche qu’elle était déjà recouverte d’une main. J’avais fermé les yeux, décidée à ne plus les rouvrir.

« Espèce de petit morveux tu vas me dire maintenant où elle se trouve ! »

Cela faisait maintenant près d'une demie heure que Duncan Livingston errait dans les couloirs à la recherche de Madison Sullivan. Il avait également tenté de s'approcher d'elle lorsqu'il l'avait croisé durant la journée, mais à chaque fois celle-ci changeait de direction et parvenait à l'éviter. La raison pour laquelle il la cherchait pouvait paraître totalement ridicule. Le fait est qu'il avait une fois de plus besoin de lui parler pour la faire changer d'avis sur son fameux petit ami. C'est qu'il était entêté le Serpentard, il restait persuadé qu'elle finirait un jour par l'écouter. On pourrait croire que cela tournait à l'obsession quand on savait qu'il la cherchait ainsi. Duncan voulait simplement qu'elle redevienne celle qu'elle était avant, car il l'appréciait beaucoup. Et puis il trouvait cela tellement idiot de perdre son temps dans une relation stable comme celle qu'elle entretenait avec Alexander.
Mais pour l'instant, Duncan était en train de martyriser un petit élève de Poufsouffle, la baguette pointée sur son front. Le petit n'avait rien demandé, Duncan avait simplement foncé sur la première personne qu'il avait croisé. Il était énervé à force de chercher la Serpentarde, il fallait bien qu'il s'en prenne à quelqu'un. Et puis peut-être que le jaune et noir avait aperçu Madison... Mais quelqu'un l'intercepta en lui donnant une légère tape sur l'épaule. Duncan se retourna, près à bondir. Mais ce n'était qu'un élève de Serpentard.

« Tu cherches Madison ? Je l'ai vue aller vers les cachots. »

Duncan se décida enfin à laisser tranquille le pauvre Poufsouffle qui fut soulagé et put enfin repartir. Le grand châtain aux reflets roux se dirigea donc vers les cachots d'un pas précipité. Plus il s'en rapprochait, plus le climat était frais et les lieux sombres. Un instant il crut entendre un cri qui lui fit froncer les sourcils. Etait-ce Madison ? Il accéléra un peu plus la marche et arriva enfin à l'endroit voulu. Il vit alors une silhouette fine, de longs cheveux bruns lui tombant sur les épaules. Celle-ci s'apprêtait à sortir des cachots, mais Duncan était arrivé juste à temps. Il n'était pas question de devoir encore la poursuivre durant des heures comme il l'avait fait toute la journée. Il parcourut donc les quelques mètres qui les séparaient en grandes enjambées, fonçant sur elle pour la retenir et l'empêcher de partir. Il eut le réflexe de couvrir sa bouche à l'aide de sa main pour empêcher la jeune femme de crier.

« Héhé je t'ai enfin eu Madi', et maintenant tu vas rester là. »

Un large sourire satisfait se dessina sur le visage du garçon. Sans vraiment s'en rendre compte, il lui serrait fort le poignet. Il était sur les nerfs il faut dire. Il l'obligea à se retourner vers lui et à la regarder. Fronçant les sourcils, il la fixa du regard pendant quelques instants avant de lui demander d'une voix grave :

« Je peux savoir pourquoi tu m'as évité toute la journée ? »

Celui qui m’avait « agressée » agissait avec grande violence, mais je ne savais pas de qui il s’agissait. Mais dès lors qu’il commença à parler, je reconnu tout de suite la voix de Duncan. Qu’est-ce qu’il ferait pas pour me parler, lui. Je tentais de me débattre du mieux que je pouvais pour échapper à ses mains qu’il osait poser sur moi. Dépassée par les évènements, j’ouvrai les yeux ; & la seule chose que je pouvais apercevoir, c’était le sourire malicieux de Duncan. Il me fixait avec insistance, n’omettant pas d’encore plus comprimer mon poignet. Je plissai les yeux de douleur, mais mes cris étaient quant à eux étouffés par sa main. Il me faisait vraiment très mal, cet imbécile… A ce moment là, la seule chose que j’avais envie de faire c’était de le mordre ; le faire souffrir autant que lui me faisait souffrir à cet instant. Mais, restant raisonnable, j’oubliai bien vite cette si mauvaise idée. Je gigotais telle un poisson qui venait de mordre à l’hameçon, il était absolument hors de question de me laisser faire par ce garçon !

Madison. Tu me fais maaaaaaaaal ! Duncan je t’en supplie lâche mon poignet j’ai déjà assez mal à la cheville comme ça…

Me plaindre ? Des fois c’est la seule solution pour obtenir un peu de pitié, même si je détestais ça ; même si on m’a toujours appris à ne jamais laisser transparaître ses émotions face à quelqu’un que l’on n’apprécie pas grandement. A ce moment même Duncan me faisait très peu ; en réalité je ne l’avais jamais vu dans de tels états, aussi énervé & violent. Avec moi, surtout.

Duncan. Héhé je t'ai enfin eu Madi', et maintenant tu vas rester là. Je peux savoir pourquoi tu m'as évité toute la journée ?
Madison. Pourquoi je t’ai évité ? Pour la simple raison que j’en ai marre que tu veuilles que je gâche tout avec Alexander !

Décidemment, j’étais très mal en point. Entre mes membres qui me faisaient un mal de chien & mon envie grandissante de lui cracher à la figure pour qu’il me lâche, ma fin de journée allait être loin d’être amusante…

Edit: HJ. Je ne m'étais même pas excusée pour la petitesse de mon rp.. Désolée.

Duncan renforça un peu plus son étreinte lorsqu’il sentit Madison se débattre et gigoter dans tous les sens telle une anguille voulant échapper aux mains d'un homme. Son agitation ne faisait qu'augmenter sa colère un peu plus. Il détestait qu'on essaye de lui résister de cette manière. Il ne se rendait pas vraiment compte de ce qu’il faisait lorsqu’il était énervé. Il savait très bien qu’il n’était pas loyal de faire mal à une femme, mais il n’avait pas l’impression d’être si brutal que ça. Duncan était de nature violent mais il était vraiment rare qu’il fasse mal physiquement à une fille. Cela arrivait uniquement lorsque l'une d’elles parvenait à l’irriter au plus haut point.

« Tu me fais maaaaaaaaal ! Duncan je t’en supplie lâche mon poignet j’ai déjà assez mal à la cheville comme ça… »

Ce sont ces mots qui le firent réagir. Il se décida enfin à lâcher la grande brune, réalisant qu'il allait sûrement un peu trop loin. Et puis il savait que s'il ne la lâchait pas elle ne se laisserait pas faire et cela risquait de mal tourner. Si quelqu'un faisait irruption dans les cachots à ce moment il risquait également d'avoir de gros ennuis. Surtout que les règles étaient bien plus strictes depuis que Dumbledore n'était plus le directeur de Poudlard... Dans la pénombre il ne pouvait voir parfaitement la couleur de son poignet, mais celui-ci était légèrement rouge, gardant encore les traces des doigts de Duncan.
Elle avait mal à la cheville… Il se rappela soudain le cri aigu qui lui avait indiqué que Madison se trouvait bien à cet endroit. Elle était certainement tombée ou s’était tordue la cheville. Le ton de Duncan devint moins agressif. Il était toujours en colère, néanmoins il se demandait ce qui avait pu arriver à Madison pour avoir si mal à sa cheville. Et puis peut-être qu’elle n’avait pas crié pour cette raison.

« C’est toi qui a crié tout à l’heure ? »

Lorsque Duncan lui demande pourquoi elle l'avait évité toute la journée, sa réponse lui paru bien déplaisante. Il eut l'impression de lire de la haine dans son regard. Il se mit alors à penser au passé. La relation qu'il entretenait avec Madison aujourd'hui n'avait plus rien à voir avec ce qu'il en était avant. Ils s'étaient apprécié durant un temps, mais à présent Madison devait beaucoup lui en vouloir d'essayer de détruire ce à quoi elle tenait certainement le plus : l'amour qu'il y avait entre elle et Alexander.
Mais Duncan semblait totalement borné, et pas une fois il ne s'était remis en question. Il aurait du comprendre que c'était lui qui n'en faisait qu'à sa tête et qui agissait de façon totalement absurde. Au lieu de cela, il lui répondit quelque chose d'autant plus absurde :

« Tu ne comprends pas Madi'. Je ne veux rien gâcher du tout, juste t'ouvrir les yeux, et quand tu finiras par m'écouter tu verras bien que c'est moi qui avais raison. Je suis sûre que tu t'amusais beaucoup plus avant d'être avec lui, et puis tu étais digne d'une vraie Serpentard. »

Apparemment j’avais bien fait de me plaindre : dès lors que je l’avais supplié de bien vouloir épargner mon poignet, Duncan reprit ses esprits & me desserra. Il m’avait quelque peu effrayée, tout de même. Je pouvais voir sa haine dans ses yeux, cette vision là n’était pas très rassurante du tout. En effet, je me disais qu’en ayant fait ce qu’il venait de faire, m’attraper comme ça, il serait capable de bien d’autres choses. Pour parvenir à ses fins ? Fort heureusement pour nous deux, il me lâcha. Dans un premier temps, je fis un signe de tête assez hypocrite en gage de remerciement, mais dès que je fus enfin libre je poussai Duncan loin de moi. Je massai mon poignet endolori, me désolant qu’il ait subi le même sort que ma pauvre cheville. Etant assez douillette, la moindre petite douleur physique m’était insupportable, je sentais mes yeux humides. Je devais très certainement en avoir les larmes aux yeux, comme lorsque quelqu’un s’amuse à vous arracher quelques cheveux. C’était bien entendu une douleur très peu plaisante, malheureusement je devais faire avec & subir. Toujours entrain de masser mon poignet, Duncan reprit alors la parole.

Duncan. C’est toi qui a crié tout à l’heure ?
Madison. Je déteste les rats, ces sale bêtes puantes qui apportent je ne sais quelles maladies. C’est répugnant, tout comme ce lieu. Je me demande bien ce que je fais ici. En plus j’ai mal.

Je ne parvenais plus à canaliser ma colère. Duncan n’avait rien arrangé, j’avais envie de le frapper de mes petites mains. Oui bon certes il n’allait sûrement pas avoir mal, mais c’était uniquement pour la plus simple satisfaction personnelle. Mais comme par hasard, le Serpentard enchaîna sur le sujet que j’attendais tant. Ironie, bien évidemment. Alexander. Mon histoire avec mon Alexander. Je n’arrivais pas à comprendre ce qui chiffonnait Duncan. Bien oui, je pensais qu’il avait tourné la page depuis déjà bien longtemps, qu’il n’en avait déjà plus rien à faire de moi. Apparemment non. Lorsqu’il prononça son nom, je ne plus m’empêcher de laisser s’échapper un profond soupir, signe de lassitude très exagérée. Dorénavant je fixai bien droit Duncan, bien que je semblais épuisée. En réalité je trouvais ça amusant que Duncan soit tourmenté par cette histoire, ça me prouvait qu’il pensait à moi quand même & qu’il me regrettait, qu’il regrettait le bon vieux temps où j’étais encore l’ancienne Madison, que je lui manquais. Mais j’avais changé, rien ni personne ne pourrait le refaire changer, ça j’en étais persuadée. Je voulais raisonner Duncan, mais celui-ci ne voulait par malheur rien entendre.

Duncan. Tu ne comprends pas Madi'. Je ne veux rien gâcher du tout, juste t'ouvrir les yeux, et quand tu finiras par m'écouter tu verras bien que c'est moi qui avais raison. Je suis sûre que tu t'amusais beaucoup plus avant d'être avec lui, et puis tu étais digne d'une vraie Serpentard.
Madison. Certes je m’amusais, mais crois-moi avant les gens ne m’aimaient pas, où alors juste pour ce que j’avais à leur offrir. A savoir moi. Les garçons me considéraient comme quelqu’un d’extrêmement facile ; mais à l’époque je ne voyais rien. C’est grâce à Alexander que j’ai vu. Que j’ai compris. Donc oui, je ne m’amuse presque plus. Mais maintenant je sais ce que je vaux et les gens ne me regardent quasiment plus de travers dans les couloirs. J’ai juste enfin l’impression d’être quelqu’un de normal.

Quelqu’un de normal. Lorsque je lui dis ça, je ressentis quelque chose de bizarre. Pourquoi ? Parce que je ne l’avais jamais dis auparavant. Je m’étais toujours prise pour quelqu’un de totalement à part qui méritait un traitement de faveur à chaque instant. A la fin de ma phrase, j’étais étonnée. Par ce que je venais de dire ; par ce que je venais de réaliser.

Madison. Oui c’est ça, quelqu’un de normal.

Duncan esquissa un léger sourire lorsque Madison le remercia d'un signe de tête. Quelques gouttes tombant du plafond atterrirent dans ses cheveux châtains aux reflets roux et le jeune homme secoua la tête frénétiquement comme si un insecte s'y était posé. Madison le poussa soudainement pour l'éloigner d'elle. Duncan, surpris par son geste, se laissa faire. Il la regarda alors se masser le poignet, grimaçant de douleur. Il crut même apercevoir ses yeux briller, comme s'ils étaient bercés de larmes. Duncan fronça une fois de plus les sourcils. Il se demanda un instant si elle ne faisait pas exprès d'exagérer sa souffrance pour qu'il la prenne en pitié. Mais c'était sûrement tout simplement parce qu'elle était très fragile à la douleur.

« Je déteste les rats, ces sale bêtes puantes qui apportent je ne sais quelles maladies. C’est répugnant, tout comme ce lieu. Je me demande bien ce que je fais ici. En plus j’ai mal. »

Cette réplique fit sourire le jeune homme. Il n'avait jamais vraiment compris pourquoi les filles avaient si peur des rats ou des araignées. C'était des animaux comme les autres après tout, juste un peu plus malodorants ou moins beaux. Et puis Duncan aimait plutôt bien cet endroit. Sombre, froid, et souvent peu fréquenté par les élèves. Quelques fois des élèves de premières années s'y retrouvaient, perdus dans l'immense château qu'était Poudlard. C'était alors un moment idéal pour les embêter et leur faire peur sans être entendu par d'autres.
Duncan regarda Madison d'un air amusé et moqueur. Ce regard n'avait rien de méchant, du moins lorsqu'il était destiné à un élève de sa maison. Avec les autres élèves, ce n'était jamais bon qu'il les fixe d'un air moqueur, cela voulait toujours dire qu'il s'apprêtait à ridiculiser l'élève en question. Mais ici ce n'était pas le cas.

« Chochotte ! »

Lorsque Duncan commença une fois de plus à parler d'Alexander, il sentit qu'il agaçait vraiment Madison. Mais justement à force de l'embêter de cette façon elle finirait peut-être par craquer... C'était le raisonnement de Duncan en tout cas. Plus le temps passait, plus ils s'étaient éloignés. Duncan pensait que c'était entièrement la faute d'Alexander. Il trouvait qu'elle avait changé, et qu'elle passait beaucoup plus de temps avec lui qu'avec les autres. Chose normale à vrai dire. Et puis elle avait l'air de ne plus apprécier du tout Duncan. Et bien sûr encore une fois celui-ci remettait tout sur le dos d'Alexander. Mais s'il agaçait tant Madison, c'était sûrement parce que justement il essayait de les séparer. Peut-être un jour finirait-il par se mettre cela en tête et qu'il arrêterait...

« Certes je m’amusais, mais crois-moi avant les gens ne m’aimaient pas, où alors juste pour ce que j’avais à leur offrir. A savoir moi. Les garçons me considéraient comme quelqu’un d’extrêmement facile ; mais à l’époque je ne voyais rien. C’est grâce à Alexander que j’ai vu. Que j’ai compris. Donc oui, je ne m’amuse presque plus. Mais maintenant je sais ce que je vaux et les gens ne me regardent quasiment plus de travers dans les couloirs. J’ai juste enfin l’impression d’être quelqu’un de normal. »

« Et bien moi je te préférais pour ce que tu étais avant. Les relations sérieuses ne servent à rien à part se détruire, quand tu réaliseras ça tu te diras "merde, j'aurais du écouter Duncan". Faut s'amuser, on est encore jeunes. Et puis... tu trouves ça vraiment bien d'être normale ? Les gens différents sont beaucoup plus intéressants que les gens "normaux". »

Duncan. Chochotte.

Je ne pus m’empêcher d’esquisser un léger sourire au coin de la lèvre. Et même, je ricanais doucement. Moi, chochotte. Ou bien tout simplement réaliste. Apparemment, Duncan n’avait pas encore compris que je faisais partie de ces jeunes filles sensibles, fragiles et chez qui le moindre petit brusquement pouvait les faire entrer dans une colère hors-du-commun. Non je blague. En parlant de douleur, celle qui était à ce moment même entrain de meurtrir ma cheville s’intensifia, si bien qu’agacée je décidai de me laisser glisser contre le mur, pour m’y adosser, & m’y assoir. Juste histoire de la laisser respirer. Je ne savais pas pourquoi mais tous ces évènements me perturbaient ; Duncan arrivait à me faire douter de moi-même, chose que je détestais. Assise par terre je fermai les yeux. Ce que je voulais, c’était juste calmer tout ce petit jeu, arrêter d’être la proie aux doutes et par-dessus tout, savoir ce que je voulais. Ma respiration se faisait lente. Il y eut un long moment de silence, de calme ; toute la haine semblait perchée en l’air, elle ne pouvait plus nous atteindre. Calme bien éphémère, lorsque je rouvris les yeux Duncan était encore là, debout face à moi, à me regarder. Tout retomba. Malheureusement, tout allait en s’intensifiant. Duncan continuait, il en rajoutait toujours plus.

Duncan. Et bien moi je te préférais pour ce que tu étais avant. Les relations sérieuses ne servent à rien à part se détruire, quand tu réaliseras ça tu te diras "merde, j'aurais du écouter Duncan". Faut s'amuser, on est encore jeunes. Et puis... tu trouves ça vraiment bien d'être normale ? Les gens différents sont beaucoup plus intéressants que les gens "normaux".
Madison. Je ne sais pas si tu as raison. Tu es content de toi, tu as réussis à installer le doute chez moi, maintenant. Je te félicite.

Après quelques mouvements indécis, j’essayai de me relever pour parvenir à la hauteur de Duncan. Oui bon certes ce fut assez difficile, j’étais si bien assise là, par terre, la cheville en paix. Mais non, je voulais pouvoir le fixer dans les yeux. Non sans peine, j’y arrivai. Je m’approchai alors de son visage ; mais je ne savais pas encore ce que j’allais faire. L’insulter ? Le frapper du mieux que je pouvais ? Ou bien tout simplement le menacer ? J’agissais sans aucun réel fondement. Là, la seule chose que je savais, la seule chose que je ressentais, c’était que j’avais envie de laisser les larmes couler. Bien que je détestais ça, ça m’insupportait. Pourquoi ? Parce que je déteste quand les gens savent ce que je pense. C’est aussi simple que ça. Et d’ailleurs, je sentais que mes yeux allaient bientôt craquer. Je faisais tout pour retarder ce moment. Arrivée à quelques centimètres de lui, je m’arrêtai net.

Madison. Oh oui, j’espère que tu es content de toi.

Je parlais d’une voix tremblante, hésitante. Sa tonalité vacillait comme si elle allait s’arrêter à tout moment. J’avais la gorge sèche ; je me sentais en effet toute bizarre. C’était Duncan qui m’avait mise dans cet état-là ? Sûrement, je n’y voyais pas d’autre raison.

Duncan lui rendit son sourire. C'était presque un soulagement pour lui de voir que Madison ricanais ainsi. Il avait l'impression de la retrouver. Pfou, c'était tellement compliqué. Il ne savait plus s'ils étaient ennemis ou encore amis. En fait, il avait l'impression de n'être plus rien du tout à ses yeux. On lui avait dit maintes fois que lorsque l'on rencontre l'amour, plus rien d'autre n'a d'importance et on a tendance à s'éloigner des autres. Peut-être que c'est ce que faisait Madison... pourtant Duncan la croisait souvent en compagnie de Théodore ou d'autres élèves de Serpentard.
L'adolescent regardait dans le vide, pensant. Son attention fut détournée vers Madison lorsque celle-ci glissa le long du mur pour s'assoir au sol. Un petit pli se forma entre les sourcils de Duncan, comme à chaque fois qu'il était inquiet ou qu'il se posait des questions. Cette fois-ci, il se demandait juste ce que faisait Madison par terre, les yeux fermés. Peut-être qu'elle réfléchissait... Duncan laissa le silence régner dans la pièce, décidant de ne pas la déranger dans ses réflexions. Il était certain que c'était bon signe, et que pour une fois elle ne l'enverrait pas paitre en lui assurant qu'il avait tort.

« Je ne sais pas si tu as raison. Tu es content de toi, tu as réussis à installer le doute chez moi, maintenant. Je te félicite. »

Duncan mit du temps à réagir, comme s'il n'était pas sûr d'avoir bien entendu ce qu'elle venait de lui dire. Il n'en croyait pas ses oreilles. Par Merlin ! Il était enfin parvenu à semer le doute dans l'esprit de Madison. Un large sourire s'étirait jusqu'à ses oreilles. Il sentait qu'il avait presque atteint son but. Pourtant rien n'était encore joué, mais Duncan était si sûr de lui qu'il ne pouvait croire que Madison ne finisse pas par l'écouter. Pendant un instant, il crut qu'il allait sauter vers elle pour la prendre dans ses bras, la féliciter et lui dire qu'elle allait dans le bon chemin. Mais à peine cette pensée lui traversa l'esprit que Madison se releva, s'approchant de son visage. Le sourire de Duncan s'évapora aussitôt. Contrairement à lui, elle n'avait pas l'air contente du tout. Vraiment pas du tout. Elle avait même l'air assez mal en point, en fait. A présent le visage de Madison était si proche du sien qu'il put lire le reproche dans la lueur de ses yeux. Elle devait certainement beaucoup lui en vouloir.

« Oh oui, j’espère que tu es content de toi. »
« Que... qu'est-ce qu'il t'arrive Madison ? »

La voix de la jeune femme était si tremblante que Duncan craignait qu'elle n'éclate en sanglots. Il se demanda alors ce qui avait pu la mettre dans cet état. Il repassa dans sa tête les paroles qu'il avait prononcé avant qu'elle ne s'assoit contre le mur... Il avait tenté de faire croire du mieux qu'il pouvait que l'amour était destructeur et qu'il ne servait à rien. Pourtant Madison devait tenir énormément à cet amour. Et lui, qui auparavant se prétendait son ami, avait osé remettre en question cela et essayé de lui retirer son bonheur. Il réalisa alors que c'était bel et bien lui qui avait changé envers Madison, et qu'il n'avait pas le droit de l'empêcher d'aimer.
Ce qui arriva alors fut une chose vraiment exceptionnelle pour Duncan Livingston. Voilà qu'il ressentait des remords. Son regard resta figé, et son ventre se contracta lorsqu'il ressenti une grosse boule s'y former. Il ressentit soudainement l'envie de fuir. Car il était bien trop digne pour s'excuser et assumer jusqu'au bout qu'il venait de blesser intérieurement Madison. Et puis il n'avait aucune envie de voir sa camarade pleurer devant lui.
Le Serpentard, sans un mot, se retourna et se mit à courir en direction de la sortie des cachots.

Duncan. Que... Qu’est-ce qu’il t’arrive, Madison ?

Mais je n’eus à peine le temps de répondre que je sentais qu’à ce moment-là, tout allait basculer. J’étais la victime, lui l’agresseur. Nous échangions donc les rôles ; je devenais l’agresseur, et lui la victime… En si peu de temps, même en à peine une petite dizaine de minutes, la simple conversation tournait et changeait de sens. Mais en même temps, tout allait si vite… Nous semblions nous perdre. Là, je plongeai mon regard dans le sien, encore une fois. Mais ce n‘était plus le même regard. Ce n‘était plus de la supériorité et de la satisfaction qu‘il ressentait. Je voyais dans ses yeux les remords le ronger. Aurait-il du s’excuser ? Et s’il l’aurait fait, l’aurais-je pris dans mes bras ? Je ne sais pas. Et nous ne saurons peut-être jamais. A peine l’avais-je fixé qu’il semblait mal en point, tout autant que moi. L’avais-je intimidé ? Quoi qu’il en était, tous ces évènements m’avaient perturbés ; mais cette perturbation j’en avais tirés des bénéfices : j’avais comme par miracle oublié la douleur qui empoisonnait ma cheville et mon poignet. Je pensais avoir réussi à le faire réfléchir ; il ne disait plus rien, restait de marbre devant moi. Là, je me disais que j’en avais peut-être trop fait… Apparemment j’avais un peu plus d’humilité que le Serpentard qui était planté devant moi ; j’allais oser m’excuser, cependant pas pour la même raison ; la mienne n’était pas aussi grave. J’allais juste m’excuser d’être allée trop loin ; lui dire que nous pouvions parler plus en détails, autre part, autour d’un verre, peu importe…

Madison. Duncan…

Voici le seul mot que je pus prononcer. Pourquoi ? D’instinct je pense, il a préféré prendre la fuite plutôt que de continuer à m’affronter. Je pensais qu’il n’avait même pas entendu que j’avais commencé une phrase, que j’allais lui parler, que j’avais prononcé son nom… Naturellement, je l’aurais laissé courir et s’échapper comme un lâche. Mais là, ce n’est pas ce que j’allais faire. Même si cela allait faire revenir la douleur, il fallait que j’arrête Duncan ; qu’on finisse à tout prix cette conversation & qu’on enterre les haches de guerre. C’était vraiment ce que moi je désirais. Mais qu’en était-il de lui ? D’après ce que j’avais retenu de notre début de conversation, c’était en quelques sortes ce qu’il voulait lui aussi… Je laissai s’échapper un mince soupir, puis j’interpellai Duncan, qui était déjà à cinquante mètres de moi.

Madison.. Duncan, attends !

J’avais fait une dizaine de mètres en courant, mais je ne pouvais plus. J’avais tiré mon bras devant moi, mais tout me refaisait mal. Je n’avais pas regardé s’il avait continué sa course ou si au contraire il s’était arrêté, au son de ma voix qui résonnait son prénom à travers tous les cachots. Moi, ce que j’espérais, c’est qu’il s’arrêterait.